Critique(s)/Commentaire(s) de L.Ventriloque

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Page 4 sur 18 (900 critiques au total)

  • GUILTY PLEASURES (2010)
    Note : 18/20
    Prix du Jury Jeunes au Cycle Univerciné britannique nantais décembre 2011. De ces minces livrets vite lus, d'un coût abordable, il serait vendu un exemplaire toutes les 4 secondes dans le monde ?... Voilà qui invite à se pencher sur le trust qui a absorbé "Mills & Boon", Harlequin, une entreprise canadienne loin du dépôt de bilan... Dès l'introduction du documentaire, se perçoit une complicité amusée entre les intervenants et la personne qui les filme donnant à chacun(e) l'impression de rejouer à Barbie et Ken ou de se gaver de sucre. Plaisir pour hommes et femmes puisque nul sexisme possible à part de savoir que la romancière Gill Sanderson s'appelle Roger... Allez, ça ne fait de mal à personne ces petites lectures depuis que la terre tourne, l'instinct des femmes les orientant souvent vers des combines pour éviter remises en cause personnelles, casse regrettable de leur foyer, etc. Le regard de cette jeune réalisatrice qu'on sent toujours à bonne distance avec son humour décontracté, fait songer au-delà des apparences au stoïcisme comme aux comportements moutonniers. Derrière ces images filtrées de rose, à suivre les couples qui défilent (le 238 gagnant, cette tête à l'envers de la jeune femme avec son homme archi-stressé), on reste partagé... Remontent ainsi deux troublants extraits : "tous ces soutiens-gorges et pas un seul rendez-vous !" ou "les femmes font l'amour pour se marier et les hommes se marient pour faire l'amour". A méditer.
  • PETITE AFGANISTAN (2011)
    Note : 19/20
    Projeté au 33ème Festival des Trois Continents Nantais 2011, après 4 autres courts davantage sur le mode réaliste, ce documentaire débarque comme un enchantement avec sa voix off de conteur, son raffinement à l'image, dont cette calèche sur le pont, ses chevaux faussement carnavalesques... Les paroles crues émaillées de jurons très dans l'air du temps même en occident laisseraient supposer un brin de surjeu pour la caméra de la part des autochtones, quoique cela apporte une note presque burlesque du fait que le malheur extrême fait renaître entraide et l'humour du désespoir... Les courses folles des montures traînant leur chargement comme des condamnées à court terme font maudire les taxis, ces bouffeurs de pétrole inaccessibles aux démunis... Habile reportage à la lisière du fantastique à partir d'atroces réalités, cruel sous ses dehors aimables (la raclée du cheval !) et cette chaussure rouge qui reste tanguer dans les flaques boueuses comme dans la mémoire des spectateurs conquis par ces trente minutes cinématographiques éblouissantes.
  • PERMIS DE CONDUIRE (2011)
    Note : 16/20
    Projeté au 33ème Festival des Trois Continents Nantais 2011 parmi d'autres courts réalisés par les étudiants de l'Atelier Varan : ici l'art d'une jeune femme instruite de braver les pouvoirs mâles éduqués pour l'évincer. Ce qui fait espérer en des jours moins barbares, l'attitude des jeunes hommes qui vont embaucher la jeune candidate au permis, une petite gêne reproduisant la hantise de la concurrence féminine aux mâles entreprises, c'est mieux qu'un silence masculin entendu et certainement pas pire que ce qu'on entend aux terrasses de bars français lorsqu'une créature fait saliver. Ce qui gêne en revanche est qu'on ne sache trop si les badauds applaudissent par fascination pour la caméra ou la jeune femme ou si c'est l'habitude qu'il y ait un public lors de l'examen de passage, examen admirablement tourné en dérision si l'on s'en tient aux manoeuvres filmées !
  • KABOUL AMBULANCE (2011)
    Note : 16/20
    Projeté au 33ème festival des Trois Continents Nantais 2011 parmi d'autres courts réalisés par les étudiants de l'Atelier Varan : le délabrement hospitalier afghan et sa bureaucratisation puissance mille par rapport à la situation française 2011, soit un slalom nocturne à travers les rues défoncées de Kaboul pour dénicher un patient, cette roue de l'ambulance à changer en cours de trajet dans la pénombre en plus de la tracasserie d'aller à l'aveuglette et de revenir presque au feeling tant il fait noir. Un aperçu des équipes de soignants en pause permet aussi de découvrir l'éternelle quête de lits "ouverts" et quelle opération se fait dans telle unité de soins ou telle autre... Plus le témoignage de ce père rongé d'avoir cru vivant son fils immobile traversé par une meurtrière étincelle. De quoi imaginer ce que guerre au quotidien veut dire pour une population pas prête d'avoir la paix.
  • MISS BALA (2011)
    Note : 17/20
    Projeté au Festival des Trois Continents nantais 2011. La violence infligée à la population mexicaine d'aujourd'hui concentrée dans une jeune fille volontaire mais qui à la la méfiance encore endormie. C'est terrifiant sur le fond. Inégal à l'image à cause de scènes un peu trop bout à bout. D'abord arrive une espèce de Charles Bronson modèle réduit à voix douce, sourire félin et biftons baladeurs. Il joue avec divers intervenants les frères ennemis dans le style raffiné des psychopathes (allusion aux cartels de drogue, aux tyrans d'Amérique Latine, cela peut s'étendre à des degrés variables à toutes les nébuleuses contemporaines, rien n'empêchant d'y voir en germe la finance actuelle et les Etats). La démonstration s'avère brillantissime (cette scène du premier traquenard !), on est plongés dans ce double jeu et on a les chiffres ahurissants, les sous et les morts, un style rappelant "Même la Pluie" du producteur exécutif associé Gabriel Garcia Bernal. Seul baume, voir aller et venir cette jolie brune prise en tenaille, elle et ses proches. Dommage que, pire que l'actualité pure et dure, le réalisateur en reste aux clichés bestiaux bien virils et bien plombants au lieu de raffiner dans la malice sentimentale. Résultat, on sort de la salle un peu trop sur le flanc.
  • PEOPLE MOUNTAIN PEOPLE SEA (2011)
    Note : 19/20
    Montgolfière d'Argent du 33ème Festival des 3 Continents nantais 2011... Titre du film déroutant, lenteur calculée jamais gratuite bien qu'elle puisse peser si on refuse la chape s'installant sur les épaules et qui ne sera enlevée que bien plus tard. Il faut donc ajuster ses lorgnons une fois passé le double choc à moto pour être certain(e) de bien reconnaître les gueules, surtout quand elles sont noires de suie. Et ensuite on est happé si on tient le coup. La bande-son rappelle le cri de guerre d'un certain western spaghetti. Certes c'est noir mais reconnaissons que c'est beau en plus que d'être une histoire simple. Le tout est ahurissant et à lectures infinies...Plans ultra larges façon far-west, travellings alertes en guise d'approche, plans plus serrés avant les escarmouches et... les mouches volent dans la salle d'où nul ne sort. Sans la fumée de cigarette et l'usage du portable sur l'écran, ces personnages communiquant comme des bêtes sauvages ramèneraient à la préhistoire tant les autorités sont réduites à néant : foin de l'ordre, des lois. Seul compte l'instinct de survie, les petits arrangements sordides tout juste rattrapés par les caprices de la nature. L'atroce mondialisation à venir si aucun renversement de situation n'intervient. Même si ce peuple est particulièrement conditionné à une misère indicible depuis la nuit des temps, attention, il n'y a pas qu'en Chine.
  • HONEY PUPU (2011)
    Note : 15/20
    Projeté au Festival des 3 Continents 2011. Irréprochable au plan technique et toujours agréable pour les yeux et les oreilles, même si la constante mécanisation fait soupirer. Comme c'est classé "science-fiction", chacun(e) a envie, dans cette bulle de publicités, de décrypter quelque chose d'universel. La sophistication des plans amenés en vrac font très Wong Kar Waï. Pas vraiment de scénario, des scènes bout à bout, des images léchées, jamais rien de sordide (pas de tabac, pas de drogues hormis l'addiction aux robots). De là à trouver "du fond" dans cette envolée onirique, une métaphysique façon Tarkovski ou Kubrick, sans doute que non. On est davantage dans la philosophie de la bande-annonce "The Tree of life" de Malick. Par exemple, "les abeilles disparaissent", notoire, mais affirmer "on ne retrouve jamais leurs corps", le frelon asiatique impliqué pour partie ou pas, resterait à démontrer... Quelques bons moments débouchent sur un nihilisme adolescent bien racoleur, un peu dommage... Ce qui rallie finalement est le thème de la disparition, un fléau contemporain qui tracasse tout individu encore capable de penser. Le saccage délibéré du passé dû à la "mondialisation" uniformisante, l'évaporation d'êtres sans explication ni traces, une gadgétisation, une tricherie telles que l'on ne saurait plus qui l'on est.
