Critique(s)/Commentaire(s) de L.Ventriloque

Voir ses 50 films notés

Page 13 sur 18 (900 critiques au total)

  • BONJOUR (1959)
    Note : 19/20
    Projeté aux Trois Continents Nantais de 2012 avec salles spacieuses... combles deux séances de suite, cette plongée dans un microcosme japonais modifié par la culture étasunienne restant (ou redevenant ?) d'un charme fou. Des ragots féminins aux confidences masculines de bistrot, de quoi sourire sans arrêt tellement on se sent en terrain familier. On devine un travail minutieux pour un résultat ultra simple. Vu sous plusieurs angles, avec des dialogues d'une fraîcheur exquise. Le seul petit défaut serait la lecture des sous-titres français quand l'image est claire. Peu gênant puisque le fil narratif est d'une limpidité totale. On glisse d'un plan à l'autre comme si on était dans son village, son lotissement, douillettement parachuté dans un intérieur qui fait corps avec ses habitants. Ce qui pouvait devenir trivial à cause des petits bruits dûs aux effets de pierre ponce continue d'être charmant. Fait penser aux meilleures bandes dessinées crées à ce jour. Un film réunificateur (qui existe en dvd !). Certes, les Etats-Unis et le Japon ont un peu changé de place sur l'échiquier géopolitique depuis 1959. Sauf que les questions existentielles elles, sont immuables (éducation, pièges de la routine, facettes de la transgression enfantine et adulte, retraite du couple). Ozu sait traiter tout cela en déjouant les attentes avec espièglerie. Ses dialogues, ses situations échappent à la patine. Et que dire des personnages, notamment ces deux frères, qui donnent l'impression qu'on les croise régulièrement !
  • LA SOURCE THERMALE D'AKITSU (1962)
    Note : 15/20
    La source thermale où on dirait bien qu'il n'y a personne, ou alors pour l'essentiel deux survivants au traumatisme de la guerre que le pays vient de perdre. J'y vois aussi une réflexion sur le lien amoureux vécu comme un joug : sauvez la vie de l'autre par des soins, il vous le fera payer au centuple. On est mal à l'aise, au bord de la révolte, mais c'est très esthétique comme démonstration, la musique quand même à la limite du supportable. Petit à petit, le spectateur est embarqué dans les multiples expressions du visage féminin emprisonné par la caméra. Car comme souvent dans les productions japonaises anciennes, la jeune fille irradie alors que son partenaire, s'il incite d'abord à la compassion par sa toux, déçoit vite par sa plastique très quelconque, ses frasques tellement téléphonées. Il est trop sûr de son fait et mérite châtiment. Un paradoxal symbole de l'eau, purificatrice jusqu'à un certain point. Malice du cinéaste amoureux de son actrice pour l'avoir filmée une bonne centaine de fois : ici, elle s'assume matériellement mais sombre dans un excès d'absolu qu'elle pouvait éviter. Gloire au cinéma qui permet toutes les jouissances !
  • PROFESSEUR HOLLAND (1995)
    Note : 14/20
    Les musiciens peuvent trouver des qualités à ce film, qu'on aurait vite épinglé, en France, comme série télé états-unienne bien pensante à sa sortie. Difficile aujourd'hui de nier les bienfaits de l'enseignement musical, discipline au même rang que la littérature, les maths, les sciences, la gym, etc. pour forger l'individu, son aisance dans un groupe, son sens artistique... On retrouve ici un peu du "Cercle des Poètes Disparus", ce mélange d'effort à faire récompensé par le plaisir de tous. Notre prof, passionné mais homme de devoir, se heurte aux restrictions budgétaires en fin de carrière, la musique se trouvant gommée dans les bahuts (Etats-Unis = une longueur d'avance sur nous autres Français de 2008...). L'enseignant va aussi se heurter à cet enfant rivé à sa mère, le sien ! Richard Dreyfus a la séduction rassurante sur une trentaine d'années. Il est attachant. C'est l'éducateur habitué à composer avec le quotidien tel qu'il se pointe, comme un second père s'il en est besoin (et pourtant désarçonné par la surdité filiale !). La jeune prodige qui pourrait faire déraper inquiète, vite sublimée à travers la musique... Autant de cours sérieux, souvent humoristiques, où on se lâche et se reprend pour la bonne cause. Des événements politiques jalonnent le propos, c'est là qu'on réalise l'apport de la culture US sur nous autres Européens, et comme le temps passe... Particulièrement aimé les quelques "piques" à l'intention des pouvoirs institutionnels, et puis cette collègue du début, indulgente pour faire bonne mesure... Dommage que des manies de troupeau, très "american way of life" viennent gâcher les prises de position un peu plus gonflées. Longuet aussi, mais tout de même assez honorable sur le fond !
  • LE LIVRE DE LA JUNGLE (1967)
    Note : 17/20
    Même en version française, cette oeuvre des studios Disney est toujours délicieuse en 2009 par les éternels stéréotypes qu'elle reprend. Rien de gnangnan, le commentaire est au degré "adultes", foin de la niaiserie faussement condescendante que certains croient indispensables dès que le jeune public reste prioritaire. Observé que "les éléphants" ont une curieuse résonance si l'on se réfère au parti socialiste français en lambeaux mais qui se dispute ardemment la chefferie... On a peur pour Mowgli l'intempérant, sinon tous les intervenants gardent une part d'ambigu jusqu'au bout. Dessins de grande finesse, couleurs travaillées, gags et suspense...la forêt comme si on y était... On swingue sur son siège ou bien debout, de la mère-grand au moussaillon ! .
  • COME BACK AFRICA (1960)
    Note : 17/20
    Affiche-phare du Festival des Trois Continents 2013. Attiré par l'accolade du couple, le spectateur se voit emballé par la bande-annonce des musiciens appliqués. Deux accroches pour vite se mettre dans la peau des crève-la-faim d'Afrique du Sud à travers Zachariah et son parcours. La pression de la grande ville, miroir aux petits boulots des sixties peut connaître en 2013 (bien plus qu'à la sortie du film à ce qu'on dit) un écho certain. Sur le fond, ce n'est jamais moralisateur, les faits semblent captés bruts de décoffrage. Petites scènes anecdotiques éloquentes, productives. Démarche honnête. Le réalisateur montre le mépris des blancs envers la population noire écrasée tout comme l'incompréhension des nuances entre domestique et patronne (Zachariah jetant la casserole et la soupe !), comme sur le mode espiègle (on suppose que Zachariah fait l'âne mais on est sûr que les blancs, instruits, le malmènent volontairement). Habile détour de cinéaste pour placer son message de la bouche de personnages autour d'une table à une heure tardive (petite galerie de portraits savoureux, tirade explicative tout assez saisissante !). Se devine constamment une sorte de "qui-vive" dû au tournage en semi-clandestinité avec acteurs non professionnels. Il est certain que la musique improvisée a un rôle édulcorant, sans pour autant gommer les atrocités des guerres raciales. Si la regrettée Myriam Makéba tenait là LE tremplin pour sa carrière, son exil aux Etats-Unis y aurait succédé, pour le meilleur et... Tout le film porte cette alternance de bonheurs fugaces et couperet final, y compris la pellicule qui se fait la malle sur les derniers plans :-/ (film cassé ?), n'empêchant nullement les déductions de tout un chacun.
  • LE COUREUR (1985)
    Note : 17/20
    Il a élu domicile dans un bateau désaffecté (car il aurait perdu sa maison lors de la guerre Iran-Irak) : toute la journée le jeune Amiro (petite bouille sauvage au sourire radieux) s'active, s'assume comme un petit homme responsable. Il dispose d'une vitalité étonnante, sportif endurant, comme sa bande de copains, des hyperactifs heureux dans un coin qui leur est à peu près favorable. Amiro sait se tirer d'affaire, incapable de "lâcher le morceau" s'il estime avoir raison, question d'honneur... Amir Naderi offre des images riches, bien cadrées, aux couleurs ensoleillées, c'est une suite d'ébats juvéniles qu'on sent nécessaires à la fois pour gommer le passé et s'inventer un présent de bric et de broc en Iran... Survivre, transcender... Les bateaux, avions, trains, vélos, sont des jouets grandeur nature (Amiro jubile en allant simplement toucher un avion au sol sur la piste voisine !). Travailler, étudier, hurler devant la mer, les navires, le feu, et puis courir pour vérifier ses limites. Rester fort. Outre la morphologie de cette petite bouille de "Poulbot iranien" et son désir de suivre des cours du soir, l'aveu mutuel que "les copains manquent" et surtout le départ de l'ami, cette petite larme, révèlent aussi la capacité d'aimer, miraculeusement intacte... Rappel bouleversant qu'il existe foule de ces innocents livrés à eux-mêmes sur notre chic planète !
