Outre la poésie des images, en noir et blanc, de la quête à travers l'Allemagne d'une grand-mère introuvable, par un journaliste et une petite fille que le hasard a liés, ce film est admirable de part sa qualité littéraire... D'abord, comme par la suite dans "Au fil du temps", les dialogues tirent profondeur de leur épure même. Tout artifice, présentations banales des personnages, soit, d'un individu à tout autre, disparaissent chez Wenders. Lisa a une confiance immédiate en Philippe, elle lui révèle le tourment qu'elle traverse... pour lui confier enfin sa fille jusqu'à Amsterdam... En second lieu, les répliques sont décalées, dans le présent et dans le temps ; d'où la richesse du peu de mots qu'il suffit d'échanger, l'essentiel a été dit. Philippe semble être devenu un simple pion qui se laisse mener par la vie, et la suit, docile. Il perd toute verve littéraire. Commence l'angoisse inexplicable, l'angoisse inexpliquée, "la peur de la peur". Le froid face à l'interrogation de la réalité de la vie quand plus rien ne la guide.. Alice, est alors un brève intermède. Il est symptomatique que durant l'errance allemande, Philippe cesse ses polaroïds-cartes postales qui ne représentent "jamais la réalité".... Les couleurs sont insuffisantes à confirmer la vie. Cette période est celle de moindres interrogations personnelles. Oeuvre à voir absolument.