Ah, que j'aime bien ce refus du bipartisme de Pascal Elbé ! Ce refus de trancher au profit de la volonté de comprendre d'un bord et de l'autre, chacun dans son contexte, avec son passé, ses usages, etc. On dénote la direction d'acteurs "toute en patience, en bienveillance, mais attention "qui ne laisse rien passer". Belle qualité d'ensemble donc pour un premier film donnant de l'air par rapport aux discours plus enragés que constructifs. Quelques clichés forcément, des raccourcis un peu faciles, le spectateur peut peiner à resituer un personnage à la fin si son attention a mal capté l'importance d'une scène de départ (le dvd effacera cet écueil). Une intrigue un brin trop chargée peut-être ?... Qu'importe, on sent la personnalité posée de l'acteur derrière "les deux frères" (joués par Roschdy Zem et lui-même) sans qu'il devienne "pute" pour autant : pas plus pour les flics que pour les malfrats, une force à l'heure actuelle, où tout invite à se ranger dare-dare dans l'un ou l'autre camp. Le film traité à la manière d'un polar, prône de garder son sens critique intact, un regard neuf sur les situations les plus épineuses vaut tous les "rentre-dedans". Autre facette originale, peut-être involontaire, raison de plus pour qu'elle ait du prix : dans le rôle qu'il s'octroie, on perçoit bien l'admiration de l'acteur-réalisateur pour l'actrice israëlienne Ronit Elkabetz, comme ça tombe bien, elle est ici éblouissante !