Critique(s)/Commentaire(s) de MILAN

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  • MR ET MRS BRIDGE (1990)
    L'admirable est le ton particulièrement juste trouvé dans le film. Les personnages ne sont pas destinés à éveiller notre sympathie. Paul Newnan a le manque total d'humour et de légèreté du traditionnel protestant, il est ouvertement et "naturellement" raciste comme on l'était communément à l'époque. Aucun anachronisme, l'athmosphère est bien de ces années... J'aimerai enfin dire deux mots sur la personnalité de Mme Bridge qui m'a particulièrement touchée ... J'aime les personnages qui s'avouent démissionnaire de la vie. Mme Bridge a appris à servir sur tous les plans, mais elle ignore tout de la psychologie de base de la personne humaine. Face à son amie qui craque et lui avoue son désespoir, elle propose comme la panacée du mal-d'être individuel... une tasse de thé... Même réconfort face à sa fille au bord du divorce. Aucun secours moral, elle en est incapable, tout juste conseille-t-elle à cette dernière l'obéissance au nom Sacré du Couple ... Aucun remède à la tristesse des expériences individuelles vécues, seulement un réalisme total dans cette oeuvre exceptionnelle ...
  • LES ARNAQUEURS (1990)
    Des relations des plus ambiguës sont représentées dans ce film entre un étroit trio : la mère, son fils et sa petite amie... Cependant, chaque protagoniste est "un cas". Un trait commun les identifie : la cupidité. Au seul nom d'une avidité de l'argent au-delà de toutes limites, chacun va enfreindre les lois les plus communes de l'humain : la souffrance physique, la renonciation à l'amour filial ou autre ... Un thriller assez bon, violent et très fort ....
  • ATTACHE-MOI ! (1989)
    Petite réflexion non misogyne ... "Attache-moi" nous démontre une fois de plus que le cinéma est bien le monde de la falsification et de l'illusion ... Ainsi, est interprété devant nous, spectatrices ébahies, le personnage d'un individu de sexe masculin en proie à quelques réactions d'origines sentimentale et émotionelle ... Bravo. Presque crédible.
  • JÉSUS DE MONTREAL (1988)
    Il n'est pas particulièrement original de décider le tournage d'une enième version de la vie de Jésus-Christ. Mais la transposition de Denys Arcand d'un martyre sur un autre à l'intérêt de l'adaptation au monde moderne. Elle en gagne en véracité et en force. Institutionaliser une conviction, réglementer une foi, historiciser en un copus sacré la simple lutte d'une vie, réglementer un magma de préceptes impératifs, c'est gagner en construction architecturale (dite "Eglise") ce qu'on perd en chaleur. L'intérêt de Jésus de Montreal fut de lever hardiment le lourd voile de deux mille ans de fabulation. En rejouant la Passion, la petite troupe théâtrale replace l'histoire d'une vie ( trop rabâchée ) dans le vaste canevas de l'Histoire. Dire que la crucifixion était un progrès par rapport aux pratiques antérieures de l'empalement, que selon les procès verbaux municipaux, Jesus était l'enfant naturel d'un soldat romain, c'est avancer très, très loin dans la dénonciation des tabous. Ce film avait bien plus pour choquer que ce qui fit scandale dans certaines autres oeuvres cinématographiques qui servirent d'étendard à la lutte de fondamentalistes utopiques (forcément utopiques...). Jésus de Montreal ne fit aucune vague, ce qui est stupéfiant car il montre lui aussi qu'un homme est homme, avec ses travers aussi... Peut-être ce film avait-il une qualité cinématographique autrement plus élevée, et de plus le message était transmis plus ou moins indirectement car réintégré habilement dans une fiction actuelle. Mais un langage plus détourné gagne souvent en force...
  • ALICE DANS LES VILLES (1974)
    Outre la poésie des images, en noir et blanc, de la quête à travers l'Allemagne d'une grand-mère introuvable, par un journaliste et une petite fille que le hasard a liés, ce film est admirable de part sa qualité littéraire... D'abord, comme par la suite dans "Au fil du temps", les dialogues tirent profondeur de leur épure même. Tout artifice, présentations banales des personnages, soit, d'un individu à tout autre, disparaissent chez Wenders. Lisa a une confiance immédiate en Philippe, elle lui révèle le tourment qu'elle traverse... pour lui confier enfin sa fille jusqu'à Amsterdam... En second lieu, les répliques sont décalées, dans le présent et dans le temps ; d'où la richesse du peu de mots qu'il suffit d'échanger, l'essentiel a été dit. Philippe semble être devenu un simple pion qui se laisse mener par la vie, et la suit, docile. Il perd toute verve littéraire. Commence l'angoisse inexplicable, l'angoisse inexpliquée, "la peur de la peur". Le froid face à l'interrogation de la réalité de la vie quand plus rien ne la guide.. Alice, est alors un brève intermède. Il est symptomatique que durant l'errance allemande, Philippe cesse ses polaroïds-cartes postales qui ne représentent "jamais la réalité".... Les couleurs sont insuffisantes à confirmer la vie. Cette période est celle de moindres interrogations personnelles. Oeuvre à voir absolument.
  • L'EXPERIENCE INTERDITE (1990)
    Ce film ne manque absolument pas d'originalité. Le thème "vie après la mort" et les possibilités de percer le mystère de l'après agonie est bien toujours de mode depuis que l'homme s'interroge sur la temporalité de son présent, mais cette fois la voie choisie n'est pas commune, elle permet en plus de faire appel à la modernité car se réalise grâce aux possibilités médicales de "retour à la vie". Cependant, j'ai trouvé ce film assez oppressant peut-être parce que la vie de ces étudiants ayant tenté l'expérience, devient un véritable purgatoire permettant de purger "la faute" majeure qui a marqué leur vie .....
  • THELONIOUS MONK (1988)
    Reportage des plus intéressants sur le créateur du "bip-bop". Je m'interroge sur la véracité de la représentation de la personnalité de Thelonious Monk dans ce film. En effet, il y semble complètement déconnecté de la réalité, sautillant, marmonnant des paroles incompréhensibles, faisant les cent pas inlassablement, des jours durant, ne reconnaissant plus parfois son propre fils. Presque une folie, résultat apparent d'un génie véritable et reconnu. Personnage excentrique mais sympathique, aux chapeaux multiples. Recommandé aux novices comme aux connaisseurs de la grande musique de jazz...
