Vu au Festival des Trois Continents 2007. La démarche est déroutante, bien qu'on soit prévenu par l'entrée en matière. Donc, "nous passons notre temps à dompter notre nature animale, naturellement féroce". Partis d'une rencontre assez soft de deux hommes dans la réalité, on vire vers le voyage sulfureux et cela peut dérouter à partir de la descente à l'intérieur du temple. Mais pour peu qu'on parvienne à se réconcilier avec son moi animal relié ici à la forêt primitive, et admettre le mythe du jumeau dans sa propre personnalité, embarquement possible (car de vaguement inquiétant, ça peut devenir envoûtant). Références chamaniques, poésie, tendresse et cruauté, un beau travail côté image et sons, le noir de la forêt tropicale avec aussi peu de lumière est un régal, les interférences avec tout appareil de liaison radio assez inhabituelles au cinéma... On bascule dans le fantastique (attention au soporifique si on n'a pas assez dormi) et se doubler d'un léger malaise, l'idéal est de se croire en train de rêver, ne pas rationaliser surtout, c'est le pays d'où l'on ne revient pas qui envahit la conscience... Les interventions du grand félin, du bovidé en superposition, ainsi que du singe dialoguant avec l'homme en mutation représentent une merveille de sauvagerie renvoyant à d'autres mythes de la réincarnation, tout aussi effroyables mais sous forme plus civilisée, Alien ou Dracula, voire même en 2007, quelques hommes d'Etat toujours plus hallucinants, suivez mon regard.