  • LES NEIGES DU KILIMANDJARO (2011)
    Note : 18/20
    Plaisir immense que ce grand soleil sur des quinquagénaires moyens et leur manière de se dépatouiller d'un choc inattendu, inexcusable et pourtant aménageable dans ses répercussions. L'ambiance peut agacer, il s'agit de méridionaux aux promptes émotions... Les anciens angéliques face aux paumés, une trentenaire pas mère pour un sou, son fiston qui transgresse... Davantage que bouter les étrangers hors de France, ce serait donc à l'intérieur de notre société que le danger couve à cause du grand écart entre les conditions matérielles de la génération poussée vers la retraite et la nouvelle, nue comme au premier jour, avide, irréfléchie dans son obsession à voir des bourgeois dans d'honnêtes gens d'une époque plus faste. Des innocents font les frais de cette cassure, obligeant à avoir une petite pensée pour leur sort à eux... et qui peut être vu d'un autre oeil que celui qu'on pose sur leurs parents ! On est au cinéma, univers fictif pour distraire et faire réfléchir à nos lendemains plombés par des gestionnaires sans coeur. Merci à Robert Guédiguian de démontrer qu'il suffit d'oser montrer aux spectateurs ce qui paraît incongru pour que l'avenir reste un mot prononçable.
  • CARNAGE (2011)
    Note : 18/20
    D'aucuns voient dans ce huis-clos un reflet de misanthropie liée au vécu récent du cinéaste... J'y ai trouvé l'humain appelé à négocier en territoire personnel dans le monde vachard d'aujourd'hui et avec l'éducation reçue... Une rencontre d'abord policée et, à la faveur d'un point de détail, la bride soudain lâchée. Cette longue conversation déballant savoir-vivre de base et petits incidents de la nature prend son temps malgré sa durée globale de seulement 1h20. Assis, debout, en palabres près de l'ascenseur, ces deux couples font penser à un combat de coqs lent à démarrer. Le ton finit quand même par monter, le portable et ces livres arrosés ça suffit... Ces dames décrètent qu'on n'égratignera pas plus leurs rejetons tandis que pavoisent les hommes whisky à la main. Du théâtre d'appartement. J'ai souri longtemps, médusée, et finalement ri beaucoup plus que prévu. D'une histoire toute simple émergent face visible et face cachée de l'individu, centré sur lui-même en droit fil des usages de génération en génération et pas près de changer. Divine interprétation du quatuor qui s'éclate dans les dialogues ciselés ! Si cynisme il y a, le spectateur est invité à déduire ce qu'il veut, précieux par les temps qui courent.
  • LE HAVRE (2011)
    Note : 18/20
    Carlos Gardel, Little Bob arraché des oubliettes sur scène, une robe empaquetée avec méthode, des petits bouquets d'amoureux appliqué, Monet de la police judiciaire ou le taxi 403, Laika, le fantôme canin revenu de l'espace, on n'en finirait pas d'énumérer les petits charmes du Havre façon Aki Kaurismäki... Un défilé de tableaux savamment cadrés pour filmer la débrouille des pauvres qui pensent encore. Et pourtant les intervenants, qu'on sent pleins d'estime mutuelle, affichent la rudesse du nord. On jurerait le cinéma d'avant (Chaplin, Bresson, Tati, peut-être même Lubitsch pour la malice de fond). L'univers du réalisateur se partage immédiatement dans cette histoire. Les personnages se toisent bien franchement dans un langage productif tout en collant à leur fonction (la cafetière qui sert et ressert à boire tout en conversant...), hommage aux petits métiers où on se cause d'égal à égal, loin du Cac 40. Ces braves gens veulent continuer à vivre en composant, là où ils sont, au même titre que les déplacés d'Afrique découverts dans leurs containers souhaitent trouver un havre de paix. La légèreté ambiante ne peut faire oublier qu'il s'agit une fois encore de l'Immigration. Réduite officiellement aux chiffres chaque année en France et ailleurs aussi, de plus en plus. Et qui n'empêche pas les déplacements massifs de personnes souvent sous la menace des armes... La bonne nouvelle est que ce phénomène de société qui taraude les consciences remplit les salles de cinéma (Concorde nantais plein ce 4/02/12) !
  • ADIEU GARY (2009)
    Note : 16/20
    16,5/20 : Projeté aux Trois Continents Nantais 2012. La désertification, suite logique de la mondialisation, s'étant aggravée depuis 2008, possible de trouver à ce film davantage de sens qu'à sa sortie. Le déplacement de la jeune femme jure autant avec l'entêtement du retraité bichonnant des machines qui lui échappent. Jure peut-être davantage avec la jeunesse masculine présente, sur le qui-vive, entre transgression et soumission à une trajectoire professionnelle abrutissante. Tout le désarroi d'une culture accrochée au fantasme afin de ne pas sombrer. C'est un film au charme indéniable, à la frontière du familier pour son aspect social (façon Guédiguian) et du fantastique pour son cadre, Gary Cooper en étant l'éclair ludique, les bruits de matériel qu'on déplace le sérieux bémol. Avantage certain, la présence de Bacri, ici en bourru qui s'amende, aidé par une partenaire qu'on devine revenue de beaucoup de combats, assez pour transformer la lâcheté en grâce. De la délicatesse, il y en a beaucoup de toute façon dans ce film, les démonstrations de débrouille, le désarroi de la jeunesse d'avance entravée, soit de son fait ou par quelque illusion utopiste, des notions avec lesquelles il faut bien composer aujourd'hui. Simplement le propos peut paraître court comme la durée de l'ensemble (75 minutes).
  • LA DAME DE FER (2011)
    Note : 16/20
    Film projeté en avant-première au Katorza de Nantes dans le cadre Univerciné Britannique 2011. Approche feutrée, un peu mollassonne d'une ex poigne de fer. Meryl Streep en a assurément assimilé les tics. Les anecdotes les plus caricaturales n'effacent pas le côté timide, fadasse qu'on ressent d'emblée, sans doute parce que le film démarre avec une vieille dame un peu trop éteinte, à cent lieues d'un documentaire comportant témoignages de personnalités ayant côtoyé de près cette femme politique hors du commun. L'intérêt, outre de fournir quelques précisions biographiques, se résume aux images d'archives jalonnant les étincelles du personnage avant son éviction brutale. Cet aplomb qui fait mettre au garde-à-vous l'équipe de cravatés et chouchouter la couturière penchée sur le bouton de veste d'un bleu dur, rendrait le personnage presque sympathique sans l'excès de zèle notoire dont elle se crut tenue. On a beau s'efforcer à l'objectivité, Maggie âgée ou Maggie jeune, fille d'épiciers très attachée toute sa vie au prix du beurre, une fois cernée, peine à captiver. C'est pourtant filmé avec application, en surface équilibré avec cet époux jetant une note humoristique... Las, connaissant le tempérament de feu de la dame, les ravages de son règne, c'est un portrait assez "soft". La matière ne fait pourtant pas défaut, chacun saisit la revanche adulte suite aux moqueries des copines, la gloire de quelques années et cette mémoire soudain vacillante... Oui, peut-être pas dans cet ordre-là. Ou alors avec un oeil plus acéré.
