Critique(s)/Commentaire(s) de MILAN

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  • CINGLEE (1987)
    Accusée d'homicide avec préméditation, Claudia Draper se retrouve en maison d'arrêt pour femmes. Tout au long du film, il s'agira pour Claudia et son avocat de prouver en un procès préalable si elle est responsable de ses actes, "consciente du chef d'accusation". Si elle est irresponsable, l'honneur de la famille sera sauf. Mais parmi les protagonistes présents au procès, n'est pas responsable celui qui est suppose l'être communément... Claudia est prostituée, mais s'assume dans une vie qui ne connaît que l'ordre pour les individus "rangés" comme un masque placé devant un chaos insondable. La preuve à apporter sera d'autant plus délicate et difficile à fournir que les médecins légistes l'ont déclarée malade. La partie s'avère particulièrement difficile vu le caractère ferme et agressif de Claudia. Celle-ci tente de se défendre seule lors des plaidoieries, refuse les références faciles à son enfance perturbée ..... La tension atteint son paroxysme lorsque les parents passent à la barre et que Claudia lance que l'affirmation verbale de l'amour est rhétorique, sans rapport avec sa réalité. A propos des "psy", elle dit que ceux qui soignent sont en fait les malades... et finalement que la loi ne se réfère qu'aux faits, dans l'ignorance voulue des traumatismes personnels de l'accusée, bref que la Justice n'opère qu'au profit des vrais bourreaux, en l'occurence, ici, parents coupables de leur influence au nom de l'amour, oppresseurs déclarés ou implicites, coupables de silence. A voir.
  • CLAIR DE FEMME (1978)
    Ce film me donne intérieurement la chair de poule. Sensation neuve, sire : "Oui, magnifique, splendide chef-d'oeuvre". Le voir, le voir encore, mais je sais tout ce que cet enthousiasme a de subjectif pour une oeuvre aussi intimiste. Les acteurs sont très bons (je n'aimais pas spécialement Yves Montand, mais depuis que je l'ai vu dans certains films comme "Un soir un train", je l'apprécie beaucoup). Quant à Romy, je trouve qu'elle représente la quintessence de la Femme. Mais surtout le script est magnifique : faire de la dérision, du désespoir pour refuser dans un dernier sursaut de survie de se laisser broyer par lui, s'entraider et ne plus parler de bonheur, d'amour. J'en oublie, mais sûrement, aurais-je encore tant à vous écrire, cher "Cinéfiches", quand j'aurai revu ce film. J'aimerais que les cinéphiles qui ont vu ce film, écrivent ce qu'ils en pensent pour que je sache s'il est bien normal d'être à ce point touché par cette histoire que l'on peut trouver très noire, mais que je crois au contraire très forte et pleine de vie : d'autres films sont bien plus noirs sans le vouloir, car il n'y a pas d'issue de secours, seulement la solitude, l'abandon et l'indifférence. Ici deux êtres déchirés se rencontrent, chacun tendant une main désespérée hors de l'eau et comprennent qu'ils ne sont pas seuls à se noyer et peuvent tout de même s'entraider jusqu'à la rive où la vie continue, inébranlable.
  • CHEB (1991)
    Pour avoir été des enfants difficiles, deux jeunes beurs sont condamnés à être exilés d'eux-mêmes. Ils sont brutalement amputés de ce qui fut quoi qu'on en pense leur culture, des références d'une société dans laquelle ils ont grandi. De fait ils ne pensent qu'à fuir un pays qui leur est hostile car incompréhensible, étranger. Malike s'est sûrement opposée plus d'une fois à l'éducation réactionnaire parentale, alors que Merwan a cru trouver un cheval de bataille dans la petite délinquance ..... Mais une fois abandonnés et seuls, ils n'ont plus qu'eux-mêmes, leur fougue et leur tempérament batailleur... Ce film est admirable et représente d'une façon sensible et subjective un drame humain tant de fois discouru, qu'il en est entré dans le grand tiroir de l'oubli quotidien. Maints thèmes rabattus y sont repris, la misère humaine et sexuelle engendrées par La Misère, le poids de la bureaucratie de papier et la bêtise d'une justice qui déclare un homme plus proche d'une société où il a vu le jour que de celle où il a grandi... Ironie suprême, Merwan ne parle même pas l'arabe, mais on le proclame revenu dans "son" pays ... Enfin on ne peut qu'être touché par la tendresse de ce film que sauve du manichéisme l'aide providentielle que reçoit Merwan d'un vieil Arabe .....