  • J'AI ENGAGÉ UN TUEUR (1990)
    Quelque part dans le Londres des années 50, un homme et sa solitude, comme dans toute autre ville, comme tout autre homme ... Une fois encore, dans la ligne de "La fille aux allumettes", Ari Karismaki nous envoûte dans une histoire à la fois aussi universelle que singulière ... Petites histoires des mille formes de la détresse humaine. Une fois encore, point de trame trouble, mouvementée et à suspens. Un homme subit la vie qui n'est que mort en sursis. Ghetto du travail, des repas, de l'affectivité. Alors que la vie doit s'achever, elle prend alors goût et saveur, de fait, la situation se noie dans un ridicule frôlant le risible... Mais heureusement, la mort frappe celui qui la vendait. Un Jean-Pierre Léaud fatigué, de retour sur nos grands écrans, incarne à la perfection son personnage nihiliste. Enfin, un film lent, trop lent, et léger sur le fond. De fait, il ne reste que l'atmosphère.. qui a son charme. Un rapprochement s'impose avec le camarade Robert Bresson sur ce point ; l'importance de la photographie, les dialogues épurés et le refus d'exprimer la moindre émotion, la passion... bref, un tableau plus qu'un film .....
  • BELLE (1973)
    Mathieu Grégoire est un écrivain qui supporte très mal de voir sa fille prévoir de convoler en justes noces. Un film donc sur l'inceste, mais qui se révèle à mots couverts et par l'intermédiaire d'une jeune inconnue sortie de nulle part et qui disparaît mystérieusement quand la fille se marie. La boucle est alors bouclée. Mathieu n'a plus besoin de s'inventer une "Belle". On retrouve des thèmes chers à Delvaux, des témoins visuels et des signes qui font de son oeuvre tout entière un ensemble homogène et faisant référence. Ici comme dans "Un soir, un train", le thème du train est associé au départ, au voyage, soit à la perte d'un être cher. Mathieu rêve d'accompagner sa fille, dénudée, sur le quai d'une gare. C'est finalement un train qui la lui enlever. Il ne lui reste qu'un rêve, un fantasme imaginé dans une petite maison forestière et dont l'élément déclencheur fut un chien mortellement accidenté et jeté dans un lac .....
  • I WANT TO GO HOME (1989)
    Chaque film de Resnais est une variation des thèmes. "I want to go home" n'a pas fait un tabac, car à mon sens, il ne l'aurait pas mérité... Entre vie et illusion, les personnages progressent avec initialement des idéaux et préjugés que la réalité s'amuse à contredire. Celle qui venait enthousiaste en France, finit par la quitter comprenant qu'une nationalité, c'est aussi des habitudes, un genre de vie ... Celui qui y posait les pieds à contre-coeur finit par s'y trouver très bien. Aucun personnage n'est bien sympathique... Mais tel n'est pas le but de Resnais, qui est plutôt la représentation réaliste de l'être humain avec défauts et qualités, versatilité et évolutions. Le "cartooniste", censé être le personnage central du film prête plutôt à la pitié, au ridicule et au pitoyable. Mais il s'agit là de sentiments très humains d'un jeu aux antipodes du classique hollywoodien destiné à séduire. Cette fois, par son aspect grognon et triste, le personnage force au réalisme et à la crédibilité... Il est regrettable que la logique du "cartoon" intervenant de manière impromptue dans le film n'ait été suivie.
  • L'OBSERVATEUR (1988)
    Un homme, jeune, passe ses vacances dans une île d'Estonie afin d'observer les oiseaux et jure à la face des hélicoptères, cages des garde-frontières, qui viennent de leur vol perturber la quiétude du monde animal. Une femme, qui pourrait être sa mère, y vit dans une solitude presque totale, aux limites de la légalité. Entre les deux "belligérants", une attirance brutale, des heurts violents. Ultra-lucide d'un soir, Sasha est envahie d'effroi. Le monde de la mort étendu autour d'elle, provoquée ou involontaire atteindra des limites inimaginées. Le murmure de cette nuit magique : "tu es vivant" porte quelque-chose de glace ... Un film très beau, qui sort enfin de la banalité de nos critères cinématographiques occidentaux. S'extirper de tout préjugé et aller le voir impérativement. Deux conceptions du monde s'y affrontent et ce sont en même temps deux conceptions de la nature, des relations humaines et de l'amour, du respect ou non de la vie .....
  • LE RENDEZ-VOUS DES QUAIS (1955)
    A travers nos regards désabusés de la fin de ce siècle, "Le rendez-vous sur les quais" ne manque pas d'idéalisme. Mais il s'agit là bien de la condition sine qua non du cinéma militant. Cependant, une oeuvre véritable est celle qui survit à la seule vraie censure, celle du temps. Et tel en est le cas. Un peu documentaire, très engagé, ce film passerait par sa seule fiction amoureuse. Bien sûr les difficultés rencontrées dans la quête d'un logement par un couple d'ouvriers fauchés est un bon prétexte de base vers l'élargissement du débat à toute une "classe" sociale. Mais ce qui ne devait servir que de prétexte donne toute crédibilité à l'oeuvre. Un message est aussi important que le messager pour arriver à "bon port"... c'est-à-dire convaincre, toucher le spectateur par une représentation de ses propres problèmes. Des difficultés rencontrées quotidiennement découlent la nécessité évidente de l'union dans la lutte. Un film donc dépassé dans son but, mais qui en atteint d'autres. Celui du témoignage sur une époque trop peu traitée à l'écran, du plaisir pris devant un film ensoleillé de l'inimitable chaleur méditerranéenne.
  • COUP DE TÊTE (1978)
    Serait-ce très certainement par compréhension instinctive avec les "loosers", je trouve le personnage de François Perrin "naturellement" très sympathique. Les scènes de la bêtise la plus absolue en passant par la virilité toute "couillonnante" du sport à la cupidité la plus vulgaire des "arrivés" croisent celles de l'absurdité la plus risible...Surtout les scènes d'un désespoir cru qu'interprète Dewaere quand il rencontre Marie et la femme qu'il est accusé en toute impuissance d'avoir violée me sont très émouvantes..... En toute subjectivité .....
  • SANS FIN (1984)
    Les relations troubles avec l'au-delà sont, on ne peut plus de mode, voir "Ghosts", "Expériences interdites".. Cette oeuvre fut néanmoins tournée en 1984.. Kieslowski demeure fidèle à un scrupuleux réalisme. Pas de fiction; juste quelques allusions au spirituel ou à l'étrange pour semer le doute dans l'esprit du spectateur et donner un parfum de profondeur à son film... Aucun idéalisme dans la représentation d'un couple ou d'une résistance syndicale. Ce couple a connu des heures difficiles, mais lorsque l'un décède, l'autre ne s'en remet pas. Scène particulièrement attachante du court dialogue mimé entre ces deux qui ignoraient combien ils s'aimaient...
