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EMBUSCADE-1999-
Nationalité : Finlande
Titre VO : Rukajarven tie
Durée : 2h03
Réalisation : Olli SAARELA
Inspiration : D'après le roman Rukajarven tie de Antti TUURI
Prise de vues : Kjell LAGERROOS
Musique : Tuomas KANTELINEN
Résumé
Juin 1941. La Guerre d'hiver terminée, le lieutenant Eero Porkala et ses hommes ont été envoyés se reposer au bord de l'eau. C'est là qu'ils reçoivent l'ordre de regagner le front. Ils arrivent à Repola, un village en pleine effervescence après le retrait des troupes ennemies. Là, Eero retrouve sa fiancée, Kaarina, qui s'est engagée comme infirmière. Il demande au commandant de faire son possible pour que le groupe d'infirmières soit éloigné du front. En contrepartie, il se voit confier une mission dangereuse : explorer les alentours d'un lac voisin pour voir si les Russes se sont bien retirés. Sa section doit ensuite gagner le village de pêcheurs de Koraly. L'estafette qui vient annoncer cette nouvelle mission à Porkala a une autre information pour Eero : le convoi remmenant les infirmières a été attaqué, il n'y a aucun survivant. A travers la campagne, de village dévasté en ferme abandonnée, la section finit par rejoindre Koraly. Là, on leur dit de repartir, afin de prendre les troupes ennemies à revers. Mais, peu après leur départ du village, ils y sont refoulés par le feu adverse. Ils reprennent l'offensive et un combat sans merci est livré pour le passage d'une rivière qu'ils doivent traverser pour rejoindre les troupes finlandaises. Seuls quelques soldats atteignent l'autre rive. Parmi les survivants, Eero regagne Repola où il a la surprise de retrouver Kaarina, traumatisée, prostrée, mais miraculeusement vivante.
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Critique/Commentaire
Critiques - Commentaires Public
Devant ma (Denis Ballu) critique plutôt favorable du film, Hervé Naveau a souhaité faire entendre ici "une voix discordante" sur Embuscade. Voici ses commentaires :
"Je considère en effet ce film comme particulièrement mauvais. Il souffre, à mon avis, d'un manichéisme assez évident. De plus, il n'est absolument pas crédible. Je vais tenter de le démontrer à travers quelques exemples.
Au début du périple de la patrouille cycliste finlandaise, il y a un personnage amené à disparaître rapidement : c'est l'archétype du lâche, du tire-au-flanc. Il perd son vélo en franchissant un pont : il le fait tomber dans l'eau (volontairement ou non, on ne sait pas très bien. Pour que le doute subsiste ?). Il ne peut plus continuer avec ses compagnons (qui, eux, semblent persuadés de sa lâcheté). Il est alors renvoyé à l'arrière, donc (puisqu'ils sont éclaireurs), seul, à pied, à travers le terrain tenu par les Russes. Après l'avoir suivi quelque temps - pas longtemps -, privé de la chaleureuse et protectrice compagnie de ses frères d'armes, il est abattu par un Russe (qui semble y prendre - forcément - du plaisir). Ce personnage veule paie donc pour sa lâcheté, pour son manque de sang-froid (n'avait-il pas abattu, affolé et tremblant, un jeune paysan) et pour son manque d'esprit de corps avec sa fratrie de soldats. Bref, c'est un mauvais militaire, qu'il disparaisse, une caricature !
Le convoi dont fait partie Kaarina est attaqué par les Russes. Elle est visiblement la seule survivante. Ne devine-t-on pas d'emblée, à travers le regard libidineux - forcément - du soldat russe qui la découvre ce qui va se passer ? Le film essaiera de nous faire croire qu'elle est morte. Mais après ce regard du Russe, on imagine plutôt Kaarina dans un bordel à soldats. à la fin du film, nous n'avons aucune surprise (malgré les efforts d'Olli Saarela) à la retrouver vivante. Elle est prostrée, muette. On ne sait pas ce qu'elle a subi. Mais n'avait-on pas deviné juste ?
La découverte de la ferme abandonnée est un exemple de suspens raté. Des fusils sont posés devant la porte : les soldats tergiversent, est-ce oui ou non un piège ? Un de ceux qui pensent que non veut le prouver : il prend les fusils et dégage la porte. Pas d'explosion, ouf ! L'inspection de la ferme commence, avec tout ce qu'il faut de grincements de portes, de braises encore chaudes, pour tenir le spectateur en haleine. Et puis finalement : une explosion ! La ferme était donc piégée. On s'y attendait. Qu'ils sont donc pervers, ces Russes !
Les soldats finlandais tentent de passer un pont. L'un d'entre eux, envoyé en éclaireur, se fait cribler de balles, alors qu'il a franchi la moitié dudit pont, par les Russes cachés dans les buissons en face (au passage, les Russes sont de piètres stratèges : n'auraient-ils pas dû attendre en toute bonne logique que toute la patrouille s'engage sur le pont pour l'anéantir ?). Le malheureux blessé tombe dans la rivière. Il semble perdre connaissance au fond (car nous le suivons sous l'eau). Il est logiquement mort. Et ne voilà-t-il pas que quelque temps plus tard, il arrive, tant bien que mal (en utilisant son fusil en guise de béquille), au campement où ses compagnons se sont repliés. Improbable. Il sera évacué en barque à travers le lac.
