Après " Hiroshima mon amour ", " "L'année dernière à Marienbad " retrace une seconde attitude face au souvenir. Une histoire d'amour a vécu, un homme, une femme ; la recherche d'un passé à revivre pour l'un, le refus de son authenticité pour l'autre. Quand le temps a fait son oeuvre, que reste-t-il d'une rencontre, sinon ce que la mémoire lui réserve de vie... mais encore faut-il qu'elle se reconnaisse. Pour ne pas vivre l'horreur de l'oubli, comme dans "Hiroshima..", la jeune femme ignore ce qui fut. Le dialogue impossible entre le couple est celui du combat entre le souvenir et l'oubli nécessaire d'un passé qui ne peut renaître. Mêlant une fois encore présent et passé, Resnais réalise une oeuvre quelque peu décousue, balancée de flash-back, mais où la finalité véritable est d'ordre esthétique. Les images y sont superbes : chambre, lac, statue, symbole de l'immuabilité du temps. Comme cette statue, la jeune femme est une sorte de représentation du présent, sans mémoire ni langage, sinon ceux que lui accordent l'imagination et l'espoir des autres. Un film un peu long, mais non dépourvu de magnétisme...