  • LES ENFANTS INVISIBLES (2010)
    Note : 19/20
    Projeté en avant-première à l'Univerciné Britannique de Nantes en décembre 2011. Sortie officielle française prévue sous le titre "Les enfants invisibles" en principe... Jim Loach, en digne fils de son père, dévoile avec beaucoup d'application ce pan de l'histoire britannique aussi surprenant qu'odieux : 130 000 petits êtres de 5 à 13 ans envoyés au diable. La main en visière au soleil couchant de l'assistante sociale aux yeux lumineux invite symboliquement à s'attarder sur l'horizon marin... Ce qui frappe est l'absence de suivi du côté de Sa Majesté... Le non dit est assourdissant : des enfants sans appartenance précise ont été exilés par bateaux pour que leur masse not bankable ne soit plus une lourde dépense sans retour sur investissement. Aubaine que ce filon de 1930 à 1970 qui garantissait le rachat de ces petites âmes d'extraction problématique ! Les autorités auraient demandé pardon officiellement depuis pour avoir négligé de vérifier sur place (l'Australie en 2009 et la Grande-Bretagne en 2010), mais nul châtiment à l'horizon, pas plus d'indemnités si l'on se fie au film... Apparaît de façon criante l'utilité des boucs émissaires dans une société attachée à ce qui se voit... Sans doute faut-il se garder d'affubler tous les petits britanniques déplacés du même sort que les rescapés du bush australien tenus de rembourser leur séjour paradisiaque pour s'amender de leur condition bâtarde. En 1986, l'assistante sociale, mère elle-même et grâce à qui ce film voit le jour, devrait être décorée pour avoir défié les saints pères fouettards dans leur désert où crier est inutile. Quand la caméra se braque sur le repère en terre rouge, on mesure mieux l'inconscience collective, le refus d'admettre que sexualité et bestialité ont toujours accompagné l'esclavage des sans défense. Triste rétrospective, curieusement sans larmes puisque l'actrice Emily Watson pleure à notre place.
  • JEUX D'ETE (2011)
    Note : 17/20
    Film applaudi à Univerciné Cycle italien Nantes 2012. Un banal camping estival mène vers un décor champêtre avec des enfants qu'on sent décidés à en profiter au maximum. Un univers pas très tendre. Côté adultes, une charge contre la violence paternelle à l'endroit des femmes avec à la clé le repentir, créant cette terrifiante et usante oscillation du normal au sordide, cause de troubles durables dans les jeunes cerveaux. Le lien amoureux camouflé se tisse inexorablement entre Marie et Nic dont la mère, régulièrement battue, finit par penser son mari malade. A peine a-t-elle repris souffle, bras en croix à moto avec un témoin charitable qu'elle revient, le spectateur s'inquiète sérieusement pour les lendemains... La mère de Marie, elle, se dérobe aux incessantes questions de sa fille qui l'asticote jusqu'à s'abîmer dans la vérité. Les deux familles qu'on croyait inégales en houle potentielle se rejoignent. Rien n'est laissé au hasard, ni les cavalcades dans le maïs, ni les sévices crescendo, ni le chien sacrifié. En même temps, il ressort de l'ensemble un hymne à la fugacité du temps en dépit des orages. Du camping à la cabane, les personnages ne lassent pas d'étonner, passant du ravissement à la prostration. Du fait de leur règlement de comptes qu'on interprète sans retour possible case départ, ces jeux d'été s'avèrent très profitables !
  • CORPO CELESTE (2011)
    Note : 17/20
    Découvert à Univerciné Italien Nantes 2012. La scénariste-réalisatrice se glisse dans la peau d'une fillette au style proche de sa soeur Alba, actrice, on se croit en famille Rohrwacher... Un démarrage pris pour une immigration clandestine avant de s'avérer procession nocturne. La foi religieuse, sans être égratignée, renferme sa dose d'amusement. La "coach de catéchisme" (renversante Pasqualina Scuncia !) occupe les jeunes plus qu'elle ne convainc, les chats bannis de son enseignement comme au temps des bûchers... Du religieux quasi ludique jusqu'à cette chute à faire expier (très jolie scène de résistance face à la lâcheté adulte !). Les anciens enfants introvertis s'identifieront facilement à la petite inapte aux jeux du faire semblant pour faire plaisir. On n'oubliera pas ce jésus arraché du village à unique habitant et qui décide de faire la planche. Les très gros plans sur le visage, les cheveux soudain raccourcis indiquent que l'enfant revient de la béatitude. Aux spectateurs adultes de déduire, on sent la prudence sur pareil sujet, surtout ne se mettre personne à dos... La communauté où Marta a débarqué rappelle assez l'archaïsme français régional d' il y a 60 ans. Mêmes pouvoirs déclinés sans discussion. Le curé fuyant sa bonne et finalement desservi par sa confiscation des votes en faveur d'on ne sait qui (voilà qui laisse rêveur pour ce qui concerne le présent)... On reste entre deux eaux, d'abord dans le dos de Marta jusqu'à ce demi-lézard qu'un tiers apporte... Cette juvénile transplantation suisse en terre calabraise n'en est pas moins fort plaisante à suivre.
  • PORTRAIT AU CRÉPUSCULE (2011)
    Note : 17/20
    Déroutante jeune femme a priori, sauf si elle représente l'intrépidité féminine, à savoir en passer par les desiderata des dominants pour leur arracher quelque reste d'humanité. Filmé à la clarté du jour, c'est volontairement pâlichon comme le contexte du message que ça veut véhiculer, c'est à dire des lendemains qui ne chantent pas trop rose. Dans un esprit de contradiction à deux doigts du malsain, quoique... Beaucoup de sens possibles pour qui parvient à décrypter. Un pavé à la seule intention de la société russe ou une charge étendue à toute société de consommation vidée de sa culture. Consommons, chantons et dansons... S'il n'y avait l'issue comme incitation à relativiser, ça ferait fuite en avant hormis l'image soignée et la très attachante actrice. Olga Dihovichnaya rappellerait assez Carole Laure dans Sweet Movie ou Carole Bouquet dans Trop Belle Pour Toi, jusqu'à ce qu'elle vire de bord pour arriver à ses fins, j'avoue que cela m'a quelque peu désarçonnée jusqu'à ce que tenants et aboutissants se révèlent... Car pour ce qui est des autres présences à l'écran, ne leur manquerait plus que les grognements pour que le pur stade animal revienne, que ce soit ces hommes qui se lâchent à la file ou cette ado au klaxon ininterrompu chargeant son père. Anticipation de nos sociétés corrompues. La victimisation féminine de bon aloi est bel et bien évacuée. La réalisatrice met en exergue l'ambivalence féminine slave, une docilité de façade vite détrônée par des raffinements de cruauté.
  • ALBERT NOBBS (2011)
    Note : 18/20
    Film injustement descendu par de nombreux critiques au prétexte d'oscar convoité ! Il s'agit d'une histoire captivante en plus d'un hymne à la délicatesse. Photographie très soignée avec son vert-de-gris de l'époque victorienne laissant affleurer les tensions qui vont naître du frottement de ces classes sociales aux antipodes... D'abord, le "ni homme ni femme" Albert toujours poli et élégant, sauf qu'il rase les murs. On brûle de savoir ce qui a pu arriver à des yeux aussi étincelants. Tout aussi captivants, débarquent les autres personnages, bien typés, la plupart sous la houlette de la fieffée Missis Baker, le docteur bon vivant (Brendan Gleeson), les servantes dont le sang bout dès qu'un jeune homme de passage fait ses ablutions... Et que de remous dans les étages ! Rien qu'à voir les "gueules" du casting, remonte l'atmosphère hivernale de cet hôtel, les calamités, les bals où il est permis de se lâcher, plus tous les moments de silence d'une infinie justesse qui signe la marque de fabrique de l'ensemble. Ni triste ni joyeux, il arrive en dernière partie qu'on rie bien franchement (au pas de la porte puis sur la plage !). Certes, je n'ai pas lu le livre dont c'est inspiré ni vu la pièce... Il n'empêche que c'est joliment traité. Les tiraillements évoqués parlent complètement à notre époque d'abondance mal partagée, l'abus de pouvoir, le repli sur soi dans des rêves fumeux, la peur de rester sur le carreau et également les coups du sort ramenant une forme de justice.