  • LE DECALOGUE 10 (1988)
    En plus de son originalité habituelle inhérente à chacune de son oeuvre, Kieslowski nous expose dans "Tu ne convoiteras pas le bien d'autrui", le coté certainement le plus désolant de l'homme. Sa cupidité, qui, pour un bien que d'autres lui donnent lui fait perdre tout ce qui fait de lui l'humain. Pour la valeur toute fictive d'un timbre, ou de tout autre chose, or, bijou ..., il en perd toute raison. Si un "traître" s'en empare, le premier soupçonné est son propre frère. Cette fois Kieslowski ne demeure pas impartial. Il condamne la bêtise de l'homme qui au bonheur concret et quotidien, lui préfère le fantasme. Plaisirs imaginaires que l'argent pourraient permettre. L'homme qui au songe, sacrifiera amour, santé et famille. Convoiter les biens d'autrui, c'est d'abord s'interroger sur le pourquoi de la convoitise. Kieslowski l'a admirablement representé... L'homme est bien fragile... Qu'est une certitude et un bonheur face au désir de possession ?.
  • GARE CENTRALE (1957)
    Youssef Chahine a réalisé en 1957 une oeuvre maîtresse du cinéma égyptien et arabe avec "Gare Centrale", réalisation puissante et superbe. Pierre blanche aux antipodes des classiques schémas des films commerciaux de l'époque, stylisés autour d'une romance amoureuse avec chansons et danses. Cette fois il ne s'agit pas d'un cinéma des splendeurs, mais au contraire d'un drame social vécu par un original dans la classse populaire des vendeurs aux activités plus ou moins illégales. Youssef Chahine (tout jeune) interprète lui-même le personnage d'un simple d'esprit tombé éperdument amoureux d'une vendeuse de boissons fraîches. Celle-ci s'en amuse d'abord, mais le repousse, ayant en outre d'autres matrimoniaux... "Gare Centrale" nous représente la vie de ce peuple du Caire à l'époque et cette lente ascension de l'amour frustré à la folie meurtrière... Un film superbe, qui ne vieillit pas.
  • BRÈVE RENCONTRE (1946)
    Quoi de plus romantique dans la fantasmagorie traditionnelle et de plus riche en symbolique qu'un quai de gare pour qu'y naisse l'unique passion d'une vie humaine ? Laura se trouve comme tous les jeudis jour de sortie, dans le bar de la gare avant de rentrer chez elle, quand elle rencontre un docteur. La passion n'est cette fois, l'exception fait la règle, pas éphèmere ... mais chacun à sa vie, des êtres qui les aiment et qui se trouveraient brisés par l'affirmation de cet amour ... Le séisme demeure donc interne et donne au drame sentimental toute profondeur. Cependant, les êtres les plus proches vont sentir ce bouleversement sans que rien ne se soit jamais dit. Un film superbe par sa pudeur et son refus d'ostentation.
  • LE LIEU DU CRIME (1986)
    "Le lieu du crime" est une superbe libération entre les barreaux que vous imposent la société et ceux qui vous enferment à votre insu. Lili et Martin se rencontrent alors qu'ils sont tous les deux dans une situation de prise de conscience, sans savoir comment l'amener à bout. Lili est dans sa prison classique de la famille traditionnelle, avec mari "établi", éducation religieuse... et qui reporte fidèlement l'incommunicabilité dont elle souffre dans ses relations avec son fils. Elle sent l'étouffoir : treize ans de vie commune n'ont jamais vu naître l'amour promis par sa génitrice, son fils devient insaisissable, la rejète tout en l'aimant encore... Il est symptomatique qu'après avoir décidé d'agir pour son propre bonheur, Lili va voir sa "mère" pour tenter (vainement) de lui expliquer cette évolution, qui n'est que l'aboutissement d'une révolte latente beaucoup plus ancienne... La mère est le principal maillon, qu'il s'agit alors de détruire car, comme un parasite, elle s'accroche à l'enfant qui n'est jamais adulte tant qu'elle lui substitue sa propre volonté. Martin en était au même point, refusant soudainement de continuer à vivre dans la négation de son individualite propre. Si Lili choisit avec plaisir les barreaux de fer, c'est parce qu'il s'agit enfin d'un acte voulu d'elle seule et que réprouve sa famille... En agissant de telle sorte elle se libère enfin de l'autre prison... la liberté est alors à elle...la liberté d'aimer, de décider par elle seule de ce qui est son bonheur... La prison n'est pas celle que les lois imposent, elle est celle que construit patiemment l'éducation.. comme une oeuvre superbe de déconstruction... Autour de ce drame humain, Thomas, représentant de l'étape traumatique de la vie, brisure qui semble devoir marquer d'une empreinte indélébile la vie d'adulte... Si on ne trouve pas un jour la force et la voie pour commettre le seul véritable crime... le meurtre de l'individu que d'autres ont imposé en vous, à votre place. Sur le lieu du crime ne demeurent plus que ceux qui l'y ont amené, et continuent à jouer leur vaste oeuvre de destruction .... Un film qui pose donc la conception vraie de la libération individuelle, surgissant chez des êtres désespérés mais qui s'étaient habitués à vivre ainsi à défaut d'autre chose...
