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MOONDANCE-1994-
Nationalité : Allemagne
Titre VO : Moondance
Durée : 1h32
Réalisation : Dagmar HIRTZ
Inspiration : D'après la nouvelle The white hare de Francis STUART
Prise de vues : Steven BERNSTEIN
Musique : Fiachra TRENCH
Résumé
Sur la côte ouest irlandaise, deux frères, Patrick et Dominic, vivent dans une maison isolée. Leur père est décédé et leur mère est partie vivre en Afrique ..... Un jour, une étudiante allemande, Anya, entre dans leur vie et la bouleverse. Tous deux en tombent amoureux. Après le retour définitif de leur mère, les deux frères et la jeune femme partent vivre à Dublin. Patrick, en effet, n'a pas pardonné à sa maman sa longue absence. Il trouve un emploi de vendeur, tandis qu'Anya et Dominic s'attachent de plus en plus l'un à l'autre.
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Critiques - Commentaires Public
Lors d'un débat sur le film avec la réalisatrice, Dagmar Hirtz, après la projection lors du 17e festival de Créteil, trois points ont fait l'objet d'opinions antagonistes : 1) L'histoire est-elle réaliste ? ou s'apparente-t-elle aux supers productions américaines de love-stories-glamours-guimauves déconnectées de toute réalité sociale ? 2) La mère est-elle condamnable pour ne point assumer ses responsabilités envers ses deux fils ? 3) Y a-t-il seulement de l'amour dans ce film ? Anya se laisserait-elle aimer sans rien éprouver ? La mère est-elle en fait indifférente tout comme la tante ? Le seul sentiment présent serait celui de la possessivité ... Les réflexions en ces matières m'ont parfois heurté par leur simplisme et les préjugés qu'elles reflètent. Les désaccords s'expliquent par le fait que ces trois points sont liés à la sensibilite de chacun. L'histoire ne serait pas réaliste, car les réalités sociales sont absentes. En effet, la réalisatrice n'avait pas l'intention de décrire les conditions économiques et sociales des personnages, mais plutôt de refléter leurs sentiments. Personnellement, je sais qu'il n'y a pas forcement une fatalité de la pression sociale et qu'une vie marginale est toujours possible. Cette histoire me paraît donc réaliste. Sur la question de la mère condamnable et du manque d'amour des personnages, j'ai le plus à dire ... A force de voir la situation, il nous est devenu presque normal de voir des pères ne pas assumer leurs responsabilités en fuyant dans un métier, une passion, l'alcool, l'aventure ... Mais la même chose de la part d'une femme provoque un tollé général ..... Et pourtant, quelle différence ? La mère devrait rester par obligation. Superbe amour que celui qui se fonde surle devoir et l'obligation ! Cette femme a perdu l'homme qu'elle a sûrement profondément aimé. Je l'imagine face à une souffrance qu'elle ne peut assumer. Elle part vivre seule en Afrique pour tenter d'oublier ce qui est insupportable. La mort de la personne aimée peut provoquer des ravages psychologiques chez celle qui reste. Elle peut en être destructurée, en perdre ses repères. Vivre loin dans une sorte de cocon déconnecté de toute responsabilité permet peut-être d'attendre que la souffrance devienne supportable. Rester où on a vécu des années très heureuses peut être trop douloureux. Rester et se suicider ou fuir autrement (alcool ... ) me paraît moins intelligent que s'éloigner en attendant d'accepter émotionnellement l'inacceptable ... Après quelques années, la mère a trouvé une sorte d'apaisement. Pour la première fois elle va déposer des fleurs sur la tombe du défunt. Par ce geste, elle accepte la réalité, de vivre avec la perte. Elle accepte la souffrance et peut dès lors revenir vers ses enfants. Merde, quand j'écoute les gens mélanger amour et obligations sociales, j'ai envie de hurler. Quelqu'un qui souffre trop ne peut pas donner, il est recroquevillé sur sa plaie béante, comment peut-on le condamner ? Une femme n'aurait-elle pas le droit d'être désespérée parce qu'elle est mère, donc supposée bénéficier miraculeusement d'un blindage tellement solide qu'il résisterait à toute catastrophe ? J'affirme que non, même si sacrifier ses enfants est un choix atroce. Pour moi, le thème central est plutôt celui de l'abandon : cette femme qui est plutôt en convalescence de celui qu'elle a aimé et qui a eu la mauvaise idée de mourir, les deux fils seuls, accrochés, crispés l'un à l'autre, Anya que Patrick veut épouser pour se convaincre qu'elle ne le quittera pas. On ne dira jamais assez comme l'amour est imbriqué à la peur de l'abandon, à l'horreur du vide, l'insupportable. Un dernier point sur Dominic, enfant difficile, qui ne connaît nulle oppression, ne respecte nulle obligation sociale et rencontre finalement sa première limite : celle de l'amour. En effet, il refuse de faire souffrir son frère en lui prenant la belle Anya. La seule obligation acceptable à mon sens est celle qui se fonde et se justifie par la sensibilité et la raison de celui qui s'oblige. La seule obligation acceptable est celle qui se fonde sur l'amour, donc sur le respect de l'autre. Ma conclusion est donc qu'il y a bien un amour formidable dans ce film de la part des personnages, mais un amour authentique, qui n'a absolument rien à voir avec les obligations sociales. La réaction de certaines personnes face à ce film me fait peur ....