Ce second long métrage de fiction de Sólveig Anspach était très attendu, après l'exceptionnel et mérité succès de Hauts les cœurs. Aussi, assez largement, la critique n'a pas manqué de comparer les deux œuvres, au détriment de Stormy Weather qui, pourtant, m'a paru assez juste et cohérent. Il se compose de deux parties fort différentes : la première, en Belgique, jusqu'à l'identification de l'inconnue ; la seconde, en Islande, à la recherche de Lóa. On comprend assez bien l'attachement d'une jeune psychiatre à une malade qui la sort de l'ordinaire, qui l'intrigue. On comprend son désarroi lorsque "sa patiente" a disparu, toute sa frustration de voir interrompue une thérapie dans laquelle elle s'est beaucoup investie (délaissant son compagnon, Romain ; considérant l'appartement de son grand-père comme une annexe de l'hôpital), son désir de la retrouver. On peut, certes, trouver un peu excessif le fait qu'elle parte immédiatement pour l'Islande, abandonnant travail et famille sans autre forme de procès. Mais sans cela, il n'y aurait pas eu de deuxième partie de film ! La partie islandaise met en relief principalement les différences entre l'existence dans une ville de Belgique et celle dans une bourgade isolée d'une petite île d'un archipel semé quelque part au sud du "continent", comme Gunnar appelle l'île principale. Les différences sont accentuées par le choix de faire se retrouver là l'héroïne en hiver alors que pluie, vent, froid et obscurité ont chassé les fous de bassan et, avec eux, les touristes. On est donc là bien loin des reportages réalisés pour des agences de voyages et l'éruption volcanique est d'ailleurs toujours présentée dans ses aspects les plus négatifs (destruction d'habitations, risque d'obstruction du chenal, du lien vital entre le port et la mer dont la petite ville tire son existence). Nul exotisme donc dans le regard de Sólveig Anspach et nulles solutions toutes faites, c'est sans doute dans ce dernier élément que réside une des forces de son film. Pas d'explications médicales ou psychiatriques, Lóa restera silencieuse comme les autres personnages garderont leurs zones d'ombres, comme leurs gestes ou attitudes resteront parfois sans explication. Cela en gênera sans doute plus d'un, mais n'en va-t-il pas ainsi de la vie.
Sólveig Anspach est née à Vestmannaeyjar, de père américain et de mère islandaise. Á dix-huit ans, elle échoue au concours d'entrée à l'IDHEC et fait une licence de philosophie, puis s'oriente vers la psychologie. Pour approfondir ses réflexions, elle fait des stages dans les hôpitaux psychiatriques de jour. Ayant raté le concours de la FEMIS, elle travaille un an comme pigiste, avant d'intégrer, à sa troisième tentative, cette école du cinéma. Dans sa promotion, on trouve Christine Carrière, Noémie Lvovsky, Émilie Deleuze et Manuel Pradal.
Filmographie :
1989 - Par amour, cm doc
1990 - Vestmannaeyjar, cm doc
1992 - Sandrine à Paris, mm doc
1998 - Que personne ne bouge, mm doc
1999 - Hauts les cœurs
2001 - Made in the USA, doc
2001 - Reykjavik - Des elfes dans la ville, mm doc
2002 - La revue : Deschamps/Makeïeff, doc
2003 - Stormy Weather