  • CERTAINS L'AIMENT CHAUD (1959)
    Encore une oeuvre exceptionnelle de Billy Wilder dont on ne se lasse pas....Que le sujet soit "crédible" ou non, cela n'importe ... bien qu'il y ait eu des règlements de compte peu orthodoxes et en nombre sous la prohibition ... "Certains l'aiment chaud" n'ambitionne rien d'autre que la comédie poussée jusqu'au délire. Si l'intrigue est peu concevable, le rire est omniprésent, et n'est-ce pas la véritable victoire d'une comédie réussie... De plus Marilyn y fabriquait son mythe derrière son sourire, et le reste, éblouissants...
  • L'AMOUR À MORT (1984)
    Un thème de Resnais qui choisit tout un film pour s'exprimer pour lui seul... l'ambivalence et l'identité de ces deux concepts uniques dans la vie, étroitement imbriqués l'un à l'autre, objets de milles réflexions, interprétations et écritures ... que sont l'Amour et la Mort. Les personnages Arditi-Azema s'aiment. Que reste-t-il pour les séparer sinon la mort ? Mais une mort voulue, recherchée, envoûtante et inévitable. Cette lutte désespérée pour l'amour contre l'entité, éternel vainqueur qu'est la mort, est incessamment interrompue par la représentation d'un ciel d'encre duquel tombe la neige. La symbolique peut être appréciable : ce lien mystérieux qui lie le ciel à la terre, la vie à la mort... le serait effectivement s'il ne se répétait pas si souvent... Destiné à souligner les moments forts du film, ce ciel devient pesant, perd charme et beauté ... Sujet original du ressuscité qui n'idéalise pas la vie, comme il est coutumier de le représenter, mais au contraire, la mort, lente et puissante attraction face à laquelle demeurent désarmés Amour et Religion (ici représentée par le couple de pasteurs Dusssolier-Ardant). Un film qui pourrait être réussi s'il n'était enseveli sous la neige...
  • L'HONNEUR PERDU DE KATHARINA BLUM (1975)
    "L'honneur perdu de Katharina Blum" est un film engagé admirablement conçu. Tourné à l'époque la plus "chaude" "des années de plomb", il marche à contre-courant des mouvements d'opinion et journalistiques alors développés. Un coup de foudre lors d'une soirée amène une jeune femme, Katharina, à recevoir chez elle un homme dont elle ne sait rien, mais qu'elle décide de cacher lorsqu'elle apprend que la police le recherche. Ici, pas d'idéologie extrémiste exprimée ou latente. Ce sont hasard et amour qui provoquent une complicité fatale. Dès lors, la logique qui se déclenche est aussi inattendue que puissante dans sa dénonciation. Le terroriste, n'est plus le fruit d'une société défaillante, mais la société elle-même est terroriste. La grande machine répressive qui s'enclenche devant nos yeux est celle qui nous entoure, mais que nous tolérons parce qu'elle génère l'Ordre; l'ordre de ceux qui demeurent intouchables. Alors l'indifférence devient le meilleur soutien de la "Justice". Le respect de la tranquillité de la majorité permet la répression toute aussi tranquille de la minorité insoumise. Les grands leurres de notre société sont ainsi, mis sur le ban des accusés. Les plus grands des terroristes sont les mieux protégés. Celui, ou "celle" en l'occurrence, qui perd son honneur sont les moins puissants. Aux faibles de payer le prix de leur vulnérabilité... D'autres sont impliqués, mais ils ont le bouclier tout puissant qui définit notre Grande et Belle Justice : l'argent, la renommée, "les appuis de haut niveau"... Le meurtre final n'est que la conclusion logique d'un long plaidoyer contre une société qui n'a plus besoin de la peine de mort pour annihiler les esprits.
