On n'a pas fini de parler de problèmes cruciaux comme le sont les problèmes de société, ici, la délinquance et son corrolaire, la peine de mort. Le défi de Kieslowski est de reprendre ces débats, banalisés et il parvient en cinquante-cinq minutes à y faire passer la puissance de sa conviction par la force et la beauté de son message. Que l'on ne s'attende pas à un plaidoyer moralisateur et idéaliste de la question; il eut été trop aisé pour parler, de se cantonner à un angle restreint et suicidaire. Responsabiliser la société de la délinquance qu'elle génère eut été trop simple. Kieslowski porte sur ce drame une double réflexion : La rupture qui, chez chaque être a provoqué la chute. Généralement, c'est la perte d'un être, source de tout désespoir, mais qui s'ajoute, en surplus intolérable à une révolte bien plus profonde. Ce peut être simplement le Refus. Refus d'assumer ce que la vie en société impose, refus d'accepter l'ordre des choses. Refus de se plier tout simplement. Devons-nous inconditionnellement admirer celui qui se plie parce qu'il respecte l'ordre ? Vue l'utopie d'une telle révolte, qui est alors à admirer ? Puis Kieslowski met en place bourreaux et condamné. La machine pénale, qui condamne au dernier soupir parce que c'est écrit, parce que la sécurité du groupe prime sur la vie des individus. Cette machine qui charge des étrangers à la victime, des professionnels du meurtre organisé et légal : employés, hommes de loi et d'église. Elle les implique tous. Mais le groupe est anonyme. Si tous sont coupables, aucun ne l'est. Parfois on se révolte.. pour ne pas se plier, comme ce jeune avocat qui avait pourtant plaidé contre... C'était sa première plaidoirie... sensiblerie, erreur de jeunesse ?