  • AU SEUIL DE LA VIE (1958)
    L'oeuvre d'Ingmar Bergman bouleverse par la profondeur des thèmes abordés, les relations entre les individus sont à la fois tendres et fortes. "Au seuil de la vie" est un film profondément féminin. Le thème est celui de la fragilité de l'être humain et de son doute constant. Doute devant l'amour, doute devant la vie. Dans la représentation de ces trois femmes pourtant c'est un panel signifiant des attitudes devant la vie que met en scene Ingmar Bergman. Christina connaît l'épanouissement conjugal et maternel, mais elle n'est pas présentée comme l'Exemple. Son cas est minoritaire dans cette chambre où souffrent Cecilia et Hjordin. Toutes deux sont tourmentées face à l'enfant qui meurt ou s'obstine à vivre au sein d'un "couple-fissure". Dans ces deux cas, la femme doute de son amour envers un enfant non voulu. Mais Bergman conclut en l'amour, le retour de Hjordin vers le havre parental illustre finalement le pardon qui se donne en bouée de sauvetage face à la détresse d'un être abandonné qui ne peut assumer les responsabilités que le destin lui impose. Un film de femmes, toujours profondement actuel ....
  • LA MORT AUX TROUSSES (1959)
    Où au suspense se dispute le rire, "La mort aux trousses" est une oeuvre remarquable où un homme est accusé sans que l'on sache jamais pourquoi d'être un espion (? ). Son identité propre s'embrouille bientôt à celle de ce dernier. Alors qu'il fuit pour un meurtre dont il est accusé, il rencontre sa future troisième épouse. Au terme d'aventures loufoques et drôles il lui confie, alors que tout deux sont prêts à s'écraser en une chute fatale sur la falaise rocailleuse, que ses deux premières épouses ont divorcé de lui car elles le trouvaient " casanier " .....
  • BREVE HISTOIRE D'AMOUR (1988)
    S'il est deux concepts donnés à l'homme pour qu'il s'interroge sa vie durant, se sont ceux de l'existence ou de la non-existence en tant que valeurs abstraites et absolues de l'Amour et de Dieu. Certains réduiront ces existences en une seule ... Dans "Brève Histoire d'amour", Kieslowski utilise le sixième Commandement, "Tu ne seras pas luxurieux", comme simple prétexte. La question n'est pas la condamnation de la luxure, mais celle de sa cause. C'est pour cela que je regrette que le titre du film lors de sa présentation au Festival de Strasbourg, "Tu aimeras ton prochain" ne fut pas gardé. Ces commandements n'ont pas d'époque et le grand mérite de Krzysztof Kieslowski est d'en avoir montré leur pérénnité. L'aspect anti-conformiste, aux antipodes de la morale traditionnelle pourrait nous abuser. Mais il ne doit rien en être, dans le "Décalogue", version courte de "Brève Histoire d'Amour", les deux définitions de l'Amour s'affrontent. Suite à cette confrontation, la question demeure. L'Amour n'est-il que le fruit de fantasmes de tout néophyte en amour ? Ou est-ce un idéal auquel on ne peut jamais vraiment renoncer par-delè ses convictions et mode de vie ?
  • L'INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE (1987)
    "L'insoutenable légèreté de l'être" est tout d'abord une oeuvre littéraire que chacun doit avoir lue avant le dernier soupir. On ne peut soupirer dernièrement sans avoir compris la légèreté de la vie.. L'adaptation cinématographique s'est prise quelques libertés par rapport à sa source. On peut même dire qu'elle en est toute autre. Mais l'art du cinéma est bien souvent de poser des jalons en laissant au spectateur toute liberté d'interprétation. Nombres de réactions individuelles demeurent donc dans l'ambigu. Il n'en demeure pas moins que l'on ne voit ce film qu'avec une certaine fascination, le magnétisme du jeu des acteurs y est assurément pour quelque chose. Ce qui me marqua le plus dans ce film fut l'importance donné au regard. Sans être exceptionnel, ce film lent sait séduire mais rend perplexe sur la légèreté réelle ou jouée de la vie...
  • NIKITA (1990)
    "Du Grand Bleu" à "Nikita", une même logique, un même refus, emblématique du mal de vivre d'aujourd'hui. Ces deux films, jeunes, esthétiquement réussis sont bien sûr chacun très personnalisés, distincts... Pourtant, ce qui les rapproche, c'est la fuite en avant d'une jeunesse qui refuse d'"assumer" .. la vie. Dans la drogue, la révolte agressive et violente, ou le grand départ pour les profondeurs marines, les héros de ces deux oeuvres touchent directement une sensibilité actuelle exacerbée, celle du refus. C'est à mon sens toutes l'ampleur et la richesse de ce film magistralement interprété par Anne Parillaud ...
  • CYBELE OU LES DIMANCHES DE VILLE-D'AVRAY (1962)
    Un film superbe, bien comme je les aime... et Hardy Krüger, véritablement craquant. A voir absolument, mais attention, gardez en mémoire qu'il s'agit d'un drame ... car c'est bien beau mais aussi bien triste !
  • DADDY NOSTALGIE (1990)
    Seule devant sa machine, Caroline tape un tendre roman, petite fille et son père, introduction à la relation complexe et inégale, parentale, filiale, noyau du film. Sous un aspect parfois rugueux, Caro est la tendresse même. Face à son père, aucune condamnation. Pourtant la réalité de l'amour fut unilatérale. Elle soutient cet homme qu'elle a tant admiré, car elle le comprend mieux que tout autre, la nostalgie qui grisaille les derniers jours d'une vie trop facile. Dans ce film, ni heurt, ni médiocrité. Sa grande beauté provient de cette douceur existant dans la relation familiale quotidienne. Un film touchant qui prouve que la profondeur de l'expression n'attend pas la banalité de prime abord considérée du sujet. PS. passage étonnamment émouvant de la scène de la jeune amie anglaise à laquelle Caro ne parvient jamais à écrire...
  • DOWN BY LAW (1985)
    "Down by law" s'inscrit bien dans l'atmosphère Jim Jarmush. La grisaille de nos vies urbaines est jouée en noir et blanc, la médiocrité est omniprésente, mais surtout la solitude surplombe le tout. La communication est impossible. Chacun mène sa vie, se débrouille ..... A chaque fois une tendresse se tisse au long de ses films, inattendue. Cette fois, au fond d'une cellule la coexistence, non hostile mais indifférente et obligée, entre un ancien disc-jockey et un minable petit mac, s'ajoute à celle d'un touriste italien. Avec la montée en scène de Roberto Begnini, c'est le sourire qui s'esquisse sur les lèvres des cinéphiles, c'est le dialogue qui naît timidement entre trois hommes que rien ne semblait devoir rapprocher. Ce touriste, ça n'est pas seulement le dessin à la craie d'une fenêtre sur le mur. C'est le dessein à la folie d'une évasion par les marais. Et quand le sol se durcit à nouveau sous les pas, quand une maison se dresse devant les yeux des évades affamés, c'est l'enfer échangé pour le paradis... du moins pour le plus chanceux des trois... Un film drôle. A voir.