  • LES YEUX NOIRS (1987)
    "Les yeux noirs", est une oeuvre comme on en fait qu'exceptionnellement. Elle se raconte comme une longue farce, celle de la vie où la frivolité et l'exubérance se trouvent entrecoupées de moments profonds, mais vite emportés par le tourbillon de la ronde qui tourne sans répit. Mastroianni y est remarquable. Il eut l'intelligence d'épouser une femme riche, la lâcheté de laisser s'en aller son seul amour, une frêle Russe avec un petit chien. Bien après la rencontre dans une ville d'eau, il part la retrouver en Russie en tant que négociant. Mais rien n'est plus commme avant, le bonheur est là, mais il le laisse passer. Dans ce film une scène bouleversante. Une scène dans laquelle le temps s'arrête, où le souffle demeure suspendu comme si la vie entière d'un être se résumait à quelques instants. Et un sentiment prémonitoire avertit que tout, tout s'arrête ici ; le reste de la vie sera la répétition sans cesse imaginée de ce moment, l'avenir, une longue attente pour une utopie que l'on appelle amour. Il s'agit de cette scène où, pudiquement Nikita Mikhalkov filme la chambre qui va accueillir l'instant d'infini des deux amants. Mastroianni se lève, la jeune femme se tourne vers le mur. Et dans ce tourbillon d'images et de couleur que sont "Les yeux noirs", le temps s'arrête ... Doucement, elle commence à tracer sur le mur des traits humides qui sont à peine, une écriture, une douce plainte, le dessin de ses larmes ... Ceci paraîtra à certains pur détail. C'est pourtant une image qui demeure en moi, profondément ancrée, comme la fugacité du bonheur dans l'étendue désespérante de la vie.
  • VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU (1975)
    Randle Mac Murphy trouve un stratagème un peu fou pour échapper à la cellule carcérale... Etait-ce déjà un choix vraiment sensé ? Tout au long de "Vol au dessus d'un nid de coucou" la frontière entre le monde dit "normal" et les autres se fait de plus en plus incertaine. Nicholson entre à merveille dans ce rôle à la limite de la folie. Ce que son personnage avait déjà d'original par rapport aux autres, était cette non peur de l'asile d'une part, le non comportement supérieur qu'il faut adopter face aux fous d'autre part. Randle s'introduit dans le petit monde des fous.. il lui parle sans faux-semblant, organise une évasion et s'intègre finalement dans la folie en demeurant auprès de ses nouveaux acolytes au lieu de s'emparer pour lui seul de son indépendance nouvelle. Il les stimule, ignorant le traumatisme qui les a un jour détruit, et le résultat est étonnant, nouvelle preuve des progrès incroyables d'un individu même considéré comme "fou" lorsque un autre croit en lui. La fin du film s'intègre dans la logique d'une société qui a donné l'organisation répressive à une majorité dite "sensée". Bref, une oeuvre originale, forte et superbe...
  • LES DEUX ANGLAISES ET LE CONTINENT (1971)
    "Les deux Anglaises et le continent" commence d'une facon très calme, ne laissant présager de rien. Le style "journal" que l'on remémore, accentue ce sentiment de détachement face à une histoire que le poids du passé semble devoir réduire à une liste de faits que l'on rapporte, chronologiquement et fidèlement. Ce style "témoignage" gêne quelque peu la vivacité du récit, et invite à l'ennui... Cependant, cette façon détachée et froide du conteur, interprété par Jean-Pierre Leaud, accentue le choc lorsque, prenant un tournant inattendu, le film nous rapporte l'objet du témoignage : la puissance passionnée que cachait l'Anglaise pudique et mystique, qui dévoile soudain comme un torrent, submergeant film et spectateurs, un amour qui ne veut se contenter que d'une première fois. Mais justement, de "La première fois". Un film en noir et blanc, qui surprend malgré sa lenteur, tout à fait dans la veine d'un certain style de Truffaut, sachant montrer le calme de l'océan, pour mieux sensibiliser à l'explosion qui va le suivre...
  • LE GRAND CHEMIN (1986)
    Il est regrettable de ne rencontrer que trop rarement sur grand écran une historiette au cadre rustique et aux acteurs principaux n'étant autres que des enfants, ayant un tel parfum de tendresse et de simplicité. Le couple Anémone-Bohringer sont progressivement placés devant la crise qui les divise depuis le décès de leur enfant en réapprenant la parole et la tendresse, avec l'inattendu petit Louis. Mais le couple central est celui des deux jeunes amis, Louis et Martine, espiègle et drôle campagnarde, qui mène le film avec vie et naïveté. Un très agréable moment...
