Critique(s)/Commentaire(s) de L.Ventriloque

Voir ses 50 films notés

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  • LA SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS (2010)
    Note : 15/20
    Très remarqué à "Univerciné Cycle Italien" de Nantes (février 2011). Des moments envoûtants grâce aux exploits du cadreur. Des images somptueuses autour de ces deux emmurés. Bien qu'on ait du mal par moments à tenir le fil malgré l'élégance générale. Parce que la compassion est vaine. Que faire pour pour ces deux-là, formalisés pour un rien avec violence retournée contre eux-mêmes... Tant qu'ils sont enfants ça va encore mais ensuite grande est l'envie de les secouer, de leur tendre un alcool fort pour les réveiller ! Il y a du Kubrick dans ces déambulations embrumées, bien des aspects rappelant aussi "Cours si tu peux" du jeune Allemand Dietrich Brüggemann. Snob, le discours sur le corps problématique, on peut dire "tendance", révélation d'une profonde vacuité ambiante aussi. Proche du mal-être qui va avec les suicides actuels. Le bouquin après la projection pour ceux qui se seront identifiés. Dernières images exceptionnelles en revanche.
  • LA PETITE CHAMBRE (2010)
    Note : 16/20
    Les crêtes suisses enneigées bordent un drame féminin jusque-là peu représenté avec autant de détails : ou comment on préfère soigner autrui quand son propre coeur est en cale sèche... Dans la vie réelle, encore plus étonnant de côtoyer les revenus de toutes les étapes conseillées en pareil cas par le monde médical... "La petite chambre" avec ses préparatifs attendant la cicatrisation propose une passerelle efficace autant que généreuse... Edmond et Colin... C'est un peu terne, souvent tristounet. Toutefois, au fil des silences et autres grosses colères faisant avancer l'action, c'est un plaisir de voir se transformer le trio qui nous intéresse : Michel Bouquet le vieux qui mord, Eric Caravaca le compagnon tiraillé mais raisonnable et Florence Loiret-Caille, la fausse-dure.
  • WALL-E (2008)
    Note : 16/20
    Avis aux réfractaires : on est tout de suite charmé par les allures et les sons de ce sentimental-robot qui bosse en fredonnant : ses petites manières bien à lui, les trajets avec sa mascotte, les objets prélevés, la poésie de l'herbe locale, c'est dé-li-cieux, on jurerait soit un animal, soit un acteur vivant (un peu l'émotion de E.T.). Dommage que la dénommée Eve ramène tous les vieux clichés par ses formes de mannequin lisse et froid. Wall-e accroché au vaisseau et ses premiers pas sur Axiom font encore palpiter, et ensuite c'est de nouveau très classique dans le genre. Grouillant de poupées gonflables et d'automates, alors que celui qui fait clone asiatique aurait pu être exploité à fond avec moins de bruit et de circonvolutions. Les gags rattrapent de temps en temps cette surenchère, ça reste éblouissant sur le plan technique, variation des prises de vue et bande-son toujours très au point. Malgré la promesse de l'entrée en matière, on est plus diverti qu'angoissé, l'attraction terrestre n'a pas son pareil donc : on perçoit tout de même un ultime signal lancé aux spectateurs,du genre "remuez-vous, tas de larves" ! Mais ça reste gentil.
  • ÉTREINTES BRISÉES (2009)
    Note : 13/20
    Une "big love story" techniquement parfaite, qui passe pour un puissant hommage au cinéma, voilà ce qu'on nous serine. Oeuvre très personnelle surtout. Gros crabe à décortiquer ! L'intérêt majeur, bien plus que cet aveugle dont le mérite réside dans la jonglerie des pseudonymes, est de suivre Penelope Cruz, l'attraction principale(arnaque que cette perruque platine de l'affiche portée juste pour UNE photo !), quoique sa parodie d'Audrey Hepburn lui aille comme un tablier à une v....! Une actrice autrement plus palpitante quand elle tape sur la table chez Woody Allen ! Rien de nouveau à travers les autres acteurs, serait-ce de l'alimentaire Almodovar ? Bien sûr, il y a ces bonnes femmes éplorées qu'on aime bien voir débarquer tout autour de l'intrigue (le jeune homo au stade boutonneux, en revanche, est à hurler). Difficile d'adhérer à cette rengaine sentimentale à partir d'un désir charnel de vieux cinéaste... Les jeunes hommes se bousillent avant d'espérer y voir plus clair, et les hommes vieillissants sont tenaillés par le lit jusqu'à en perdre tout sens commun, on est bien avancé de tirer une gueule longue avec ces deux constats... Vraiment, est-ce ironique ou dramatique pour Almodovar ? On ne sait sur quel pied danser, d'autant que la vision de la bonne petite famille sécurisante plane une fois la star évaporée, un rien trop vertueux... Bavard, brouillon, un fil assommant, que la beauté des plans et la musique insolite ne suffisent pas à enrubanner. Sans doute plus accessible en dvd pour les inconditionnels de Pedro. Pourra se suivre en coupant le son tout aussi bien, voire mieux ! On est loin de l'émotion contagieuse de "Volver" !
  • GOMORRA (2008)
    Note : 15/20
    Note technique, car je me demande s'il n'y a pas un brin de complaisance... Enfin, c'est très bien filmé. Utile pour connaître l'étendue des dégâts autour de Naples en matière de corruption des personnes ("Thalassa" à la télé m'avait bien mieux renseignée sur ce mélange de fascination et de terreur des populations et aussi sur le désastre écologique !). Pas du tout romancé, l'ensemble féminin devrait trouver plutôt fatigant (à la différence, dans un autre genre de malfrats, de "Romanzo Criminale" où, sans être d'accord avec eux, on tremble pour les bandits)... Ici, c'est à qui sera le plus abject pour traficoter, très froidement. Pan pan, boum boum, froissement de billets, la petite guerre entre soi...Et ils ont des gueules épaisses, souvent ingrates, sauf ce petit rêveur comme on l'est encore en cour de récréation... A chaque plan, on se demande à qui le tour, collègue aujourd'hui, à abattre demain... La loi du plus fort, les tours de cochon... Des tests de recrutement gratinés, bonjour les enfants ! mais tout cela pouvait être dit en plus court, le spectateur a intégré avant la projection que c'est "du vrai et du présent" ! De ce fatras, un enrôlé s'extrait après avoir, sur ordre, viré un cageot de fruits dans un fossé, soit une seule identification possible, et bien tiède... On sort de là expert sur la question mafieuse et gavé de l'imbécillité humaine.
  • LE DÉJEUNER DU 15 AOUT (2008)
    Note : 16/20
    Joli petit film italien ! Musique aux cordes envoûtantes... Voici Gianni faisant ses emplettes. C'est un fringant quinqua la tête bien sur les épaules, qui vit avec Maman sans rouler sur l'or, dommage qu'il soit un peu porté sur le Chablis... Un brave type qui, contraint-forcé par un entourage embarrassé en ce mois d'août tirant bientôt à sa fin, d'accepter d'autres vieilles dames chez lui, c'est pourtant le week-end le plus "mort" de l'année... S''arranger de chipies avec chacune leurs péchés mignons, tandis que le syndic va prendre du bon temps avec une jeunesse, il flotte une tolérance bon enfant sur ce film du grand âge... Le copain médecin est appelé histoire de vérifier que le coeur de notre hôte tiendra le coup... La bonne tête de Gianni de Gregorio, son dilettantisme de façade, font qu'on rêve de se joindre au groupe féminin chouchouté, quatre personnages impossible à confondre, dont la blonde Marina, une indépendante aussi débridée qu'une ado... Scénariste et assistant réalisateur confirmés, Gianni de Gregorio (dont c'est le premier film !) possède la patte des grands de la comédie italienne et rappellerait aussi quelques ambiances argentines plus récentes ("Bonbon el Perro" par exemple...). Savoir amener un moment grandiose (ce déjeuner du quinze août) à partir de trois fois rien, tout un art.
  • RAIN (2000)
    Note : 18/20
    Une Nouvelle-Zélande torride... Très dérangeante sous ses dehors de clip publicitaire, attention, si le rythme est celui des vacances en bord de mer avec quelques débordements du style soixante-huitard attardé, c'est un scénario qu'on peut qualifier de "traître"... Familles lisses ou enrégimentées, pour vous, cette histoire sera la rançon des ambiances trop permissives, vous direz "voilà c'que c'est que de trop se relâcher devant les gosses"... Vite dit ! Peuvent s'y retrouver : les enfants affranchis de parents plus sur la même longueur d'onde et qui en ont fait les frais, les foyers en deuil brutal, les adolescents pressés de devenir grands tout de suite, les père et mère dont l'un(e) se sent pris au piège de la corde au cou un peu trop serrée... Points forts : le suspense, la réserve du papa largué (un homme qui serre le coeur à baisser ainsi les yeux en silence), les scènes de jeu entre la grande soeur et son poids plume de petit frère (vraiment délicieuses, et on mesure à quel point le petit est en quête de chaleur humaine quand tout bascule). Point faible : l'alcoolisme sous la forme festive répétée, cette caméra voyeuse à bon compte, je pense aux danses en solo où on prend des poses alanguies, la parade amoureuse de l'animal sûr de sa superbe... Eléments féminins très exposés par rapport au jeune homme qui n'a de compte à rendre qu'à son bateau !
