18,5/20 : Débarquer dans cet entretien d'embauche plus vrai que nature sans avoir lu la bande dessinée d'Etienne Davodeau met tout de suite dans l'ambiance. Lulu représente des milliers, des millions de personnes comptant sur le marché du travail pour sortir de leur carcan personnel. Un acte manqué, manquer son train et c'est l'hôtel, le plaisir d'un lit pour soi rien que soi... En peu de plans, la réalisatrice de "Haut les coeurs" marque sa volonté de s'attacher aux gens ordinaires, les mal fagotés, les ulcérés par les obligations multiples niant leur personne. C'est filmé avec tellement d'élégance que, même si les rencontres font, entre autres films plus récents sur ce thème, penser à "Sans toit ni loi" quelques minutes, on sent qu'il va arriver des bricoles à cette grande fugueuse, mais de là à plonger... Ce serait nier sa gestion instinctive des événements. Emouvante de courage (bien aimé le parallèle entre portable et chien en laisse !), elle erre et croise d'autres "sursauts". Tous d'accord pour passer du seul statut de femme à celui d'individu. Question de volonté, semble affirmer Solveig Anspach, battante de l'est qui a roulé sa bosse. C'est assez grinçant comme ton, d'une fraîcheur inhabituelle mais qui cite Simone de Beauvoir... La violente caricature du conjoint n'empêchera pourtant pas de se questionner sur la durée de l'état de grâce du suivant.