A part le choc des rateliers... (un peu rude pour les crocs !) la promenade revigore, jamais trop égrillarde, plutôt instructive. Davantage de piment dans les situations à partir de la renaissance n'aurait pas nui... Etant entendu que les délires de la chair usée glaceront, ou feront hausser les épaules des hercules du lit ("c'est dégueu" ou "merci, j'ai ce qu'il faut à la maison")... On baigne dans un naturalisme dont l'approche rejoint les films scandinaves. Avec de jolis effets à l'image renvoyant à la bande dessinée du même auteur : la voiture orange miniature comme un jouet sur des paysages à très grande profondeur de champ (une caméra qui balaie comme un aigle avant de piquer sur sa cible), ou encore cette halte sur un plat de poisson entamé quand devisent, au second plan "notre homme" et sa descendance en gestation... Si le deuil du copain sonne comme un réveil-matin d'autrefois, que de risques courus depuis ses affolantes peintures ! Plusieurs fois le profil (si caractéristique) de Daniel Prévost en frôle-la-mort voulant réussir sa dernière ligne droite, invite à l'observation. Guérir des deuils, saisir les opportunités... Rire garanti pour les résolus à faner comme les plantes et qui s'estiment gagnants sur tellement d'autres tableaux. Les moins prudes, quelle que soit leur avancée dans la vie, devraient s'égayer du "je suis vieux", aveu du condamné précédé d'un "merde, je bande" annonçant le fiasco ! Le regard de Pascal Baraté ose traiter de la condition masculine axée sur la performance. Il en souligne les limites mais ne sonne point le glas... Sous le côté anecdotique, c'est une fine analyse de la vieillesse au niveau sexuel, cette hantise de "ne plus pouvoir y arriver" (et qui peut parfaitement venir en complément de "La Tête en Friche" en salles aussi en ce début d'été 2010 sur le grand âge au féminin).