  • MONTPARNASSE PONDICHÉRY (1993)
    Note : 15/20
    Incroyable comme le film a vieilli côté atmosphère ! Tous ces mâles qui draguent une seule, la jolie Miou-Miou de retour sur les bancs de l'école. Elle ploie sous les hommages, effusions, y compris avec sa grande adolescente, pas une anicroche entre les deux... L'amitié amoureuse qui tolère la liberté de l'autre malgré la rage intérieure, l'attirance bien maîtrisée du prof qui attend une période plus propice, etc. C'est beau et tendre, bien cadré, avec quelques bons mots, les cours de Dussolier, "un bon tour de jupe", celui de Miou-Miou dans le couloir du métro... Un peu surjoué parfois... L'un des plus convaincants moments éducatifs débarque avec cette harpiste qu'il faut remettre sur pied. De la générosité à l'état pur donc... Sauf que l'état d'esprit d'alors a déserté nos existences pour ce qui est de la forme. Il subsiste de ce film un peu trop gentil en 2012 (malgré le traquenard incarné par Perrin) les problèmes de décalage horaire dans un couple attaché bien que plombé par la différence d'âges. Le réalisateur Yves Robert (décédé en 2002) désirait probablement fixer sur la pellicule la fraîcheur globale de Miou-Miou comme ultime hommage soit à l'actrice, soit à son type de femme ?
  • CHUNGKING EXPRESS (1994)
    Note : 15/20
    Ce que je trouve éblouissant chez Wong Kar-Waï, en tous cas dans ce film : sa manière de laisser planer. Agacer positivement en servant des images entrelacées, chaotiques, ralenties, avec des touches à la limite du stupide pour nous occidentaux ("California dreaming" rabaché jusqu'à plus soif, dialogues de sourds entre hommes et femmes, mystère des yeux derrière les lunettes de soleil, ou jouer à l'avion comme un tout petit). Et pourtant, au bout du compte, et avec l'aide de très beaux spécimens à l'écran (mis en valeur dans le secret de leur âme par quelques images bien ciblées) une intrigue touchante se dessine (personnage de la jeune fille hyperactive fascinante dans son esquive constante). Une frustration cependant : mille regrets que le jeune homme de départ, très sexy comme pourrait l'être un Léonardo di Caprio asiatique, cède soudain l'écran à un deuxième, plus quelconque, auquel j'ai eu du mal à m'habituer.
  • LE DESCENDANT DU LÉOPARD DES NEIGES (1984)
    Note : 18/20
    Tolomouch Okeev (réalisateur du Kirghizistan) aurait vu pendant longtemps sa production réservée, de la part des autorités soviétiques, aux enfants, ou détournée vers l'Inde et autres contrées orientales - surtout pas vers l'Europe, cette dévergondée ! - jusqu'à ce qu'il soit enfin diffusé et reçoive la récompense suprême en 2001 à Nantes, hélas peu de temps avant sa mort... Son "Descendant du Léopard des Neiges" (Montgolfière 1984) projeté au Grand T une seule fois ce jeudi 27 novembre 2008, livre ses préoccupations, il y a tout dans ce film à voir bien éveillé car on voyage loin, dans une nature assez âpre où survivre exige du tempérament... Plus de deux heures d'aventure à braver tempêtes et avalanches, l'éclaircie après la balançoire illustrant l'éphémère par excellence. Une épopée qu'on croirait contemporaine, paysages aux climats contrastés d'une montagne à l'autre, filmée sous les angles les plus acrobatiques. Attachante philosophie que ces symboles du léopard des neiges à peine entrevu, et la chevrette grise sacrée montant la garde... Décontraction communautaire à l'abri, vieux sages avec une aïeule à leur tête, sorte d'oracle... Un je ne sais quoi de médiéval. Coiffures de ces dames perpétuellement endimanchées, jeux d'adresse : pulsions humaines débridées lors des fêtes, encore plus avec les "progrès" que sont l'alcool fort (la fameuse "eau de feu") et soudain...les fusils ! Des images somptueuses et un récit plus prophétique que jamais en ce début de vingt et unième siècle. Un travail minutieux de la caméra, aussi parlante que les personnages ici. Une oeuvre trop méconnue par rapport à la sagesse qu'elle déploie, certes sans se presser, mais le dénouement est d'une cruauté sans nom, regard d'adulte Ô combien civilisé !... Bien des films à succès semblent inspirés de ces atmosphères mythiques, je pense aux décors du "Seigneur des Anneaux" ou, dans un style plus réaliste, à "Himalaya", ses périls à flanc de montagne, ou encore "Danse avec les Loups" (la course de bisons trépidant jusqu'aux fauteuils des spectateurs)... Il n'y a plus qu'à souhaiter la sortie du dvd de ce sacré "Léopard" !
  • LA BUENA VIDA (1996)
    Note : 19/20
    Magnifique production de 1996 sortie en France en 1998 et projetée au Festival Espagnol nantais de 2012. David Trueba ferait d'abord penser à Woody Allen dans ses hommages appuyés à la France. De ferventes démonstrations et une ironie grivoise typiques d'une adolescence qui a beaucoup gambergé. Attention, on embarque vers plaisant, grisant même. Les parents partent une semaine en laissant pépé au fiston, tout s'annonce bien des deux côtés... Soudain, incroyable, on tombe de très haut avec cette nouvelle qui donne pleinement son sens à l'innocente chansonnette de Trénet de départ... Par miracle, ou au contraire proportionnellement au choc, la survie prend le dessus. Le tempérament encore plus intériorisé qu'avant le drame de Tristan (Fernando Ramallo) fait merveille auprès des autres si répandus, ce vieux bougon et ses chères lentilles... Les demoiselles redoublent de soins, chacune dévoilant des secrets parfois originaux (l'amour du frère !). Reste cette peste de cousine, une ex strip-teaseuse de village. C'est un film tendre qui a l'énergie du désespoir. Nombre de spectateurs se reverront adolescents, tout est fait pour et ne saurait vieillir, boosté par cet événement gravissime qui oblige tous les personnages à se surpasser... Sexe et sentiment alternent, avec toujours toutes prêtes les bouées de secours. Alerte, merveilleux de fraîcheur à l'image, émaillé de bout en bout de surprises et de gags, il rend également nostalgique de l'avant 2000.
  • L'ANGLAIS QUI GRAVIT UNE COLLINE ET DESCENDIT UNE MONTAGNE (1995)
    Note : 13/20
    Fort bien filmé, Pays de Galles vert grâce à ses pluies et ici rapproché de la Bretagne quant aux us et coutumes (le côté bourru des manières et les noms affiliés au métier ou aux caractéristiques de l'individu). Assez truculent par moments donc malgré quelques exagération (le pasteur !), quel gros branle-bas pour ce monticule, difficile de croire que tout le village se soit mobilisé pour quelques pouces entre colline et montagne, des déambulations un rien longuettes, so british ! Dommage pour les personnages de tête aux allures pittoresques, je songe au patron du pub, et aussi à cette Elizabeth à la voix rauque : vraie ou fausse tavernière, elle saute littéralement sur le jeune cartographe (Hugh Grant) !
  • L'APPARTEMENT (1996)
    Note : 12/20
    Un dvd qui a considérablement vieilli en 2008, tant le contenu fait évaporé dans cet appart courant d'air : le dragueur impénitent des eighties/nineties à l'oeuvre, concrétisant ses désirs, l'enjeu étant de posséder une femme sinon vertige existentiel. Bref, le dernier partenaire en qui croire pour se marier (pauvre chère Sandrine Kiberlain en rade d'office, très vite perceptible que le fiancé est un coeur d'artichaut). Les acteurs font ce qu'ils peuvent pourtant avec les dialogues de circonstance (Ecoffey, second rôle réaliste, il en fallait un). Quel intérêt de suivre ce macho sans maturité et pas du tout le drame que la musique laisserait entendre ? Pauvre petit bambin subjugué dès que femme paraît, encore plus si elle est sculpturale avec un adorable accent italien... D'un bout à l'autre, j'ai eu l'impression qu'il s'agissait surtout de mettre en valeur Vincent Cassel/Monica Bellucci (futurs mari et femme à la ville !) par Romane Boringher et Jean-Philippe Ecoffey interposés ! C'est bien filmé à part ça, mais vraiment trop léger aujourd'hui.
