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LE CRACHEUR DE FEU-1998-
Nationalité : Finlande
Titre VO : Tulennielijä
Durée : 1h40
Réalisation : Pirjo HONKASALO
Scénario : Pirkko SAISIO
Prise de vues : Kjell LAGERROOS
Musique : Richard EINHORN
Résumé
En 1944, une jeune femme abandonne ses deux enfants à sa mère, pour quitter Helsinki suivre l'armée allemande en fuite. Neuf années plus tard, la grand-mère meurt et les deux gamines, prénommées Héléna et Irène, sont placées dans un orphelinat où quelques mois après, elles reverront leur mère, de passage avec un cirque qui les emmènent. Nous suivons tour à tour leur errance à Budapest (1956) en Laponie (1961) pour se retrouver à Helsinki.
Une nuit, une jeune femme erre dans un immeuble délabré qui est sur le point d'être détruit. Un sac tombe d'une cheminée et des photos s'en échappent. La femme les regarde et nous nous retrouvons à Helsinki en 1944. Sirkka fait sa valise et s'apprête à partir avec les soldats allemands qui fuient la ville. Elle laisse ses deux petites jumelles, Irene et Helena, à sa mère. 1953 : la grand-mère, vieille communiste, est atterrée par l'annonce de la mort de Staline. Peu après, elle fait une mauvaise chute dans un sauna et meurt. Les fillettes sont alors placées à l'orphelinat. C'est là qu'un jour leur mère, flanquée d'un ami espagnol Ramón, surgit pour les récupérer. Le cirque Mykle est à Rügen et Ramón entraîne Irene en vue d'un numéro de trapèze. Budapest 1956 : Irene se laisse tomber du trapèze et feint de ne plus pouvoir marcher. Ramón veut alors qu'Helena la remplace, mais cette dernière n'a pas les dispositions de sa sœur pour la voltige. Les chars russes entrent dans la ville et l'espagnol fait rapidement sa valise, laissant les trois femmes en plan. Laponie 1961 : Sirkka et ses deux filles constituent à elles trois le cirque Sulander qui donne des représentations pour les hommes travaillant sur des chantiers isolés dans les solitudes du grand nord. Helsinki 1961 : les trois femmes se sont établies dans un immeuble populaire. Un jour, les deux filles ayant découvert de vieil-les photos de leurs parents se déguisent, l'une jouant son père, l'autre la mère. Quand Sirkka rentre, la mascarade la met dans une colère noire et elle se met à fouetter ses filles avec un ceinturon. Irene ne le supporte pas et part. Peu après, Helena quitte à son tour la maison pour aller rejoindre sa sœur, cracheuse de feu dans une fête foraine. Retour au présent, où la jeune femme arrive devant les stands de la scène précédente et s'en éloigne.
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Critiques - Commentaires Public
Le résumé qui précède est mensonger en ce sens qu'il présente le film de Pirjo Honkasalo comme un simple et unique retour en arrière. En fait, on pourrait en donner une description tout autre : une femme erre la nuit dans une ville et différents épisodes de son passé lui reviennent à l'esprit. En effet, chaque retour en arrière alterne avec une séquence où la femme se promène dans la ville. Le contraste est d'autant plus net et délimité que l'errance nocturne est filmée en noir et blanc alors que les scènes du passé le sont en couleurs. Faut-il y voir déjà un symbolisme profond : le merveilleux passé tout auréolé des couleurs les plus vives, le triste présent n'ayant droit qu'aux glauques lueurs du noir et blanc. C'est sans doute excessif, même si la réalisatrice se complait un peu dans le sordide de la vie nocturne actuelle (maisons délabrées, impression que tout suinte, etc.), car le passé n'a rien de particulièrement excitant, si ce n'est qu'alors on était plus jeune ! Le film de Pirjo Honkasalo est d'ailleurs assez subtil, la vérité ne nous apparaît en effet que progressivement, amenée au fil des déplacements de l'héroïne et comme si elle avait du mal à ressurgir des profondeurs où elle a été enfouie. La côté historique sonne juste, loin des grandes reconstitutions pompeuses et impeccables où il ne manque pas un bouton ou une décoration sur la veste des militaires, dans ce nécessaire et suffisant qui rendait si crédibles des films comme Le septième sceau ou Ma sœur, mon amour. Pirjo Honkasalo joue également bien, même si le thème n'est pas neuf, sur la magie du monde du cirque, de ses trapézistes et de ses cracheurs de feu, sur la vie itinérante, les troupes minables et les spectacles ringards mais tellement pathétiques. Elle nous donne également une très belle évocation de l'amitié et de la complicité entre deux sœurs (illustrée par les mots qu'elles se tracent sur le dos, l'une devant découvrir ce que l'autre a écrit), qui leur permettront de supporter les aléas et les vicissitudes d'une vie qui fut loin d'être toujours des meilleures. Une belle tranche de vie et une mise en scène très subtile font de ce film une œuvre dont une seule vision est loin d'épuiser toutes les richesses.