Vu en v.o. au Festival des Trois Continents nantais 2007. Noir et blanc. Les riches sur les hauteurs, les pauvres tout en bas, dans le fourmillement des cheminées d'usine. Ces sacrés pigeons à vendre à la sauvette, et qui trouvent preneurs bien qu'éternels revenants à leur cage initiale, chez Masao, promu chef de famille à la mort du père, jeune homme que sa mère exhorte à travailler aux pires conditions afin de survivre avec la petite soeur, un peu en retard dans son développement mais obnubilée par le dessin d'oiseaux, souvent morts. On est bien dans une oeuvre d'Oshima. Un jour, une jeune fille riche veut sortir Masao de sa misérable condition, persuadée, dans sa fougue juvénile, que les différences de classe peuvent s'aplanir par la seule force de la volonté : à peine passée l'étincelle d'un accord auquel le spectateur commence à croire et la réalité reprend ses droits... Oshima a des convictions inébranlables sur la société japonaise de son temps, il ne saurait faire dans la dentelle... Les pigeons semblent symboliser l'éternel retour à la case départ de tout un chacun, castes opulentes menant leur vie à l'aise du haut de leurs demeures, pauvres hères ds bas-fonds peinant à survivre, mais dont les oiseaux continuent à être miraculeusement vendus aux riches pour ne pas mourir tout à fait ?... Des scènes touchantes rachètent la noirceur du propos.