  • LE TROISIÈME (1971)
    Note : 16/20
    Une scène mémorable pour retrouver sans peine ce film dans les production de la DEFA (société de production est-allemande de 1946 à la Chute du Mur en 1989) : l'intrusion prolongée d'un livreur pendant une scène d'intimité avec leçon d'anglais télévisée : il faut voir l'oeil goguenard de l'homme sur l'amant se rajustant, pendant l'attente du bon de livraison signé par la dame, vraisemblablement partie se faire un brin de toilette. Pour le reste, c'est l'éternelle difficulté, en RDA comme ailleurs, d'allier éducation rigide et prise de risque quant au choix d'un partenaire, c'est vu du côté féminin. Coupe de cheveux modernes, jupes raccourcies, on sent la déferlante de l'ouest, les frémissements du féminisme, mode et musique, seuls débordements tolérés par le régime (l'actrice principale, réservée dans l'ensemble, se déchaîne à l'écoute de jazz, à en être méconnaissable). Entrée en matière chaotique, du genre "puzzle", mais ça s'arrange en chemin... Dommage que la bande-son, surtout l'orgue, vrille les tympans, car il y a des scènes émouvantes autant que caustiques, les missions obligatoires pour les étudiants, heureusement variables en qualité... Une relative décontraction du monde professionnel (petit travail de spécialiste d'un certain niveau, du genre ennuyeux mais régulier). L'extrait filmé pendant le dîner devant la télé résume le frisson de tout engagement amoureux à son départ. Le verre d'eau, symbolisant "la soif de vie" rattrape très habilement le décès maternel. Forte similitude avec l'Occident de cette époque-là, en tous cas au plan des aspirations affectives. J'ai bien aimé les ombres dorées de la pellicule, cet hommage aux herbes, à la nature rappelant les cycles immuables... La jeune Jutta Hoffmann, avec ses paupières slaves ne peut vivre sans homme, elle va chasser discrètement pour s'en pourvoir... Vu l'absence de dialogue dont elle a dû s'accommoder jusque-là, son réalisme la fait recourir à la tradition pour séduire ce fameux "troisième", qu'elle annonce à ses deux grandes filles avec une modernité qui surprend !
  • UN ÉTÉ CHEZ GRAND-PÈRE (1984)
    Note : 17/20
    Autre moment impérissable du Festival des 3 Continents 2008, toujours "dans la détente" en ce mardi 26 novembre 2008 : le récit de deux enfants embarqués de Taipei (Taïwan) en train, en compagnie d'un jeune tonton accompagné de sa dulcinée, destination la campagne des grands-parents. C'est un cinéma du quotidien permettant de connaître les us et coutumes taïwanaises des eighties filtrés par un cinéaste de culture moitié chinoise, moitié japonaise, en plein retour sur sa propre enfance. Beaucoup d'espièglerie et quelques inquiétudes du monde adulte rejaillissent sur le frère et la soeur. Sévérité du grand-père médecin, bon instructeur parfois enclin à user du bâton... Courses de tortues contre ventilateur en jouet, malice de la fillette contournant posément la misogynie, elle sera curieusement épaulée par une soi-disant "lépreuse" à l'aise sur les rails, bien davantage qu'en haut d'un arbre... La question qui plane : ce naturel existerait-il toujours dans ce coin du globe à l'heure qu'il est ? Ou bien est-ce devenu industriel jusqu'à rayer de la carte cette rivière de vacances en bordure de voie ferrée ?... Quoi qu'il en soit, la Montgolfière 1984 nantaise a fait mouche une nouvelle fois (salle comble et applaudissements)!
  • BONJOUR TRISTESSE (1957)
    Note : 18/20
    Fidèle adaptation du roman éponyme et fougueuse Jean Seberg à ses débuts en "petit monstre" ou les revers d'une trajectoire de pauvre petite fille riche. Du Sagan tout craché, milieu, vitesse, intensité du toujours plus de la fin des années cinquante qui ne saurait totalement dépayser en 2012... C'est bien appuyé par la chanson de Gréco, figure (et carrure !) déjà envoûtantes. Défilent les années soixante des nantis que rien n'entravait. Ils sont plutôt sympathiques tous dans leur genre et les lieux où ils s'ébattent leur collent telle une seconde peau. Père (David Niven fidèle à lui-même) et fille craquants de complémentarité et pourtant à deux doigts du lien incestueux... Au positif, les chichis dont on use tous pour cacher la peine, des minutes de danse exceptionnels qui conduisent vers ce long épisode de fête avec les musiciens au milieu. Leur vitalité intacte induit son revers, la griserie du casino, de la fièvre automobile. Il se fait attendre mais il arrive, le grain de sable qui fait dérailler le précieux agencement de façade et justifie le titre... Merveilleuse Déborah Kerr !
  • LA P'TITE LILI (1927)
    Note : 13/20
    Titre bon enfant, mais ne vous y trompez pas. Le cinéma muet de 1927 comme à travers l'étoffe d'un sac à patates, entre dessin animé et cinoche... Rappel de la plus ancienne manière féminine de gagner sa croûte (plus d'une y succombe encore en 2007). Pourrait être diffusé dans les salles obscures en avant-programme des longs métrages en lieu et place de la pub, enfin, sans cette sacrée nom de d... d'bon dieu d'question d'argent !
  • DU SILENCE ET DES OMBRES (1962)
    Note : 18/20
    Très agréable à suivre grâce à l'interprétation et au plongeon familier d'une habitation à l'autre. Efficace pour rappeler qu'une erreur judiciaire est vite arrivée lors des récessions. C'est un film très moral exaltant le rôle du père veuf qui éduque, ferme mais toujours aimant. Les enfants trépidants, surtout la fillette (Mary Badham) devraient marquer les esprits tout comme l'étrangeté changée en épouvante (à partir de bruits, d'une balancelle qui tangue, de très peu de moyens) une fois la suspicion établie. L'action se passe principalement pendant les vacances estivales, canicule jour et nuit très favorables aux échappées des enfants intrigués, dont une fois pour la bonne cause. La plaidoirie de Gregory Peck en humaniste à toute épreuve constitue le moment crucial du procès. C'est plein de vie à l'écran, juste un peu de poussière par endroits comparé aux raccourcis utilisés depuis les sixties. La trame paraît fidèle au roman de base (d'après sa présentation par Gregory Peck himself en bonus du dvd). Sans se bercer d'illusions sur l'art de neutraliser la mauvaise foi collective, on est instruit sur les bienfaits de la vérité, même maquillée !
  • LE VOYAGE DE LA HYÈNE (1973)
    Note : 15/20
    Projeté au 32ème Festival des 3 Continents 2010 ce Touki Bouki = "le voyage de la hyène". Images du début et de fin difficiles à soutenir : ces longues scènes de buffles traînés et qui savent sont très appuyées... Une oeuvre qui date de1975 mais assez éloquente pour que des déductions viennent à l'esprit en 2010. Ce n'est pas un film sentimental. Le couple de Mory et Anta sent le business d'entrée de jeu. Deux copains que le désir d'eldorado motive, point. Est bien présente l'atmosphère foutraque de Djibril Diop Mambety en revanche, des hauts et des bas sans prévenir, excellemment accompagné de Wasis Diop, son frère cadet à la bande-son. Sur la litanie de Joséphine Baker " Paris c'est sur la terre un coin de paradis", ça frime sec et l'hystérie est souvent au rendez-vous entre deux frasques. Film d'action, la hyène va en connaître de belles si l'on en juge par "Hyènes" justement, l'oeuvre de 1992 du même réalisateur. Peu importe, on suit amusé la moto à corne de zébu.
  • LE FRANC (1994)
    Note : 16/20
    Projetée au 32ème Festival des 3 Continents nantais (2010), cette "débrouille sénégalaise" datant de 1994. A première vue, le réalisateur Djébil Diop-Mumbéty (mort d'un cancer du poumon en 1998) veut amuser par le biais de Marigo, le "Buster Keaton local", un chanceux en marche dans Dakar avec sa porte (il circule allongé dans un taxi). Ahuri ou halluciné, on ne sait trop, le gars n'est qu'automatismes et chutes. Ses familiers, un nain et une logeuse. Trois portraits bien croqués... Derrière le billet de loterie, l'accablement : le franc CFA fut dévalué de moitié en 1994 par rapport au franc français. Il s'agit donc d'un "pansement" comique sur le malheur d'un peuple. Une naïveté de pure forme pour démontrer bien plus grinçant. C'est égal, on passe 45 minutes de bonheur visuel et sonore à trembler pour ce grand escogriffe.
