Elle avait déjà marqué sa préférence d'actrice pour les sujets tarabiscotés, en particulier dans "The secret life of words" et "Ma vie sans moi" de la cinéaste Isabel Coixet. Sarah Polley, pour ses premiers pas de réalisatrice, s'inspire d'un livre qui traite de "l'Alzheimer"... Charmant, qui va avoir envie de se déplacer pour ça ? Rassurez-vous, on est mieux en sortant qu'en entrant ! Le fait qu'il s'agisse d'un couple de la bonne société nord-américaine à l'abri du besoin y est pour beaucoup, mais pas seulement. L'intrusion du spectateur se fait sur la pointe des pieds. Une fois passé le choc de découvrir cette femme si éblouissante qui perd le fil mais le retrouve, et avec quelle lucidité !... Ensuite, plus l'action avance, plus c'est difficile de s'en tenir à la compassion. La maladie, cause de souffrance de la patiente et ici, son revers, cette occasion inespérée de régler de vieux comptes... Le plaisir est immense de retrouver Julie Christie incarnant cette femme de toute beauté, oscillant entre l'innocente et la garce. Voir dans les longueurs autant de paliers de la maladie, avec quelques personnages secondaires bienvenus, car il importe de respirer un peu en marge du tandem. L'ensemble est remarquablement déroulé, on est anesthésié par moments, habilement noyés dans une sorte de coton....dont émerge finalement le mari, bien vivant. Rempart pudique, mais aussi forme d'élégance, d'une cinéaste-actrice à peine trentenaire qui devrait continuer à faire parler d'elle, avec cette "patte" inimitable qu'elle a.