Somptueux documentaire projeté au Cycle Univerciné russe 2010 nantais : que reste-t-il des "Kommunalki" soviétiques (logements communautaires), dont St-Pétersbourg (ex-Leningrad) reste la ville la plus représentative ? Nés de la crise du logement de 1917 pour cause d'explosion démographique urbaine (réquisition hôtels particuliers et appartements "bourgeois", l'entretien des parties communes revenant à l'Etat) : hélas, les intentions se sont diluées en cours de route, les propriétaires aisés réalisant des travaux, les locataires subissant les secousses économiques (chute libre des années 1993-1994, pour mentionner les plus proches de nous...). Pourtant, on vit encore aujourd'hui dans ces murs (10 % des habitants de cette grande ville, selon la réalisatrice présente avant la projection), quelque peu désenchanté : cuisine archaïque, robinets défectueux, une douche pour vingt personnes, on peut aussi se bricoler une bâche quand l'eau filtre des plafonds, car peu d'espoir que ça s'arrange. Seules, les plantes, bien arrosées, paraissent défier l'usure... Chacun fait son possible ou profite de ce que l'autre s'en acquitte tellement mieux...Les loyers continuant d'augmenter, à l'inverse des allocations (et des salaires pour les rares en activité professionnelle), les lendemains taraudent. Solidarité certes assurée en cas d'urgence, mais manque d'intimité amplifié par l'inconfort. Des expériences dévoilées à demi. S'ils ne sont pas "naufragés" de l'ancienne URSS, les différents interlocuteurs avouent un traumatisme lié à des éclatements politiques. C'est filmé avec l'affection d'une vieille connaissance, on sent le mode de langage d'une excellente photographe apte à saisir l'instant. A retenir comme emblème d'une jeunesse entravée cette jeune fille un rien "clone", à l'expression parfois réchappée d'une chirurgie esthétique d'amateur. Sûrement pas écervelée (à en juger par ses déclarations et les bouquins alignés sur ses étagères) mais réfractaire à tout engagement dans la réalité, la transe chevillée au corps, identifiée à ses idoles au point d'embrasser son téléviseur... On suppose que le premier séjour de Françoise Huguier dans les lieux datait d'avant la Chute du Mur de Berlin en 1989, quand l'Etat assurait encore à peu près la part lui revenant (photos femme nue de l'affiche)?... Il eût été judicieux de mentionner la date de tournage au bas de l'écran selon les périodes abordées, ainsi que les prénoms des intervenants à chacun de leurs allers-retours à l'image.