  • L'OBSEDE (1965)
    A mon sens, "L'OBSEDE" est une oeuvre sur l'antagonisme entre ces deux mondes de l'intellectuel et de l'homme de la rue, simple et nourri de préjuges sur les choses, le monde et l'amour. "L'OBSEDE" est un film qui ne vieillit pas. Un homme est fasciné par une étudiante d'art et pense qu'en réduisant son univers à lui-même, en étant sa seule présence, en lui avouant son amour, ce dernier en sera payé de retour. Mais ce qui les sépare, n'est pas le fosse réel ou imaginé entre deux protagonistes de sexe différent, mais bien un monde fait d'une culture "autre". D'un coté, lui ne peut appréhender la signification de l'art abstrait ; son esprit simple ne peut concevoir ce qui n'est pas fidèlement figuratif que comme une injure au bons sens ... de l'autre. Elle ne peut comprendre que l'on tue des papillons pour les aimer mieux ... présage sinistre de la façon dont elle sera aimée à son tour. Il m'est difficile d'exprimer les sentiments que fait naître en moi ce film, sinon que par l'impossible dialogue entre deux esprits fonctionnant d'une façon totalement antinomique... sachant qu'il est déjà si difficile de se comprendre entre personnes de la même galaxie .......
  • SAMMY ET ROSIE S'ENVOIENT EN L'AIR (1987)
    Bien sûr le film est de mode, liberté sexuelle, cosmopolitisme et métissage, féminisme et révolte contre l'Ordre ... Bien sûr... Pourtant mon sentiment après avoir vu ce film est celui de l'impossibilité de l'Amour. Sammy regarde, nostalgique, le corps de son épouse s'essouffler dans d'autres bras et aimerait pouvoir l'approcher encore, parfois. Mais celle-ci lui rappelle que la monotonie, le dégoût ont pris la place de toute attirance sexuelle, elle "le materne trop", et ils mènent leur vie comme deux super copains en ne se demandant pas si quelque part là-dedans ne réside pas l'Amour. Ils leur faut bientôt faire le constat d'une séparation inévitable, évidente. Et puis il y a ce père, en fuite du Pakistan, que l'on ménage parce qu'il va leur léguer sa fortune, mais bientôt Rosie grimace quand elle apprend qu'elle loge chez elle un tortionnaire .... Ce dernier tente également d'expier son passé en tentant de ressusciter un amour d'antan. Mais la belle Anglaise, si elle lui ouvre son lit, lui garde fermé son coeur ... elle a trop attendu ... Lui, est cynique et faux, Elle, n'y croit plus ... eux aussi se sont croisés sans se trouver sur le perron de l'Amour.... C'est le remords qui rattrape finalement le père, Rafi sous le visage crucifié d'une ancienne victime ...... Un film fort et triste ...
  • LE TESTAMENT DU DOCTEUR MABUSE (1932)
    Les "feuilletons" Mabuse de Fritz Lang ne sont pas, par mégarde entrés dans la catégorie des classiques de l'histoire cinématographique ... Le surprenant, malgré le temps, est qu'une oeuvre ne peut pas vieillir quand elle sait encore faire rire, sourire, intéresser. Les trucages sont pour l'époque, remarquablement construits, le scénario démontre l'incroyable imagination de Fritz Lang. De plus, le tableau de la misère sociale, le chômage et le chaos qu'il entraîne ne sont pas oubliés ... Bref un film que l'on revoit toujours avec plaisir ....
