Présenté à Nantes sous le titre allemand "Berlin Ecke Schönhauser", cycle de décembre 2008. L'atmosphère rappelle "La Fureur de Vivre", même transgression, universalité de la jeunesse des fifties et sixties. Mais ici, contexte particulier, le pays est écartelé entre bloc de l'est ressenti comme bureaucratie lugubre et espoir du monde libre deviné dans la culture filtrant de l'ouest... En 1957, tentant en RDA de rêver sur la RFA ! Le jazz, la mode vestimentaire, la langue anglaise si musicale, des signes évidents d'une vie riante. Bien penser que la construction du Mur aura lieu en une nuit d'août 1961 seulement... Film en noir et blanc, qui a viré au gris. Perce quand même, outre des images instructives, notamment du bouillonnement industriel avec ses risques, une grande fraîcheur de ton. Camaraderie, tentative de raisonnement d'un flic modéré, l'adolescence est la période exaltée par excellence... Des jeunes gens incroyablement insolents (peu réprimandés en proportion par les adultes), qui ne savent pas dire merci mais arrachent un papier des mains, cela sans qu'on les reprenne... Rancunes intergénérationnelles résultant d'une enfance sur fond de guerre, idéaux tués dans l'oeuf... Il s'avère, hélas, que déjà à cette époque, le passage à l'ouest ouvrait (sauf exception) sur la désillusion... L'unique jeune fille du lot, bouille ronde, petite queue de cheval, suit le groupe masculin en minaudant, vite retranchée dans la grossesse et l'espoir de cocon. Son petit ami revient de l'autre côté comme résigné, très embarrassé de lui-même, le film tait son avenir et on le comprend !