  • BARRY LYNDON (1975)
    Grandiose et luxuriante fresque, riche en tableaux ruraux et colorés. Le film retrace le parcours d'un Irlandais au XVIIIe siècle, ses frasques amoureuses et son opportunisme, son cynisme sur fond de misogynie marquée. Ainsi, le personnage de Maria Berenson, Lady Lyndon, est des plus falots. La conclusion y semble des plus moralisatrice, Barry Lyndon perd en effet tout ce qu'il avait acquis et aimé, sanction d'une vie de luxure et de décadence ?... Bref, une toile à apprécier pour sa forme en omettant le fond..
  • SEXE MENSONGES ET VIDÉO (1988)
    "Sexe, mensonges et vidéo" est à mon avis un film qui pose à sa manière un problème de taille, mettant le doigt sur certains déséquilibres profonds de nos sociétés qui se prétendent abusivement développées, quand elles oublient que l'acquis du coté de la technique ne s'est pas effectué loin de là, parallèlement aux acquis du coté humain. C'est pourquoi, je suis franchement mal à l'aise à l'écoute d'opinions négatives sur le méchant John qui trompe sa femme, sur le pervers Graham qui prend son pied, assistant aux confessions féminines intimes... J'ai l'impression d'entendre parler de la couleur de la chasuble du curé après la prêche ! D'autre part, on reproche à ce film son cote fabriqué, sa plastique à la "Dallas". Il ne s'agit là que de détail de forme. Si les acteurs, leur jeu et les décors paraissent faux, lisses, propres, c'est tout bonnement parce qu'ils ont pour objet la représentation d'une société artificielle, aseptisée. Dans le fond un problème crucial est posé, celui de la communication, celui de l'entente véritable entre deux êtres, qui ne dépendent pas, loin s'en faut, du magma des conventions sociales ..... Le modernisme estime s'être élevé au-delà de l'obscurantisme d'antan qualifié de "moyennageux" ...... Mais, ni le métal, ni l'électronique n'aideront un couple à communiquer. Oui le cadre a changé. Mais que l'on vive dans une superbe villa ou face à son magnétoscope, demeure toujours l'atroce isolement, ce blocage verrouillé dont personne ne se donne la peine de chercher le passé. Parce que pour cela, il faut le vouloir, il faut du temps... notions toujours plus introuvables de nos jours. On n'aime pas "Mieux" parce que une société est plus évoluée. Les blocages d'ordre sexuel ne sont que la surface émergé de l'iceberg des drames individuels. La banalisation du sexe nous fait oublier que de son épanouissement dépend un autre bien-être qui est bien plus indéfinissable car d'ordre psychique... Je pense que Steven Soderbergh pose un problème démesuré des relations interpersonnelles voire le "Problème" en adoptant le meilleur langage de nos sociétés modernes pour l'exprimer, la fable cinématographique, qui, comme pour celles de La Fontaine, importe moins par ses acteurs, que pour la morale qui la conclut.
  • ILS VONT TOUS BIEN (1990)
    Pour celui qui demeure immobile et cloîtré, la photo des êtres chers est le cadre d'un théâtre que son auteur dirige selon sa fantaisie. Les acteurs y sont déguisés et leurs mouvements suivent, comme pantins, les gestes décidés par leur procréateur. Mais les personnages sont illusions et la photo est de papier. Quand papa / Mastroianni tente de surprendre le jeu de ses enfants, ceux-ci, loin de la scène, espèrent à l'impossible, respecter le scénario écrit par l'auteur de leurs jours. Il faut du temps à Matteo Scuro pour essuyer sur leur visage le maquillage que ses illusions avaient déposé.. Tendre, actuel et profond. A voir.
  • ROGER ET MOI (1989)
    "Roger et moi" est une invitation pour de palpitantes aventures ; et effectivement, elles le sont. Après moultes r"flexions pas trop longues quand même, ce film mérite qu'un qualificatif et un seul : il est excellent . EXCELLENT. S'il remporte un effectif succès aujourd'hui, c'est pour avoir su faire sous forme de documentaire un film mille fois plus drôle et profond qu'une fiction. Le décalage entre l'optimisme chaleureux et verbeux du "gagneur" américain ET le désarroi des nouveaux licenciés de General Motors est ici présenté d'une façon plus risible que grinçante. Il ne s'agit donc pas de misérabilisme mais bien plutôt de la présentation moderne des éternels même moyens de maintenir les "inférieurs" en soumission : donnez des fêtes à la populace, parlez lui de Dieu, permettez-lui le bonheur pour demain, les joies de la libre entreprise ou du depart vers le Sud ...... Ainsi ignore-t-elle les clubs privés et terrains de golf où la "high society" cultivee (? ) trouve la situation à Flint terrible "mais quand même pas si grave". De plus, les autorités dans leur immense mansuétude ont tenté de faire redémarrer économiquement la région : quelques centaines de millions de dollars ont été investis dans des activités d'avenir : le tourisme puis, de nouvelles prisons. Si le premier a raté son envol, le second connaît une postérité radieuse. Ironie ? Loin de là. D'ailleurs cette longue farce ne se conte pas, elle va se voir ......
  • LES NUITS BLANCHES (1957)
    Sur décor de théâtre, un duo amoureux. Une conquête qui se cherche désespérement, lorsque l'amour passionné rencontre la potentialité du sentiment, couple d'une illusion, Mastroianni/Maria Schell, que recouvre finalement un blanc tapis de neige.. Mais l'homme au chapeau, Jean Marais, réapparaît, statue immobile sur le pont minuscule, et brise le rêve. Fresque sentimentale et attachante bien que grande juvénilité de Natalia passant sans cesse du rire aux larmes... Fraîcheur qui fait, paradoxalement tout son charme...
  • RASHOMON (1950)
    Trois hommes sous un abri. Nous sommes au XVIIIe et il pleut à seaux. Tout semble devoir se noyer dans une apocalypse, prémices d'une fin du monde prochaine. Tous deux, un prêtre et un bûcheron, demeurent perplexes. Le crime qui s'est réalisé, dévoilé à demi-mots, paraît avoir été effroyable. Pourtant, l'horreur ne se situe pas dans le meurtre. Tout au long de la reconstitution des faits, on comprend qu'elle se situe dans l'impossible vérité. Chacun affirme la sienne, celle qui l'arrange et jusqu'aux morts dont l'âme demeure pervertie. Images superbes qui, si elles permettent de douter de l'Humanité, interdisent de douter de l'art cinématographique.
