Le film de Solveig Nordlund commence de manière assez insoutenable : Nelio abattu par balles sur la scène, village détruit, gens massacrés, enfants brutalisés… Le tout culminant dans le meurtre d'un bébé jeté dans une grande jarre et écrasé avec un pilon. Il faut malheureusement bien dire que tout cela n'est que trop réel et que le romancier suédois Henning Mankell, dont le Mozambique est la seconde patrie, en parle en connaissance de cause. Un autre des ses romans, celui-là traduit en français, Le secret du feu, en est le vivant témoignage. On ne peut pas non plus dire que l'existence des enfants est meilleure à la ville qu'à la campagne. Ici, la ville semble littéralement les aspirer pour mieux les étouffer dans ses tentacules, et des bandes de gamins miséreux, malades, abandonnés par leurs familles, vivent de rapines diverses et d'expédients. Pourtant, il ne se dégage pas de Comedia infantil le sombre pessimisme que l'on pourrait attendre. La courte existence de Nelio est certes tragique mais le gamin semble avoir en lui une force qui lui fait minimiser les pires épreuves auxquelles il est confronté. Le réalisme du film est sans cesse contrebalancé par des éléments irrationnels (la femme lézard, les pouvoirs de Nelio), improbables, mais qui se greffent comme naturellement sur le reste du récit. Cela donne incontestablement à l'œuvre de Solveig Nordlund un ton très particulier, entre symbolisme occidental et magie africaine.