  • POURQUOI TU PLEURES ? (2011)
    Note : 17/20
    Ce qui s'appelle se laisser marier... Grande qualité d'ensemble, la musique de Benjamin Biolay toujours délicate, la ritournelle d'Enrico Macias bienvenue aussi comme dernier grincement. C'est beaucoup plus vitriolé que bobo, cruel et attendri (ces claques !), jamais trash pour autant. Pas du tout pour les esprits terre-à-terre, encore moins pour les inconditionnels des traditions. On est dans une caricature de tous les angles du mariage. Biolay crève l'écran avec des mots que viennent souvent démentir son expression de visage très mature. Il incarne l'indécision permanente, rôle plus répandu qu'on ne le croit et qui lui va à ravir (la démarche super chaloupée avant de jeter l'éponge incluse). Devos et Garcia toutes deux irrésistibles dans leur fébrilité auprès de leur homme fétiche. A part ces trois piliers rodés à articuler, les rôles secondaires aussi ont leur valeur : à déplorer la diction ultra rapide. Du surplace aussi par moments, heureusement racheté par oeillades ou dialogues. En deuxième lecture, rien n'interdit d'y voir les tendances conservatrices, cette fermeture des yeux sur les remous souterrains pourvu qu'ils soient en surface "bien gérés"
  • MEDIANERAS (2011)
    Note : 16/20
    La paisible voix off embarque avec son "un homme est à l'image d'une ville et une ville à l'image de ses habitants". Promoteurs, architectes, magnats de l'immobilier, le peuple est ici calqué sur vos desiderata (de Buenos Aires à Shanghaï...). Très belle facture globale, lente, ironique et décontractée. On y trouve une collection de petites scènes intimistes au réveil désenchanté dont quelques bribes fort instructives (la piscine). On est illuminé par la splendide Pilar Lopez de Ayala. Le réalisateur de 46 ans joue sur l'esthétisme, amer, gentil, convenu... La fausse note est bien cette chansonnette You Tube en anglais, une boursouflure inutile après ce face-à-face électrique qui laissait les imaginations travailler un peu !
  • MOINEAUX (1926)
    Note : 16/20
    Ce huis-clos se ressent comme les contes les plus terrifiants de l'enfance. Une fraîcheur juvénile à la base pimentée d'horreurs de la nature (les crises de rire, les bouches ouvertes sur le ventre vide, la constante menace de l'engloutissement exacerbée par l'arrivée de vrais alligators qui frétillent !). Les enfants autour de 6, 8 ou même 10 ans encore sous le choc des ogres avec petits poucets devraient en être bouleversés. Les adultes habitués aux luttes contre le mauvais sort seront sans doute plus pondérés dans leur assimilation de ce cumul de misères. Par sursaut de responsabilité de l'espèce... Ils admireront les scènes de sables mouvants, l'expressivité générale, la justesse des cartons explicatifs, l'infinie subtilité de la mise en scène. Patrick Brion (en bonus du dvd) aide d'ailleurs à comprendre la tâche monumentale que fut ce film avec Mary Pickford et le premier réalisateur en complète mésentente, plus les dangers souvent inconsidérés que vécurent les acteurs sur le tournage.
  • LE PETIT LIEUTENANT (2005)
    Note : 19/20
    Beaucoup aimé à sa sortie en salle. Le dvd sur janvier 2013 procure exactement le même plaisir. Amateurs du polar traditionnel, si vous affectionnez les traditionnels fracas de pétards, patience, l'action se distille avec d'autres ficelles... Xavier Beauvois explore les coulisses policières en y glissant psychologie, réalisme, un soupçon de dérision. De la faiblesse, des débordements, pas de gros effets, juste des faits. Et avant tout un hommage à la profondeur féminine. Le réalisateur s'octroie le rôle odieux pour mieux mettre en valeur le petit nouveau, frétillant, prêt à tous les défis, convaincu de sa supériorité par rapport au commun des mortels (avec sa copine ou dans Paris à fond de cale ôte-toi de là que je passe, il est à claquer !). Nathalie Baye s'amène soudain à gauche de l'écran, plus de première jeunesse et sans maquillage. Avec ses jambes fines, son colt à la ceinture, admirée et crainte, un peu pète-sec en interrogatoires, sans détours face aux experts qui finassent, avec des sursauts d'humanité, du découragement... Une double vulnérabilité révélée pas à pas. Nulle grivoiserie autour d'elle, Jacques Perrin, Roschdy Zem aux petits soins... Jalil Lespert, qui démarrait sur les chapeaux de roue, écope du pire concours de circonstances qui soit. Des scènes très pointues restent en mémoire, toutes les étapes de "la bavure", le baptême, les dépositions avec interprète d'une diction hallucinante... Inoubliable aussi, la complicité affectueuse entre le jeune qui se fait les dents et la quinquagénaire qui transfère sur lui son fantôme. Pas tous les jours que le cinéma offre une vision acceptable de ce tandem (ironique scène du joint !)... Les derniers plans, plage et ressac, ce regard vers la caméra, donnent envie au spectateur de courir envelopper "Vaudieu" d'une grosse écharpe de laine mohair !
  • AMADOR (2010)
    Note : 16/20
    Projeté au festival espagnol de Nantes 2012. Un portrait plein de charme, pas pressé du tout, bien servi en réparties lors des confrontations. Marcela, belle plante d'Amérique Latine (Magaly Solier) traverse l'écran de sa gracieuse massivité, ses grands yeux noirs dont le droit à cicatrice accentuant encore le regard de velours, et ses irrésistibles fossettes quand elle s'anime !... Elle affiche la lassitude et pourtant envoûte presque tout le temps, oui presque... car une passivité apparente servie aussi longtemps peut déclencher une somnolence par à-coups... Comme cette ombre si longtemps sous les draps. Ou le rite de vaporisation sur ces roses de frigo volées, reconditionnées, fou ce qu'elles restent fraîches, enfin il faut voir dans ces bizarreries, de probables allusions voilées à la débrouille hispanique passée et en marche. Une demi-heure de moins n'aurait certes pas nui en ce qui me concerne, ou alors un peu plus d'Amador dans son lit avec son puzzle entre ciel et mer, sa visiteuse du jeudi, véritable baromètre, et ce jeune cureton, permissif au-delà des mots... D'heureux intervenants qui rattrapent l'interminable cheminement de la protagoniste. A leur contact son ingénuité s'affirme au centuple, son sens pratique aussi, il faut dire que leur logique faite de contrepieds divers, ne manque pas de sel !
  • LE CAIMAN (2006)
    Note : 16/20
    Déçue de cette manière brouillonne d'amonceler les pièces de puzzle, ulcérée par le flot de bavardages, j'ai soupiré pendant la longue présentation, à peine touchée par les gags et les coulisses du monde cinématographique. On rit souvent jaune dans cette tragi-comédie. Ce couple avec enfants qui se sépare souffre pour enfin connaître la libération (très joli face-à-face entre ex en voiture). Forte aussi la bévue masculine, et pan une arme habituelle en moins ! Berlusconi qu'on croirait statuette du Musée Grévin parlante est montré dans l'un de ses dérapages publics les plus savoureux. Qui va le singer à l'écran, ce bel homme mûr ou cet autre plus quelconque quoique habité par ses tics ? On tient le coup grâce à la jeune scénariste, d'apparence douce (toujours irrésistible Jasmine Trinca !), ses audaces d'individu sain et déterminé, ses silences blasés offrent de quoi s'identifier. Très habiles tours (tout bien considéré) pour égarer le spectateur afin d'en venir au fait... Moretti qu'on avait aperçu dans l'hésitation, débarque soudain de dos et à grands pas, pour se retourner plein du jargon et des mimiques du Cavaliere traduit en justice. S'ensuit une salve à l'intention des électeurs italiens, moins d'Etat, tout au privé, déjà en 2006... Un discours magistral dans l'Hexagone qui vient, en ce 6 mai 2012, d'évacuer sa copie conforme du maestro !
  • MINUIT À PARIS (2010)
    Note : 18/20
    Pour ceux qui préfèrent le cinéaste quand il tourne hors USA. Le personnage principal masculin incarne tant dans son phrasé que sa dégaine, un Woody 2011. Ah ah, la bonne société en vacances à Paris... On visite en organisant les activités du matin au soir et du soir au matin. Le réalisateur sabre un tantinet le programme. C'est un défilé d'hommes et de femmes tous craquants dans la gentille caricature qui en est faite. Notre Carlita, guide gracieux sans plus par rapport à Marion Cotillard dans le créneau "plaisir d'amour". Des grincements. Les Français demeurent pétris des sensoriels conquérants que sont les artistes internationaux, suffit de remonter un peu les pendules.... On guette la voiture qui se pointe à minuit comme variante de Cendrillon. A chaque passage, une attente amusée et c'est la bascule dans l'onirisme... Curieux réveil, quasi indolore tellement le pragmatisme a pris le pas sur tout le reste.