  • DERSOU OUZALA (1975)
    "Dersou Ouzala" est la preuve qu'il est possible de faire un pur chef- d'oeuvre loin de tous les schémas classiques qui prétendent représenter le goût commun : violence ou romance facile. Etant adepte de ce genre d'exception, j'applaudis quand passe sur grand écran "l'Incroyable" fait film : "Dersou" ou "Urga" pour ne citer qu'eux .... Histoire d'amitié mais aussi profondeur de l'homme ... Ce film nous refait croire en ce dernier, forgé de désintérêt et de simplicité. De plus il est accessible à tous publics pour l'enchantement de tous les âges. Encore Bravo.
  • ALWAYS (1989)
    ALWAYS, bien sûr, c'est une histoire d'amour. Mais c'est bien autre chose aussi. C'est peut-être simplement la façon d'en parler avec tendresse et humour, tout en sachant par la même toucher la profondeur des choses ; ou au moins l'approcher. ALWAYS, c'est une histoire admirablement menée entre une femme et un homme, entre l'air et le feu, entre le rire et les larmes, entre un an et toujours, entre la matière et l'esprit (le Spiritus). ALWAYS, c'est l'anti idées reçues. Je t'aime, ça n'est pas une déclaration ; fut-elle créée du haut d'un avion vrombissant. Ca n'est surtout pas l'éternité (tant pis pour ceux qui voulaient s'y reposer ...) Non plus la fin de l'amour par la mort. Tout au contraire, ALWAYS nous conte la plus belle preuve d'amour qu'il soit. Autoriser l'oubli à calmer la douleur, accepter que le temps (pauvre critère pour nous mortels) fasse son oeuvre. Et pour cela laisser un autre, occuper la place encore tiède que vous avez laissée, laquelle vous ne pouvez matériellement plus rien.... Bref, pour acquérir votre nouvelle liberté (d'ange ? ) vous avez malgré vous, à la donner.
  • VIVRE (1952)
    "Vivre" est une oeuvre magnifique, grandiose, émouvante, unique ... Désolée de tant d'éloges, mais il est assez difficile de m'émouvoir quand les films suivent une trame par trop facile et faisant de l'émotion a bon marché, toujours sur le même schéma ... Quand Kurosawa sort des sentiers battus, on peut, à notre tour, comme son "héros" le saluer bien bas ... Bref, une caricature de la bureaucratie qui en est à peine une, mais surtout la nécessité urgente de réaliser quelque chose avant le dernier souffle plutôt que de lâchement l'anticiper ... Chercher l'essence même du "vivre", refuser de mourir inutilement..
  • LE SILENCE DES AGNEAUX (1991)
    Un film basé sur un roman est souvent réussi si le metteur en scène n'est pas trop mauvais ... en effet le doute sur le fond, sur le script n'est plus dès lors que l'écriture est fine et enlevée. Un thriller qui rappele inévitablement "Misery". Pourtant "Le silence des agneaux" pousse beaucoup plus loin dans l'extrême ... Un film à voir absolument.
  • LE TAMBOUR (1979)
    Sa taille de nain, Oscar la tient du regard sans compassion qu'il a posé sur le monde des adultes. En l'occurrence sur ses parents et l'amant, trio plaisant que ferait sourire tout autre mais qui terrifie Oscar au point qu'il décide de bloquer son évolution inéluctable vers l'état d'adulte. Le choix est irrémédiable et il impose à Oscar des difficultés dans la réalisation des plaisirs que son enfance ignorait. Néanmoins, il demeurera un doute sur un possible lien filial avec l'enfant de sa belle-mère. Oscar connaîtra l'amour auprès d'une charmante Italienne qui a l'avantage d'être de sa taille. Auprès d'elle, il se déplace jusqu'à Paris dans une troupe qui se donne en spectacle. Mais le bonheur est fugitif et Oscar revient seul en Allemagne où peu de choses l'attendent. Enfin, un film original qui glace quelque part. De son rôle initial d'observateur du monde, Oscar s'est soustrait définitivement du jeu effectif que ce monde lui réservait. D'un jugement enfantin il s'est condamné à ne jamais être comme les autres.
  • LE DECALOGUE 1 (1988)
    Le premier des dix commandements fut certainement le plus difficile à illustrer car il reprend la démonstration éternelle et existentielle de l'Homme : celle s'évertuant à prouver l'existence de Dieu. Le génie de Kieslowski, est de n'avoir sur un tel débat apporte aucune réponse. Kieslowski s'évertue le long de ses Oeuvres (la majuscule est à dessein) à poser habilement les bornes d'une réflexion poussée, sans préjuger de sa solution. On peut même constater un goût prononcé de ce réalisateur à lancer des indices épars dont il ignore lui même leur symbolisme et raison d'être. Dans le cas présent du film (dont la brièveté n'entache en rien la qualité exceptionnelle de la réalisation, comme les neuf autres de la série) " Un seul Dieu, tu adoreras ", Kieslowski met en présence les deux explications de l'Univers : Science et rationalisme d'un coté, foi en un Dieu créateur de l'autre. Si Dieu ne descend pas sur Terre convertir les athées, la vie démontre que tout n'est pas rationnel : la glace que l'hiver aurait rendue "imbrisable" selon le plus simple des calculs, cède pourtant sous le poids plume d'un enfant. Sans conclure aux forces supra-terrestres ni en l'existence de Dieu, Krzysztof Kieslowski pose le crucial problème de l'homme face aux réalites intangibles. "Tu n'adoreras qu'un seul Dieu" est un film tendre et profond comme seule le main d'un certain réalisateur polonais sait le faire encore. Allier simplicité et beauté est une chose exceptionnelle dans le cinéma d'aujourd'hui, sans tomber dans l'image-décor ou la médiocrité banale.