  • CONTE DE L'OBSCURITE (2009)
    Note : 16/20
    Découvert au cycle Univerciné russe nantais de 2010. C'est bien le fait qu'elle ait un uniforme de "fonctionnaire aide sociale", visiblement assimilé à une forme policière ou milicienne, qui fait que cette jeune femme se morfond. La voilà confinée à son milieu de travail, ce collègue odieux, deux morceaux de bois qui dansent le tango... Pas question de se rebiffer... On retrouve la rudesse russe dans les dialogues sur le mode insultant, cette importance du "look" (bien habillée, exhibition des belles jambes !)le stoïcisme affiché et, en creux, le côté bravache des êtres en perdition. Comme annoncé dès les premières images, chaque plaisir pris s'avère traquenard. Film de "la Russie du temps des oligarques" à la photo splendide (entre autres, cette brève devinette, toute blanche entre ciel et eau, on jurerait une fresque japonaise avant que barques et rameurs se précisent !). Des promenades au confinement, sous une apparente décontraction afin de mieux piéger le spectateur, les clivages soviétiques, s'ils ont changé de registre, ont la vie dure.
  • ENTERREZ-MOI SOUS LE CARRELAGE (2009)
    Note : 17/20
    C'est LE film "coup de poing" du cycle Univerciné russe de Nantes 2010...Poussif d'entrée de jeu, frôlant maintes fois le grotesque, ce film heurtera les gens à la moralité chatouilleuse : ils hausseront les épaules en pensant que les asiles psychiatriques existent, ainsi que les bureaux d'aide sociale, et même à Moscou avant la Chute du Mur, ne venez pas nous emm.... avec vos femmes tarées !... Mais les victimes des tyrans en jupon se verront en situation (mère, grand-mère, toute autorité féminine abusive !), se surprendront peut-être à rire alors que tout commanderait de pleurer. A noter que jamais le garçonnet n'est frappé, à peine secoué, la violence réside plutôt dans l'insécurité affective ! C'est l'histoire d'un deuil inconsolable déformé en petites rognes perpétuelles suivies d'attendrissements éclair. Ah, l'emprise des matrones sur la maisonnée... Surréaliste, adapté d'un livre biographique sûrement au vitriol). Accalmies entre crises aiguës, assez pour croire en un possible arc-en-ciel... Le spectateur connait le fin mot seulement à l'extrême bout du film, dans un va-et-vient de la mémé au téléphone à l'enfant fiévreux dans le grand froid des hivers russes... Des situations "limite", rattrapées de justesse. Un film malade seulement en apparence, à deux lectures possibles, familiale ou politique.
  • LONDON TO BRIGHTON (2006)
    Note : 17/20
    Surtout ne pas avoir peur d'assister à de la violence pour des clous, avec force hémoglobine, style grosses productions américaines complaisantes qui vous laissent k.o. : certes, un filet de sang de temps à autre montre qu'on n'est pas à la noce, l'angoisse est présente, il faut bien... Mais davantage de suggestion que d'étalage, ce qui arrive a des relents de vérité, ça prend aux tripes tout de suite... Voilà un jeune cinéaste britannique recommandé par personne pour l'instant mais qui a quelque chose à dire, il offre là un thriller de choix, ce qui s'appelle "ne pas se f... du monde". Car qui ne tremblerait pour cette petite à la peau encore transparente de l'enfance (très jeune actrice absolument remarquable, la petite jeune fille candide mais point sotte qui va découvrir que la vie n'est point un jardin de roses). Une balèze d'embrouille, tout ça pour avoir fait confiance aux gens de la rue en se disant qu'il faut bien ! Nous voici partagés cependant, en présence de ce type supposé du bon côté de la barrière, et qui a quelque chose de terrifiant... Et puis la prostituée aussi : est-elle cette brave fille ou va-t'elle se révéler plus faible au fil de l'épreuve ? Enfin, ce maquereau aux yeux d'un homme bon, tellement à la botte de celui qui l'a débusqué... C'est la loi de la jungle, cette fiction d'un réalisme total dit aussi "osons un monde sans flics" ! Film noir, aride, qui sait où il emmène ses spectateurs, mais ce n'est jamais de la violence gratuite, même si j'ai eu l'impression d'une tension à la limite du supportable, cette arrivée au bord du gouffre avec les pelles... La caméra est maniée de façon assez musclée, mais avec un art consommé de sauver la mise... Aucune syncope dans la salle, au contraire, les spectateurs médusés causaient beaucoup une fois dehors !
  • MEME LA PLUIE (2010)
    Note : 19/20
    Ah la la, ce que c'est bien ! E-blou-iss-ant ! Ne pas craindre l'exhortation "changer le monde commence par changer soi-même", s'il se dégage une morale, chacun en prend pour son grade. A retenir la photo, acrobatique, vivante, souvent latérale, avec cette surprise du flou pour pointer ce que l'oeil aurait escamoté. Ces dialogues très ajustés à l'action, ça pulse sans qu'on s'en rende compte. Formidable bande-son, jamais elle n'entête mais quel précieux repère ! Paul Laverty, le neuf fois scénariste de Ken Loach et Iciar Bollain, la réalisatrice de "Mataharis" et "Ne dis rien" ensemble : deux virtuoses d'un cinéma grave, mais qui se boit comme du petit lait. A partir d'un drame social remontant à 2000, défilent tous les points de vue appelés à se frictionner. En plus du soulèvement contre la confiscation de l'eau par le privé, remontent les raffinements de la colonisation. Un instant aux confins du fantastique : ce "l'eau est à vous" (pulvérisant "l'eau a un coût" du capitalisme sauvage). Il y a certes un peu de violence. Et de la tendresse virile aussi. Le plaisir de retrouver Luis Tosar ("Malamadre" dans "Cellule 211") et Gael Garcia Bernal, la découverte d'Almodovar enfin de retour avec un rôle en or. La Bolivie est également un personnage ici. Fier, changeant avec ses "gueules" et ses bébés qui pleurent dans les bras maternels. Un film qu'il faut courir voir.
  • HISTOIRE D'HIVER (2007)
    Note : 13/20
    Vu en v.o. au Festival 2007 des Trois Continents nantais.L'atmosphère serait proche de la réalité d'après des cinéphiles de retour de Pékin présents dans la salle, dont l'un des enfants vit dans ce type de banlieue. Zhu Chuan Ming imprègne bien de l'ambiance, mais ne fait pas plus sordide que nécessaire, les personnages ont de la chance dans le sens où rien d'insurmontable ne leur arrive, ils survivent gentiment, résignés à leurs petites débrouilles de chaque jour. Pourtant, un jeune commerçant, faute de papiers en règle, doit se débrouiller pour manger et des jeunes filles se prostituent... Un couple se dessine, ils pourraient tomber sur des détraqués, ce que ne manquerait pas d'amener un classique film américain d'aujourd'hui. Rien de tout cela, on constate une relative fraternité dans ce quartier grouillant, où l'un des menus plaisirs est de déguster à toute heure en plein vent des bons petits bols de nourriture qui réchauffe. Reste à savoir pourquoi le réalisateur a préféré faire jouer d'assez touchantes jeunes filles aux côtés d'un acteur masculin quelconque, limite antipathique. A découvrir comme un documentaire sur la débrouille dans la Chine de maintenant (c'est plutôt une histoire pour les jeunes que pour tout public). Surtout, ne pas s'attendre à une analyse fouillée ou à un coup de théâtre, alors que tous les ingrédients appellent à quelque chose de fort venant consolider le propos. Encore un cinéaste doué à qui il manque le petit coup de pouce soit d'un scénariste, soit d'un dialoguiste, quelle misère !
  • LA COMTESSE (2009)
    Note : 18/20
    . "L'Histoire est toujours relatée par les vainqueurs", commence la voix-off masculine... Sur d'anciennes terres de Dracula, une Comtesse élevée à la dure par sa mère, sans père, vit un mariage arrangé (avec des enfants) suivi d'un veuvage : peu après, lors d'un bal, son sang bouillonne pour la première fois !... Julie Delpy, scénariste et réalisatrice (elle a également composé la musique de son film), se met elle-même en scène, un rôle équivoque tout à fait seyant, d'autant qu'elle est très bien secondée (et pourtant elle comptait sur d'autres acteurs, bien trop chers par rapport à son budget...). On se croit dans un grand classique, archi-documenté, aux dialogues ciselés (en anglais avec quelques bribes françaises), l'ensemble chargé de signes avant-coureurs du drame qui se noue (ce menuet empesé !). Très convaincant, le scénario d'une fluidité qui repose de bien des productions alambiquées d'aujourd'hui (elle a mis sept ans pour l'écrire). D'une finesse, chaque plan décisif décortiqué. En prime, l'humour des vampires malgré eux (juste deux mouches...) ! Incroyablement abouti pour une quadragénaire aux talents méconnus. Simplement, il faut pouvoir soutenir pareille monstruosité féminine sous des traits limpides, des intonations glacées, encore plus quand on pense aux "cycles féminins", passés sous silence. Très troublant. Aucun bain de sang pourtant, il sert davantage comme lotion tonique passée sur le visage. C'est aussi une peinture de moeurs faisant penser à nos politiques de 2010, mêmes travers... Si le ton caustique rappelle "Barry Lyndon", on flotte d'un bout à l'autre dans les brumes du "Nosferatu" d'Herzog... Julie Delpy déclare en interview avoir souhaité "faire du Dreyer". Personne n'a osé railler son entreprise, elle a donc tout intérêt à continuer !