  • SINGAPORE SLING (1991)
    Note : 16/20
    Le breuvage "Singapour Sling" datant de 1913 au légendaire "Raffles Hotel" de Singapour serait devenu ensuite "Straits Sling", un cocktail destiné aux femmes, une boisson bien raide... Quelle épreuve que d'avoir à noter cette fulgurance de 1990, on se demande si Nikos Nikolaïdis, ses deux actrices et leur homme-jouet ont survécu à l'épouvante... On est envoûté par l'image en noir et blanc et les cadrages suggestifs, la lumière, l'eau abondante, la terre à pleines mains. Du grand-guignolesque que ces accoutrements de dentelles et broderies, la maison sanctuaire, et le lit de torture... Délire annoncé par mille détails, mais classe picturale, musiques raffinées, voix off masculine et féminines insolites, du français aussi dans le texte, une atmosphère tendue, quelques accès de tendresse sensuelle, qui font qu'on continue à regarder en se disant "bienvenue chez les fous". Crescendo s'infiltre du "dégueu", "trash", ou "gore", enfin, "bêrk" ! Ou alors "ah ah ah !", le rire libérateur, trop drôle ce cinéaste, il va si loin qu'il se ramasse ! Bon, c'est un film empoisonné à coup sûr, à éviter si l'on est un peu nervous breakdown tout seul chez soi par temps gris mais... Une rare occasion de visiter les recoins d'alcôves de notre société amortisseuse de chocs : séduction et toute-puissance, inceste et psychose, pulsion de vie et de mort... Elles sont folles à lier et on s'évertue à craindre pour lui et sa Laura chimérique, soit... C'est un humour de fossoyeur à bien des égards, quoique braquer ainsi pleins feux sur les pulsions primitives de l'animal humain force le respect, une fois remis de ses émotions on s'en aperçoit.
  • LE CHEVAL VENU DE LA MER (1992)
    Note : 18/20
    Découvert aux "Goûters de l'Ecran Univerciné britannique 2010" du Katorza nantais : le traitement emprunte au réalisme de Ken Loach mais tout vient de la présence du cheval "Tir Na nog" (éternelle jeunesse) chargé du fantôme maternel... Au début, on s'attend à un gentil conte du style Crin Blanc ou Poly, le cheval indomptable qui fascine à force d'échapper aux humains pour galoper... Déjà plus impressionnant quand l'équidé stationne au ras du plafond dans les intérieurs, s'égare avec les deux frères dans la campagne irlandaise ou entraîne l'enfant Ossie vers l'élément liquide... C'est remuant, rude, sans concession pour les a priori des policiers locaux et en même temps féérique virant au fantastique par moments... De Dublin, on passe à l'ouest de "l'Eire" (sauf erreur, l'aride Donegal agrémenté d'un miraculeux carré boisé et les falaises de Doolin)... Au moment où chacun croit l'histoire pliée, une femme paraît et déclenche un deuxième film dans le film ! Pour enfants avec explications sur deuil, exclusion... Ne pas s'y méprendre : en sortie de salle et à lire les témoignages des spectateurs d'Arte, adolescents et adultes en ressortiraient aussi chavirés si ce n'est plus !
  • LOVE (1969)
    Note : 17/20
    Vu le dvd en mars 2008. On reconnaît bien "la patte" de D.H. Lawrence, aujourd'hui célèbre rien que pour "L'amant de Lady Chatterley" récemment porté à l'écran. Pourtant un écrivain maudit de son vivant, trop "sexuel" et aussi très tâtillon, un oeil de "psy" avant l'heure, un rien tourmenté, il osait dénoncer les coulisses de la bonne société anglaise autour de 1900 : ce dont il est question ici. Départ très alerte, ce qui laisse rêveur. Des convoitises muettes, une homosexualité latente derrière une amitié "à la vie à la mort", et ce mariage juvénile à grand fracas. Ces eaux si vivifiantes... On plonge dans le plus simple appareil, attention aux courants... Des hommes nus s'empoignent, se mesurent en gage de fidélité, des fois que ces harpies de femmes... Par ailleurs, ces dernières sont stupéfiantes de détermination sous leurs masques, tout sauf rester des vieilles filles coincées. Un étonnant voyage dans les âmes masculines et féminines au fil des épreuves. La nature et les pulsions sont étroitement mêlées, la nudité des corps est celle des tout-petits, avec ce trouble entre plaisir et tentation de pousser vers l'ultime, pour ne jamais risquer la baisse de régime. Mais la fin se veut pleine d'espoir, avec ce couple hétérosexuel empli de tendresse.
  • MOLOM CONTE DE MONGOLIE (1995)
    Note : 15/20
    Yonden raconte son parcours initiatique. Le chamane fait penser à Dersou Ouzala à bien des égards. On a les beaux paysages désertiques appropriés, ce charme du petit abandonné que les loups acceptent. Il y a bien l'alternance d'affection et la rudesse volontaire pour endurcir le jeune homme. Bien aimé l'entrée en matière, les choeurs musicaux du début. Mais ensuite je suis restée un peu sur ma faim dans cette marche initiatique, sans doute parce que l'issue reste dans le vague. C'est pourtant bien filmé, digne d'être projeté aux scolaires contemporains, mais l'ensemble est trop lisse, à visée éducative seulement (ou parce que c'est avant tout à l'intention de la jeunesse ?), il y manque une prise de position ou alors un imprévu quelconque.
  • LES OISEAUX LES ORPHELINS ET LES FOUS (1969)
    Note : 13/20
    Il s'agit donc d'un contournement des atrocités totalitaires. Et non un tour chez les détraqués de la part d'un petit-bourgeois. La fiesta de début se change vite en cauchemar pourtant. A cause de la schizophrénie d'ensemble, on commence à traîner la patte, comme infiltré chez des drogués en phase aiguë (pas loin des débordements de "Singapore Sling", autre pépite qui laisse partagé). A partir de la confidence de la petite fille, ça frise l'insupportable. C'est pourtant toujours bien troussé à l'image, ludique, poétique, assez pour qu'on désire connaître l'issue. Le fait est que ce déballage sophistiqué de l'humain bestial avant tout vaut surtout pour son apocalyptique conclusion (épouvante et fascination en même temps. Jusqu'à y revenir plusieurs fois grâce au dvd !). Renvoyant au titre, l'envol d'oiseau au bout du supplice est un morceau de roi ! Le réalisateur soucieux d'évacuer son lancinant mal-être aurait sans doute gagné à un peu moins déjanter avant ou alors à y mettre plus de fond. J'avoue avoir admis les montées en puissance et en général zappé aux moments trop "barrés"
  • FARGO (1996)
    Note : 18/20
    Tous caricaturés autant qu'ils en sont : le temps passe vite pour peu qu'on adhère à l'humour sous-jacent, parfois lent à se faire comprendre, parce que ça cogne dur, et saignant. D'accélérations en fausses-pistes, on essuie donc quelques chocs dont l'écho se prolonge dans les tympans... Si les hommes affichent des expressions révélatrices de leurs impasses, honneur aux dames ici, particulièrement croustillantes, accent et mines rappelant Betty Boop... Cette femme-flic flanquée d'un mari la couvant elle et son oeuf (épouse du réalisateur à la ville !) vient subrepticement troubler le business des lascars englués dans leur complexe projet. Le froid, constant, ajoute au cauchemar... Lancinant et tout à coup haletant, toujours avec un relent d'hilarité, le téléphone sous la porte, le rideau de douche, ce coup de pelle, "l'opération broyeur". Et le clou, cette gendarmette dans le vacarme, pistolet dans une main, de l'autre désignant son képi... Les frères Coen évitent l'imposture par le contraste du "cocooning" en contrepoint de ces frasques à la limite de l'hallucination parfois, ce qui fait qu'on réchappe de ce plongeon dans le banditisme nord-américain bien plus médusé que meurtri. A voir et revoir quelle que soit l'humeur, rien que pour l'art et la manière !
  • DÉSIRS HUMAINS (1954)
    Note : 16/20
    Encore un excellent Fritz Lang des années hollywoodiennes à voir en v.o. ! Loin de "La Louison" française de Jean Renoir et des "gueules noires" qui vivaient dessus. C'est la peinture du rail US à son démarrage industriel, à peine quelques fumées gris clair, conducteurs aux allures de superviseurs, bien qu'accrochés nuit et jour à leur fonction par ce dédale de rails et de wagons au ras de leur home. Vicki Buckley (Gloria Grahame) incarne ici la dépendance féminine des années cinquante, d'abord forcée au pire par son vieux mari avec cette odieuse lettre, mais elle use très vite d'un ton doucereux et d'un rouge à lèvres qui déborde, prudence donc... En fait, tout tourne autour du libre arbitre masculin dans la complicité du couple, dont le moteur reste le désir toujours capricieux et impossible à mettre sur le même pied d'égalité pour les deux sexes. En supplément, la hantise masculine de se risquer à épouser beaucoup plus jeune que soi (adorable petite consumée aux yeux brillants). Quelques scènes familières dans la maison, la cuisine encore, cette soupe froide, la cachette du butin, l'intérieur d'après-guerre auquel toute famille estimait avoir droit... Une version qui s'avoue inspirée seulement de "La Bête Humaine" de Zola : l'analyse sociologique, bien que transposée outre-Atlantique, est incroyablement proche de celle de l'écrivain.