  • DANS PARIS (2006)
    Note : 17/20
    Visionner le dvd de ce film de 2006 en 2011 vaut, en plus des acteurs tous bien à leur place, pour son approche des contextes familiaux contemporains : on est revenu des épinglés "Tanguy", voici les domiciles parentaux comprenant la présence des jeunes adultes désoeuvrés pour cause de récession économique aiguë. Avec un deuil pour surligner la paralysie, Paris pour décor de repère, rive illuminée de Noël longeant une eau noire tentatrice en parfait contraste avec ce balcon dominant les toits... Remarquable interprétation de Guy Marchand auprès de ses grands garnements aux ailes coupées. La mère recasée ailleurs, aussi toxique qu'attirante, maintient le frein (Marie-France Pisier récemment disparue très attachante dans ce film). Inspiré Nouvelle Vague pour la manière de filmer le côté intimiste surdimensionné, cette suite d'humeurs changeantes chacun dans son monde plombé malgré les passerelles. Côté spectateurs, la même succession d'attendrissements et d'agacements mais quand même rapportés à une époque régressive au centuple !
  • HABEMUS PAPAM (2010)
    Note : 18/20
    Divin ! Je me suis amusée comme une petite folle, loin d'être la seule... Les conservateurs seront pincés, c'est entendu, et qu'ils soient psys, ecclésiastes ou fidèles. Ah que voilà pourtant un pape qui donne des ailes, même pas arrêté par ce taquin d'analyste interdit de portable ! Andropause ou reprise en main de sa destinée par lassitude des faux-semblants, voilà notre saint homme en fugue (dém...-vous !), chacun restitué à son libre-arbitre. Certes touchant comme l'agneau avec son besoin d'air tandis que poireautent les copains cardinaux... C'est filmé avec malice, un peu d'égarement côté sport et théâtre, de saintes colères, jamais d'austérité... Merveilleux rideau rouge ondulant sur fond noir, silhouettes en contre-plongée à reculons, quelle aventure... Déclinable à bien d'autres domaines contemporains où trop rares sont les démissionnaires !
  • LA VIE SUR L'EAU (2005)
    Note : 17/20
    A condition de parvenir à garder la distance nécessaire, celle qu'on réserve aux cinéastes empêchés de dire les choses directement, c'est tout d'abord une captivante description de la débrouille collective filmée sous le soleil d'Iran avec la réverbération de la mer comme amplificateur. Beau, lumineux, parsemé de gags visuels (la montée de l'âne !). A noter la fibre paternaliste du "maître à bord", certes défenseur des faibles, mais désireux d'endurcir les jeunes pour une saine relève (les cruelles immersions filmées en temps réel !). L'issue laissait espérer un sursaut démocratique encore possible dans ce pays à jeunesse dominante à 60 %. Le cargo échoué prenant l'eau, s'il n'a pas sombré, doit être gardé en permanence par la milice.
  • AU REVOIR (2010)
    Note : 17/20
    Beaucoup de soin à l'image pour nous inviter à suivre l'inévitable madone iranienne aux traits purs en d'infinis plans-séquences. Promenée entre lumière et ombre sur cette grâce physique un peu altière (culte du vernis à ongles), j'ai immédiatement perçu la détresse domptée de cette diplômée avocate sans père ni mari présents. Mohammad Rasoulof martèle que son film n'est pas politique. Si chacun interprète les mille et une lectures possibles, impossible pour autant de nier le carcan totalitaire sous l'affichage moderne, l'entraide à coups de billets de banque feuilletés à grande vitesse, les intérieurs de bon goût aux couleurs pastel gris bleuté et grenat. Bref, la vie quotidienne iranienne prend les traits d'une femme (déboussolée ou un peu nonchalante ?). Un spectacle invitant à mesurer une fois de plus le désarroi d'une génération sacrifiée sur son propre sol. Alors, certes on est loin de l'humour viril de "La Vie sur l'Eau" du même réalisateur (encore "bon enfant" car bien avant les événements tragiques électoraux). Justement, sous ses airs de ne pas y toucher, le message gagne en force.
  • BIGAMIE (1953)
    Note : 18/20
    Subtile descente à l'intérieur des couples, les apparences impossibles à éviter à tel endroit peuvent toujours être contournées à d'autres si une double vie s'impose plutôt que de tirer la langue jusqu'à terre... Etonnant comme le mari demeure sympathique d'un bout à l'autre de l'histoire et même au procès, et ce malgré l'enjeu que représente l'arrivée d'un enfant dans un foyer. C'est très bien fait, y compris la découverte du subterfuge, cette stupeur dans le geste de la femme d'affaires toujours en marche. Si les deux femmes souffrent, l'audace d'Ida Lupino est bien d'avoir endossé le rôle de la plus fragile, la moins possessive pour savoir ce que liberté individuelle signifie. D'office on la retient comme favorite bien que le point de vue de l'enquêteur décrive parfaitement l'ambivalence que le personnage du bigame laisse dans les esprits.
  • TROIS ENTERREMENTS (2005)
    Note : 18/20
    Hormis quelques artifices scénaristiques brouillant la chronologie, c'est du western classique côté image. Les deux larrons centraux très typés dont le plus jeune semble incarne le blanc-bec civilisé qui commence à gangréner côté cerveau, louvoient longuement à distance. Ils se révèleront seul à seul dans l'épreuve. Une vraie traversée du désert (scène hallucinante de ce fantôme réclamant du plomb !) doublée d'une allusion aux bienfaits des brassages et de la solitude qu'il y a à fréquenter celui trop différent parce que dépendant du bon vouloir local. Ici l'immigration mexicaine (en 2012 l'immigration planétaire). Amitié désintéressée entre deux hommes égratignés par la vie dans le bon sens, au spectateur de déduire ce qui a pu arriver. On a surtout un savoureux parcours éducatif. Non sans l'ironie tacite qui rappellerait les rôles d'Eastwood à bien des égards dans ce genre-là. Le dvd gagne à être vu au moins deux fois, d'abord pour se re-passer le film sans malaise d'enchevêtrement scénaristique et ensuite pour s'imprégner du bonus, des interviews du réalisateur entrecoupés de morceaux de roi et appréciation amusée de Barry Pepper).
  • UN POISON VIOLENT (2010)
    Note : 19/20
    Katell Quillévéré, tout juste trente ans, mais on la sent vibrer derrière sa caméra, tant elle se délivre elle-même de ses tiraillements de jeunesse. Non, ce n'est pas juste une histoire de bigoterie austère rattrapant le destin d'une déchirée entre sexe et fracas familial. Poétique, espiègle ou franchement houleux, aucune minute creuse, sur le fond assez métaphysique mais facile d'y entrer grâce au bercement musical émaillé de quelques gags. La scène de l'église est grandiose même pour agnostiques et mécréants, le fantasme de Galabru en vieil homme usé passe incroyablement bien. Chacun(e) peut se revoir dans sa prise de conscience d'ado, au premier chef les trentenaires de 2010-2011, les gosses de divorcés et leurs parents perdus le temps que les choses se tassent, beaucoup de monde finalement, ennui et souffrance mêlés aux éclats de rire. Le regard sans concession, l'objectif de transmettre à tous une volonté d'harmonie habitent ce petit chef-d'oeuvre à voir au moins deux fois !
  • TU SERAS MON FILS (2011)
    Note : 18/20
    Jusqu'au cou dans le vin mais ambiance tendue à cause d'une gêne lancinante, qu'on devine due à une fêlure du pater noster trônant entre vignes et cave. Un patriarche bien séduisant quoique venimeux comme un mauvais commercial. Quand un pervers narcissique achète son monde, les attitudes peuvent varier, charmer, susciter l'admiration ! Des situations très habilement amenées (tout à fait plausibles pour qui sait de quelles haines recuites une famille est capable) jusqu'à la faille, le ras le bol, ici venu de là où on n'osait l'attendre. On passe un excellent moment global avec ces magnifiques comédiens qui se mesurent. En musique de fond, quelques mots bleus du regretté Bashung... A noter aussi que, pour une fois, le spectateur se paie un brin de sadisme offert sur un plateau par le cinéaste, c'est trop d'honneur !
