Pour resituer "la guerre froide", mieux vaut se souvenir que les russes ont conquis l'espace les premiers, en 1957 : le satellite Spoutnik 1 d'abord, la chienne Laïka perdue sur Spoutnik 2, la triomphale mission de Youri Gagarine le 12 avril 1961 sur Vostok 1 suivie, le 5 mai de la même année, par l'Américain Alan Shepard... Pour autant, aucune certitude que cela rende ce film plus sympathique. Car si c'est le cri d'un dissident (au demeurant palpitant à suivre et qu'on pourrait largement entendre puisque l'eau est passée sous les ponts), il s'agit d'un dialogue de sourds. Et ce, malgré le charme certain du héros. Mais voilà, on n'embarque pas... Erreur de jeunesse que d'oublier l'empathie, ce petit plus à l'intention des regardants (je pense au grand public) et qui aurait pu se trouver dans des dialogues d'une autre trempe... La facture soignée, cette mise en scène méticuleuse, les éclats de poésie ou de loufoquerie, l'ambiance tarkovskienne qui sied à ce "désert rouge" des glaces... Pour finir par s'ankyloser. Une merveille picturale, aucun doute, tous ces panoramiques d'un Baïkonour de fin du monde attestent d'un talent juste un peu trop replié sur soi... Trop de considérations rabâchées, solidarité terre-à-terre plutôt que rivalité féminine assumée, perspectives nulles déjà dans ces années-là... Quand même, des visages en gros-plan, le spectateur pouvait attendre plus de proximité d'âme ! L'angoisse de ces obligés de Khrouchtchev se dilue dans le brouillard, les volutes alcoolisées, les poses... Alors que nous devrions être touchés en plein coeur par un sujet pareil, il demeure loin de nous, faute d'identification possible. Une prochaine fois peut-être !