"Sexe, mensonges et vidéo" est à mon avis un film qui pose à sa manière un problème de taille, mettant le doigt sur certains déséquilibres profonds de nos sociétés qui se prétendent abusivement développées, quand elles oublient que l'acquis du coté de la technique ne s'est pas effectué loin de là, parallèlement aux acquis du coté humain. C'est pourquoi, je suis franchement mal à l'aise à l'écoute d'opinions négatives sur le méchant John qui trompe sa femme, sur le pervers Graham qui prend son pied, assistant aux confessions féminines intimes... J'ai l'impression d'entendre parler de la couleur de la chasuble du curé après la prêche ! D'autre part, on reproche à ce film son cote fabriqué, sa plastique à la "Dallas". Il ne s'agit là que de détail de forme. Si les acteurs, leur jeu et les décors paraissent faux, lisses, propres, c'est tout bonnement parce qu'ils ont pour objet la représentation d'une société artificielle, aseptisée. Dans le fond un problème crucial est posé, celui de la communication, celui de l'entente véritable entre deux êtres, qui ne dépendent pas, loin s'en faut, du magma des conventions sociales ..... Le modernisme estime s'être élevé au-delà de l'obscurantisme d'antan qualifié de "moyennageux" ...... Mais, ni le métal, ni l'électronique n'aideront un couple à communiquer. Oui le cadre a changé. Mais que l'on vive dans une superbe villa ou face à son magnétoscope, demeure toujours l'atroce isolement, ce blocage verrouillé dont personne ne se donne la peine de chercher le passé. Parce que pour cela, il faut le vouloir, il faut du temps... notions toujours plus introuvables de nos jours. On n'aime pas "Mieux" parce que une société est plus évoluée. Les blocages d'ordre sexuel ne sont que la surface émergé de l'iceberg des drames individuels. La banalisation du sexe nous fait oublier que de son épanouissement dépend un autre bien-être qui est bien plus indéfinissable car d'ordre psychique... Je pense que Steven Soderbergh pose un problème démesuré des relations interpersonnelles voire le "Problème" en adoptant le meilleur langage de nos sociétés modernes pour l'exprimer, la fable cinématographique, qui, comme pour celles de La Fontaine, importe moins par ses acteurs, que pour la morale qui la conclut.