Découvert à l'Univerciné allemand Nantes 2013... L'écrivain suédois Stig Dagerman dans "Automne allemand" avait osé décrire l'Allemagne de 1946, oeuvre discrète. La jeune Rachel Seiffert établie en Grande-Bretagne, née de père australien et de mère allemande, revient dans "La Chambre Noire" sur la confusion entre "nazisme et nationalité allemande". Visiblement emballée par ce récit, l'Australienne Cate Shortland fait exulter à l'écran cette Lore impétueuse (Saskia Rosendhal), symbole de l'adolescence sur fond de débâcle après la chute d'Hitler en 1945. On est frappé par la frénésie familiale... Les deux parents, dignitaires déchus sont montrés comme deux ogres qui vont cacher leur progéniture loin de tout, le père jette un froid, au plus peut-on compatir pour la mère qui fume, pauvre pantin désarticulé... On est au ras du conte fantastique. Avec une grande finesse dans les étapes. La réalisatrice excelle à montrer le naturel de ses personnages. Cette Lore au caractère bien trempé s'empare du rouge à lèvres maternel... La grande soeur et les petits poucets doivent faire dans la discrétion. Il faut contenir l'exubérance, les larmes du plus jeune qui ne comprend rien à ce qui lui arrive. Et puis manger, durer. Au fil des jours, l'impact des ascendants et la fraîcheur du jeune âge se livrent bataille. Le moment le plus fort est peut-être Thomas, ce loupé pour la postérité, véritable crève-coeur puisqu'il cristallise tout l'antisémitisme... Vigilance, transmission intergénérationnelle... C'est ce qu'aborde ce film dur, picturalement superbe, mettant en exergue la chaleur estivale avec ses robes d'été bien propres. On n'ose pas penser à un tournage hivernal !