  • MONDOVINO (2004)
    Note : 16/20
    Edifiant "tour du vin", quoique un peu longuet. Rien d'étonnant que les acteurs de la mondialisation se soient emparés de cette manne ! Voyage à rebondissements, rendu palpitant par ce visiteur-goûteur qui a de l'humour et une bonne gueule, posé, mais sans complaisance. Le rire du dénommé Rolland porte très évidemment sur les nerfs, catalogué "camelot du vin" pour la planète, admiré pour "le sport" que cette mission implique, méprisé pour l'atteinte au patrimoine, ce saccage de la vigne traditionnelle qui méritait un sort moins humiliant. Hormis la noblesse des considérations des exploitants français (vin né sur tel sol perdant son identité sur tel autre) il m'est arrivé d'hésiter une seconde entre confiscation vinicole par le marché mondial et profits démesurés des gros viticulteurs français de père en fils, mais une seconde seulement, car du vin usiné au lieu d'être bichonné, quel gâchis ! Relevé une alternative intéressante, présentée comme à mi-chemin entre terroir et ouverture au monde, celle de l'acteur Depardieu, une manière de ne pas totalement trahir son sol. Au final, si on préfère croire ce qui ressort de ce reportage, l'ensemble fait complot de longue date : la triche que la mondialisation permet s'applique au plus sacré ! Horreur, le Bourgogne serait artificiellement coloré "pour plaire au consommateur", le marketing parle pour tous... Ainsi, si on ne les délocalise pas en Californie, les vins les plus prestigieux seraient trafiqués, main basse sur tout ce qui peut rapporter. Mais le pire est bien que ça se fasse en toute impunité ! Reste à se ruer sur le vin bio ou les rares vins de pays hors du rouleau-compresseur, seuls créneaux à peu près fiables. Impossible de se contenter de la piquette locale pour autant (ce verre bu avec une grimace chez le petit paysan d'Amérique du Sud). Autre attrait et non des moindres ici : LES CHIENS ! Sorte de non-dit de leurs propriétaires gagnants ou perdants dans ce cirque vinicole. La caméra les incorpore aux commentaires, des poses les plus débonnaires au plus scabreuses, un régal !
  • TÉHÉRAN (2009)
    Note : 16/20
    Un peu inégal dans les effets. Attention, pour ceux tendant à confondre virtuel et réel, on peut prendre tout cela au second degré, à tort. D'instinct, je déplore l'affiche soulignant le style "polar". Avec "Les Chats Persans" et ce présent film, je devine la volonté de rendre accessible le cinéma iranien au grand public, la moulinette des grands commerciaux s'empare de ce cinéma admirable ! Malgré cet artifice, il reste un peu d'âme iranienne dans la façon de cerner les situations, caméra à l'épaule au plus près de l'homme et de l'enfant par exemple ou bien ce plan d'ensemble, décrivant par le menu mais de très haut et d'assez loin, l'aéroport, le tireur, l'attroupement... La débrouille occidentale déclinée à l'Iran, se servir d'un être humain pour survivre deviendrait presque naturel dans la mesure où le bébé a matériellement le nécessaire... Je vais quand même garder en mémoire que ces déambulations dans un Téhéran grouillant, entre fraternité et scélératesse, représentent surtout un énième tour de passe-passe visant à dénoncer le malheur de la population à majorité âgée de moins de trente ans (enragée par le sabotage des dernières élections), l'une des plus attirées vers la lumière, l'une des plus illusionnées sur l'Occident aussi, l'ultra-libéralisme ravageant chaque point du globe.
  • LE SILENCE DE LORNA (2008)
    Note : 16/20
    Dès le début du film, si on parvient à s'habituer aux expressions équivoques de l'actrice, on se demande bien à quoi vont mener ces échanges téléphoniques et ces déambulations d'un blouson à col de fourrure et d'un pantalon rouge moulé sur des fesses dodues... Lorna semble avoir un objectif après lequel elle va se poser. Puis on découvre qu'elle est en mission permanente. Et loin d'être aussi dure que pressentie. D'intrigante elle devient bouleversante (ces emballements avec brusque arrêt) pour s'égarer dans un monologue qu'on souhaite transitoire. Changement de tenue, valse de billets, le pire se profilerait-il ? Belle prestation générale, scénario sinueux, une histoire qui monte en puissance, un rôle féminin captivant, tout cela appellerait un fracas quelconque. Et peu importe que les conditions de l'immigration décrite soient édulcorées, des exceptions existent bien dans la débrouillardise puisque maints trafics continuent à échapper aux autorités... Le silence de Lorna déboucherait-il sur un vide commode qui plombe tout le reste ? M'attendant à plus clinquant vu la rébellion en marche, je reste déçue du délitement final.
  • SOLUTIONS LOCALES POUR UN DESORDRE GLOBAL (2009)
    Note : 17/20
    Le champ, la forêt, l'animal : tous trois seraient à récupérer par l'être humain au plan local alors que Monsanto et deux autres lobbies détiennent la totalité des pouvoirs sur "la semence", clé de l'autonomie alimentaire humaine. D'utilité publique, ce documentaire fait défiler plusieurs "belles personnes" (dans tous les sens du terme) et remet au goût du jour la chaîne du partage, ce geste tournant et gratuit autour du travail des sols, sans la violence des labours par exemple et avec aucun souci d'irrigation. Car il n'existerait à présent aucune formation officielle pour "apprendre les sols". Seuls, les ingénieurs agronomes décident de ce qu'il est permis d'entreprendre concernant notre chère vieille motte de terre avec ses "petites bêtes" indispensables, garantie d'équilibre. L'irrigation devenant du même coup beaucoup moins un casse-tête planétaire... Evidemment, les snobs, tous les réfractaires aux "culs-terreux", trouveront que la terre, bon, pas leur affaire... Que comparer la terre au couscous est s'égarer, que c'est un peu de bric et de broc ce constat au plan de la forme "bien la peine de se proclamer cinéaste, quand on ne sait plus filmer"... Mais ceux qui cherchent à éviter les médicaments et pas seulement à trier leurs déchets alors que les industriels les répandent, passeront outre les précipitations d'images : au contraire, ils y trouveront un écho dans leur vie, et de l'agrément aussi (on peut puiser quelques astuces pour mieux s'en tirer soi-même dès lors qu'on cerne le piège des multinationales (poisons et autres stocks des guerres, écoulés en autant d'herbicides ou insecticides) cette obsession du tracteur (succédané du "tank" ?). Jusqu'à preuve du contraire, les confiscations massives de terres, tout comme les subventions aux paysans seraient nées de la volonté de s'accaparer les sols sans tenir compte des écosystèmes... Alors que la décroissance tant décriée commanderait, non de remonter à la préhistoire, mais de s'inspirer de l'agriculture des années soixante, avant le grand chambardement agraire... La bande sonore, à dominante "soul", ajoute un supplément d'âme au travail de Coline Serreau présente en voix-off derrière sa caméra. Rien à voir avec les grands-messes de Hulot ou Arthus-Bertrand, ici, on a des témoignages directs, du vécu de spécialistes travaillant en silence, pas des dépenses inconsidérées pour rendre belle la misère.
  • LE NOM DES GENS (2010)
    Note : 15/20
    Tant mieux pour Sara Forestier, distinguée suite à ce film et merci à Jacques Gamblin toujours aussi proche du spectateur dans tous ses rôles. Mais si j'ai souri, ri à plusieurs reprises, bien perçu la volonté de fraternité sous la rudesse, c'est vu par un esprit "bobo", bien formaté tout ça, avec des situations très "réflexe" côté dialogues et mise en scène, et puis Sara en fait quand même des tonnes, trop en roue libre, bien tape-à-l'oeil, autrement plus captivante dans "L'esquive" !
  • AVANT L'AUBE (2010)
    Note : 19/20
    Si vous aimez le linge sale au cinéma, courez voir ce thriller filant en lacets vers un hôtel de montagne. Une excellence photographique ménageant des coupures de plans, que le spectateur respire, déduise. On embarque, tout de suite gâté. D'abord côté distribution, tous, mais surtout le contraste Bacri Rottiers = "le pied" ! L'arrêt sur les expressions des personnages, le naturel des dialogues : assez vite on retient son souffle, que ce petit ne meure pas surtout... Un climat feutré, entre blanc et noir avec, constamment, deux milieux frottés comme pierres dégageant étincelles... Et pourtant pas d'explosion, un rapprochement bien réel, des compromis tacites. Côté scénario, c'est qu'on appelle "une bonne histoire". Certes, on peut lui reprocher son traitement classique, quoique quand cela décrit des dérives devenues une sale manie ça ait le mérite d'être limpide. Raffinement suprême, le point de vue du réalisateur tendu comme une perche aux plus téméraires !
  • LOIN D'ELLE (2006)
    Note : 19/20
    Elle avait déjà marqué sa préférence d'actrice pour les sujets tarabiscotés, en particulier dans "The secret life of words" et "Ma vie sans moi" de la cinéaste Isabel Coixet. Sarah Polley, pour ses premiers pas de réalisatrice, s'inspire d'un livre qui traite de "l'Alzheimer"... Charmant, qui va avoir envie de se déplacer pour ça ? Rassurez-vous, on est mieux en sortant qu'en entrant ! Le fait qu'il s'agisse d'un couple de la bonne société nord-américaine à l'abri du besoin y est pour beaucoup, mais pas seulement. L'intrusion du spectateur se fait sur la pointe des pieds. Une fois passé le choc de découvrir cette femme si éblouissante qui perd le fil mais le retrouve, et avec quelle lucidité !... Ensuite, plus l'action avance, plus c'est difficile de s'en tenir à la compassion. La maladie, cause de souffrance de la patiente et ici, son revers, cette occasion inespérée de régler de vieux comptes... Le plaisir est immense de retrouver Julie Christie incarnant cette femme de toute beauté, oscillant entre l'innocente et la garce. Voir dans les longueurs autant de paliers de la maladie, avec quelques personnages secondaires bienvenus, car il importe de respirer un peu en marge du tandem. L'ensemble est remarquablement déroulé, on est anesthésié par moments, habilement noyés dans une sorte de coton....dont émerge finalement le mari, bien vivant. Rempart pudique, mais aussi forme d'élégance, d'une cinéaste-actrice à peine trentenaire qui devrait continuer à faire parler d'elle, avec cette "patte" inimitable qu'elle a.