  • MOONDANCE (1994)
    Lors d'un débat sur le film avec la réalisatrice, Dagmar Hirtz, après la projection lors du 17e festival de Créteil, trois points ont fait l'objet d'opinions antagonistes : 1) L'histoire est-elle réaliste ? ou s'apparente-t-elle aux supers productions américaines de love-stories-glamours-guimauves déconnectées de toute réalité sociale ? 2) La mère est-elle condamnable pour ne point assumer ses responsabilités envers ses deux fils ? 3) Y a-t-il seulement de l'amour dans ce film ? Anya se laisserait-elle aimer sans rien éprouver ? La mère est-elle en fait indifférente tout comme la tante ? Le seul sentiment présent serait celui de la possessivité ... Les réflexions en ces matières m'ont parfois heurté par leur simplisme et les préjugés qu'elles reflètent. Les désaccords s'expliquent par le fait que ces trois points sont liés à la sensibilite de chacun. L'histoire ne serait pas réaliste, car les réalités sociales sont absentes. En effet, la réalisatrice n'avait pas l'intention de décrire les conditions économiques et sociales des personnages, mais plutôt de refléter leurs sentiments. Personnellement, je sais qu'il n'y a pas forcement une fatalité de la pression sociale et qu'une vie marginale est toujours possible. Cette histoire me paraît donc réaliste. Sur la question de la mère condamnable et du manque d'amour des personnages, j'ai le plus à dire ... A force de voir la situation, il nous est devenu presque normal de voir des pères ne pas assumer leurs responsabilités en fuyant dans un métier, une passion, l'alcool, l'aventure ... Mais la même chose de la part d'une femme provoque un tollé général ..... Et pourtant, quelle différence ? La mère devrait rester par obligation. Superbe amour que celui qui se fonde surle devoir et l'obligation ! Cette femme a perdu l'homme qu'elle a sûrement profondément aimé. Je l'imagine face à une souffrance qu'elle ne peut assumer. Elle part vivre seule en Afrique pour tenter d'oublier ce qui est insupportable. La mort de la personne aimée peut provoquer des ravages psychologiques chez celle qui reste. Elle peut en être destructurée, en perdre ses repères. Vivre loin dans une sorte de cocon déconnecté de toute responsabilité permet peut-être d'attendre que la souffrance devienne supportable. Rester où on a vécu des années très heureuses peut être trop douloureux. Rester et se suicider ou fuir autrement (alcool ... ) me paraît moins intelligent que s'éloigner en attendant d'accepter émotionnellement l'inacceptable ... Après quelques années, la mère a trouvé une sorte d'apaisement. Pour la première fois elle va déposer des fleurs sur la tombe du défunt. Par ce geste, elle accepte la réalité, de vivre avec la perte. Elle accepte la souffrance et peut dès lors revenir vers ses enfants. Merde, quand j'écoute les gens mélanger amour et obligations sociales, j'ai envie de hurler. Quelqu'un qui souffre trop ne peut pas donner, il est recroquevillé sur sa plaie béante, comment peut-on le condamner ? Une femme n'aurait-elle pas le droit d'être désespérée parce qu'elle est mère, donc supposée bénéficier miraculeusement d'un blindage tellement solide qu'il résisterait à toute catastrophe ? J'affirme que non, même si sacrifier ses enfants est un choix atroce. Pour moi, le thème central est plutôt celui de l'abandon : cette femme qui est plutôt en convalescence de celui qu'elle a aimé et qui a eu la mauvaise idée de mourir, les deux fils seuls, accrochés, crispés l'un à l'autre, Anya que Patrick veut épouser pour se convaincre qu'elle ne le quittera pas. On ne dira jamais assez comme l'amour est imbriqué à la peur de l'abandon, à l'horreur du vide, l'insupportable. Un dernier point sur Dominic, enfant difficile, qui ne connaît nulle oppression, ne respecte nulle obligation sociale et rencontre finalement sa première limite : celle de l'amour. En effet, il refuse de faire souffrir son frère en lui prenant la belle Anya. La seule obligation acceptable à mon sens est celle qui se fonde et se justifie par la sensibilité et la raison de celui qui s'oblige. La seule obligation acceptable est celle qui se fonde sur l'amour, donc sur le respect de l'autre. Ma conclusion est donc qu'il y a bien un amour formidable dans ce film de la part des personnages, mais un amour authentique, qui n'a absolument rien à voir avec les obligations sociales. La réaction de certaines personnes face à ce film me fait peur ....
  • LA COMÉDIE DE DIEU (1995)
    "Cinéfiches" encense ce truc répugnant et franchement ... D'humour je n'en ai trouvé l'ombre... Les fantasmes d'un squelette répugnant, vieux et dégueulasse ne m'ont en aucun point touchée.... OK, c'est l'histoire d'un vieux qui fantasme : toutes les Lolitas lui tombent dans les bras et sont prêtes à répondre à ses demandes jusqu'aux plus délirantes... Deux idiotes avaient un rire nerveux dans la salle (bondée de surcroît) mais je ne vois vraiment pas où se trouvait l'humour... peut-être trop fin pour moi. Bref, j'aimerais que les connectés de Cinéfiches m'expliquent ce qu'ils en pensent. Suis-je vraiment la seule à vomir ce film ?