  • GHOSTS ON THE LOOSE (1943)
    Note : 12/20
    Il y a beau avoir à l'affiche Bela Lugosi et Ava Gardner (sans le panache qu'on lui a connu ensuite), cette comédie d'une petite bande de potes fatigue plus qu'elle ne fait rire, trop légère pour nous asséner le nazisme en tant qu'espion fétiche, respectable pour l'époque mais vraiment trop lourdingue sur dvd en 2009... J'ai zappé sans trêve ces bavardes déambulations dans des pièces anonymes, et ouf, suis enfin arrivée au dénouement. Très "pétard mouillé" quand on y repense quelques jours plus tard, l'impression d'une grosse farce qui débouche sur quelque chose d'anachronique.  .
  • L'ÉVENTAIL DE LADY WINDERMERE (1925)
    Note : 19/20
    Ce dvd, suppléments inclus, est à se pincer tellement il fait contemporain dans ce qu'il explique de la fragilité humaine. On y trouve des portes gigantesques, des têtes dépassant de haies ou de tableaux, des intrigues autour d'un éventail personnage à lui tout seul. Plus toutes ces ellipses espiègles, propres au muet et valant mille plans. Attention à l'histoire par petites touches superposées qui met un malin plaisir à égarer le spectateur. L'intrigante la plus âgée, de menteuse au dernier degré peut virer héroïque tandis que la jeune courtisée se pâme par ce qu'elle croit avoir vu. Hommes et femmes dans leur perpétuelle ambivalence, à la fois très unis et d'une farouche indépendance individuelle. Riches et pauvres chacun dans leur monde, pas un merci aux domestiques servant le champagne... Les coeurs chavirent dans des stratagèmes filmés par le menu. On devine tout... En musique de fond, un petit piano précisant les tendances de l'action sans jamais fatiguer. Peu de texte, superflu tant c'est expressif, facile à cerner. Peu importe que ça soit muet ou plutôt tant mieux même !
  • COMEDIENNES (1924)
    Note : 19/20
    Aucune souffrance du manque de dialogues, au contraire, tout réside dans les attitudes, c'est un délice non stop. On a son compte de quiproquos et de moues explicites aux moments cruciaux qui feraient presque regretter le vaudeville bavard d'aujourd'hui. Ils poussent le bouchon ces hommes et femmes, pas toujours décidés, presque contraints parfois au départ. Pour s'en sortir tous gagnants à leur manière, un rire à gorge déployée, une fuite en diagonale, une posture figée. Et pourtant que de coups de canif dans la bienséance ! Rien de tel qu'un bon Lubitsch pour ne plus désespérer de la nature humaine, qu'on jurerait, à quelques détails près, la même en 1924 qu'en 2011 sur le plan des moeurs. Le pire est bien ce mari à la chaussette non reprisée du début du film, il s'avère bien plus redoutable que sa négligente moitié. Un faux débonnaire d'une habileté confondante à remettre les pendules à l'heure !
  • L'EMPLOI (1961)
    Note : 17/20
    Charmante caricature de la bureaucratie milanaise d'il y a plus de quarante ans, grâce au dvd (v.o.) visionné en mars 2009. Ceux qui ont commencé à travailler entre les années soixante et soixante-dix devraient sourire plus d'une fois... Le jeune homme, par son visage transparent, exprime bien les premiers pas professionnels, les examens souvent idiots, et puis ces minutes à l'aventure et à la merci des humeurs de ceux bien en place, l'ennui dans des travaux répétitifs pour faire ses preuves... Avec les sacro-saints horaires. Et pour des besognes d'intensité et d'utilité variables, à côté d'êtres brandissant leur grade le cas échéant... Filtre aussi la générosité, tout n'est pas mesquinerie (le poisson rouge), rien de lugubre, mais de la familiarité : c'est un très beau noir et blanc sur un rythme constant, et au détail qui imprime sa marque (largement autodidactique ?)... Une scène déconcertante de solitude en société : le "débordement" répété, sous forme de sauterie, une fois l'an, les non accompagnés ayant droit à une bouteille en entrant... En attendant d'acquérir un brin de résignation, notre employé va avoir besoin de s'amarrer à une jeune fille croisée aux examens et embauchée à un autre étage, approche fluide, prometteuse, ils se donneront la main en courant et savoureront un café en tête-à-tête lors de la pause-déjeuner (qui donnerait envie de filer en Italie rien que pour une tasse) ! La parfaite élocution, la musicalité du parler milanais donnent du plaisir à suivre ce film tranquille. S'ajoute la timidité du jeune homme face à la jeune fille déjà rompue à son rôle futur : on songe irrésistiblement (mais à l'envers) à la romance "Non ho l'età" de la chanteuse Gigliola Cinquetti quelques années plus tard (1964)!
  • ROSE DES SABLES (1988)
    Note : 17/20
    Produit par la la Médiathèque des Trois Mondes, cette vidéocassette (visionnée en mars 2009) échappe au fréquent classement "pour enfants" des oeuvres traitant des aléas de guerres : nous sommes en présence d'un personnage bien touchant, un adulte dans un corps handicapé-moteur sévère (la cassette mentionne "infirme de naissance") mais tout le reste est intact, un être plutôt brillant même : Moussa et l'élégante Zineb (qui travaille dans une usine de transformation de dattes) cohabitent dans le désert qui avance toujours davantage... Entre modernité et traditions, la solidarité alentour les assure d'avoir nourriture, eau, soins. Habile réflexion sur l'ironie du sort, en contournant à l'aide d'une autre femme que Zineb, cette option pressante pour toute créature féminine de se marier (on aime après la cérémonie...), parole biblique et hommage au sang familial au-dessus de l'individu. Magnifiques cadrages dans le désert, ombre, lumière rosée, je pense aussi à ces clapotis près du lac, à la rose à arroser comme un rite emprunté à St-Exupéry... Complicité du quotidien de ces deux êtres purs, soudés par les épreuves. Peut-être un peu trop de va et vient dans le sable, en voiture-bus, ou sur Mercédès, la bien-nommée... Le rythme immuable peut donner envie de forcer l'allure, que cela n'empêche pas de saluer la fraîcheur de Moussa, sa philosophie de rescapé (on rit beaucoup en sa compagnie de cet homme réfléchi, amoureux, au beau visage serein), cette démarche qui le caractérise aussi, un exploit physique sans l'ombre d'une plainte. Le regard de Mohamed Rachid Benhadj est d'une infinie délicatesse en dévoilant aussi des domaines où l'être trop différent est tacitement hors jeu... Mais voici qu'une toux réveille le spectateur assoupi : pour le virage final, assez corrosif dans ses étapes, Moussa bouleverse comme ces amis monocordes qu'on a eu tort de négliger. Larmes des dernières minutes, mais aucun misérabilisme pourtant dans ce film d'où l'on ressort avec une profonde envie de vivre !
  • LE DERNIER DES HOMMES (1924)
    Note : 18/20
    Une musique guillerette sur des images sépia d'une étonnante fraîcheur (on ne se lasse pas de tourner et retourner dans le clair-obscur de ce quartier). Nul besoin de carton d'explication, la caméra furette aux abords de l'Hôtel Atlantic, où s'ébroue une sorte de seigneur bienveillant, sous une pluie qui ne sait plus s'arrêter... Rien de tel pour deviner, sous tant de courbettes, une débâcle quelconque, elle viendra s'afficher en police d'écriture géante sous nos yeux. En 1924, il fallait aussi un rendement sans faille, les vieux laissaient la place aux jeunes, loi immuable de la nature... La conviction de la perte d'identité à travers la perte d'uniforme (la noble livrée et son couvre-chef) au profit de la blouse impersonnelle d'un besogneux de sous-sol, l'hilarité générale ou presque... Quelle descente ! Heureusement émaillée de scènes délicieuses, avec l'épouse aimante et sa cafetière, la fille sortant son gâteau de noce du four, ce visage ravi gobant des huîtres... Ensemble peut-être un peu longuet à vouloir enfoncer le clou ? Admettons, c'est un film du bon vieux temps mais dont le propos qualifie on ne peut mieux le vingt et unième siècle, hormis la volte-face finale, quand même un peu "grosse"
  • WILL HUNTING (1997)
    Note : 16/20
    Le début est un peu convenu : castagne de gamins, réprimandes adultes en conséquence, homosexualité latente du cinéaste perceptible à travers ses gags... Matt Damon captivant dans ce rôle de surdoué à part, bien qu'invraisemblable dans sa virtuosité, mais on choisit de marcher, c'est carré, quelque chose va se passer... J'attendais Robin Williams de pied ferme et n'ai pas été du tout déçue ensuite. Car le film prend alors de l'épaisseur, le doute s'insinue, une certaine poésie aussi, et on approche de l'explication justifiant les turbulences appuyées du début. Jusqu'à l'émotion véritable, ces barrières tellement tenaces, à faire sauter obligatoirement. Atmosphère toujours supportable, la bande-son apporte sa juvénilité comme "en direct de la côte californienne", tout en restant d'une discrétion feutrée. Autre talent de l'équipe de Gus Van Sant, savoir "couper" quand il le faut. Jamais de surcharges, avec une psychologie qui tient la route sans fatiguer les méninges ! Hé bien finalement j'ai bien aimé, ri et même pleuré une fois, moi la quinqua qui croyais, d'entrée de jeu, avoir affaire à un film-culte réservé aux 15/30 ans grand maximum !
