Vu en v.o. au festival des Trois Continents nantais 2008 (serait passé sur Arte quelques jours plus tard ?). "L'Aquarium" est un jardin avec quelques poissons dans l'eau au centre : on les voit nager au ralenti dans une atmosphère musicale invitant à se laisser flotter, belle apesanteur qui promet (la bande-son ravit les oreilles d'emblée si bien qu'on décroche tout de suite du monde concret)... Quelques images du Caire la nuit, un grand malade avec des tuyaux dans le nez... Une voix féminine suave recueille à la radio les confidences masculines, entre autres celles d'un anesthésiste aux allures mécaniques, très intrigué par les secrets qu'on confie "entre deux eaux" : deux trajectoires pouvant conduire à un télescopage des plus fracassants. Mais hélas ce sera pour une autre fois, de belles images très travaillées se succèdent, un va-et-vient entre les univers respectifs, entrecoupés de plongées dans "L'Aquarium", et cette mise en parallèle avec un élevage de poules blanches en batterie. Le Caire est donc une ville grouillante de gens qui se frottent les uns aux autres en restant murés. On revient à soi quand la demoiselle danse sur une déferlante de rap égyptien (beau moment du film) : séduisant, et cela vous sort de la torpeur fatale, et ce malgré l'excellence du fil narratif. C'est pourtant fouillé, intelligent, des répliques qui accrochent, mais hélas l'ensemble reste desservi par une mise en scène beaucoup trop statique pour retenir l'attention du spectateur moyen. Comme c'est le genre de film-culte à promouvoir dans les milieux avertis, les professionnels de la technique du cinéma devraient raffoler en revanche !