"Les deux Anglaises et le continent" commence d'une facon très calme, ne laissant présager de rien. Le style "journal" que l'on remémore, accentue ce sentiment de détachement face à une histoire que le poids du passé semble devoir réduire à une liste de faits que l'on rapporte, chronologiquement et fidèlement. Ce style "témoignage" gêne quelque peu la vivacité du récit, et invite à l'ennui... Cependant, cette façon détachée et froide du conteur, interprété par Jean-Pierre Leaud, accentue le choc lorsque, prenant un tournant inattendu, le film nous rapporte l'objet du témoignage : la puissance passionnée que cachait l'Anglaise pudique et mystique, qui dévoile soudain comme un torrent, submergeant film et spectateurs, un amour qui ne veut se contenter que d'une première fois. Mais justement, de "La première fois". Un film en noir et blanc, qui surprend malgré sa lenteur, tout à fait dans la veine d'un certain style de Truffaut, sachant montrer le calme de l'océan, pour mieux sensibiliser à l'explosion qui va le suivre...