  • UNE PETITE SOEUR POUR L'ETE (1972)
    Note : 12/20
    Vu en v.o. et en couleurs au Festival des Trois Continents 2007. Une histoire familiale très enchevêtrée en bord de mer, une jolie musique ponctue cette difficile romance. Or donc, une jeune fille en minijupe débarque, très bien dans sa peau. Elle a pour principale compagnie sa belle-mère, nouvelle épouse toute jeune de son paternel, cette dernière moins à l'aise, en pleines manigances : il est question de lettres, d'un secret de famille créant un obstacle, c'est confus et vite lassant.. un jeune guitariste, très sexy avec sa veste ouverte, serait l'enjeu de ces deux dames... Un jour (bienvenu car on se languit ferme), la famille élargie se retrouve pour se détendre, mais surtout débattre (l'occasion, pour Oshima, de jouer habilement, comme le ferait un peintre, sur les contrastes de couleurs de la plage). Enfin, toute idée de "faute" est balayée, le spectateur soulagé de sortir du risque consanguin sous-entendu. Un film un peu alambiqué à mon goût.
  • UMBERTO D. (1951)
    Note : 19/20
    19,5/20 : Chef-d'œuvre type des bégaiements de l'histoire. De néo-réaliste à misérabiliste il n'y a qu'un pas en 2014 où l'on peut toujours dégainer de rassurants slogans "il y a toujours eu des riches et des pauvres ", "c'est là une minorité" ou mieux encore, "ils l'ont bien voulu" ! Au démarrage, des retraites versées en retard, une manifestation dispersée par un genre de voiture-bélier des forces de l'ordre ! Dégradation des moeurs, radicalisation des comportements, le retour maître-esclave comme allant de soi. Peu d'individus encore sains, tous à profils bas, très lucides au bord de l'asphyxie. Les pires représentations de l'imaginaire collectif à l'honneur. Il faut être de marbre pour s'abstenir de parallèles contemporains plus le film se déploie... Avec une économie de mots, des gros plans expressifs comme au sortir du cinéma muet, Vittorio de Sica martèle, "voilà les politiques austères" ! Italie des années Cinquante en noir et blanc hier, Grèce et autres cibles potentielles d'aujourd'hui. Attention au vide et aux trains ! Un film qui fait adorer les petits chiens, surtout ceux de race imprécise.
  • UN INSTANT D'INNOCENCE (1996)
    Note : 16/20
    Depuis quelque temps, le très controversé cinéaste Mohsen Makhmalbaf choisit de préférence l'Afghanistan pour réaliser ses films de manière détournée par rapport à son Iran natal, au régime à nouveau durci depuis le Shah, période qui lui avait valu 4 ans de prison... Ici, on découvre, sous forme de petites scènes décousues et dans le froid hivernal iranien, les valeurs de "L'Atelier de la famille Makhmalbaf" (père, épouse et filles, un clan de cinéastes passionnés que le monde entier reconnaît en 2008...) : au programme, école, culture, bref, le savoir et le discernement, tout cela dans la bonne humeur pour les deux sexes. La forme peut rebuter d'emblée, s'habituer aux claps, aux tergiversations... Mais plus ça avance, plus c'est espiègle, généreux, on sent le gars qui s'est forgé sa philosophie et tient à la transmettre. Sous son regard, on apprend à être soi et "No matter what they say" !... Voilà que les femmes voilées sont épanouies, toujours superbes avec leur auréole autour de la tête, sans fard et discrètement admirées, avec le must inattendu : être instruites pour elles-mêmes. Grande qualité d'image et de son, ces larmes du jeune acteur impressionné par le couteau, nul doute qu'il l'a ressenti ainsi... Régler les conflits latents sans mentir, et sans pour autant exploser, on est loin du stress qui grignote l'individu, ça fait du bien !
  • CASINO (1995)
    Note : 11/20
    Revu en dvd v.o.en 2007. Une avalanche d'images et un bavardage non-stop, plus des querelles et sévices, que de palabres, il était possible d'en mettre un peu moins... Chaotique donc, mais bien construit, avec ces chansons des Rolling Stones en contrepoint. Une visite dans un lieu mafieux, en compagnie de ce "bon" appuyant tellement sur la confiance au point que c'en est suspect, beaucoup de suspense quant à sa survie (mais étonnant silence du sort de l'enfant du couple). Belle prestation de Sharon Stone face à de Niro, bien que marre chez Scorcese, des femmes bellissimes et putissimes, on les sent trop d'office perdues, hachées menu à petit feu... En tout pour environ 2h50 (mais j'ai parfois accéléré le déroulement). De bonnes scènes cependant, en particulier des passages désopilants (j'ai ri !), ces commandos qui débarquent canarder tout le monde (sauf à la fin où c'est vraiment trop dégueu)... Sinon, c'est magouille sur coup fourré, vacherie et gare à ta gueule...Un ensemble très instructif sur l'étendue de l'imbécilité humaine à courir après le factice jusqu'à plus soif.
  • BAD BOY BUBBY (1993)
    Note : 15/20
    Une chose insolite que ce Bad Boy Bubby... A condition de tout de suite se positionner dès le premier quart d'heure - entre gravité et hilarité, avec des oscillations - c'est certes d'un goût abrupt, mais sans choquer au-delà du supportable (j'ai eu peur au début avec le chat, cette mère dégoûtante, et le père de retour d'on ne sait où, leur grand coup de gueule donne le ton à adopter, j'ai pu rire comme en France avec certains films de Mocky, mais d'autres peuvent très bien aller dormir...). Surprise que cette philosophie qui monte soudain très cohérente, sans appel, négation pure d'un Dieu "tueur d'enfants", que Bad Boy Bubby, transcendé par la musique, ne s'embringue jamais dans la foi religieuse une fois à l'air libre (le film date de 1995). L'ironie de ce masque à gaz pour aller hors du bouge maternel prend alors tout son sens, dehors, bienveillance et scélératesse ont le mérite d'ouvrir des horizons... Un certain effroi que cette plongée dans le handicap lourd, + cette baffe chez les parents très "collet monté". Les enfants à l'honneur sur les dernières images donnent la santé qui manquait et laissent augurer que Bad Boy Bubby sera proche d'eux bien plus qu'un père ordinaire... Dommage que des lourdeurs, des redondances font virer au grotesque sur le plan musical scénique car cet errant à la trajectoire improbable finit par faire croire qu'on peut remonter des enfers !
  • LE JARDIN DES DÉLICES (1967)
    Note : 19/20
    Oeuvre controversée à sa sortie, cette libre inspiration du tableau de Jérôme Bosch emporte loin du bain moussant de son édition vidéo et ne souffre pas outre mesure d'avoir été amputée de presque une demi-heure pour cause de censure. Outre (dans ce rôle) le statique Maurice Ronet entre ses deux créatures, c'est un scandale éducatif et religieux totalement assumé. Le titre pose question, le temps que la lune de miel s'agrémente de précieux flash-back... Quelques détails tirés du tableau éponyme du peintre s'intercalent, paradis enfer, les pics de la vie... Sauf qu'ils sont mariés la veille et déjà plus sur la même longueur d'ondes (en 1967 à l'heure italienne). L'invitation à suivre un beau couple sans cesse dérangé par une châsse d'eau, véritable empêcheuse de tourner en rond. Se devinent un scénario ne laissant rien au hasard, un montage méticuleux, un raffinement apporté aux différentes atmosphères (les fondus au blanc rappellent Tarkovski ou Bergman dans ce qu'il a de meilleur). De haute volée picturalement, minimaliste côté dialogues du fait de l'éloquence à l'écran, tous ces plans très rapprochés... Une bande-son honorable (un peu inégale ?) signée Ennio Morricone. La liberté du mâle qui "a tout pour être heureux" avec sa divine épouse semble tout à coup fadasse, pulvérisée dans le désaccord intime. Le mythe de la perfection (apparente) basculé de son socle ! Sans ce réchaud qui bout, ces rails, ce pourrait encore être une petite crise existentielle surmontable pour un habitué du stoïcisme. En attendant, on est à fond avec ce médecin dont l'enfant intérieur réclame vengeance. Cinéaste du vrai, trop "personnel" pour le box-office, Silvano Agosti réconcilie avec l'oeil humain, pour lui la première caméra au monde !