  • LES DIEUX SONT TOMBÉS SUR LA TÊTE (1980)
    Il y a quelques années, lorsque je suis à tout hasard allée voir ce film je n'en savais pas plus que son titre. J'étais avec mon frère cadet qui entrait pour la première fois dans une salle de cinéma. Il confondait dramatiquement cet écran là avec celui de la télévision et en une heure et demie je n'ai pas pu faire taire son enthousiasme ni calmer sa jubilation : il sautait frénétiquement sur son siège. Certainement influencée par la bonne humeur ambiante, je n'ai trouvé le film qu'excellent. Cependant la qualité d'un film s'estime selon l'importance du public touché.*** L'an dernier je revis ce film dans les Dossier de l'Ecran, suivi d'un thème de discussion sur la disparition ou la transformation de certaines ethnies. Ce débat se révélait comme particulièrement intéressant. Bien sûr tout film peu faire l'objet de réflexions qui le dépassent. Réalisé par le canal de la drôlerie, "Les Dieux sont tombés sur la tete" pose néanmoins avec habilité les éléments d'un débat qui le prolonge. *** Opinion des plus discutables et des plus bizarres : les films d'Ozu, de Bergman ou de Bunuel qui ont toujours drainé un public des plus réduits, seraient donc des navets incommensurables ?
  • LA VIE EST UN LONG FLEUVE TRANQUILLE (1987)
    "La vie est un long fleuve tranquille" est une satire trop bien menée pour être entendue et appréciée à sa juste valeur par un quelconque public... Cette œuvre est typique d'une époque et d'une société. Etant moi-même issue d'un milieu catholique du Nord, J'AFFIRME que de caricature, il n'en est rien.. Je ne pense pas qu'un public n'ayant pas vécu cette société de l'intérieur puisse comprendre cet humour froid et décapant. Isolées de leur contexte et reproduites à l'écran les scènes de la vie quotidienne auxquelles nous n'apportons pas plus d'intérêt que celui accordé à l'habitude et au banal prennent une ampleur et un degré d'humour sarcastique des plus savoureux. Un film donc qui ne peut enthousiasmer qu'une élite du public. On adore ou on déteste.. Mais on ne demeure pas indifférent....Le vrai but de tout film est dès lors atteint.
  • LE SEPTIEME CONTINENT (1988)
    Je constate que "Cinéfiches" a mis 18/20 à ce film qui m'a effectivement particulièrement touchée... et pourtant ce qu'il représente est profondément atroce. Le premier sentiment est que ce film vous glace jusqu'aux os. C'est l'apogée de l'horreur dans la représentation du banal, c'est un hurlement de douleur qui dure tout le film dans le silence et les non-dits. Ce film c'est ce que je ressens par rapport a un conformisme étouffant, un ordre de bienséance dans lequel l'individu agonise, seconde après seconde, durant toute sa vie, sans le comprendre et n'en ayant qu'à peine conscience, il sait au plus profond de lui-même qu'il est mal, c'est tout. Une histoire banale : un couple et leur enfant. Le frère de la femme qui ne supporte pas le décès de la mère. Il se met à pleurer au milieu du repas. Mais on fait comme si rien ne se passait. L'expression de la douleur dans ces familles qui excluent les émotions est presque obscène, indécente. Arrête de pleurer, et ne parle surtout pas de ce qui ne va pas. Tout va très bien : on a un bon métier, une belle maison, et c'est tout. Rien à dire. Tout va bien. Tout va si bien quand on engloutit toute souffrance dans le silence... La façon de filmer est glaçante : la main de la mère qui pousse la porte de la chambre de sa fille le matin, des gestes, froids, une répétition jour après jour rejouée. On joue le rôle de l'adulte, le rôle de l'enfant, on joue sans arrêt ce qu'on nous a appris qu'il faut être sans plus savoir depuis longtemps, l'a-t-on jamais su ? où on est soi-même, englouti derrière ce qu'on pense qu'il faut être, jouer la vie parce qu'on n'a jamais su se laisser aller à l'improviser, à la vivre comme on la sentait... La main sur la porte comme si un crime se perpétrait chaque matin, se tuer soi-même et tuer ce qu'on aime en pensant que c'est le mieux qu'on leur donne, détruire en pensant aimer, banal, atrocement banal... Des personnages filmés en morceaux parce qu'il ne reste des individus que des gestes, des gestes qui sans cesse répétés et qui remplissent ce qui reste de la vie. La petite fille qui somatise, mais ça n'a pas d'importance, les enfants qui font des crises nerveuses, ont des saignements de nez, c'est pourtant un signe de mal d'être, mais encore faut-il y être attentif ..... Le suicide final collectif est logique: après s'être détruits insidieusement, on va jusqu'au bout de l'absurdité de la vie. C'est vrai que, quand on est à l'intérieur de ces familles, qu'on y a grandi, il est difficile de savoir comment s'en sortir, de croire qu'on peut vraiment vivre autrement, en faisant fi du conformisme oppressant. Difficile, mais possible...
