"L'honneur perdu de Katharina Blum" est un film engagé admirablement conçu. Tourné à l'époque la plus "chaude" "des années de plomb", il marche à contre-courant des mouvements d'opinion et journalistiques alors développés. Un coup de foudre lors d'une soirée amène une jeune femme, Katharina, à recevoir chez elle un homme dont elle ne sait rien, mais qu'elle décide de cacher lorsqu'elle apprend que la police le recherche. Ici, pas d'idéologie extrémiste exprimée ou latente. Ce sont hasard et amour qui provoquent une complicité fatale. Dès lors, la logique qui se déclenche est aussi inattendue que puissante dans sa dénonciation. Le terroriste, n'est plus le fruit d'une société défaillante, mais la société elle-même est terroriste. La grande machine répressive qui s'enclenche devant nos yeux est celle qui nous entoure, mais que nous tolérons parce qu'elle génère l'Ordre; l'ordre de ceux qui demeurent intouchables. Alors l'indifférence devient le meilleur soutien de la "Justice". Le respect de la tranquillité de la majorité permet la répression toute aussi tranquille de la minorité insoumise. Les grands leurres de notre société sont ainsi, mis sur le ban des accusés. Les plus grands des terroristes sont les mieux protégés. Celui, ou "celle" en l'occurrence, qui perd son honneur sont les moins puissants. Aux faibles de payer le prix de leur vulnérabilité... D'autres sont impliqués, mais ils ont le bouclier tout puissant qui définit notre Grande et Belle Justice : l'argent, la renommée, "les appuis de haut niveau"... Le meurtre final n'est que la conclusion logique d'un long plaidoyer contre une société qui n'a plus besoin de la peine de mort pour annihiler les esprits.