  • DEUX SOEURS VIVAIENT EN PAIX (1947)
    Note : 16/20
    A voir en v.o. pour en goûter toute la finesse. On passe un bon moment, surtout si l'on réalise que cette comédie très enlevée fut tournée en plein maccarthysme, période où on ne rigolait pas vraiment. Et pourtant, charme fou des dialogues, des situations, des interprètes, chacun à son affaire, y compris cet oncle psy... Ce délicieux quart d'heure où les portes claquent les unes après les autres. On est en 1947, les familles recommencent à se chamailler comme avant guerre, c'est présenté comme étant bon signe... Le petit plus, en dehors du piquant créé par Cary Grant virevoltant entre les deux soeurs, est le tempérament de "la juge", une fausse froide qui laisse mijoter son attirance comme elle le ferait d'une enquête minutieuse, avec des moments de doute, mais si peu, car il faut bien se lancer sans avoir l'air d'y toucher. Au moment où on croit tout compromis, il suffit donc d'un billet d'avion.
  • BRUMES (1935)
    Note : 16/20
    Vu en 2008 sur dvd (v.o). Tout de suite, on pense à Mermoz, à St-Exupéry, ces aviateurs mythiques des années Trente qui se sont frottés à ce "Ceiling Zero", le brouillard complet, la visibilité nulle. Inconfortable mais salutaire de se laisser guider par sa base, encore faut-il que la radio fonctionne de part et d'autre... Livrer le courrier en temps et en heure, éviter que la hiérarchie doute de la ténacité du pilote là-haut dans son habitacle. Et cela qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il gèle bien en-dessous de zéro degré...Le duo James Cagney/Pat O'Brien fonctionne comme si on y était, à croire que les soucis hiérarchiques et amicaux traversent les années sans s'altérer(portrait savoureux de l'équipe à l'oeuvre, notamment du chef sévère mais juste, respecté et craint, quand l'encadrement met la main à la pâte au même titre que les subalternes, en s'impliquant dans les décisions qui engagent corps et âme. Ce film permet, bien entendu, de mesurer les énormes progrès techniques accomplis depuis ce temps-là, où tout faisait métal brinquebalant, carlingue en plein vent pour des missions quasi inhumaines... Plastique et psychologie des personnages en revanche quasi contemporaines. Quelques émotions et cet à-pic de héros pris à son propre piège laissent deviner à quel point les questions d'honneur l'emportent sur tout.
  • BREEZY (1974)
    Note : 18/20
    Très jolis portraits de rescapés de l'existence qui ne souffre pas trop du décalage horaire (elle incarne l'état d'esprit hippie et lui est agent immobilier au pays de l'Oncle Sam). Rien de choquant pour les femmes vieillissantes qui ont la hantise d'être détrônées, Eastwood évite ce piège de gros macho à pensée unique. L'analyse est fine, l'image toute en clair-obscur, le ton très second degré va jusqu'à braver le qu'en dira-t-on après crise de rage mais sans tomber dans l'illusion qu'un vieux avec une jeunette représente l'assurance masculine contre le déclin, au contraire, on sent l'échange de deux tumultes à apaiser et ensuite le désir d'indépendance comme la sieste après un bon repas.
  • L'APPÂT (1994)
    Note : 15/20
    Malgré l'effroi ressenti face à ces trois jeunes monstres ne reculant plus devant l'impensable, cette oeuvre de Tavernier, partie du quotidien d'un trio d'amis débutant leur autonomie à tâtons mérite qu'on s'en imprègne. Toujours mieux que de rêver sur l'angélisme que la jeunesse devrait incarner. Voici des adolescents à priori gâtés par l'origine et par la nature, on ne sait trop si c'est l'ennui, toujours est-il qu'ils s'amusent à déraper légèrement, et vont au bout d'un fantasme plus corsé. Orgueil idiot, manque d'imagination, ils semblent insensibles à la douleur d'autrui et visent le pouvoir rien que lui, exactement comme des délinquants à force d'en baver, parfois de naissance. Charmante équipée changée en petites frappes du jour au lendemain, la fille peut-être plus hideuse que ses deux comparses. Tous trois affublés de leurs travers de gosses gâtés, voilà qui est constant en revanche. A claquer. Une réflexion sur les revers d'une éducation où actes et paroles adultes sont en sérieux décalage, laissant croire qu'on peut rester petit dans sa tête et jouer éternellement avec les situations et, pourquoi pas, son prochain, ce nigaud ! Rançon d'une société qui use de répression trop souvent sans impunité. Sans doute un peu de tout ça. Très actuel en 2008 !
  • POWDER (1995)
    Note : 15/20
    Film de 1995 vu en dvd en 2012. Grosse faute que cette musique grandiloquente façon nouveau western étasunien. Elle sonne histoire pour la jeunesse. Une qualité majeure en revanche d'avoir sorti progressivement de l'ombre le personnage deviné dans le dolorisme de sa couveuse, autre chose que "Rosemary's Baby" ! Un visage de talc aux récepteurs frémissants, dégaine exploitable dans une série télévisée, encore plus quand il donne la réplique à cette rousse à peine effleurée. Les aspects scientifique, métaphysique, pratique s'entrechoquent, le médiateur-sauveur, le flic borné, l'humour potache estudiantin avec la grosse bagarre, la bonne panoplie compassionnelle, tout ce qui justifie la bande-son lénifiante affaiblissent les capacités qu'on sent chez ce personnage insolite. Ce qui rend les éclairs orageux sur commande aussi attendus que des respirations. On est sans façons du côté du rescapé de la foudre (Sean Patrick Flanery) quand il court vers le faisceau fatal. Non parce qu'il a raté sa vie mais parce que ce qui était prometteur perd de sa superbe en cours de route à cause de l'ancrage conventionnel.
  • MORGAN, FOU A LIER (1965)
    Note : 16/20
    Morgan semblerait en 2011 un fantôme des doux dingues circulant à cette époque-là, imprégnés des stars produites par "Le Swinging London", manière de s'habiller, de se comporter, de penser... A l'environnement ingrat, industriel, répondent le design, la photo, la mode, la musique : une vie d'artiste. Aujourd'hui, qui sait, on mettrait Morgan en prison ?... Sorte de Grand Duduche imbibé de King-Kong, de Tarzan et Jane, il est l'amoureux qui se rabat sur le communisme, effondré que sa belle lui préfère un bourgeois afin de reprendre une identité plutôt houspillée... Plane la grande pulsion des sixties, cette formidable zone de liberté d'après-guerre qui gommait les différences de milieux. Une embellie économique évidente, un bond en avant des moeurs et pourtant l'envie de révolution typique des étudiants avides de paix sur terre attisée par les grands penseurs. Un noir et blanc foutraque aux images qui parfois s'accélèrent comme dans Benny Hill... Des moments lancinants, de "glandouille" et d'autres, magiques, le policeman qui compose avec la modernité, l'accent cockney dans le café maternel, le feu au dos du gorille... L'occasion aussi de retrouver Vanessa Redgrave, un modèle de pionnières des années soixante avec coupe de cheveux et silhouette très petite fille, mine de rien déterminée malgré un brin d'hésitation dans ses choix intimes.
  • LOLA (1960)
    Note : 16/20
    Sortie officielle 2012 version française remasterisée. On est transporté années soixante (Nantes centre, le Katorza, Les Dames de France de la Rue du Calvaire), une ambiance proprette de port encore actif quoique peu grouillant, sans doute faute de moyens... C'est frais comme un premier film de cinéaste qui a "quelque chose". Sublime fête foraine, ce ralenti de l'ado avec son yankee, fugace, typique de la préadolescence... Les minauderies de Lola (Anouk Aimée trop maquillée) peuvent hérisser les nerfs (même Gréco avait cette élocution précieuse typique de Bardot en ce temps-là, la Nouvelle Vague tira parti de ces chatteries souvent en les renforçant). Summum ici, un rire de bécasse ! Se boucher les oreilles ou couper le son afin d'avoir la tendresse pure à l'image, la rudesse étant réservée aux deux petites de quatorze ans... L'enfant Yvon passe longtemps pour un lutin muet à placer, déplacer... Dialogues parlés (on échappe au brame chanté de bout en bout), angles choisis variés, déroutants. On a la french touch du film avec les entrechats du cabaret et surtout la chansonnette éponyme, l'androgyne Marlène Dietrich n'est pas prête d'être détrônée... En entendant chuchoter "Michel Michel" on peut aussi glisser vers un autre film célèbre... Il n'empêche, ce premier long-métrage émeut comme l'enfant des premiers pas qui commence à se lancer... C'est rempli de captivants jeux d'ombre et de lumière. Le sort de ces gens reste suspendu pourtant, avec cette tête retournée dans la voiture... Et puis il y a ce Roland échappé de "l'étranger" de Camus... Tragi-comique, un peu eau de rose, voire c... la praline, la nostalgie vous prend en entrant et en sortant de ce film qui décrit l'embellie apparente suite aux deux grandes guerres.
