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LE SEPTIEME CONTINENT-1988-
Nationalité : Autriche
Titre VO : Der siebente Kontinent
Durée : 1h51
Date de sortie en France : 14/04/1993
Genre : DRAME
Réalisation : Michael HANEKE
Scénario : Michael HANEKE
Prise de vues : Anton PESCHKE
Autres Récompenses
- Prix de la Meilleure Musique et du ZYK Son, Gand 1989 ZYK - Prix de la Distribution de Films ZYK de Qualité en Belgique, Bruxelles 1989 ZYK - Prix Honorifique Autrichien de ZYK l'Art Cinematographique, Vienne 1990
Distributeur : Wega Films
Visa d'exp. : 82541
Résumé
Georg travaille dans le service de surveillance d'une grande usine, son épouse Anna exerce le métier d'opticienne. Ils sont parents d'une petite fille prénommée Eva. La routine de leur quotidien les a éloignés peu à peu l'un de l'autre et leur existence leur semble désormais dépourvue de sens. Un jour, ils tombent sur une attrayante annonce publicitaire vantant les mérites de l'Australie. Ils parlent de voyage mais, en fait, s'enferment dans leur appartement et se laissent mourir.
Critiques et Commentaires
Critique de Jean-Claude pour Cinéfiches
Note Cinéfiches : 18/20
Un stupéfiant film "d'horreur", d'une implacable noirceur existentielle !
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Critique/Commentaire
Critiques - Commentaires Public
Je constate que "Cinéfiches" a mis 18/20 à ce film qui m'a effectivement particulièrement touchée... et pourtant ce qu'il représente est profondément atroce. Le premier sentiment est que ce film vous glace jusqu'aux os. C'est l'apogée de l'horreur dans la représentation du banal, c'est un hurlement de douleur qui dure tout le film dans le silence et les non-dits. Ce film c'est ce que je ressens par rapport a un conformisme étouffant, un ordre de bienséance dans lequel l'individu agonise, seconde après seconde, durant toute sa vie, sans le comprendre et n'en ayant qu'à peine conscience, il sait au plus profond de lui-même qu'il est mal, c'est tout. Une histoire banale : un couple et leur enfant. Le frère de la femme qui ne supporte pas le décès de la mère. Il se met à pleurer au milieu du repas. Mais on fait comme si rien ne se passait. L'expression de la douleur dans ces familles qui excluent les émotions est presque obscène, indécente. Arrête de pleurer, et ne parle surtout pas de ce qui ne va pas. Tout va très bien : on a un bon métier, une belle maison, et c'est tout. Rien à dire. Tout va bien. Tout va si bien quand on engloutit toute souffrance dans le silence... La façon de filmer est glaçante : la main de la mère qui pousse la porte de la chambre de sa fille le matin, des gestes, froids, une répétition jour après jour rejouée. On joue le rôle de l'adulte, le rôle de l'enfant, on joue sans arrêt ce qu'on nous a appris qu'il faut être sans plus savoir depuis longtemps, l'a-t-on jamais su ? où on est soi-même, englouti derrière ce qu'on pense qu'il faut être, jouer la vie parce qu'on n'a jamais su se laisser aller à l'improviser, à la vivre comme on la sentait... La main sur la porte comme si un crime se perpétrait chaque matin, se tuer soi-même et tuer ce qu'on aime en pensant que c'est le mieux qu'on leur donne, détruire en pensant aimer, banal, atrocement banal... Des personnages filmés en morceaux parce qu'il ne reste des individus que des gestes, des gestes qui sans cesse répétés et qui remplissent ce qui reste de la vie. La petite fille qui somatise, mais ça n'a pas d'importance, les enfants qui font des crises nerveuses, ont des saignements de nez, c'est pourtant un signe de mal d'être, mais encore faut-il y être attentif ..... Le suicide final collectif est logique: après s'être détruits insidieusement, on va jusqu'au bout de l'absurdité de la vie. C'est vrai que, quand on est à l'intérieur de ces familles, qu'on y a grandi, il est difficile de savoir comment s'en sortir, de croire qu'on peut vraiment vivre autrement, en faisant fi du conformisme oppressant. Difficile, mais possible...
Note : 18/20
Même frayeur, même écarquillement d'yeux que pour Je veux vivre, de Robert Wise (1958) sur la peine de mort... Mais c'est tellement bien fait, Haneke sait doser les effets de son histoire inspirée d'un fait réel, on est embarqué dans ce qu'on pressent comme une secousse à retardement. Ambiance pesante, mais la nourriture comme l'amour (même maladroit) sont présents, il s'agit d'un milieu réservé, où le stoïcisme est la vertu première, lenteur à la détente, avarice de mots, on espère donc un compromis en cours de route... Ah, cette voiture et ses occupants passés et repassés au lavage, cet écran noir comme une intercalaire insérée, les mûles rouges enfilées par la maîtresse de maison. L'intrigue commence par cette fillette qui entend tout et s'adapte, en droit fil de l'éducation reçue... Tout est bien cadré par le réalisateur, une mécanique de précision appuyant les quelques détails annonciateurs. En même temps, on découvre des larmes réprimées, des mouvements de tendresse (apothéose dans la voiture, la douleur formulée par les gestes). On admet que laisser le passé est difficile, que l'Australie mérite sans doute cet effort, parce qu'on la voit par moments, l'Australie du rêve, vagues en mouvement et ciel orangé... Mais à partir de ces poissons hors de leur aquarium, suivis des billets de banque déchirés, qu'une châsse d'eau emporte, l'inquiétude envahit, amorcée par cette curieuse lettre d'un fils à ses vieux parents. Devant la télé familiale égrenant ses chanteurs d'Eurovision, l'amère potion pour la petite fille en direct vers l'Eden... Ses parents dosent et re-dosent, certains bruits de fond (Ô combien suggestifs !) restent tournicoter dans l'oreille longtemps après visionnage du dvd.
Bibliographie