Critique de
MILAN
Il m'est exceptionnel de revoir une troisième fois un film et d'en ressortir chaque fois plus fascinée. La lenteur et le désespoir s'imprègnent en vous. Bien sûr on y retrouve les thèmes chers à Resnais : la mort et l'amour, irrémediablement liés, fatalement fondus. Mais "Hiroshima mon Amour", c'est surtout le désespoir, la panique devant la force du temps qui vient à bout des plus profondes passions. Hiroshima c'est l'horreur de l'oubli des cataclysmes militaires. Quel rapport entre la première destruction atomique de l'histoire et un amour impossible qui rejoint la folie au fond d'une cave ? Il n'est que rapports. Dans les deux cas les catastrophes ont leurs signes extérieurs: le crâne rasé, les doigts qui saignent, les brûlures, les visages défigurés. A l'intérieur un même traumatisme. Mais entre les débris des anciennes constructions, la vie reprend son cours. C'est cette vie inébranlable qui renaît toujours, au-delà et malgré l'horreur qui est ici condamnée. Comme si la nature devrait se prendre de pitié pour le désespoir.