Surtout ne pas avoir peur d'assister à de la violence pour des clous, avec force hémoglobine, style grosses productions américaines complaisantes qui vous laissent k.o. : certes, un filet de sang de temps à autre montre qu'on n'est pas à la noce, l'angoisse est présente, il faut bien... Mais davantage de suggestion que d'étalage, ce qui arrive a des relents de vérité, ça prend aux tripes tout de suite... Voilà un jeune cinéaste britannique recommandé par personne pour l'instant mais qui a quelque chose à dire, il offre là un thriller de choix, ce qui s'appelle "ne pas se f... du monde". Car qui ne tremblerait pour cette petite à la peau encore transparente de l'enfance (très jeune actrice absolument remarquable, la petite jeune fille candide mais point sotte qui va découvrir que la vie n'est point un jardin de roses). Une balèze d'embrouille, tout ça pour avoir fait confiance aux gens de la rue en se disant qu'il faut bien ! Nous voici partagés cependant, en présence de ce type supposé du bon côté de la barrière, et qui a quelque chose de terrifiant... Et puis la prostituée aussi : est-elle cette brave fille ou va-t'elle se révéler plus faible au fil de l'épreuve ? Enfin, ce maquereau aux yeux d'un homme bon, tellement à la botte de celui qui l'a débusqué... C'est la loi de la jungle, cette fiction d'un réalisme total dit aussi "osons un monde sans flics" ! Film noir, aride, qui sait où il emmène ses spectateurs, mais ce n'est jamais de la violence gratuite, même si j'ai eu l'impression d'une tension à la limite du supportable, cette arrivée au bord du gouffre avec les pelles... La caméra est maniée de façon assez musclée, mais avec un art consommé de sauver la mise... Aucune syncope dans la salle, au contraire, les spectateurs médusés causaient beaucoup une fois dehors !