Un soldat russe blessé est découvert par les Finlandais. Il a été (évidemment) lâchement abandonné par ses camarades (chose que ne feront les Finlandais que contraints et forcés, et après avoir tout essayé sous le feu nourri de l'ennemi, lors de la scène du pont). Lukkari, le cynique, abat ce prisonnier blessé non s'en s'être laissé attendrir par les photos que le Russe lui montre de sa femme et de sa famille, mais Lukkari - le cynique - se reprend et endosse à nouveau son rôle de cynique (déjà révélé par le fait qu'il voulait tuer un cheval pour le manger, contre l'avis des autres) et il tire. On n'a pas l'impression que Saarela dénonce ce geste. Il semble plutôt le montrer comme une fatalité. Les nécessités de la guerre, etc.. Bon, soit. On aurait pu imaginer (sans vouloir dicter à l'auteur autre chose que ce qu'il a voulu montrer) que les Finlandais évacuent ce Russe en barque à travers le lac comme ils l'ont fait pour leur camarade miraculé (qu'aurait-on dit, il est vrai, si les braves Finlandais avaient agi de la sorte ?). Je n'ai pas fait la guerre, je suis sans doute loin de la réalité, mais pourquoi abattre le Russe ? Cette scène, à travers l'attitude tour à tour attendrie et impitoyable de Lukkari, semble être là pour contrebalancer le manichéisme général du film : on nous montre enfin un personnage ambigu (maladroitement, je trouve), mais la volonté de ne pas paraître manichéen n'est-elle pas le signe, au contraire, d'un tel manichéisme ?
Dans la scène finale, les éclaireurs finlandais tentent de rejoindre leur armée en perçant les lignes russes, les prenant à revers. C'est l'apothéose du film et de ce que j'en pense : cette scène de combat est montrée avec une grande complaisance, dans un ralenti et accompagnée d'une musique qui submerge tous les sons de la fureur guerrière. Cette scène semble être une esthétisation du combat, de la guerre, et il ne faut pas grand chose pour tomber dans la glorification.
En conclusion, ce film est cousu de fil blanc. L'histoire d'amour, les péripéties guerrières, tout est prévisible. Tout suspens est réduit à néant dès le départ par un scénario sans originalité qui reprend tous les défauts du film de guerre (à mon sens, un bon film de guerre est un film qui dénonce la guerre, ses mécanismes et ses responsables) et ceux du mélodrame. On est triste de voir Kari Väänänen se fourvoyer dans un tel film, même s'il n'y a qu'un rôle secondaire. Et puisqu'il est question des acteurs, il semble que Peter Franzén n'est vraiment pas très bon. C'est un film paresseux, simpliste, caricatural, manichéen et, il faut le dire, réactionnaire."
Embuscade s'inscrit dans la grande lignée des films de guerre en général et des films de guerre finlandais en particulier. Et il n'a rien à envier aux Soldats inconnus de Rauni Mollberg ou à La guerre d'hiver de Pekka Parikka, pour nous contenter de deux exemples récents. C'est dire que dans le film d'Olli Saarela nous allons retrouver des ingrédients du genre explorations des villages vides ou de fermes incendiées ou désertées dans lesquelles les soldats avancent avec précaution, fausses alertes, maisons piégées, escarmouches, infirmeries constituées à la hâte, convois de blessés et de morts qu'on éloigne du front, groupes d'évacués errant sur les chemins, morceaux de bravoure allant crescendo jusqu'à la grande bagarre finale. C'est dire que dans la section du lieutenant Porkala nous allons retrouver différents personnages très typés : le froid, cynique et impitoyable Lukkari (il veut tuer un cheval découvert dans une ferme pour le manger, il abat l'encombrant prisonnier blessé dont on ne sait que faire), le communiste de service Raasila qui doit à la fois défendre ses opinions et lutter pour son pays, le lâche de service Karppinen (il tire sur un malheureux évacué sans sommation, il laisse tomber son vélo dans l'eau en traversant une rivière sur un pont en train de brûler), etc. Bref, toute une humanité en miniature. Là où le film d'Olli Saarela trouve sa grande réussite, c'est dans sa construction et sa progression dramatique, qui, si elle n'a rien de révolutionnaire, est très élaborée. Débuts bucoliques au bord de l'eau, puis, la section progressant à vélo sur des routes forestières, on a toujours vraiment l'impression d'être avec un groupe qui part en vacances, qui va faire du camping quelque part au bord d'un lac entouré de sapins. Ah ! si c'est cela la guerre, Dieu que la guerre est jolie ! Bien sûr, ici ou là, le réalisateur nous alerte, nous glisse quelques informations, comme quoi cela ne va pas durer. Mais la nature est si belle que l'on refuse longtemps d'y croire, de croire que l'homme peut si facilement détruire tout cela. C'est sans doute ce qui rend encore plus atroce l'étripage final, même si je l'ai trouvé un peu trop long et convenu. Vraiment, du beau travail.