  • SONATE D'AUTOMNE (1978)
    "Sonate d'automne" est un film absolument exceptionnel. Extrêmement fort, on est d'autant bouleversé de ressentir une révolte que l'on croyait personnelle représentée et jouée sur grand écran. Il est d'autant plus admirable qu'un téléfilm fut tourné par un homme et rend songeur sur la capacité de certains individus pour leurs perceptions de drames psychologiques profonds. Il plaît à Bergman d'entr'ouvrir la porte du champ immense de la complexité des relations humaines. Il s'agit ici de la relation parentale et filiale que certains qualifieront d'amour, mais qui se composent bien plus de haine et de ressentiments accumulés. Eva nous paraît comme une femme déséquilibrée, surtout face à sa mère, femme soignée et si sûre d'elle-même. Mais la première est le produit de la seconde qu'elle ignore, la détresse qu'elle a provoquée par ses abandons incessants au nom de sa carrière de pianiste, par son autorité sans pitié quand il fut question de tuer l'amour chez sa fille au nom de la mécon(naissance) de ce concept ... Le cri de haine d'Eva n'est pas la révolte puérile d'une enfant contre sa mère : c'est la révolte que crache une femme sensible contre celle qui l'a détruite. Entre mère et femme, ce film est aussi une réflexion sur l'injustice de la capacité donnée d'être l'une ou l'autre en plein épanouissement : la mère qui ignore le rôle qui lui est imparti, qui le joue plus que le vit, la femme qui ne peut l'être que malgré elle. Elle joue aussi un rôle qu'on lui a imposé, mais mal. Dans les deux cas, la comédie de la vie : le premier détruit les proches, le second détruit l'acteur lui-même. Bref, un film comme on n'en voit que trop rarement. A voir absolument.
  • MON ONCLE D'AMÉRIQUE (1979)
    " Mon oncle d'Amérique " est un film admirablement conçu... presque génial dans son explication imagée des comportements humains. Tournure qui surprend d'abord, mais qui demeure cohérente et suivie tout au long du film. Il peut sembler quelque peu artificiel et ambitieux d'expliquer l'homme d'après son origine familiale, son identité propre rapproché de celle d'un animal.. mais l'explication allie originalité, drôlerie et pédagogie... Il ne serait pas de trop de retourner le voir une seconde fois... voire plus, le temps de "digérer" toutes les explications apportées et latentes d'une oeuvre aux moult directions.
  • LA JEUNE FILLE AU CARTON A CHAPEAU (1927)
    Comédie du muet en noir et blanc, "La jeune fille au carton à chapeau" nous représente quelques aspects de la vie en Union Soviétique en 1927. Quelques inconvénients majeurs d'une société en développement font alibi aux rebondissements du film, tel en est du problème du logement. Ainsi, pour loger un pauvre étudiant une jeune et belle modiste improvise un mariage blanc pour lui permettre d'occuper une chambre que le syndic lui a attribuée sans qu'elle ne l'occupe, chez sa patronne. Elle même loge à la campagne. Un préposé à la poste se meurt d'amour pour elle, mais les circonstances vont mettre face à face ceux que le hasard avait "mariés". Bref, un film drôle et étonnement moderne dans la représentation de faits de société très actuels.
  • APRES LA REPETITION (1984)
    Cette oeuvre est un pur joyau, un de ces films que l'on peut voir et revoir sans lassitude, en découvrant des aspects et des vérités restés jusque là ignorés. Dès les prémices, Henrick, vieux metteur en scène, rôdé à toutes les situations, dit à la jeune Anna, actrice à laquelle il croit : "Joue ta pièce, c'est la tienne". Sur une scène, après la répétition, les protagonistes découvrent que la vie est elle-même un imbroglio de rôles qu'ils se choisissent eux-mêmes ou que les années, les hasards ou la fatalité leur imposent. Quand trouve t'on un rôle à sa mesure, un personnage dans lequel se reconnaître ? Telle est la quête de l'impulsive Anna...
  • HIROSHIMA MON AMOUR (1959)
    Il m'est exceptionnel de revoir une troisième fois un film et d'en ressortir chaque fois plus fascinée. La lenteur et le désespoir s'imprègnent en vous. Bien sûr on y retrouve les thèmes chers à Resnais : la mort et l'amour, irrémediablement liés, fatalement fondus. Mais "Hiroshima mon Amour", c'est surtout le désespoir, la panique devant la force du temps qui vient à bout des plus profondes passions. Hiroshima c'est l'horreur de l'oubli des cataclysmes militaires. Quel rapport entre la première destruction atomique de l'histoire et un amour impossible qui rejoint la folie au fond d'une cave ? Il n'est que rapports. Dans les deux cas les catastrophes ont leurs signes extérieurs: le crâne rasé, les doigts qui saignent, les brûlures, les visages défigurés. A l'intérieur un même traumatisme. Mais entre les débris des anciennes constructions, la vie reprend son cours. C'est cette vie inébranlable qui renaît toujours, au-delà et malgré l'horreur qui est ici condamnée. Comme si la nature devrait se prendre de pitié pour le désespoir.
  • LE CUISINIER, LE VOLEUR, SA FEMME ET SON AMANT (1989)
    Il faut avoir recouvert, et profondement enfoui tout humanisme et sensibilité sous une couche épaisse d'intellectualisme débilisant pour tenter de sauver de la faillite cette horreur sans nom qu'est ce film de Greenaway. Il y a sûrement une Grande beauté de l'excès nauséeux de la Grosse bouffe, une fascination sans pareille du spectateur face à l'originalité de la baise dans les chiottes et les arrières-cuisines de restaurants, une émotion sans équivalence de la torture des hommes et des enfants... très certainement... Et vous aurez beau, mon très cher Cinéfiches me suriner qu'un film qui dérange par la Provocation est une oeuvre qui a atteint son but... Très bien. J'entends bien que ce film ne peut laisser quiconque indifférent. Quoi qu'il en soit, provoquer le degoût ne permet pas à un film qu'on le considère comme grand. De plus, je me gargarise de n'avoir pas pu supporter ce film jusqu'à son terme. J'interromps un film généralement par ennui, cette fois ce fut par ECOEUREMENT. , bravo Greenaway et chapeau Cinéfiches pour une telle compréhension ... poussée au-delà de l'entendement... Ecoutez ma prière, Ô public : N'ALLEZ PAS VOIR CE FILM !!!
  • LA DOUBLE VIE DE VERONIQUE (1990)
    Kieslowski reste dans ses thèmes qui lui siéent si bien... communication intratemporelle, mystérieuse, irrationelle. L'intrigue est troublante autant que séduisante. Deux femmes étrangement semblables dans leur corps et leur sensibilité pressentent intuitivement l'existence de l'"autre". Ce film ne peut que plaire, mais à mon sens si le premier rôle est bien interprété comme doit l'être celui de toute bonne actrice, il ne méritait cependant pas le prix de la meilleure interprétation féminine à Cannes. De plus, Kieslowski a fait mieux... l'intérêt y est, l'envoûtement non .. Le thème musical est superbe...