  • APRÈS LE SUD (2011)
    Note : 17/20
    Tout le monde devine le style de tragédie mais, pour une fois, le synopsis n'en dit pas trop, impossible par exemple de deviner la boursouflure de l'issue (principale faiblesse de cette suite d'angles autour du fait divers). Un film aux allures quasi documentaires qui aide les forçats des temps que nous vivons à apprécier la minute, voire à deviner quand ça sent le roussi (la spectaculaire crise d'asthme !). La facture est soignée, les pros de la technique devraient admirer le montage du parfait étudiant en cinéma. Les hyperactifs hyper confiants hausseront les épaules en revanche, pas concernés par les petites misères de ces marginaux que restent, pour le citoyen lambda, les inadaptés de nos cités : une grosse dame boulimique, une caissière de supermarché tout juste aimable, un jeune Italien qui boîte, un vieux méticuleux qui vénère Mozart.
  • IRENE (2009)
    Note : 19/20
    En recourant une nouvelle fois à la voix chuchotée de la confidence, Alain Cavalier convie à mettre mentalement en images la trace de ces êtres bien incarnés mais soudain météores. Remarquable introspection dépouillée du sexisme pour révéler l'individu écrasé par le temps, que ce soit le tiraillé entre ses pulsions ou le rattrapé à un moment qu'il estimait banal. Des prises de vue très soignées défilent sur la voix-off (dont je n'ai pas tout saisi tant elle s'effiloche par moments). Les objets, les lieux marquent l'empreinte tenace d'Irène que la femme plus jeune, plastique encore malléable, ne parvient pas à supplanter. Cette pièce de l'attente, la terrible nouvelle en plans découpés de mémoire... La claque physique. Etonnant qu'on en ressorte aussi délivré(e) !
  • MAINLINE (2006)
    Note : 16/20
    Réalisé par un homme et une femme iraniens bien avant la présidentielle 2009 mettant le cadenas que l'on sait. Voici donc un milieu privilégié, la mère ingénieure, le père ex jouisseur aux jambes entravées mais pas le jugement. Entre eux cette petite aux traits butés, bien régressive à exhiber sa robe blanche... Très agréable photo sépia pour décrire l'intimité familiale, des acteurs plutôt convaincants dans l'entêtement qu'ils montrent à avoir des idées bien personnelles (et cette beauté digne du visage maternel !). Une nouvelle fois la modernité (portables), la vie trépidante des grandes cités (scènes en voiture), les rendez-vous sordides, l'inévitable mépris du dealer pour "la bourgeoise"... Avec son "qu'est ce que je vais faire ?" au plus fort des crises, la jeune fille évoluée redoute l'union qui se rapproche... Son zéro plaisir en dehors de l'addiction donne le vertige. Côté spectateur, étau politique et drogue dure forment une double peine pour l'Iran contemporain sous couvercle. Un film méritant, terrible, dont on est content de s'éloigner.
  • L'EXERCICE DE L'ÉTAT (2011)
    Note : 18/20
    Selon le regard porté sur les personnalités politiques, le spectateur adhèrera ou rejettera cette intrusion de Pierre Schoeller dans le monde entrepreneurial des gouvernants français. Là où il faut s'allier ou se renier, le fameux "avaler son chapeau", se positionner donc, toujours rebondir, du moins en avoir l'air. La solitude est exclue, la fuite vaut désertion sur le champ de bataille. S'impose un refuge affectif solide. Tel est la vision du cinéaste qui effleure à peine l'égrillard, merci, cela nous fait des vacances... Le ministre coaché par sa gardienne anti dérapage verbal fait penser à nombre d'esclaves du business pressés ou statiques comme sphinx au contraire. Ici englués dans la grande famille de collègues-rivaux, chacun rêvant que son nom entre dans l'histoire. Petit détail que l'électorat, le baromètre qui rend la mission noble. Ces champions sont flanqués de femmes dont aucune ne saurait les dépasser dans le marigot... Et voilà qu'on bifurque sur une autoroute en construction, le film pouvait s'arrêter net, laissant une forme de fraternité pulvériser cette frénésie. Eh bien non, les parapheurs sont déjà à signer. Une forme de guerre en somme !
  • COLLISION (2004)
    Note : 16/20
    16,5/20 : C'est spectaculaire. Totale schématisation étasunienne, bons et méchants visibles à l'oeil nu, grivoiserie appuyée, abjection crescendo en veux-tu en voilà... Le processus "Orange Mécanique" de départ fouette bien les sangs, accrochez-vous à votre siège pour le décollage. En chemin, des adoucissements, bribes d'empathie, savantes réparties, viennent compenser ce traitement de choc. Depuis la sortie 2005 en France de ce film, le sordide, la violence gratuite et autres irresponsabilisations nées du chaos politico-économique ont déferlé. Heureusement, certaines acrobaties signent le réalisateur qui provoque plutôt que le sadique, et l'oxygène de dernière ligne droite le confirme, tel bouc-émissaire au pifomètre est trouvé aussi dans l'entre-soi. A la bonne heure !... Sans cet effet boomerang, l'humain encore digne de ce nom louait auprès de son animal préféré un recoin de tanière !
  • SWEENEY TODD, LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET (2007)
    Note : 16/20
    Le genre conte noir funèbre à grands renforts picturaux et sonores aurait peut faire fuir. Un sadisme un peu trop facile à l'heure de l'horreur économique en extension planétaire ? Rien que les coulées rouges sur le noir ambiant, voilà qui donne envie de planter là le dvd qui a l'avantage de créer la patience en permettant un visionnage en deux temps au lieu de foncer lâchement à la fin. Car ce qui "tient", bien plus que ces chutes de fauteuil, ces gorges torrentielles, c'est le mot de la fin, la morale propre aux contes. Elle se tient. Macabre à souhait mais satisfaisant, "de la belle ouvrage", enfin, si l'on veut se donner une idée du meilleur de Tim Burton celui-là fera l'affaire !
  • LA FOLIE DES HOMMES (2001)
    Note : 18/20
    Les catastrophes de ce type existeraient encore. Décevant donc que ce thriller sorti en 2001 n'ait récolté aucune distinction. Trop anxiogène dans le mauvais sens du poil... L'intérêt est tenu de se focaliser sur les prestations Serrault-Auteuil-Morante. Nions cet accident, il ne peut plus se reproduire ! Si l'on mesure le degré d'emprise des lobbyistes de 2012 ces procès de multinationales qui traînent), possible d'y trouver écho hélas ! Ce vertige en haut du pont d'abord, défi à la nature, oublions les sacrifiés sur l'ouvrage surtout (une quinzaine !). La manière d'appeler l'inéluctable, par à-coups, le collectif pressent, ne veut pas voir... C'est un thriller architectural qui a exigé moyens et minutie pour égaler son témoignage journalistique. "De tous les ouvrages construits de main d'homme les barrages sont les plus meurtriers", parole de l'ingénieur décédé 6 mois après la catastrophe de Fréjus en 1959 également mentionnée dans ce film. Depuis, des dispositifs de protection par les autorités séviraient, probablement fragiles face aux tenants du marché autoproclamés maîtres du monde. A retenir que si la rupture d'un barrage est réputée progressive, perdre la face est de tous temps mortel... Ce film édifie sur les détails camouflés de l'entre-soi, sur l'interdit d'objection qui régit la compétition aux générateurs d'emplois et génère les troupeaux dociles. Les peines plus ou moins purgées par les décideurs ne peuvent faire oublier quelques 2 000 innocents rayés de la carte !
