Un jour tu bouffes, un jour tu bouffes pas... Quand le handicap couplé à la misère donne des ailes.... Renaud Barret et Florent de La Tullaye ont eu le nez fin de s'attarder sur le "Staff Benda Bilili", Ricky, Roger, Coco & Co. Des tricycles de fortune. Devoir braver la dureté ambiante et tant pis s'il faut échouer la nuit sur des cartons : ils vous en bouchent un coin, ces réchappés de l'écrabouillement filmés à hauteur de tricycles avec leurs jeunes accompagnants, autant dire des "pages" new style... Les uns et les autres évolués dans leur tête. Une rage qui rappellerait assez les premiers bluesmen noirs américains en plus communicatif. En quelque sorte, les messagers du Congo et du peuple africain tout entier qui disent "nous continuons à vivre !". Quelquefois à flanc de train d'ailleurs, au péril de son existence (et sans doute pas pour espérer passer à la télé un jour !). Au diable les intentions de façade ("les autorités se foutent de nous") ! Place à la survie avec les moyens du bord ! Travailler sur soi... Ils ont la musique dans le sang, comme leurs ancêtres, apprennent en se trompant. S'exercer seul, ensemble, sauter les obstacles... Le studio, premier cap... Les faux-départs... Les pièges déboulent en même temps que les honneurs (fumette, alcool, hélas, planent comme un bémol)... Décollage en règle à Belfort lors des "Eurockéennes"... La récompense, une pause méritée... "Buena Vista Social" traverse aussi l'esprit. C'est ressemblant, en plus resserré. Davantage une transe installant les spectateurs dans une admiration éperdue (exception faite des esprits obtus qui y voient une illustration pour associations caritatives)... Crénom de nom ! Les yeux mouillés, un sourire de bambin vous anime, ainsi que l'envie de danser si ce n'est de créer un instrument dérivé de cette enchanteresse boîte de lait (ce serait un calvaire d'en sortir les notes épurées qu'on finit par entendre)... Assez optimiste pour qu'on sorte de là au pas de charge, prêt à en découdre. Le dvd avec ses bonus est attendu de pied ferme !