  • LES AILES DU DESIR (1987)
    Les "ailes du désir" accueille le spectateur avec perplexité, il ne le relâche que flottant sur un nuage. L'impuissance des anges face à la détresse humaine n'est pas pas seulement due à leur constitution immatérielle. Elle représente l'impuissance de l'homme en général, quand il peut entrevoir la détresse d'une autre solitude. Cependant, et c'est là que Wim Wenders fait de son film un hymne à la vie, en se faisant homme, un ange abandonne l'ennuyeuse éternité pour partager les plaisirs colorés de la vie auprès d'une trapéziste. Wenders ne présente aucun idéalisme de la vie terrestre, la vie y est morne et grise, seuls les enfants qui sont des anges (?) perçoivent l'existence de leurs proches. L'incommunicabilité entre les hommes ne révèle que leur profonde solitude. C'est pourquoi, en l'espèce si le courant passe, c'est parce qu'il est de nature non humaine. Un film superbe mais qui n'est pas aussi optimiste que certains laisseraient à l'entendre. Si l'hypothèse de l'amour est adoptée, si une compréhension totale est envisageable c'est uniquement parce qu'elles se situent dans un cadre qui nous dépasse. "Les ailes du désir" est un superbe songe..." Les ailes du désir " est une œuvre extraordinaire, superbe, époustouflante; on en ressort irréel, flottant sur un nuage.. celui de la magie. La poésie a trouvé sa véritable expression contemporaine. Wim Wenders file délicatement devant nous le fil d'Ariane qui relie deux mondes, l'irréel et le réel, les ailes et le désir, et ce fil qui relie contre toute attente l'impossible au possible est un amour grandiose et silencieux, sensitif et pressenti. Un film admirable... les mots me manquent... comment parler et qualifier une beauté qui s'exprime au-delà de notre langage ; il ne s'agit dès lors que de lointaines approximations.
  • LE TEMPS DES GITANS (1988)
    Réponse à inconnu(e)
    (JC tu es prié de valider ma réponse à ce meuble deshumanisé qui signe WT., à moins qu'il ne s'agisse du nouveau pseudo. de ... Achille... Même dans ce cas intègre ma réflexion... ou sinon...) Réponse à WT : La frontière précisement tracée entre fiction et réalité est grincante, idéaliste et utopique... Déjà Eisenstein prônait l'expression cinématographique d'un exemple clé, sensibilisant le spectateur, en vu de l'amener vers la thèse de son auteur. Emir Kusturica l'a bien compris, qui a choisi le choc des images pour amener à la dénonciation d'un drame social. Son oeuvre n'est pas de la science-fiction. Son inspiration est la réalité. La force mise dans son expression sous-tend que, mise à part la recherche de l'esthétisme gratuit dans la représentation d'une fiction crue et violente, Kusturica cherchait bel et bien, en touchant la spectateur, à exprimer un message, à dénoncer un sujet tabou dans nos sociétés... l'exploitation et la violence exercée sur des enfants... Il ne me semble pas qu'il s'agisse là ni de sensiblerie, de romanesque ou de pure forme... Il n'ait pas de confusion entre fiction et réalité, mais bien de fusion, de symbiose, le langage cinématographique servant d'expression imagée pour la réalité, la thèse théorique... dans le cas précis où je m'exprime. Ainsi, je DENIE à quiconque que, sous couvert d'une représentation jouée de la réalité, l'on puisse demeurer étranger ou purement amateur d'esthétisme sous toutes ses formes à la vue d'images insoutenables...
    inconnu(e)
    Milan, vous confondez réalité et romanesque, documentaire et fiction, forme et fond. Les enfants maltraités et autres choses à fendre le cœur, d'accord, mais n'oubliez pas que ce n'est qu'un film... de fiction. Même s'il reflète une certaine réalité, il s'agit avant tout d'un scénario et d'une mise en scène, donc d'une forme, et non d'un documentaire à la cinéma-vérité. Plus gênant dans votre intervention : pourquoi donc cette agressivité, ce ressentiment, à l'égard de ceux qui tout en partageant votre enthousiasme pour ce film fort (vous l'avez oublié) n'usent pas des mêmes arguments ? (wt.)