Découvert en présence de Bertrand Tavernier au Katorza à Nantes en avant-première en octobre 2010 : ses explications ont relevé les applaudissements "très respectables mais sans hurlements"... Un film historique, déroulé à la manière des grands westerns, plans larges, musique grandiose (avec un petit brin du ton caustique Eastwood)... Très documenté, ne massacrant pas l'histoire, même s'il use des émotions de 2010 (aucune parole qui ferait "d'jeune", pas plus d'anachronisme, et il s'y glisse aussi de savoureuses formules inusitées aujourd'hui). Classique dans la forme, presque scolaire. Bon, 2 heures 19, c'est un peu long, d'apparence étirée sans raison suffisante par moments... Peut-être à voir deux fois. La première pour goûter l'ambiance, les costumes, les assauts (ces pattes chevalines trébuchant avec ironie lors des départs), s'imprégner de cette période de l'histoire. Et à revoir pour mieux cerner l'intrigue, notamment se faire à cette tête à claques de mari (Grégoire Leprince-Ringuet)... Sans doute pas le meilleur Tavernier mais une démonstration de sa valeur de grand cinéaste une fois de plus. Il permet aussi de relire Madame de Lafayette afin de se projeter dans une période controversée de l'histoire de France, pourquoi pas ?... Barbarie, conflits d'intérêts, un film jamais lugubre cependant grâce à la modernité du traitement : à tout prendre, on rit plus qu'on ne pleure... Tous les acteurs (les secondaires inclus) bien à leur place. Au premier plan, la jolie dame tiraillée (Mélanie Thierry) dont les yeux ne cesseront de se dessiller... Mais c'est surtout Lambert Wilson qui s'en tire avec panache ainsi que Raphaël Personnaz, irrésistible en Duc d'Anjou !