  • HELSINKI-NAPOLI (1987)
    Dans un Berlin triste et nocturne, les frères Kaurismaki posent leurs acteurs pour une enième adaptation de l'adage, "L'argent ne fait pas le bonheur". Entre Finlande et Italie, un couple comme tant d'autres qu'à dégrisé le quotidien. ils se connurent sur leur lieu de travail, entre le chauffeur de taxi et la standardiste, une histoire bien banale qui tourne en véritable polar. Si le film ne "s'originalise" pas par le fond, la forme vaut le déplacement. Si l'intrigue est tordue, le ton hésite entre humour et profondeur. Ainsi est-il peu banal de "désencimenter" deux passeurs pour les échanger contre deuxjumeaux, servant d'otages quand ils ne dorment pas paisiblement sur la table d'un billard. Bref un film très drole, à défaut de grande originalité. A VOIR.
  • L'ANNÉE DERNIÈRE À MARIENBAD (1961)
    Après " Hiroshima mon amour ", " "L'année dernière à Marienbad " retrace une seconde attitude face au souvenir. Une histoire d'amour a vécu, un homme, une femme ; la recherche d'un passé à revivre pour l'un, le refus de son authenticité pour l'autre. Quand le temps a fait son oeuvre, que reste-t-il d'une rencontre, sinon ce que la mémoire lui réserve de vie... mais encore faut-il qu'elle se reconnaisse. Pour ne pas vivre l'horreur de l'oubli, comme dans "Hiroshima..", la jeune femme ignore ce qui fut. Le dialogue impossible entre le couple est celui du combat entre le souvenir et l'oubli nécessaire d'un passé qui ne peut renaître. Mêlant une fois encore présent et passé, Resnais réalise une oeuvre quelque peu décousue, balancée de flash-back, mais où la finalité véritable est d'ordre esthétique. Les images y sont superbes : chambre, lac, statue, symbole de l'immuabilité du temps. Comme cette statue, la jeune femme est une sorte de représentation du présent, sans mémoire ni langage, sinon ceux que lui accordent l'imagination et l'espoir des autres. Un film un peu long, mais non dépourvu de magnétisme...
  • LE DECALOGUE 4 (1988)
    Le Décalogue fut un moyen pour Kieslowski de démonter les grandes idées reçues et inculquées de la morale traditionnelle. Dans "Tu honoreras ton père et ta mère" l'auteur a tenté de démonter les vrais motifs de l'amour et du respect parent-enfant. Ils ne sont pas parce qu'ils doivent être. Parce qu'il est Bien d'honorer ceux qui vous ont donné la vie. Kieslowski note que la relation filiale est en fait tissée de motifs plus ou moins clairs, enfouis et inavouables. Pour ma part, la relation incestueuse, admirablement exposée, m'a moins frappée que ce que d'autres pourraient juger secondaire. J'ai toujours été marquée par le déterminisme tenant de la fatalité dont font preuve tant de gens, comme s'il appartenait à d'autres de décider de nous. Cette lettre, dernier secret de la mère trop tôt décédée, pourrait décider d'un Amour qui est là, bien vivant en le condamnant implicitement comme le condamnent la morale et le "qu'en dira-t-on". Tous, dans la salle, attendons l'ouverture de cette lettre, comme suspens final à un amour qui n'ose s'avouer. La fille, élève comédienne (refus du jeu hors de la scène ? ) agit admirablement en refusant que l'hypocrisie ne continue. Elle sait sur quel mensonge vit son père qui a sacrifié son bonheur possible par un remariage pour vivre une vie de couple, auprès de sa fille, tout en tolérant ses liaisons et en encourageant son épanouissement, même s'il dut se trouver ailleurs. Ce refus de savoir est superbe. Il surprend et enthousiasme. Nous sommes les seuls maîtres de notre bonheur. L'incertitude demeure, mais au fond elle n'importe pas ......
  • LE DECALOGUE 5 (1988)
    On n'a pas fini de parler de problèmes cruciaux comme le sont les problèmes de société, ici, la délinquance et son corrolaire, la peine de mort. Le défi de Kieslowski est de reprendre ces débats, banalisés et il parvient en cinquante-cinq minutes à y faire passer la puissance de sa conviction par la force et la beauté de son message. Que l'on ne s'attende pas à un plaidoyer moralisateur et idéaliste de la question; il eut été trop aisé pour parler, de se cantonner à un angle restreint et suicidaire. Responsabiliser la société de la délinquance qu'elle génère eut été trop simple. Kieslowski porte sur ce drame une double réflexion : La rupture qui, chez chaque être a provoqué la chute. Généralement, c'est la perte d'un être, source de tout désespoir, mais qui s'ajoute, en surplus intolérable à une révolte bien plus profonde. Ce peut être simplement le Refus. Refus d'assumer ce que la vie en société impose, refus d'accepter l'ordre des choses. Refus de se plier tout simplement. Devons-nous inconditionnellement admirer celui qui se plie parce qu'il respecte l'ordre ? Vue l'utopie d'une telle révolte, qui est alors à admirer ? Puis Kieslowski met en place bourreaux et condamné. La machine pénale, qui condamne au dernier soupir parce que c'est écrit, parce que la sécurité du groupe prime sur la vie des individus. Cette machine qui charge des étrangers à la victime, des professionnels du meurtre organisé et légal : employés, hommes de loi et d'église. Elle les implique tous. Mais le groupe est anonyme. Si tous sont coupables, aucun ne l'est. Parfois on se révolte.. pour ne pas se plier, comme ce jeune avocat qui avait pourtant plaidé contre... C'était sa première plaidoirie... sensiblerie, erreur de jeunesse ?
  • LE TEMPS DES GITANS (1988)
    Stupéfaite de lire combien ce film a plu. Effectivement " Le temps des gitans " ne peut laisser indifférent. Mais face à cet enthousiasme unanime, me revoilà à nouveau perplexe, à savoir, les autres ( en l'espèce les critiques qui m'ont précédée) sont-ils tous, totalement, structurellement, irrémédiablement désensibilisés, ou est-ce moi qui ne suis pas tout à fait normale ? La réussite, ce film la puise dans la force... comment ne pas sortir complètement bouleversé après avoir vu cet "enchaînement" intolérable de la mise en esclavage des enfants, à coups de violences, humiliations, viols... La liste serait longue... Effectivement on a rarement retracé à l'écran un tel drame d'une façon aussi crue. J'aurais pourtant été heureuse de lire quelques réactions plus " tripales ". A moins que la passivité à laquelle nous impose l'écran nous ait complètement déshumanisés au point de se contenter du mot "superbe" après avoir vu un tel film !!!!!