  • LES PROIES (1971)
    Note : 18/20
    Les deux sexes en prennent pour leur grade dans cette ode à la tentation, encore plus exacerbée car se déroulant en fin de guerre. Le spectateur s'identifie tour à tour aux pensionnaires et au blessé, ce dernier dépendant de leur bon vouloir, beau comme un dieu, voilà le drame, il guette le moment propice pour regagner son régiment puis se laisse aller à sa nature chaleureuse... Lors de sa virée nocturne, que n'eût-il choisi la porte de gauche ! Fatal parcours, de la séduction à la protection mutuelle, puis des rivalités à l'explosion... Tout commence pourtant par d'innocents champignons cueillis dans les bois (cette rose sentie juste après absorption du plat par la maîtresse de maison !). Une trame empoisonnée mais toujours digne d'intérêt, un scénario à rebondissements, des dialogues riches, une fine étude de caractères, des prises de vue pertinentes, une pointe de suspense. Mais la hache aurait mieux convenu à cette directrice de pensionnat mal remise d'un lien incestueux car "une scie, c'est long", surtout pour le spectateur. Ce film diabolique afficherait davantage d'anti-militarisme que de misogynie ? Chacun(e) peut garder un petit pincement au coeur en se remémorant l'apprivoisement et aussi, cruauté suprême, ces sueurs sous laudanum.
  • L'ESPRIT S'AMUSE (1945)
    Note : 16/20
    Projeté à Univerciné Britannique Nantes décembre 2011. Excellent divertissement en technicolor, alerte, avec de bons mots réguliers. Ils sont tous au mieux de leur forme au sortir de la guerre ces acteurs qui se rient de la mort. C'est tiré d'une pièce passant en revue les petites taquineries du couple encore épris qui virent aux squelettes ressortant du placard, de quoi se projeter pour de vrai grâce à la superposition d'images, dans l'éternelle et mutuelle hantise de la concurrence. Savoureux personnages, en premier Elvira la fantômette verte à l'accent traînant, la bonne, une brave fille qui trotte dès qu'on l'appelle, le couple bien installé dans son ronron qui en vient aux tirades assassines. Fracassante arrivée de la voyante, elle captive d'entrée de jeu bien qu'on puisse ensuite s'ennuyer de démonstrations très laborieuses. Curieux aussi qu'il faille aller jusqu'à la dernière image, ce pont qui donne des ailes, pour comprendre le soudain flegme masculin du deux fois veuf.
  • RETOUR À LA BIEN-AIMÉE (1979)
    Note : 15/20
    C'est familier et pourtant d'un académisme qui donne froid, avec des scènes tendues, en plus que cette époque-là (1979) filmée de cette façon-là fait en 2012 très préhistorique. Ce pianiste faisant sauter les danseuses avec fracas reste seul dans l'ombre ruminer ses morceaux et on ne sait trop quoi. Occasion de voir Jacques Dutronc et Isabelle Huppert balbutiants au cinéma, fou ce que la seconde a gagné en impact physique à changer de look par la maturité, outre son élocution reconnaissable entre mille, alors que le premier s'avère juste un peu plus empesé, aussi tête à claques à vulnérabilité atroce attestée par la fragilité du regard. Il y a quelques moments incroyables malgré le piétinement bien trop long. Enfin, cela se précise, voici les complicités d'êtres habitués à se deviner, ce trio en chambre avec le mari de dos les yeux ouverts... Alors, l'apparente reddition de l'ex-épouse peut passer pour de la peur,sauf qu'on attend que cela culmine vers plus vertigineux... Sont remarquables de charme les petits tours de piste de l'enfant, trait-d'union qui craint de faire obstacle, il apporte la tendresse sans laquelle on irait faire un tour... L'histoire bien goupillée, languit en scènes superflues (Julien marchant, marchant et re-marchant). L'enquête relance l'intérêt tout en requérant encore patience (on tient grâce aux interprétations). La récompense du spectateur est foulée au pied puisque le dernier mot lui appartient, dommage !
  • LE NARCISSE NOIR (1947)
    Note : 18/20
    Découvert en avril 2011. Ainsi donc, des nonnes vont ouvrir un dispensaire dans un ancien harem. La voix doucereuse de l'agent anglais, seul interlocuteur autochtone déjà sur place, se fait entendre, alors que chacun s'arrête sur la beauté virginale de la Soeur Clodagh... Entièrement tourné en studio ? On est véritablement parachuté sur les hauteurs himalayennes. Illusion totale malgré la date du film : 1947 ! Des couleurs tout droit sorties d'une palette de peintre, l'austère bâtisse très haut perchée, et son à pic au ras duquel on va sonner la cloche, un poste bien vertigineux, plus vrai que nature... Surtout que tout en bas, dans la vallée, on a compris qu'il y a comme un vestige des frasques d'antan, ce Dean, en short bien décontracté, ça va lui démanger de taquiner ces prudes dames à sa merci ! Comme manière d'installer chaque élément du puzzle, vient à l'esprit "Le Fleuve" de Jean Renoir (même auteure-scénariste). Sur le fond, on dirait un érotique de l'amour courtois... Ces malheureuses loin de leurs racines forcée à appeler au secours le seul Tarzan de service, voilà qui crée un étau d'où peut émerger n'importe quoi... En contrepoint, semble veiller sur elles comme sur tout le reste, un genre de Buddha décharné. Ces dames abattent un travail toujours plus harassant, chacune sa spécialité, autour de la chef de mission, Clodagh qu'on sent solide, Ruth,la fragile (ou caractérielle) restant l'obstacle principal. Beaucoup moins pieux qu'il n'y paraît ! Il s'agit bien davantage d'une pertinente description des différentes facettes féminines lors d'une fréquentation rendue obligatoire avec le sexe opposé. A déplorer la torture que la bande-son inflige par moments aux tympans. A retenir l'extrême élégance des derniers plans qui, par identification, peuvent consoler d'être une femme !
Notes de L.Ventriloque
(par valeur décroissante)
FilmNote
L'ÉVENTAIL DE LADY WINDERMERE (1925) 19
COMEDIENNES (1924) 19
LA BUENA VIDA (1996) 19
BONJOUR (1959) 19
LE JARDIN DES DÉLICES (1967) 19
UMBERTO D. (1951) 19
LE DERNIER DES HOMMES (1924) 18
LE DESCENDANT DU LÉOPARD DES NEIGES (1984) 18
FARGO (1996) 18
LES PROIES (1971) 18
LE CHEVAL VENU DE LA MER (1992) 18
LE NARCISSE NOIR (1947) 18
BONJOUR TRISTESSE (1957) 18
DU SILENCE ET DES OMBRES (1962) 18
BREEZY (1974) 18
LOVE (1969) 17
LE COUREUR (1985) 17
UN ÉTÉ CHEZ GRAND-PÈRE (1984) 17
L'EMPLOI (1961) 17
ROSE DES SABLES (1988) 17
LE LIVRE DE LA JUNGLE (1967) 17
COME BACK AFRICA (1960) 17
DÉSIRS HUMAINS (1954) 16
UN INSTANT D'INNOCENCE (1996) 16
BRUMES (1935) 16
LE TROISIÈME (1971) 16
WILL HUNTING (1997) 16
DEUX SOEURS VIVAIENT EN PAIX (1947) 16
SINGAPORE SLING (1991) 16
LE FRANC (1994) 16
MORGAN, FOU A LIER (1965) 16
L'ESPRIT S'AMUSE (1945) 16
LOLA (1960) 16
CHUNGKING EXPRESS (1994) 15
L'APPÂT (1994) 15
LA SOURCE THERMALE D'AKITSU (1962) 15
BAD BOY BUBBY (1993) 15
LE VOYAGE DE LA HYÈNE (1973) 15
MOLOM CONTE DE MONGOLIE (1995) 15
MONTPARNASSE PONDICHÉRY (1993) 15
POWDER (1995) 15
RETOUR À LA BIEN-AIMÉE (1979) 15
PROFESSEUR HOLLAND (1995) 14
LA P'TITE LILI (1927) 13
L'ANGLAIS QUI GRAVIT UNE COLLINE ET DESCENDIT UNE MONTAGNE (1995) 13
LES OISEAUX LES ORPHELINS ET LES FOUS (1969) 13
UNE PETITE SOEUR POUR L'ETE (1972) 12
L'APPARTEMENT (1996) 12
GHOSTS ON THE LOOSE (1943) 12
CASINO (1995) 11