  • KOMMUNALKA (2008)
    Note : 16/20
    Somptueux documentaire projeté au Cycle Univerciné russe 2010 nantais : que reste-t-il des "Kommunalki" soviétiques (logements communautaires), dont St-Pétersbourg (ex-Leningrad) reste la ville la plus représentative ? Nés de la crise du logement de 1917 pour cause d'explosion démographique urbaine (réquisition hôtels particuliers et appartements "bourgeois", l'entretien des parties communes revenant à l'Etat) : hélas, les intentions se sont diluées en cours de route, les propriétaires aisés réalisant des travaux, les locataires subissant les secousses économiques (chute libre des années 1993-1994, pour mentionner les plus proches de nous...). Pourtant, on vit encore aujourd'hui dans ces murs (10 % des habitants de cette grande ville, selon la réalisatrice présente avant la projection), quelque peu désenchanté : cuisine archaïque, robinets défectueux, une douche pour vingt personnes, on peut aussi se bricoler une bâche quand l'eau filtre des plafonds, car peu d'espoir que ça s'arrange. Seules, les plantes, bien arrosées, paraissent défier l'usure... Chacun fait son possible ou profite de ce que l'autre s'en acquitte tellement mieux...Les loyers continuant d'augmenter, à l'inverse des allocations (et des salaires pour les rares en activité professionnelle), les lendemains taraudent. Solidarité certes assurée en cas d'urgence, mais manque d'intimité amplifié par l'inconfort. Des expériences dévoilées à demi. S'ils ne sont pas "naufragés" de l'ancienne URSS, les différents interlocuteurs avouent un traumatisme lié à des éclatements politiques. C'est filmé avec l'affection d'une vieille connaissance, on sent le mode de langage d'une excellente photographe apte à saisir l'instant. A retenir comme emblème d'une jeunesse entravée cette jeune fille un rien "clone", à l'expression parfois réchappée d'une chirurgie esthétique d'amateur. Sûrement pas écervelée (à en juger par ses déclarations et les bouquins alignés sur ses étagères) mais réfractaire à tout engagement dans la réalité, la transe chevillée au corps, identifiée à ses idoles au point d'embrasser son téléviseur... On suppose que le premier séjour de Françoise Huguier dans les lieux datait d'avant la Chute du Mur de Berlin en 1989, quand l'Etat assurait encore à peu près la part lui revenant (photos femme nue de l'affiche)?... Il eût été judicieux de mentionner la date de tournage au bas de l'écran selon les périodes abordées, ainsi que les prénoms des intervenants à chacun de leurs allers-retours à l'image.
  • CHEMINOTS (2009)
    Note : 17/20
    Les coulisses de la SNCF, service public grignoté déjà depuis des années, à présent sacrifié aux intérêts de quelques-uns. Il s'en passe de belles chez les aiguilleurs devant leurs écrans plus sévit le clivage pour des raisons de compétitivité. Certes, ils sont vite en grève et nous enquiquinent, mais abattent des heures de travail au péril de leur vie parfois, sous-payés, toujours plus divisés. Une régression répondant au mot d'ordre international de privatiser sans regarder les détails... Très instructif tour d'horizon laissant deviner les ogres aux commandes, ne connaissant rien au métier ni à l'histoire du chemin de fer, au final piégés à engouffrer le service public comme des gloutons inconséquents. Les réalisateurs prennent position contre ce cynisme. En effet, faute d'arguments contraires, le spectateur et voyageur occasionnel ressort de la séance inquiet que la sécurité compromise finisse par faire du vilain et convaincu du réel danger que les transports en commun disparaissent. Magnifiques extraits de vieux films projetés à même le décor (reprenant le procédé utilisé dans le documentaire sur le Mur de Berlin "Die Mauer") et témoignage capital de Ken Loach sur le rail britannique !
  • CE QUE JE VEUX DE PLUS (2010)
    Note : 17/20
    Projetée au Cycle Univerciné Italien de Nantes 2011, cette analyse très fine des ressentis des deux sexes sur la manière "d'aller voir ailleurs". On fait comment quand débarque une forte attirance et aucun cadre pour éviter de s'y engluer. Ravissement, panique, avec très vite l'inconfort de la position d'attente. Au tournant, les intérêts familiaux qui remettent de l'ordre. Pour ce réalisateur, la double vie se règlerait plus facilement côté masculin où mentir = respirer ?... En tous cas, si l'on en juge par l'adoucissement progressif de la photo (rien de sulfureux dans leurs ébats, plutôt la passion incompressible !), le couple passe vite de l'étreinte libérant une tension à l'attachement romantique requérant de l'entretien plus des échanges verbaux. Les femmes devraient se reconnaître en Alba Rohrwacher, genre de Monica Vitti contemporaine vivant sa passade en toute lucidité malgré le conditionnement dévolu aux femmes pour d'obscures raisons. C'est joliment mené et pour ce rôle précis de l'actrice, le film justifie le déplacement en salle.
  • JAFFA (2009)
    Note : 17/20
    Si encore Toufik n'avait pas ces yeux bleus étincelants, mais alors quels yeux, en plus de sa dégaine décontractée, de sa droiture de caractère (toute première apparition de Mahmud Shalaby, une présence sans rien faire de spécial si ce n'est être là !). L'employé modèle, tout le contraire du fils du boss, ce Meir, post-ado usé de dépendre de papa et maman et qui se croit autorisé à jouer au petit chef moins l'exemplarité... Facile, partant de là, de se glisser dans la peau de Mali (Dana Igvy), standardiste de l'entreprise familiale, le style "cause toujours", déchirée entre l'attachement à son frère et l'envie de déserter avec l'élu de son coeur. Ce pourrait être dans d'autres pays industrialisés comme crise familiale, sauf qu'on est en Israël, l'interprétation de ce récit prend de l'envergure à cause des haines rentrées entre Arabes israëliens et Israëliens "de droit". Les seconds rôles vont servir de faire-valoir dans ce théâtre qu'on pressent d'emblée déroutant... Le garagiste en chef (père de Mali et Meir donc) fait ce qu'il peut (Moni Moshonov, la "gueule" du juste). Mais la mère se devine déjà plus trouble en star vénéneuse au foyer (sidérante Ronit Elkabetz, elle a du registre de Tallulah Bankhead en réserve, beauté et intonation de voix !), enfin, les enfants de ce couple ont du mal à exister car trop peu d'autonomie. La cinéaste israëlienne Keren Yedaya excelle à traiter le vide des repas tendus et la douleur dans ses manifestations intimes, tous ces longs plans-séquence en durée réelle avec des dialogues ajustés aux attitudes, comme pleurer cassée en deux à même le sol dans la salle de bain, ça sonne toujours juste. La tragédie antique semble idéale pour camper Israël et le monde arabe tributaires du piétinement de leurs gouvernants. Du reste, on chuchote que les lassés de cette tuerie commenceraient à être nombreux... Suspense dans cet oeil oblique de fillette folâtrant en bord de côte, que n'eût-il été bleu ce regard, on plongeait alors dans un conte fantastique !
  • LA SPECIALISTE (2009)
    Note : 15/20
    Projeté au Cycle Russe Univerciné à Nantes en 2010. L'intérêt du film, entre deux perruques et en supposant que l'on parvienne à s'extraire des coulisses du Journal (parfois curieuses), réside dans l'issue : faire le choix de se raviser, pas comme cette malheureuse, missionnée en 2006 à l'étranger (Anna Politkovskaïa, pas la seule, hélas !)... Un ensemble laborieux, des passages incitant à retenir son souffle, une jeune actrice acceptant la complexité du rôle (actrice principale changée en cours de route, ce qui aurait obligé à recommencer le tournage depuis le début). Que de délayages pour en arriver à ce vieux en fauteuil roulant où la journaliste passe d'une attitude à son opposé...). Et ces morts... Difficile à suivre par les non Russes, en tous cas par ceux qui n'ont pas connu le travail sans salaire et autres aberrations des pays de l'Est... Je déplore les à-côtés improductifs, les personnages caricaturaux, signes d'une vacuité scénaristique ?... En fait, il faut attendre la dernière demi-heure pour réaliser le piège tendu. L'outrance russe, qui peut emballer le public jeune ou extraverti avides de boursouflures cocasses, instruit au prix d'une certaine fatigue parfois !
  • DEUX VIES PAR HASARD (2010)
    Note : 15/20
    Prix Jury Jeune Univerciné Italien 2011 à Nantes. L'histoire va et vient entre deux possibles : soit Matteo heurte la voiture de deux policiers en civil sur le trajet de l'hôpital où il conduit un ami (et alors garde-à-vue musclée, recours à un avocat, révolte refoulée jusqu'à engagement dans Les Carabinieri). Soit Matteo freine à quelques centimètres du pare-choc des policiers : dans ce cas, seul le présent compte, son travail mal payé dans une jardinerie, les petits jeux de séduction entre la serveuse du bar et une jeune cliente devenant la petite amie qui aime cuisiner. Se rajoute un individu d'apparence amicale. Or, plus douteux il n'y a pas. Vient se greffer l'expérience disciplinaire, ce tri que Matteo fera dans le collectif au garde-à-vous,l'acceptable pour s'endurcir mais pas l'aliénation, la preuve que sa sensibilité reste intacte. Il y a un moment explosif dans ce film. Un autre où un trou dans le sable promet l'anéantissement. On devrait se sentir complètement hermétique à nager dans pareil fatras, finir allergique à cette description du désarroi juvénile. Le plus fort est qu'on parvient à embarquer. Sans doute grâce au son et à l'image bien terre-à-terre. Egalement aux phrases réalistes prononcées par l'entourage adulte.