  • WHITE MATERIAL (2010)
    Note : 15/20
    Bande-son envoûtante, dépaysement, on peut s'accrocher à l'échelle du car et tanguer avec cette nouvellement montée et qui s'accroche... Attention, méandres anecdotiques fréquents. La petite dame en robe d'été veut juste une semaine de sursis avant de plier bagages, "le café est mûr". Ses cheveux, véritable reflet flamboyant de la terre rose africaine signalent qu'elle vient d'ailleurs, en témoigne le message qui lui est destiné du haut d'un hélicoptère et aussi le coffre aux clés baladeuses. Déjà le spectateur, séduit par le charme pictural et auditif, est dubitatif quant à la valeur de la dernière liasse... Flash-back, retour au trajet, Maria assise cette fois dans le car... Arrivée dans une maison en dur, quelques survivants, un fiston qu'il aurait été préférable de laisser au lit (Nicolas Devauchelle, carrément deux personnages pour le prix d'un) ! Beaucoup d'indices pêle-mêle, des dialogues animés, et toujours rien de clair. La volonté de multiplier les interprétations, ou une délicatesse franco-africaine de bon aloi. Pistolet sur la tempe et... la dame toujours aussi battante ! Les dialogues instruisent tout en omettant le petit plus qui ferait qu'on embarque. Attendrissante Isabelle Huppert en récoltante de brousse aux prétendants clairsemés (Christophe Lambert, lui aussi bien mis en valeur). L'impression de vide se change en malaise. Le voyage esthétique, l'ambiance réussie laissent sur la faim car Madame Vial dévisse, sans doute victime d'un coup de chaleur... A retenir, l'attitude des enfants-soldats, le racisme rampant qui devient traînée de poudre si les circonstances s'y prêtent : ils font la force de ce film.
  • ENTRE VOISINS (2011)
    Note : 18/20
    Cycle allemand Univerciné Nantes 2011... Voici un thriller d'apparence soft et faussement froid avec ses plans comme passés au crayon gris. La chaleur dans les dialogues, toute une palette de subtilités dans les situations, petits signes, émotions réprimées, d'une infinie délicatesse. Un décor planté en deux coups de cuillère à pot pourtant sur une musique feutrée qui part comme une bobine qu'on ne retient plus. Cet effet d'alerte fait mouche, on retient son souffle en se demandant jusqu'où ils vont s'engluer, je pense à cette accélération en kayak... Un tandem délectable que ces deux voisins finalement, le Berlinois qui vient de signer avec la presse locale coincé par l'infirmier collectionneur de miniatures guerrières. A vous dégoûter d'aller frapper à la porte d'à-côté en débarquant dans l'inconnu. Un encouragement à écouter sa petite voix intérieure insistante en revanche. Il ressort de cette histoire un débat possible mais une morale imparable... Avec les ingrédients classiques du polar, une femme entre deux copains, ici deux blondes à tour de rôle. On peut dire qu'on a eu chaud avant de deviner lequel s'en tirera doté d'un lien plus fort que tout !
  • LES JOURS A VENIR (2010)
    Note : 16/20
    Prix du public Univerciné allemand Nantes 2011 : une anticipation du futur proche (maxi 2020) qui a séduit largement, à défaut de tout à fait convaincre les difficiles à cause des gros effets de style qui d'office tuent l'imagination (Lars Kraume est issu du monde publicitaire). Plans généraux déployés, angles d'images multiples, personnages aux trajectoires bien déterminées (cette tête à claques de Konstantin !). Cela tient bien la route toutefois grâce aux dialogues clairs dans les situations enchevêtrées. On y pense tous à ces pièges que la vie tend par rapport aux idéaux qu'on se fixe. Avec des influences aussi dangereuses que déterminantes : la scène terroriste du restaurant dans sa progression visuelle et sonore, sublime moment autant que mise en garde. Ce film datant de 2010 caricature l'avenir européen par rapport aux énergies fossiles, imagine l'extrême inverse du terrorisme financier dans une Europe constituée de pays fermés et d'autres accessibles à ses risques et périls. Pour ma part, ce n'est qu'une fois passée derrière la porte, direction le chalet avec l'enfant, tout cet épisode étonnant dans son aspect western, que j'ai ressenti la première vraie émotion.
  • MICHAEL (2011)
    Note : 18/20
    Projeté à Univerciné Nantes 2011 cette merveille sur un sujet scabreux... que la sordide actualité peut faire fuir comme la peste. Cette horreur aux allures de documentaire, en plus qu'on la suit sans en être déshonoré, donne une idée de la relation de deux individus dont l'un détient pouvoir absolu sur l'autre (évidemment, on pense à cette jeune Autrichienne séquestrée pendant des années). Le premier "viens" avec cette porte capitonnée ouvrant sur un noir d'encre glace les sangs, quoique sortir de la salle ne viendrait pas à l'esprit parce qu'on est déjà accroché tant c'est bien amené. Captivant jeu des deux acteurs face à face. L'asphyxie devrait donc ouvrir sur un espace de réflexion... Et on n'est pas déçu ! Le quotidien de ce couple insolite, fait de rivalité, de haine bien franche, implique une dualité pour le ménage, les repas, le jeu, le troublant rapport d'affection entre un bourreau et sa victime, la loi bien connue des otages... L'adulte borderline avec sa manie d'un enfant à chosifier, en plus de pulsions inquiétantes (aller creuser un trou dans les bois !) a aussi ses quarts d'heure de pitre... Il n'en demeure pas moins sociable, piètre skieur de fond, repasseur émérite et assureur zélé. Avec des larmes lui aussi à ses heures... Quant au petit, il subit longtemps et quand il se rebiffe ça fait mal !
  • LES VIEUX CHATS (2010)
    Note : 19/20
    Projetée au Festival des Trois Continents Nantais 2011, cette renversante caricature de conflit de générations. Irrésistible vieux couple, Enrique ange-gardien et son Isadora, s'avalent chaque matin une dizaine de gélules chacun. On peut comprendre, dans leur résignation, l'écrasement des populations d'Amérique Latine, la double lecture devenant réflexe pour les pays où la tyrannie s'est longuement exercée. Possible aussi de rire de la condition humaine, d'eux sur l'écran et de nous tous, de la fronde juvénile avide de sensations fortes (qui "sniffe" beaucoup dans tous les sens du terme) et des vieux jetons aguerris laissant croire qu'ils sont malléables. Les félins, premiers à l'image avec les objets passés en revue, semblent incarner, dans leur bonhomie fourrée, le double regard chilien des cinéastes, à la fois à distance et au ras des péripéties quotidiennes. Une fois vécue la première véritable absence, on sort de l'image qui chavire avec discret roulement de tonnerre comme du somnambulisme. Le style de l'ensemble verse davantage dans l'autodérision que dans la méchanceté gratuite. La dernière échappée de la dame inviterait presque à en jouer comme d'un levier pour régler ses comptes, avec tout le respect dû aux âmes sensibles que quelques moments grinçants vont immanquablement froisser. C'est sentimental, plein d'espièglerie et en même temps gravissime. Interprétation des quatre principaux personnages remarquable.
  • TRAITRE A LA PATRIE (2011)
    Note : 16/20
    Univerciné allemand Nantes 2011... Paul Gratzik ramant en eaux limpides redoute d'être "asticoté" par Ann, la réalisatrice. Il s'empresse d'évoquer la complexité de l'histoire allemande... Larmes aux yeux, elle tente d'apprivoiser le vieux bougon qui vit sous le seuil de pauvreté dans une maison en rase campagne aux hivers rudes. Après quelques petits verres se profile le parcours vers les machiavéliques sommets. On visualise la mère et ses enfants rejetés par la société allemande pendant la guerre. De va-nu-pied, Paul se change en beau gaillard de type tzigane brûlant de faire ses preuves dans une structure solide. S'intercalent les témoins de son parcours parmi les peintures veloutées de Leif Heanzo, à retenir les rhododendrons dans une baignoire ... Une de ses compagnes mentionne "des millions de morts causées par les tempéraments abrutis comme celui-là". La Stasi abusant de la séparation entre mission d'Etat et vie privée "infiltrait" la quasi intégralité des milieux. Ce qui fait se demander si l'intéressé était vraiment pieds et poings liés jusqu'en 1989 où il jeta l'éponge tandis que le Mur tombait, enfin, c'est ce qui est sous-entendu et semblerait encore controversé si l'on en juge par le titre du film... De même sa phrase "les traîtres souffrent aussi" touchante mais qui ne saurait, pour les populations écrasées, absoudre les tyrans des régimes extrêmes.
