Sortie officielle 2012 version française remasterisée. On est transporté années soixante (Nantes centre, le Katorza, Les Dames de France de la Rue du Calvaire), une ambiance proprette de port encore actif quoique peu grouillant, sans doute faute de moyens... C'est frais comme un premier film de cinéaste qui a "quelque chose". Sublime fête foraine, ce ralenti de l'ado avec son yankee, fugace, typique de la préadolescence... Les minauderies de Lola (Anouk Aimée trop maquillée) peuvent hérisser les nerfs (même Gréco avait cette élocution précieuse typique de Bardot en ce temps-là, la Nouvelle Vague tira parti de ces chatteries souvent en les renforçant). Summum ici, un rire de bécasse ! Se boucher les oreilles ou couper le son afin d'avoir la tendresse pure à l'image, la rudesse étant réservée aux deux petites de quatorze ans... L'enfant Yvon passe longtemps pour un lutin muet à placer, déplacer... Dialogues parlés (on échappe au brame chanté de bout en bout), angles choisis variés, déroutants. On a la french touch du film avec les entrechats du cabaret et surtout la chansonnette éponyme, l'androgyne Marlène Dietrich n'est pas prête d'être détrônée... En entendant chuchoter "Michel Michel" on peut aussi glisser vers un autre film célèbre... Il n'empêche, ce premier long-métrage émeut comme l'enfant des premiers pas qui commence à se lancer... C'est rempli de captivants jeux d'ombre et de lumière. Le sort de ces gens reste suspendu pourtant, avec cette tête retournée dans la voiture... Et puis il y a ce Roland échappé de "l'étranger" de Camus... Tragi-comique, un peu eau de rose, voire c... la praline, la nostalgie vous prend en entrant et en sortant de ce film qui décrit l'embellie apparente suite aux deux grandes guerres.