  • LA FILLE COUPÉE EN DEUX (2006)
    Note : 12/20
    C'est rondement mené sur le plan technique comme toujours, les acteurs s'amusent ainsi que Chabrol lui-même, mais bêrk, je n'aime pas ces délires de vieux bourgeois libidineux qui s'en prennent à une fraîche jeune fille, non pour créer avec elle une complicité au lit en lui apprenant "des choses", mais pour en faire une dépravée (vieux fantasme masculin qui a la vie dure). Et alors, quelque temps après, la relance parce qu'elle convole avec un jeune fada, quel raffinement ! Monsieur Chabrol, cinéaste respectable, technicien très au point, dépeint le démon de midi des hommes coincés, usés par le manque d'imagination et qui rallient le sexe à la meute... Sauf que c'est d'un goût ! Il y manque la finesse d'un Hitchcock, le maître dans ce genre d'exercice par acteurs interposés. Se répandre moins, déjà... Berléand ne me fait décidément pas l'effet d'un séducteur pour qui on se jetterait sous le train... Une jeune fille aussi lumineuse, même de la télé, pleure un peu mais claque vite des doigts pour récolter de nouveaux soupirants... Quant à Benoît Magimel, il surjoue ici de façon hallucinante... Ludivine Sagnier singe à outrance la grande Marylin par son côté éthéré la bouche ouverte, l'oeil mi-clos... Trop c'est trop ! Une série d'outrances qui sabotent l'effet escompté, car rien d'abouti dans cette misère sexuelle où gravitent les seconds rôles mi-apitoyés mi-rapaces, si ce n'est ce constat de la coupure en deux... Mouais... Déplacez-vous ou visionnez le dvd par intérêt cinématographique hors de ce chassé-croisé un peu vicelard, car il y a quelques temps forts qui rachètent l'ensemble.
  • DOUZE (2008)
    Note : 18/20
    Projeté le 2 mai 2010 au cycle Univerciné russe à Nantes (sortie française officielle datant de février 2010). Une version des "Douze hommes en colère" de Sidney Lumet russifiée : sans doute est-on aux antipodes du roman, qu'importe, c'est une croustillante démonstration de la dissolution soviétique dans le grand bain ultralibéral ! Telle quelle... Douze jurés (aucune dame !), douze tempéraments, douze expériences contribuant à nuancer les partis pris, le toujours craquant Nikita Mikhalkov (acteur-réalisateur-producteur-scénariste) évadé de son "Soleil Trompeur 2" actuellement en gestation) : superbe, il préside à la grande table de ce gymnase où "ça va barder", chacun étant contrarié d'être retenu... Fait penser à ces réunions offrant mille diversions avant d'en venir au fait.. Un fonctionnaire qu'on assourdit afin de l'arracher à ses marottes, un éclairage flageolant... Plus frais : un petit oiseau qui s'invite. Et surtout, la folle idée d'inclure la question qui révulse le russe moyen, trop content d'avoir salaire régulier (après le naufrage sous Eltsine) : le sort du peuple tchétchène (souvent assimilé au terrorisme d'une poignée d'entre eux), des êtres humains rejoignant l'ensemble des populations sacrifiées depuis l'éclatement de l'URSS, cette révolution internationale... On peut trouver l'ensemble complaisant pour Vladimir Poutine ou y voir un hommage aux contradictions de l'âme slave... La séance en salle dure 2h33, une chance que le dvd permette d'y revenir ensuite à tête reposée !
  • LOOKING FOR ERIC (2008)
    Note : 16/20
    On sent que le réalisateur a voulu se faire plaisir en compagnie d'un sportif à carrure populaire. Fort heureusement, le foot ici n'a pas "les gros pieds", je parle pour ceux assez allergiques au football en général comme moi-même. D'abord, Eric Cantona, sorti d'une lampe d'Aladin dans la chambre d'un Anglais moyen, on jubile, le fantasme du modèle de réussite en claquant des doigts... Surtout que les scènes sur le terrain ont des allures de ballet plus que de match, la musique, enjouée (mais discrète tout au long du film), ajoutant à l'amusement. Quelque peu bizarre le pistolet sous le plancher des sales gosses et puis ça passe vu le commando de choc sous les masques ensuite... Car on se marre bien, parfois après avoir tressauté lors des secousses qu'assène le cinéaste par ailleurs fidèle à ses obsessions sur ses contemporains. Peut-être moins de profondeur que d'habitude au profit de l'humour par rafales (et encore ça dépend des films), disons que Ken Loach s'est permis de souffler un peu !
  • NUITS D'IVRESSE PRINTANIÈRE (2009)
    Note : 17/20
    Ce réalisateur emmène loin et peut laisser le spectateur éreinté des éclats d'une violence trop longtemps contenue. Dans le genre, "Une jeunesse chinoise" forçait la dose, l'intrigue se forgeait à partir d'une jeune fille perdue se montant le bourrichon... Ici, on croirait Fassbinder transposé en Chine, même dédale. On sent moins la connotation politique, ça aide. La situation est vite claire, facilitée par l'un des acteurs au fort charisme, fatal comme une prédatrice lâchant ses proies après consommation, ramené à davantage de vulnérabilité mais quand même très fort (si encore il était "bi")! Inadmissible pour une hétérosexuelle convaincue de se voir deux fois pillée (cette petite entaille dans la peau récupérée comme charme supplémentaire !). Après une scène de ménage d'un rare fracas, une adaptation presque réussie en trio bancal, la jeune femme est dans l'impasse... En dépit du soufre qu'on pouvait craindre rien qu'au titre, aucune pornographie et pas davantage de drogue dure. De la sensualité, des moments fébriles et ces défis toujours relevés côté perturbateur dont la vitalité subjugue !
  • L'ENFANT DE KABOUL (2008)
    Note : 17/20
    Regard pénétrant de nourrisson, tchadri bleu... Alors qu'on nous bassine plus que nécessaire avec la burqa dans l'hexagone, juste avant les vacances d'été... Se plonger dans Kaboul, la polygamie d'un autre âge, alors ce pauvre mioche qui vous fixe de ses yeux déjà ténébreux... Erreur ! Il faut compter avec l'espièglerie du cinéaste, ce choix de l'acteur principal, un assez bel homme tâchant de vivre son quotidien comme vous et moi. Car Barmak Akram déroule la vie quotidienne à Kaboul sur cette période où les Talibans avaient un peu relâché l'étau... Style docu-fiction, très agréable à suivre, mais sans faire l'impasse sur l'état de siège. Sont rapidement mentionnés les contrôles, couvre-feu, attentats-suicides (à la différence du film libanais "Caramel" qui gommait toute la guerre pour s'en tenir à la légèreté). Certes, des petits orphelins livrés à eux-mêmes quémandent. Davantage d'hommes que de femmes dehors, aucune à vélo (pour le voile féminin "non grillagé" pas prêt de disparaître, possible de se remémorer le temps de la France profonde avec ses coiffes régionales... L'accent est mis sur l'instinct de vie, cette force que la vue d'un petit enfant décuple : les habitants de Kaboul s'achètent de beaux fruits au marché, les automobilistes sympathisent ou s'engueulent, la police ordonne de circuler là comme ailleurs... Ce bébé prénommé "Massoud" (!) atterrit chez un chauffeur de taxi déçu d'avoir épousé la veuve de son frère (mort au combat), celle-ci ne lui donnant "que des filles" ... Au fond, il n'y a guère que le passage "ONG" qui déçoit, deux jeunes pâlichons aux allures de stagiaires dont je me serais volontiers passée... Hormis cette faiblesse, il plane une volonté d'exister, de s'arranger des poisses qui agit comme un bon fortifiant. Khaled, le chauffeur de taxi "slalomeur", décompresse en faisant voler des pigeons dans le ciel d'été sur sa terrasse... Ambiances veloutées des intérieurs le soir, sans électricité... Ils sont tous beaux, racés (si l'on peut encore prononcer ce mot en France !). Les femmes, qu'on devine revenues d'émancipation, doivent jouer sur le bon vouloir masculin, attention, le tchadri peut donner du pouvoir dans les cas désespérés ! L'homme afghan demeure libre de s'offrir une seconde épouse, à peine destabilisé par son vieux père regrettant le temps où l'instruction primait et qui reprend du service afin de ne pas dépendre !
  • C'EST ICI QUE JE VIS (2009)
    Note : 16/20
    Beaucoup de qualités et une profondeur qui se devinent, tout cela confirmé par le tardif "décollage"... Bien sûr, les tâtonnements de cet adolescent bloqué dans le sentimentalisme ont de bonnes raisons : bouleversé par l'emprisonnement maternel prolongé, la découverte des travers humains (l'argent volé !). Cette belle frimousse expressive, cette sensibilité à fleur de peau sont mises à rude épreuve... Quand même, malgré les signes annonçant la mue, la nonchalance appuyée ankylose, certes contrebalancée par les oiseaux de concours, si attendrissants à l'opposé des violentes courses de lévriers. Une faille éducative de taille dans tout ça : personne n'a eu l'idée d'avertir le jeune homme qu'un renard guéri est plus que jamais un renard ?... Par ailleurs, j'ai un peu souffert des gestes grivois répétés, le radicalisme de l'issue étant, à lui seul, éloquent.
