Second long métrage de Bent Hamer et son second film distribué en France, Un jour sans soleil ne possède pas les qualités et l'originalité de sa première réalisation, Eggs. Le sujet n'est pas très neuf : un individu se retrouve, bien malgré lui, forcé de séjourner dans une ville étrangère, parmi des gens dont il ne parle pas la langue. Désœuvré, il erre ici et là, explore des lieux insolites et rencontre des gens plus ou moins originaux. Le film fonctionne ainsi sur un certain nombre de séquences répétitives (visites chez l'horloger, chez le gardien du phare, au bar que tient un handicapé, etc.), empreintes souvent d'un certain humour, et faisant progresser l'action assez lentement. L'aspect le plus réussi du film, même s'il est tout sauf original, est incontestablement l'histoire d'amour entre Marta et Almar. Bent Hamer la traite avec un tact et une délicatesse qui n'étonnent pas de la part d'un réalisateur scandinave. Par contre, le personnage de Windy est campé avec une telle grossièreté qu'on a bien du mal à comprendre comment Almar peut se laisser entraîner dans ses louches trafics et qu'on a bien du mal à accepter la poursuite finale, ponctuée par la mort de Marta. Vous me direz peut-être que, quand il voulait débarrasser ses mâles héros de leurs compagnes envahissantes, Ernest Hemingway n'hésitait pas, parfois, à employer de tels artifices. Cela n'est pourtant guère convaincant et, après ce second film assez inégal, on attendra Bent Hamer à sa troisième réalisation.