Morgan semblerait en 2011 un fantôme des doux dingues circulant à cette époque-là, imprégnés des stars produites par "Le Swinging London", manière de s'habiller, de se comporter, de penser... A l'environnement ingrat, industriel, répondent le design, la photo, la mode, la musique : une vie d'artiste. Aujourd'hui, qui sait, on mettrait Morgan en prison ?... Sorte de Grand Duduche imbibé de King-Kong, de Tarzan et Jane, il est l'amoureux qui se rabat sur le communisme, effondré que sa belle lui préfère un bourgeois afin de reprendre une identité plutôt houspillée... Plane la grande pulsion des sixties, cette formidable zone de liberté d'après-guerre qui gommait les différences de milieux. Une embellie économique évidente, un bond en avant des moeurs et pourtant l'envie de révolution typique des étudiants avides de paix sur terre attisée par les grands penseurs. Un noir et blanc foutraque aux images qui parfois s'accélèrent comme dans Benny Hill... Des moments lancinants, de "glandouille" et d'autres, magiques, le policeman qui compose avec la modernité, l'accent cockney dans le café maternel, le feu au dos du gorille... L'occasion aussi de retrouver Vanessa Redgrave, un modèle de pionnières des années soixante avec coupe de cheveux et silhouette très petite fille, mine de rien déterminée malgré un brin d'hésitation dans ses choix intimes.