Ce film n'a rien à envier au cinéma hollywoodien. Une imagé léchée et de qualité, des mouvements de caméra pas forcément nécessaires, une musique symphonique dégoulinant de violons. Tout est beau, tout est propre. La teinte de l'image est un peu surannée, notamment pour les scènes à l'intérieur de la maison d'Elina - c'est que nous sommes en 1952. Un beau film en costumes et accessoires d'époque auquel ne manque pas la voiture idoine. Le scénario était intéressant cependant : le sujet principal du film est le deuil difficile d'une petite fille de neuf ans qui a perdu son père. Un sujet annexe est le statut linguistique de la région et la place de la minorité fennophone : il fonctionne plutôt comme un prétexte pour le déclenchement de la rébellion d'Elina. Un autre sujet annexe peut être l'éducation : autoritaire, sévère (Mme Holm) ou la discussion, la parole échangée avec respect avec l'enfant (le jeune professeur). Une scène assez ridicule, à mon sens, parce que trop explicite, bien que se voulant implicite, intervient lors du sauvetage d'Elina dans le marais : le jeune professeur ne trouve rien de mieux, en guise de planche, que le tableau où Mme Holm affiche le planning de l'école. Elle lui avait vanté auparavant le symbole que ce tableau représente : l'ordre. Que le jeune professeur jette à la boue ce planning strict pour sauver Elina montre bien qu'il n'a pas le même respect aveugle de l'ordre. Mais, en fait de symbole, que celui-ci est amené lourdement ! Et puis, dans l'ensemble, tout est prévisible. Ce film est d'une nature académique telle qu'on en anticipe les scènes sans problèmes et on n'a aucune surprise. C'est exaspérant. Les acteurs ne parviennent pas à sauver ce qui aurait pu l'être. Tout est tics de jeu. Même la grande Bibi Andersson est décevante. Quant aux enfants, il ne suffit pas qu'ils soient beaux, encore faut-il bien les diriger. Suis-je trop dur dans mon jugement ? Devrais-je voir dans ce film une œuvre à destination des enfants (il a obtenu plusieurs prix du jeune public dans divers festivals) et être plus indulgent ? Mais on a vu des films tout de même plus subtils, qui s'en remettent moins à la qualité formelle. Un aveu de ma part : la scène où les enfants quittent tous la cantine m'a fait penser… au Cercle des poètes disparus… Étant donné l'estime - piètre - que j'ai pour ce dernier film, il est dommage que L'invisible Elina m'y ait fait penser.