Découvert à l'Univerciné Italien de Nantes 2014. Très bien mené, avec des prises de vue éloquentes, cette manière de filmer de dos celui qui s'évertue à arrondir les angles, souvent en vain ! Il faut dire qu'il a un faciès ingrat, une silhouette fuyante, à croire qu'il incarne d'avance celui qui jette l'éponge ! On se dit qu'on ne va pas tenir tout le film avec pareil personnage central. C'est assez bien fait pour qu'on suive malgré soi le malheureux Moncaco, veuf, circonstance aggravante, dans ses tentatives désespérées de récupérer sa fille égarée dans le labyrinthe des sensations fortes. Influençable, en pleine crise identitaire, la jeune fille l'avoue à travers le geste (les boucles d'oreilles !), s'entête dans son double jeu pervers jusqu'à l'aveu final... qui rallie mais sidère ! Alors, que ferions-nous, humains au cuir tendre, que l'expérience des réalités a façonné, face au délabrement moral de la génération du vertige, en quelque sorte perdue et que nous avons pourtant éduquée au mieux ? Comment se positionner quand un être cher se conforme au cynisme ambiant sous peine de rejet de sa tribu prête à toutes les bassesses pour se sentir exister ? Une réalité encore peu divulguée, qui devra se dire au grand jour bientôt tant les dégâts s'accumulent. C'est toute la question que pose ce magnifique portrait d'un solitaire aux prises avec le travail de sape que la modernité, injuriant passé et racines pour ne goûter que le frisson de l'instant, impose aux nouvelles générations.