  • MORRIS : A LIFE WITH BELLS ON (2009)
    Note : 17/20
    Découvert à Univerciné Britannique Nantes de décembre 2010. L'accueil de ce film outre-Manche en 2009 semblerait mitigé ? Les plus chatouilleux peuvent tiquer. Entre tyroliennes et ballets féminins bien guindés... Un peu trop "old fashion" ? Ce genre d'arabesques, assez peu viriles amuse ou refroidit. Pour ma part, j'ai trouvé excellent d'avoir puisé dans les richesses folkloriques et d'en extraire des stars. Ode à "la rustication" ou exportation loin du terroir, il y a de quoi faire et le public est versatile, suffit de le dompter... C'est un bras d'honneur au show business actuel formaté par les seules classes dominantes. L'ensemble est très agréable à suivre grâce aux dialogues dans un registre rappelant Monthy Python. Dominique Pinon, en Français loufdingue, apporte son petit charme particulier aux côtés de tous, Derek Twist en tête. On rit, en tournant un peu en rond par moments. Finalement, la dérision par le folklore, pourquoi pas ? Pas plus ringard que les fanfares remises partout à l'honneur !
  • LES GRANDES CHALEURS (2009)
    Note : 16/20
    Les prudes vont prendre leurs jambes à leur cou... La bande-annonce laisse présager le plus improbable des couples car elle fait mémère au début et lui jeunot inconstant... Je n'avais pas intégré de manière claire le rôle de la soeur dans l'histoire, emportée par la bonne humeur, ces coups de pieds à la bienséance, on rit presque non stop en suivant cette femme qui pleure aux obsèques de son époux "parce qu'elle n'a pas d'peine"... On marche au fil des musiquettes couleur locale, et malgré un accent (vains dieux !) qui, n'en déplaise aux francophones pur jus, nécessiterait sous-titrage (on le fait bien pour le créole). C'est une vibrante parenthèse vécue à la façon d'une friandise qu'il serait péché de bouder... Joli filmage, fraîcheur des caractères, quelques clins d'oeil au milieu de la pub, mais dans un esprit de partage sans actionnaires à l'affût... N'oublions pas comme le sang bout au Québec quand l'été débarque pleins feux après le mortel hiver !
  • TRUE GRIT (2010)
    Note : 19/20
    Ce western des deux frères jure avec leurs productions récentes. Plus tendre mais sans renier l'habituelle dureté de façade. Poétique à l'image, le bleu nuit, les silhouettes découpées sur le ciel, la neige comme de la plume, ça fait presque illustré d'antan. Bien caricaturée, la verve du vieux cow-boy indétrônable face au rival à taquiner... Assez peu de combats en définitive, mais tous captivants pour n'importe quel public grâce aux prises de vue dans tous les sens ainsi qu'aux commentaires sur les blessures (aucune souffrance de n'avoir pas vu la version précédente)... Qu'est-ce qu'on rit ! C'est à moitié John Wayne, à moitié "Appaloosa" et pas mal "Le bon, la brute" en même temps... Avec un je ne sais quoi de conte pour la jeunesse vers l'issue... Tout cela pour "la petite aux nattes", une enfant-femme aux côtés de rapides à dégainer (très expressive, les photos nocturnes en plan très rapproché de son visage dans le film tranchent avec le ton acide non-stop du début à la fin, et qui, s'il le frôle par moments, ne dérape jamais vers le grotesque).
  • IT'S A FREE WORLD (2007)
    Note : 18/20
    Réservé à ceux et celles encore assez solides pour affronter la réalité à peine anticipée du monde de demain, cette loi de la jungle indispensable pour décrocher un max de sous sur le marché du travail pour l'instant encore "parallèle"... Un genre de fiction-documentaire. Angie, une blonde recruteuse sur son cheval de fer (elle ne fait pas dans la dentelle, je comprends qu'elle puisse rebuter avec sa moue de fille facile et son franc-parler. Un caractère s'affinant jusqu'à devenir enfin touchante, et même acquérir une certaine "classe" à la fin. Soit, par rapport au précédent "Le vent se lève", on peut se sentir floué, à cent lieues de la distraction qu'on recherche au cinéma, cet art censé tenir à distance du quotidien (et, pourquoi pas, se dire que "chacun chez soi, les vaches..." et autres fadaises). L'élément modérateur sur lequel se rabattre, c'est Rose, elle se fâche quand sa copine, prise en étau entre tous ces intermédiaires, va trop loin... Très bien maîtrisé d'un bout à l'autre et sans orienter non plus vers le Charity Business à tout crin (fin ouverte). A elles deux, ces jeunes femmes incarnent des tendances de débrouille féminine qu'on retrouve souvent dans le milieu de la prostitution : aguicheuses, attendries, rouées, rapaces... La survie les motive. Défilent, mais jamais de façon appuyée, quelques exemples de cette pauvreté des immigrés qui terrifie : on peut s'en détourner (très tendance)! Mais que ce soit à l'intention de la Grande-Bretagne ou de ses voisins, Ken Loach tape courageusement là où ça fait mal et moi ça me fait grand bien !
  • AMORE (2009)
    Note : 19/20
    Mais où l'amour va-t-il se cacher ! S'il est un joyau brillant de mille feux, c'est cette palme de tous les cycles Univerciné de la saison nantaise 2009/2010. Une histoire prenante, en tous points élégante... Envoûtante aussi, on se frotte les yeux pour s'en extraire. A l'exception des rares sortis en cours de route, de peur que "la dernière des immoralités" les laissent pour morts... Du cinéma techniquement somptueux, qualifié de "post-moderne", on parle d'un successeur de Visconti... Le spectateur se sent invité à voyager des architectures italiennes aux alpilles françaises, du corseté glacial au relâché scandaleux, avec la cuisine comme délicieuse intercalaire... Bande-son personnalisée, grande classe comme l'ensemble. Embarquement dès la première image donc, ces constructions survolées dans la pénombre... Décor planté avec lenteur, conduisant à deviner quel personnage se sent décidément d'une autre galaxie (l'animal sauvage Tilda Swinton) dans cette dynastie où on parle de tout sauf de ce qui préoccupe intérieurement, par exemple la présence de cette "pièce rapportée" d'un pays de l'est... Plus on avance et plus gestes, regards, paroles augurent d'un changement auquel personne n'aurait osé penser dans ce monde d'hommes d'affaires soudés par l'héritage financier... Prélude, ces bouchées savamment cuisinées ? Alarme, ce petit rire nerveux ?... D'ordinaire, les belles ramassées dans le ruisseau par de nobles seigneurs fuguent une fois et rentrent au palais. Rien de tout cela ici, à la faveur d'un second événement ajoutant sa part de trouble.
  • LES CLIMATS (2006)
    Note : 14/20
    C'est admirablement filmé, les stations sur les visages féminins ne lassent pas, la musique de Domenico Scarlatti accompagne bien ce "je te fuis, tu me suis" et vice-versa qui occupe tout le film, mais justement, c'est ça qui fatigue vite fait. On croirait des ados en train de se mesurer, ça ne décolle pas de ce stade. Lui, parfaitement macho, mais à grand besoin féminin, elles qui rigolent bêtement et font tout le cinéma dévolu aux femmes, minauderies, larmes, en veux-tu en voilà. Expériences amères, dialogues de sourds, seule la violence apporte un peu de piment... Pourquoi ce cinéaste-acteur éprouve le besoin de se coucher la tête en arrière dans un tiroir ? Une question qu'on peut se poser.
  • DES CHIENS DANS LA NEIGE (2007)
    Note : 18/20
    Ann-Kristin Reyels, comme le ferait Sarah Polley (même génération) s'attaque à des sujets gênants en prenant discrètement position. Des parents se racontent des histoires à eux-mêmes, fiers de leur petit pouvoir personnel, sans anticiper l'impact sur leur fils, une silhouette nonchalante qu'on voit d'abord du dessous, visage d'ange distribuant des invitations, c'est Lars, rien de l'ado boutonneux, il est très proche de ses chiens, ressent mal les calculs de ses parents, des tricheurs qu'il aime quand même. Evidemment attiré par le mutisme et la gestuelle étonnamment vivante de la fille d'un barman local (homme d'une rudesse déconcertante) : Marie, sorte de Charlotte Gainsbourg allemande se fout du qu'en dira-t-on, personne ne s'étonnera que ces deux jeunes s'apprivoisent au fil des coups durs. Une liaison camouflée d'un père à son fils, surtout avec la soeur de maman, est-ce que cela va de soi ? Voici la mère qui arrive, flanquée elle aussi d'un nouveau venu, le jeune Robert, sorte de second fils : amabilités, embrassades, un troisième invité se pointe... La caméra offre mille détails très attachants, attention, il est important de bien s'imprégner du malaise de ce délectable repas, qui ferait songer à "Festen"... Si le réveillon devient un petit cauchemar à table, l'attention n'est pas à focaliser sur le lapin, plutôt sur les va-et-vient de Lars, ce dernier vivant une forme de bizutage local dont il se tire en général... Cinéma de l'Est fortement imprégné d'occidentalité, ça bouge constamment, quelques traversées d'écran en guise de ponctuation, ça a l'air froid mais, dans le fond pas du tout. De très jolis tableaux, notamment nocturnes, une forme de sacralisation du couple dans son innocence première, la balançoire berce, avec cinq minutes de moins, le film était également viable... Joyeux Noël ou sinistre mascarade ?... Tout amène à s'identifier au pacifiste Lars, cet échoué dans l'Uckermarch, à 60 kilomètres au nord-est de Berlin, splendide endroit où le héros se fond. Une virée locale doublée d'un portrait familial décapant, avec cette économie de mots au profit d'images autrement plus évocatrices. Encore une merveille quittant l'affiche avant l'heure... Et pourtant, cela nous change des multiproductions sur les ghettos urbains ! Sans pour cela éviter la violence, simplement elle est toute autre. A découvrir en v.o. allemande, au besoin grâce au dvd.
