Si l'on visionne le film en 2008 sur dvd, il importe de se transporter dans cette "Indochine" de 1940 (la discrète présence française peut faire un peu folklorique en comparaison des aléas du climat...). Zone inhospitalière en diable que ce Viet-Nam du Sud recouvert d'eau une partie de l'année, alors qu'on est encore loin du réchauffement climatique amplificateur d'inondations d'un côté du globe et générateur de sécheresse de l'autre... Le jeune homme dont il est question ressemble à s'y méprendre au réalisateur, sans doute y a-t-il une bonne projection de sa part, c'est son premier film, en co-production avec l'Europe, et la censure est sévère dans son pays. Ainsi, la difficulté économique taraudait bien avant notre époque dans ce coin, les buffles étant le principal atout pour payer l'impôt surhumain, mais qu'on ne discutait en aucun cas. Le film vaut par sa photographie très soignée, ainsi que le mérite qu'il y a à filmer dans l'eau, avec une équipe technique locale imposée : il s'agit d'un mix de nouvelles sur l'adaptation aux circonstances décrites, une éternelle oscillation entre putréfaction et renaissance, comment tirer son épingle du jeu. Le regard est réaliste mais subtil, invite à prendre le temps de s'arrêter sur cette philosophie très sage, notamment l'acceptation de la mort et ses rituels de fortune, placée au même niveau que les petites joies et la bagarre de tous les jours ! Les acteurs sont beaux, il plane une part de romantisme, des comportements tout ce qu'il y a de contemporain (cette femme âgée plaquant son homme, le garçonnet naturellement proche du héros). Un voyage en clair-obscur certes humide, mais lumineux quant à la philosophie.