Departures = départ en voyage, embarquement. L'au-delà donnant presque envie d'y être ! D'ordinaire, des soins pareils s'appliquent aux nourrissons ou aux gens de scène. Ici pour l'ultime pirouette "une fois sur l'Autre Rive, enfin la paix" : la manière dont le spectateur conçoit la chose est capitale car la caméra explore sous les couvercles, invite à se visualiser dans une autre dimension... C'est traité sans gommer les nausées des croquemorts, de celles qui décoiffent ! Saine réflexion sous ses dehors en demi-teinte. On rit et on s'attendrit, les pires drames de l'existence comportent souvent ce paradoxe. Pour le réalisateur, seul le passage de vie à trépas mériterait notre interrogation, l'enveloppe charnelle étant seulement le repère des survivants, ces malheureux en sursis... L'acteur principal (très bonne bouille de petit garçon !) incarne les mille préoccupations de l'époque présente, l'adaptation aux boulots les plus déroutants, la difficile transmission des enfants nés de parents démissionnaires... Le Japon dépeint rappellerait assez celui d'Oshima dans ses plus belles avancées. Avec un violoncelle qui berce d'un bout à l'autre (la musique ne fatigue à aucun moment), le végétal, le minéral, la bonne chère à l'honneur... Epicurien, plus que je ne l'aurais cru ! Il faut juste supporter la lenteur à se dévider, on peut parler de danse macabre du meilleur goût... Poétique, délicat, dommage que les 2h11 (dues aux plans appuyés sur le jeune couple, emblème du Japon contemporain) et le thème des macchabées fassent reculer, il faut se raisonner avant le déplacement en salle en cet été 2009... Après tout, le retour au néant n'est pourtant rien moins que notre état antérieur dont la conscience entretien le flou... Ah, passer commande de services aussi charmants sur son assurance-vie !