Facture classique, biographie partielle (silence sur l'enfance du héros) : cette brillante description de "la faille" sentimentale d'Oscar Wilde adulte donne envie de lire l'homme en dehors de ses citations. On plonge en pleine hypocrisie victorienne, quand le rang social seul situe l'individu, il faut contourner les interdits, le plus aristocrate demeurant en même temps à la merci du sadisme paternel. J'ai trouvé le grand homme (acteur Stephen Fry de haute stature) davantage mère ou père de substitution qu'amant du jeune au regard d'eau (Jude Law, tout gracile à côté). La cruauté juvénile face à la patience du vieux sage, déjà affûtée par ses rejetons lors de contes qui semblent narrer son propre destin. Voici "Bosie" qui illumine l'écran, le type même de l'intrigant à fuir après consommation pour l'individu maître de ses actes, avantagé par une foule de prétendants, des étudiants, parfois narquois mais toujours envoûtés... Permissivité sexuelle de mise à l'épreuve. Complicité du personnel hôtelier. Le femmes spectatrices d'une société intellectuellement éclairée mais puritaine jusqu'à l'os. Dialogues en v.o. sous-titrée exceptionnels, je pense à cette première rencontre des deux "combattants", à la tirade du Maître au théâtre ou à la barre... Nul doute que Wilde maîtrisait l'art de dire les choses sans les dire, toujours armé de sa verve littéraire. Il impressionnait même les perruqués des courts tant il restait poli. Homos ou hétéros peuvent se retrouver tellement c'est la passion faite de nécessité et de ruine, mais empreinte de romantisme. En 2008, ce pourrait un échantillonnage des nuances entre sexe et sentiment en pédérastie. L'élégance d'un homme d'exception : jamais rien de trop trivial si Oscar Wilde était dans les parages, même l'intimité la plus nauséabonde, du moins si l'on en croit ce portrait.