  • SOUL KITCHEN (2009)
    Note : 17/20
    Co-scénariste de Fatih Akin et acteur central : le bouillant Adam Bousdoukos, comique malgré lui... Le pas décidé, il "trace" et s'écroule là où il peut... Mais toujours pour se relever, claudiquant, constamment tiraillé entre son oeuvre, cet entrepôt rénové et les gambettes de l'exigeante Nadine. Patron brouillon, diversement ressenti par son entourage, il parie sur l'honnêteté (précieuse valeur en ces temps d'incitation à la roublardise pour toujours sauver la face). L'atmosphère qui vrille un peu les tympans (bande-son comportant des pépites mais hélas quelques lourdeurs aussi...) fait défiler les cultures en partant du plat le plus "beauf" à la fine cuisine, celle qui nourrit corps et âme, avec seulement deux Chefs, le personnage central et le "Maître Shayn" (attachant Birol Ünel)... Un peu d'huile pimentée vers les lobbies et une escapade aux enchères (mémorable bouton dans le pilulier !)... Sont-ce les gags ou la gutturale langue allemande, les caractères en contraste permanent ou les prises de vue musclées ? J'ai trouvé l'ensemble d'une tonicité aussi contagieuse qu'un bon Tex Avery.
  • L'ÂGE DE GLACE (2001)
    Note : 19/20
    Le dvd en version originale sous-titrée convient parfaitement à ceux qui ne se précipitent pas de gaîté de coeur dans les salles pour "seulement" des films d'animation (avantage, ils gardent une relative "virginité" quant aux prouesses techniques ou aux thèmes rebattus). Délicieuse entrée en matière que cet écureuil et son gland sur la glace. Ce qui accroche tout de suite est la causticité du monde décrit. Gag sur gag, mélange de caricatures animales, des fables de La Fontaine, à "La Vie des Bêtes" de Reiser mâtinées d'un zeste de Tex Avery avec la rondeur de Disney... Aucun ennui, aucune fatigue. C'est très expressif, les dialogues brillent par leur efficacité. Les scènes accélérées bénéficient d'angles différents pour qu'on se croit "en vrai"... Après les travaux d'approche, on suit ces grands benêts et leur bambin aux gazouillis piochés chez de vrais bébés. Premiers pas, hommage aux fossiles dans la grotte, Mammouth en arrêt, du grand spectacle pour les groupes humains aptes à faire une trêve tous âges confondus... Un travail d'équipe s'adressant peut-être plus aux adultes qu'à la jeunesse du fait des subtilités humoristiques. A consommer jusqu'à plus soif, Ô combien en 2009 où on cause environnement à tous les menus... Les thèmes sont usés, mais peu importe si leur traitement amène l'inquiétude, le frisson, qu'on rit et qu'on pleure même, alors qu'il s'agit seulement de dessins ! En réalité, de savantes images de synthèse honteusement négligées au plan des récompenses, c'est vrai qu'en 2002 on n'osait encore pas.
  • OSCAR WILDE (1997)
    Note : 17/20
    Facture classique, biographie partielle (silence sur l'enfance du héros) : cette brillante description de "la faille" sentimentale d'Oscar Wilde adulte donne envie de lire l'homme en dehors de ses citations. On plonge en pleine hypocrisie victorienne, quand le rang social seul situe l'individu, il faut contourner les interdits, le plus aristocrate demeurant en même temps à la merci du sadisme paternel. J'ai trouvé le grand homme (acteur Stephen Fry de haute stature) davantage mère ou père de substitution qu'amant du jeune au regard d'eau (Jude Law, tout gracile à côté). La cruauté juvénile face à la patience du vieux sage, déjà affûtée par ses rejetons lors de contes qui semblent narrer son propre destin. Voici "Bosie" qui illumine l'écran, le type même de l'intrigant à fuir après consommation pour l'individu maître de ses actes, avantagé par une foule de prétendants, des étudiants, parfois narquois mais toujours envoûtés... Permissivité sexuelle de mise à l'épreuve. Complicité du personnel hôtelier. Le femmes spectatrices d'une société intellectuellement éclairée mais puritaine jusqu'à l'os. Dialogues en v.o. sous-titrée exceptionnels, je pense à cette première rencontre des deux "combattants", à la tirade du Maître au théâtre ou à la barre... Nul doute que Wilde maîtrisait l'art de dire les choses sans les dire, toujours armé de sa verve littéraire. Il impressionnait même les perruqués des courts tant il restait poli. Homos ou hétéros peuvent se retrouver tellement c'est la passion faite de nécessité et de ruine, mais empreinte de romantisme. En 2008, ce pourrait un échantillonnage des nuances entre sexe et sentiment en pédérastie. L'élégance d'un homme d'exception : jamais rien de trop trivial si Oscar Wilde était dans les parages, même l'intimité la plus nauséabonde, du moins si l'on en croit ce portrait.
  • MAGNOLIA (1999)
    Note : 16/20
    Magnolia, fleurs à neuf pétales comme les neuf personnages de cette histoire. A la sortie officielle en salle en 1999, je me souviens avoir quitté la salle après le premier numéro de Tom Cruise en slip kangourou blanc. J'étais convaincue d'une imposture. Encore une complaisance de cinéaste envers la mauvaise graine sans la moindre tentative de rachat... Le dvd donne envie de résister à la fuite. On s'y attelle donc en deux temps (3 heures au total !). L'avantage est le soulagement d'avoir réchappé des clichés chers aux réalisateurs étasuniens en vogue, ceux qui garantissent le pactole avec les seules bassesses humaines comme terreau. Même les personnages les plus insupportables montrent leur limite de manière productive (rôles ingrats de Tom Cruise ou Juliane Moore, l'animateur télé, ou le jeune prodige des jeux descendu en flèche par sa vessie). Tous capitulent, des innocents paient le prix fort (le chien)... Des minutes mettent les nerfs à vif (le plaidoyer de la journaliste !), le summum étant atteint au chevet du patriarche qui confie avoir aussi aimé tricher... L'ironie perce enfin derrière l'étalage. Emergent de petits bonheurs comme une tasse de café prestement versée dans un évier, sans omettre l'infirmier qui commande des revues porno, juste ciel !... L'épouse douchée par une révélation dont elle se serait passée semble le coup de grâce en même temps qu'une sacrée renaissance ! Epouvantable constat du rêve américain écrabouillé, à l'instar des liquidations énumérées d'entrée de jeu. Le "selon que l'on est puissant ou misérable" reçoit ici une bonne claque. Attention, c'est longuet mais soigneusement mené. Un régal à l'image. Le laborieux va et vient des personnages comme leur démesure finissent par être payants. C'est une sorte de silex informe à regarder froidement se polir au fur et à mesure. Ou bien une méga raclée suivie de récompense. Un film plus profond qu'escompté.
  • ERIN BROCKOVICH (2000)
    Note : 16/20
    Connotation différente en 2008 par rapport à 2000 où on pouvait encore croire à l'éthique du monde des affaires. La plastique de la belle sauveuse mère de trois petits pour avoir cru au mariage, ou la joute de démarrage avec cet assureur subjugué mais marié, sont des poncifs certes gonflants, ça sent bon l'américanisme racoleur sans lequel le film ne peut "impacter"... Voisin à moto disponible et consommable, il va garder les enfants, à noter surtout la petite dernière attendrissante, passant de bras en bras... Derrière ce folklore, le sujet serait plutôt "tendance", une ex-reine de beauté décidée à user de ses appas à travers une cause (pour la petite histoire, la vraie Erin Brockovich, énergique en diable, était à l'époque tout aussi tapageuse côté accoutrements si l'on en juge par le complément dvd)... Démanteler une multi-nationale créatrice d'emplois mais qui propage des cochonneries dans les sols, mission de haute voltige ! Bien dans l'air de la mondialisation où l'individu est responsable de sa santé, les Etats de plus en plus désengagés, l'Assistance Publique un souvenir. Avec une sécurité proclamée, le fameux "c'est bon pour vous" mais sans l'ombre d'une preuve à l'appui. Seuls les assureurs non véreux font espérer le pognon qui adoucit les pires préjudices, cancers, morts... Cette incroyable intimidation des personnes prises une par une, l'audace pouvant seulement venir du nombre... Des dossiers en béton afin de contourner les sabotages inévitables. Erin Brockovich, hormis ses tenues affriolantes, incarne l'intermédiaire sachant se mettre à la portée d'autrui. Cette question de chromes à toxicité variable fait songer au scandale de l'amiante, ou au tabou nucléaire, pour ne citer que les exemples les plus en vue !
