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LE HAVRE-2011-
Nationalités : France / Finlande
Durée : 1h33
Date de sortie en France : 21/12/2011
Themes
Milieu médical
- cinéma français -
Emigration et immigration
- cinéma français -
Taxis
- cinéma français -
Chiens
- cinéma français -
Représentant(e)s du culte
- cinéma français -
Réalisation : Aki KAURISMÄKI
Scénario : Aki KAURISMÄKI
Prise de vues : Timo SALMINEN
Musique : Roberto PIAZZA
Récompenses
- Prix de la Critique et Mention Spéciale du Jury Oecuménique, Cannes 2011 .....
- Prix Louis Delluc 2011
Distributeur : Pyramide
Visa d'exp. : 124875
Résumé
Le miracle Kaurismaki...
Itinérant cireur de chaussures dans l'agglomération havraise, le débonnaire Marcel Marx mène une existence modeste et heureuse, en compagnie de son épouse Arletty, dans un petit quartier de la portuaire cité, avec de rassurantes habitudes et de coutumières rencontres de voisinage. Une après-midi, lors de son itératif périple professionnel, il est témoin de l'ouverture forcée, par les autorités locales, d'un container géant qui dissimule dans son inconfortable habitacle, quelques émigrés clandestins, en illicite transfert pour l'Angleterre. Dans la confusion de l'interpellation policière, un enfant, prénommé Idrassa, parvient à s'échapper. Alors que sa maladive compagne est hospitalisée d'urgence, Marcel décide de retrouver coûte que coûte le garçon en fuite, avant qu'il ne soit arrêté par les pandores lancés à ses trousses, en particulier par le sagace commissaire Monet de la police judiciaire. Avec un peu de perspicacité et beaucoup de chance, Marcel va récupérer l'enfant et l'emmener chez lui, bénéficiant d'une discrète solidarité de ses voisins commerçants. C'est sans compter avec un odieux délateur, incarné par Jean-Pierre Léaud, en transes et en haine, qui téléphone anonymement aux forces de l'ordre.
Critiques et Commentaires
Critique de Jean-Claude pour Cinéfiches
Note Cinéfiches : 16/20
De bienheureuses retrouvailles avec le plus hexagonal des réalisateurs finlandais, accompagné de son inséparable chef-opérateur Timo Salminen, au regard minimaliste et dépouillé, mettant en scène, en fugitive fixité et visuelle théâtralité, des acteurs en parfaite osmose dans leur rôle respectif, sans cesse investis d'un humour incisif et décalé, subtilement en porte-à-faux avec la dramatique réalité évoquée.
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Critique/Commentaire
Critiques - Commentaires Public
inconnu(e)
Nous avons adoré le film, toujours beaucoup de poésie, parler d'un problème de société et maintenir une distance avec les personnages, restent le secret de fabrication de son auteur.
Les aficionados de ce réalisateur venu du froid, à l’univers atypique, vont être de nouveau comblés. Poétique, drôle et tendre, décalé par rapport à la tendance du cinéma actuel à calquer sur le format télévisuel, Le Havre se déroule dans la ville de France qui convenait le mieux à Kaurismäki pour y planter son film : bastion communiste il fut un temps, et permettant la référence au havre… de paix où évoluent d’attachants personnages, Le Havre est également la ville ou se passe Quai des Brumes de Carné, réalisateur cher à Kaurismäki.
