Encore un excellent Fritz Lang des années hollywoodiennes à voir en v.o. ! Loin de "La Louison" française de Jean Renoir et des "gueules noires" qui vivaient dessus. C'est la peinture du rail US à son démarrage industriel, à peine quelques fumées gris clair, conducteurs aux allures de superviseurs, bien qu'accrochés nuit et jour à leur fonction par ce dédale de rails et de wagons au ras de leur home. Vicki Buckley (Gloria Grahame) incarne ici la dépendance féminine des années cinquante, d'abord forcée au pire par son vieux mari avec cette odieuse lettre, mais elle use très vite d'un ton doucereux et d'un rouge à lèvres qui déborde, prudence donc... En fait, tout tourne autour du libre arbitre masculin dans la complicité du couple, dont le moteur reste le désir toujours capricieux et impossible à mettre sur le même pied d'égalité pour les deux sexes. En supplément, la hantise masculine de se risquer à épouser beaucoup plus jeune que soi (adorable petite consumée aux yeux brillants). Quelques scènes familières dans la maison, la cuisine encore, cette soupe froide, la cachette du butin, l'intérieur d'après-guerre auquel toute famille estimait avoir droit... Une version qui s'avoue inspirée seulement de "La Bête Humaine" de Zola : l'analyse sociologique, bien que transposée outre-Atlantique, est incroyablement proche de celle de l'écrivain.