  • LE DECALOGUE 9 (1988)
    Qu'il prenne pour thèmes l'avortement, l'irrationnel ou l'inceste, Krzysztof Kieslowsi refuse les lieux communs et met en chantier les fondations d'une réflexion sur les sujets traditionnellement classés dans le tiroir "Tabous". Avec le "Décalogue 9", est posé celui de l'impuissance sexuelle faisant irruption dans la vie d'un réputé cardiologue ..... Il en découle un drame psychologique chez cet homme qui apprend cumulativement son infortune conjugale... des lors s'enclenche le processus classique de continuité ininterrompue entre la diminution physique et la dégradation du respect de soi. Ce progressif mépris pour un être que l'on repousse car atteint d'un mal juge inacceptable est instinctivement transposé dans le regard que les autres posent sur soi. Romek ne peut accepter l'amour platonique de sa femme qui affirme pourtant l'aimer malgré ce changement. Il sait ses écarts, mais ne les lui reproche pas. Automatiquement, il en reporte la cause sur sa nouvelle infirmité. Une volonte morbide et auto-destructive l'amène à adopter la position du voyeurisme; de celui qui regarde à défaut de pouvoir encore donner... L'impuissance qui s'impose abruptement bouleverse non seulement le proche et l'avenir plus lointain, mais également la façon de se considérer soi-même. Lorsque soudain, le langage du corps perd ses mots, celui des sentiments peut-il suffisamment s'enrichir pour combler un tel vide ? La tendresse peut-elle devenir une syntaxe complète quand les mots lui manquent ? Mais pour Romek, le nouveau lexique paraîssait bien trop incomplet pour apprendre à vivre autrement. Il a choisi une troisième solution. Celle d'éteindre la parole...
  • JUNGLE FEVER (1991)
    Italiens, Noirs, drogués ou fervents croyants, Spike Lee a fait dans la caricature tous azimuts. Les Etats- Unis y sont représentés comme un espace impitoyable où les ghettos s'affrontent les uns les autres, nous revoilà trente ans en arrière lorsque les premières lois anti-discréminatoires faisaient rejaillir les vieux lynchages du siècle dernier... Spike Lee s'est fondé sur des cas isolés d'exécutions sommaires qui existent partout entre les Blancs, les Jaunes, les Noirs, les Rouges ou les représentants de la même couleur, pour en faire une généralisation si peu crédible qu'elle en est ridicule. De plus l'histoire d'"amour" (à mon avis il s'agit d'amitié teintée d'une incontournable attirance sexuelle) qui s'y superpose, ne gagne rien par le thème inter-raciale. L'intrigue se suffit sans cette donnée. En effet, on y voit que tout personne peut être attirée par une incartade amoureuse, mais lorsque la raison reprend les rênes des sens, il ne reste dès lors que le regret. Flipper était heureux en couple, Angie souffrait de claustrophobie ... mais l'amour n'y est pas... L'aventure est un peu plus bouleversée par l'hostilité rencontrée autour de leur couple de par leurs couleurs antagonistes, mais le non-amour est à mon avis la donnée déterminante de leur échec final ...
  • FEMME ENTRE CHIEN ET LOUP (1978)
    J'aime beaucoup ce film. Beaucoup. Je ne suis pas objective, et justement. Cette histoire est à certains égards autobiographique. Ma conclusion première était la suivante : on ne transige pas avec la médiocrité. Il n'est pas stupide, mais inutile de vouloir aimer et pardonner à certains représentants d'un certain milieu social bouffés par la "vermine et les cloportes". Le personnage de Marie-Christine Barrault (admirable) veut les aider malgré eux comme s'il n'étaient en fait qu'accidentellement dans l'erreur et qu'il suffirait qu'ils se "réveillent" pour se réconcilier avec la réalité... Et puis un jour, on ouvre soi-même les yeux. On comprend que vouloir aimer des personnes aigries et noires de rancoeur contre le monde, est stérile, une simple et définitive perte de temps. Comme le superbe arbre fruitier qu'Adriaan décide d'abattre ; cet homme encore jeune a jugé qu'il n'avait plus de futur. Il préfère son monde de rancoeur et de haine plutôt que celui de l'amour et la disponibilité à la vie que lui propose patiemment sa jeune épouse. En fait, je n'avais pas appréhendé le fait qu'elle ne rejoignait pas le beau résistant, François, intellectuel devenu un politicien désillusionné, quand elle claque la porte du foyer, à la fin du film. Et dès lors le titre prend tout son sens et le film, par cette deuxième lecture devient d'autant plus intéressant. "Femme entre chien et loup", genre humain refusant manichéisme simplificateur et faux. Comme si la vie pouvait se résumer en un modèle et son opposé. Comme si on n'avait que le choix entre la vérité et l'erreur, la clarté ou la nuit. Non. Marie-Christine Barrault tente d'aimer les deux côtés, choisit simplement la vie : bon sens, action, tendresse, tolérance. Il n'y a point de modèle. Elle prend douze ans à comprendre, à atteindre la maturité, à prendre une décision des plus courageuses au coeur des années cinquante. Un film admirable.
  • QUAND HARRY RENCONTRE SALLY... (1989)
    Drôle, aux multiples rebondissements, et donc très divertissant, est le premier constat, celui de la forme qui est loin d'être négligeable... de "Quand Harry rencontre Sally". Deux réflexions y sont posées : celle de l'impossibilité de l'amitié entre un homme et une femme; celle du que peut-il se passer entre ces deux-là quand ils se sont racontés réciproquement leur vie (commencé au restaurant, pour se poursuivre au lit..)et vécu ou cru avoir vécu un véritable ou feint orgasme ? Il faut une heure quarante à son réalisateur, Rob Reiner pour y répondre, et il s'en sort très bien... Enfin un film qui cherche à définir l'abstraction qui attire un homme et une femme sans tomber dans les simplifications schématiques ou la romance à l'eau de rose ! Ainsi, même si les vieux couples vous témoignent d'un amour immémorial, car né sur les bancs du collège, rien n'est moins simple que l'amour en question. A la première question, Harry et Sally répondent par l'affirmatif, justement départ leur opinion divergente sur la question. La vie a témoigné de l'existence de l'amitié ET de l'amour, mais à des époques différentes ... La deuxième question se trouve alors résolue du fait de la première. Quand il n'y a plus la finalité ultime et unique du lit dans la conversation au restaurant, on peut se permettre alors de ne plus s'efforcer à remplir le silence de platitudes mille fois déversées. De l'amitié mutée en amour est née la complicité dans le terreau de la franchise entre deux personnes qui ont pris la peine d'apprendre à se connaître, et à se comprendre. Un film très beau, drôle et actuel (bien que les robes blanches très "Amérique" puissent faire grincer des dents...).