On y retrouve André Wilms dans le rôle principal, acteur Kaurismäkien qui joua dans La Vie de Bohème, en 1992, et qui s’appelle Marcel Marx encore ici, une référence à Karl Marx. Il campe un cireur de chaussures qui fut un temps écrivain et il nous régale avec son phrasé d’acteur de théâtre français, comme les affectionne le réalisateur. Marcel Marx a une épouse, Arletty, de santé fragile, incarnée par Kati Outinen, l’égérie du cinéaste finlandais. Elle est hospitalisée et Marcel Marx se retrouve seul avec son chien… pas pour longtemps ; un jeune garçon venu d’Afrique clandestinement va trouver refuge chez cet homme bohème et généreux. Les personnages de ce quartier populaire du Havre le sont tous, les femmes particulièrement, et ces dockers qui traînent dans le bar, l’épicier à l’ancienne également… tous évoluant dans un décor et des couleurs très années 50. Car, chez Kaurismäki, il ne faut pas chercher de réalisme ni de message politique lourdement asséné. Dans ce film franco-finlandais, le côté fable est affirmé, et une foi dans le cinéma, avec des clins d’œil à Marcel Carné et René Clair, avec des personnages qui s’appellent Becker ou Arletty, et dans la propension que le cinéma a de transcender le réel comme en témoigne la fin.
Le film progresse de façon simple : Marcel Marx va aider le jeune garçon à rejoindre l’Angleterre et devoir, pour cela, collecter assez d’argent en organisant un concert : les gains de la vente des billets serviront à l’enfant à traverser la Manche. Nous ne sommes pas chez Philippe Lioret, avec son Welcome tragique, même si Marcel Marx va rencontrer des réfugiés dans un camp de détention sauvage ; séquence qui sonne comme un moment de cinéma vérité suspendu, avec peu de paroles échangées. La star qui va attirer les foules est Little Bob lui-même, star du rock français alternatif, havrais lui-même, et qui vaut à lui seul le détour. Tout le monde est acquis à la cause du jeune garçon et doit déjouer la trahison d’un vilain dénonciateur – Jean-Pierre Léaud qui a un petit rôle mais quelle présence ! La menace qui pèse sur le destin de l’enfant est incarnée par Jean-Pierre Darroussin dont le rôle est étonnant, tout en nuances. Film d’une belle intensité, traitant de manière légère un sujet grave et pour qui le qualificatif de profondément « humaniste » n’a rien de galvaudé, il pose la question de l’immigration dans cette France qui fut longtemps terre d’accueil et qui est devenue bien étriquée à tous points de vue. Les Indignés s’indignent, Kaurismäki réalise Le Havre. On veut croire, avec lui, qu’un film peut-être une petite pierre de plus à l’édifice du changement… (Son site : Ecrivain de votre vie)
Note : 18/20
Carlos Gardel, Little Bob arraché des oubliettes sur scène, une robe empaquetée avec méthode, des petits bouquets d'amoureux appliqué, Monet de la police judiciaire ou le taxi 403, Laika, le fantôme canin revenu de l'espace, on n'en finirait pas d'énumérer les petits charmes du Havre façon Aki Kaurismäki... Un défilé de tableaux savamment cadrés pour filmer la débrouille des pauvres qui pensent encore. Et pourtant les intervenants, qu'on sent pleins d'estime mutuelle, affichent la rudesse du nord. On jurerait le cinéma d'avant (Chaplin, Bresson, Tati, peut-être même Lubitsch pour la malice de fond). L'univers du réalisateur se partage immédiatement dans cette histoire. Les personnages se toisent bien franchement dans un langage productif tout en collant à leur fonction (la cafetière qui sert et ressert à boire tout en conversant...), hommage aux petits métiers où on se cause d'égal à égal, loin du Cac 40. Ces braves gens veulent continuer à vivre en composant, là où ils sont, au même titre que les déplacés d'Afrique découverts dans leurs containers souhaitent trouver un havre de paix. La légèreté ambiante ne peut faire oublier qu'il s'agit une fois encore de l'Immigration. Réduite officiellement aux chiffres chaque année en France et ailleurs aussi, de plus en plus. Et qui n'empêche pas les déplacements massifs de personnes souvent sous la menace des armes... La bonne nouvelle est que ce phénomène de société qui taraude les consciences remplit les salles de cinéma (Concorde nantais plein ce 4/02/12) !