  • SUR LA PLANCHE (2011)
    Note : 16/20
    Festival des Trois Continents nantais 2011. Un film tourné avec fougue dont il se détache une "envie de dire" qui force l'admiration. Alors on suit ces jeunes filles en se fourrant dans la tête que la débrouille dans cette zone franche de Tanger doit être faite de ces vertiges-là. Actrices touchantes dans leur contraste volontaire, chacune jouant sa partition dans l'affrontement sans saliver de ce que l'autre soit plus ceci ou plus cela. D'une certaine manière toutes les quatre sont logées à la même enseigne, de la plus plastique à la plus garçonne en passant par celle qui s'affranchit jusqu'à ne plus savoir où se positionner. Dans la survie où culture et racines brillent par leur absence, elles jouent de leur personne en forçant le trait comme pour encore ressentir quelque chose. Peut-être justement est-ce un peu trop appuyé, avec des redondances où on frôle l'ennui avant la scène décisive ? On est plus dans le respect que dans l'émotion véritable.
  • LES HOMMES (2006)
    Note : 18/20
    Sous la forme du dvd, avec l'interview de la cinéaste en renfort, j'ai trouvé ce documentaire saisissant. D'abord, l'arrivée dans ce désert glacé avec le "pü-pü" comme fond sonore crée une ambiance. C'est émouvant, ça rappelle les vaisseaux spatiaux ou sous-marins qui débarquent en zone inconnue. Et ensuite, bien d'autres langages viennent remplacer le verbiage humain : quel repos ! Une toute petite caméra pour capter ours polaire, phoques, oiseaux, au même titre que les scientifiques, ces derniers sûrement pas vus avec indifférence comme je l'ai lu, la scène des plantes aux noms latins rejoint le fantastique après avoir été travaillée au montage, on se sent extra-terrestre ! Ariane Michel est plasticienne et le fait savoir dans ses plans agencés comme des petites oeuvres d'art. Son idée de filmer surtout à partir de la terre aussi, outre qu'elle a souffert du froid, de l'eau à attendre "les hommes" pour réembarquer, donne diverses approches successives, relativise le temps qui passe et balaie modes, artifices, batailles d'égos, toute la petitesse des sociétés esclavagistes, même la mort semble faire partie du grand tout. Plusieurs lectures à ce voyage envoûtant qui ne peut déplaire qu'aux hyperactifs sans cervelle.
  • L'AMOUR ET RIEN D'AUTRE (2011)
    Note : 17/20
    Projeté en ouverture Univerciné allemand Nantes 2011. C'est amené à l'image avec tellement d'élégance qu'on admet que cette jeune femme-là, précisément, remonte en selle comme après une chute de cheval. Un peu trop mère pour son mari Paul, tendresse perceptible mais malaise confirmé par ce mot maladroit d'un copain lors d'une soirée arrosée jetant un froid... Incrédulité, colères, prostration, c'est toute la jeunesse qui explose son refus du pire, à l'âge où on aime l'amour (ces jolies scènes érotiques comme dupliquées d'un partenaire à l'autre). Surprise d'en savoir aussi peu sur le mari cachotier et sur cette muse aussi fantôme avec son catalogue. Heureusement, les non dits qui comptent éclatent en gros plans sur les visages (Georg devinant le désespoir sous l'allure entreprenante). Temps exceptionnels de ce film côté interprétation, la méga colère de Martha (Sandra Hüller) pour un coup de fil suspect et "la chemise" !
  • TWENTYNINE PALMS (2003)
    Note : 16/20
    Concentré autour du mythique désert californien Joshua Tree, l'histoire abonde en périples automobiles et en étreintes dont la première, après les larmes, alerte, glace... Le couple n'en reste pas moins familier avec ses sautes d'humeur résultant de la fusion toujours laborieuse pour les caractères affirmés. Curieux duo d'amis-ennemis, ils sont volontairement pieds et poings liés (d'autant que l'actrice Katerina Golubeva, parfaite borderline ici, est morte en août 2011). On arrive à craindre la copulation tant, dans sa sauvagerie, elle jure avec les éoliennes de la première halte. Hommage régulier aux cailloux, chaud, froid, une tendresse fugace, qu'ils sont donc agaçants... Ce chauffard qui insulte, cette voiture blanche qui vrombit, ce sont là billevesées pour ces zombies... Ils ne se droguent pas pourtant, finissent par s'éprouver frontalement. Choisissent-ils la mauvaise direction une fois perdus sur les hauteurs ?... Ce road-movie admirablement agencé, truffé de mises en abymes picturales ou sonores (ces ronflements de moteurs !) laisse un goût de ciguë... L'allusion à la dangerosité des zones désertifiées est certes pertinente, Ô combien d'actualité et pas seulement du fait de la nature. Immensité vide, possible mirage pour l'errant lassé de l'espace urbain, voire... J'ai trouvé un peu "pieds pris dans le tapis" ce couteau brandi plusieurs fois et trop inaudible le chuchotis policier. Dommage !
  • KINSHASA SYMPHONY (2010)
    Note : 17/20
    Découvert à Univerciné Nantes Cycle Allemand 2011. L'assimilation entre musique classique et classes bourgeoises blanches n'est un secret pour personne... La mention de "cordes frottées" est donc précisée, que l'autochtone différencie bien ce premier orchestre de musique classique noir africain officiel de "la fanfare"... Organisés sur le tas (dans le brouhaha de la vie trépidante locale), avec un chef d'orchestre juste mais ferme, ils doivent dépasser leurs soucis personnels (la faim ?), les journées harassantes pour leurs répétitions, où chacun travaille sa spécialité, au luthier de dénicher le meilleur bois pour les instruments par exemple. De beaux plans rapprochés sur les visages féminins les plus accrocheurs... Peu de ratés pour l'oreille, l'harmonie entre instruments et voix est question d'ajustement pour ces passionnés, le feeling ancestral coulant dans leurs veines. Et voilà que ça "décolle" avec un choeur d'Haendel, ces yeux grand ouverts sur l'éternité créent la première grosse émotion en s'appropriant le genre ! On suit crescendo d'autres temps forts jusqu'à la consécration (ces vêtements féminins dorés !) et un public archi conquis. La récompense au plan moral car, pour le reste (contrairement à "Benda Billili"), on ne sait pas trop, c'est avant tout un reportage.
Notes de L.Ventriloque
(par valeur décroissante)
FilmNote
IRENE (2009) 19
LES VIEUX CHATS (2010) 19
PETITE AFGANISTAN (2011) 19
PEOPLE MOUNTAIN PEOPLE SEA (2011) 19
LES ENFANTS INVISIBLES (2010) 19
UN POISON VIOLENT (2010) 19
LE PETIT LIEUTENANT (2005) 19
MINUIT À PARIS (2010) 18
HABEMUS PAPAM (2010) 18
BIGAMIE (1953) 18
TU SERAS MON FILS (2011) 18
L'EXERCICE DE L'ÉTAT (2011) 18
ENTRE VOISINS (2011) 18
MICHAEL (2011) 18
LES HOMMES (2006) 18
GUILTY PLEASURES (2010) 18
LES NEIGES DU KILIMANDJARO (2011) 18
CARNAGE (2011) 18
LE HAVRE (2011) 18
ALBERT NOBBS (2011) 18
TROIS ENTERREMENTS (2005) 18
LA FOLIE DES HOMMES (2001) 18
DANS PARIS (2006) 17
LA VIE SUR L'EAU (2005) 17
AU REVOIR (2010) 17
APRÈS LE SUD (2011) 17
L'AMOUR ET RIEN D'AUTRE (2011) 17
KINSHASA SYMPHONY (2010) 17
MISS BALA (2011) 17
JEUX D'ETE (2011) 17
CORPO CELESTE (2011) 17
PORTRAIT AU CRÉPUSCULE (2011) 17
POURQUOI TU PLEURES ? (2011) 17
MAINLINE (2006) 16
LES JOURS A VENIR (2010) 16
TRAITRE A LA PATRIE (2011) 16
SUR LA PLANCHE (2011) 16
PERMIS DE CONDUIRE (2011) 16
KABOUL AMBULANCE (2011) 16
LA DAME DE FER (2011) 16
MEDIANERAS (2011) 16
MOINEAUX (1926) 16
AMADOR (2010) 16
LE CAIMAN (2006) 16
TWENTYNINE PALMS (2003) 16
ADIEU GARY (2009) 16
SWEENEY TODD, LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET (2007) 16
COLLISION (2004) 16
HONEY PUPU (2011) 15
WHITE MATERIAL (2010) 15