  • GOUTTES D'EAU SUR PIERRES BRÛLANTES (1999)
    Note : 12/20
    Fait partie de ces films techniquement aboutis, mais au genre indéfini, sérieux ou loufoques ? Le malaise va croissant, et c'est froidement conclu... Un ensemble trompeur, cruel, je dirais presque "pour détraqués", et que ce soit du côté homo qu'hétéro, masculin ET féminin... Déjà, ces popotins qui se trémoussent sont d'un goût... Sans doute le personnage joué par Giraudeau fait-il fausse route en brandissant sa séduction comme arme suprême et en poussant les situations au paroxysme ? Admettons que le jeune influençable succombe en regard de son passé : mais que les deux femmes venues de l'extérieur, aussi nunuches soient-elles, se damnent pour le monstre, tout de même... Et même avec des acteurs au mieux de leur forme !
  • OPEN HEARTS (2002)
    Note : 19/20
    Les balises du "Dogme" pouvaient laisser croire à une limitation des effets pour cette série de secousses signée Suzanne Bier,l'adorable coupeuse de cheveux en quatre du cinéma nordique. Une tritureuse de poisses comme si elles nous arrivaient ici-même dans notre existence ballotée mais qu'on suppose exempte du pire. Tout sonne vrai, franc du collier et sans jamais outrepasser le supportable à l'image. On est mis en situation et on finit par admettre qu'on ferait à peu près la même chose... Sauf que ça ne peut pas, ne doit pas, nous arriver. Assez tendre comme regard mine de rien, la cinéaste se tient à distance malgré la caméra fichée sur les situations, et point de morale ou alors celle qu'on se forge dans l'intimité des tréfonds, s'il te plaît la vie, tout mais pas ça. Une lumière chaude sur les visages dans les intérieurs,les occupations banales et, loin en dessous, la glace des reniements. Solitude de l'individu tenu de rebondir et tant pis si la cruauté prévaut. Actrice principale ainsi qu'épouse larguée très marquantes, la petite Stine déchirée. Les hommes piégés dans leur rôle de jouer facilement double, n'en jetez plus... Le comble est que c'est d'un bout à l'autre délicieux par l'étrange envie d'en profiter que cela procure.Quel talent! .
  • LILLIAN (1993)
    Note : 17/20
    Bien davantage que dans "Thirteen" couplé à ce film qui lui est antérieur (1993), on sent les difficultés matérielles et un semblant de racisme communautaire. Si le personnage de Lillian, mère courage rejoint sa mission professionnelle, elle affiche une étonnante virulence envers les institutions comme avec son compagnon attitré sans pour autant se défaire de cette intonation geignarde qui agace d'emblée. On s'y habitue en vérifiant l'extraordinaire aplomb physique de la dame face aux coups du sort. Aucune scène violente, la mise en scène toujours délicate avec ses plans d'un esthétisme sobre. La religiosité de la dame peut toutefois peser, en particulier ce dérapage vers la superstition, manière de se dédouaner du peu de place faite à son intimité personnelle, un domaine où elle s'épuise des différences de valeurs entre les deux sexes. Sa fille Nina semble avoir épongé ce déséquilibre si l'on en juge par sa fugue peu après avoir soufflé ses treize bougies (voir film complémentaire "Thirteen" du même cinéaste afin de se faire une opinion d'ensemble).
  • THIRTEEN (1997)
    Note : 17/20
    Un cinéaste blanc qui filme en majorité des noirs là où séparation nette entre blancs et noirs n'existe pas. Une relative aisance matérielle, un niveau de culture et d'éducation comparables de part et d'autre : on est en 1997 dans une zone étasunienne calme... Pas de racisme du tout. Des frictions ni plus ni moins qu'ailleurs cependant. Une "mamma" épongeant les maux de la collectivité. Elle a une voix un peu pleurarde qui doit copieusement agacer sa fille de treize ans. Toutefois, on peut se croire dans un conte de fées, le traquenard appréhendé passant comme une ombre... La fixation de la demoiselle sur les voitures a de quoi faire sourire comme antidote à son vertige intérieur que le film "Lilian" permet de comprendre (autre dvd complémentaire du même cinéaste). On sent le plasticien dans les prises de vue alignées comme autant de tableaux dans l'agencement des scènes. Le scénario ultra-mince qui tire vers le documentaire peut gêner les fervents d'émotions fracassantes. C'est cependant assez juste comme regard, le passage à vide de la jeune fille, le lien à la mère lui révélant ses doutes personnels, cette façon de lui dire qu'elle a ses failles elle aussi... Tout cela dans un milieu d'accueil avec ses hauts et ses bas. Il faut pour apprécier l'ensemble réussir à s'extraire de 2011-2012 et ses clivages systématiques. Beaucoup de chaleur humaine chez David Williams.
  • LE PRÊTRE ET LA JEUNE FILLE (1965)
    Note : 18/20
    Projeté au Festival des Trois Continents Nantais 2012. Une tragédie qui trouve son écho dans toute récession économique. Ce village brésilien autrefois prospère et soudain figé rappelle la désertification 2012 des campagnes en marche, chômage, populisme, résultats de l'hégémonie financière. Seule la musique peut arracher quelque grimace à ce chef-d'œuvre trop méconnu des sixties. Reconnaissable à sa jeune femme sexy dans ses petites robes d'été au milieu des ruines. Trouble servante d'un bienfaiteur paternaliste, indifférente à un fou. Les mâles tous derrière cette fleur fraîche haïe des fanées... Leur point de ralliement à tous faute de pertes sévères au plan matériel et familial, la religion... Superbe plan de l'alerte soutane flanquée de vieilles grenouilles... A l'inverse de l'ancien curé, le nouveau, frais comme un gardon, damnerait une sainte ! Le spectateur jubile longtemps d'ailleurs, entre foi et chair, proche d'imaginer le couple piétinant les sauvages. A partir d'un poème, Joaquim Pedro de Andrade tisse une intrigue maudite d'avance en un milieu précis, et pour cela délectable. C'est un noir et blanc minutieux dont la chute fait transpirer.
  • UNE BOUTEILLE À LA MER (1999)
    Note : 13/20
    Une envie de voir Kevin Costner et Paul Newman me motivait. En lisant le résumé de l'histoire, je m'attendais à beaucoup plus cousu de fil blanc. Ce serait tiré d'une nouvelle : le mythe du message dans la bouteille découvert par une belle qui s'identifie à la destinataire au point de s'investir après avoir alerté le journal où elle travaille : du périlleux et du maso. Plus étrange, elle ne dit rien de son entreprise à l'émetteur lors de leur rencontre (assez incroyable qu'il ne soit pas plus intrigué dès qu'elle débarque comme ça un beau jour dans sa vie). Mais à part ça, les grosses vagues du début indiquent plus trouble, Paul Newman et Kevin Costner alertent dans leur joute de têtes dures... Les dialogues, les élans suivis de réticence, ce bateau bravant les éléments, j'ai fini par tolérer l'intrigue, la grosse ficelle du début mènerait-elle donc à beaucoup plus noir ?... Plus ça va, plus la petite blonde lasse des aventures foireuses, habituée à compter sur elle-même et qui a "repiqué" à l'amour devient touchante dans le oui-non qu'elle essuie, elle est bien patiente, surtout que le vieux semble aussi beaucoup vouloir qu'elle reste... Bref, c'est émouvant du fait de l'interprétation, et aussi parce que c'est bien compromis tout ça, comme souvent quand dès le début ça part de traviole !
Notes de L.Ventriloque
(par valeur décroissante)
FilmNote
LOIN D'ELLE (2006) 19
L'ÂGE DE GLACE (2001) 19
OPEN HEARTS (2002) 19
AMORE (2009) 19
MEME LA PLUIE (2010) 19
AVANT L'AUBE (2010) 19
TRUE GRIT (2010) 19
IT'S A FREE WORLD (2007) 18
DES CHIENS DANS LA NEIGE (2007) 18
RAIN (2000) 18
LA COMTESSE (2009) 18
DOUZE (2008) 18
LE PRÊTRE ET LA JEUNE FILLE (1965) 18
LONDON TO BRIGHTON (2006) 17
OSCAR WILDE (1997) 17
JAFFA (2009) 17
L'ENFANT DE KABOUL (2008) 17
ENTERREZ-MOI SOUS LE CARRELAGE (2009) 17
SOLUTIONS LOCALES POUR UN DESORDRE GLOBAL (2009) 17
NUITS D'IVRESSE PRINTANIÈRE (2009) 17
SOUL KITCHEN (2009) 17
CHEMINOTS (2009) 17
CE QUE JE VEUX DE PLUS (2010) 17
MORRIS : A LIFE WITH BELLS ON (2009) 17
LILLIAN (1993) 17
THIRTEEN (1997) 17
WALL-E (2008) 16
MONDOVINO (2004) 16
LE SILENCE DE LORNA (2008) 16
ERIN BROCKOVICH (2000) 16
LE DÉJEUNER DU 15 AOUT (2008) 16
LOOKING FOR ERIC (2008) 16
CONTE DE L'OBSCURITE (2009) 16
TÉHÉRAN (2009) 16
KOMMUNALKA (2008) 16
C'EST ICI QUE JE VIS (2009) 16
LES GRANDES CHALEURS (2009) 16
LA PETITE CHAMBRE (2010) 16
MAGNOLIA (1999) 16
GOMORRA (2008) 15
LA SPECIALISTE (2009) 15
LA SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS (2010) 15
LE NOM DES GENS (2010) 15
DEUX VIES PAR HASARD (2010) 15
LES CLIMATS (2006) 14
HISTOIRE D'HIVER (2007) 13
UNE BOUTEILLE À LA MER (1999) 13
ÉTREINTES BRISÉES (2009) 13
GOUTTES D'EAU SUR PIERRES BRÛLANTES (1999) 12
LA FILLE COUPÉE EN DEUX (2006) 12