Il a élu domicile dans un bateau désaffecté (car il aurait perdu sa maison lors de la guerre Iran-Irak) : toute la journée le jeune Amiro (petite bouille sauvage au sourire radieux) s'active, s'assume comme un petit homme responsable. Il dispose d'une vitalité étonnante, sportif endurant, comme sa bande de copains, des hyperactifs heureux dans un coin qui leur est à peu près favorable. Amiro sait se tirer d'affaire, incapable de "lâcher le morceau" s'il estime avoir raison, question d'honneur... Amir Naderi offre des images riches, bien cadrées, aux couleurs ensoleillées, c'est une suite d'ébats juvéniles qu'on sent nécessaires à la fois pour gommer le passé et s'inventer un présent de bric et de broc en Iran... Survivre, transcender... Les bateaux, avions, trains, vélos, sont des jouets grandeur nature (Amiro jubile en allant simplement toucher un avion au sol sur la piste voisine !). Travailler, étudier, hurler devant la mer, les navires, le feu, et puis courir pour vérifier ses limites. Rester fort. Outre la morphologie de cette petite bouille de "Poulbot iranien" et son désir de suivre des cours du soir, l'aveu mutuel que "les copains manquent" et surtout le départ de l'ami, cette petite larme, révèlent aussi la capacité d'aimer, miraculeusement intacte... Rappel bouleversant qu'il existe foule de ces innocents livrés à eux-mêmes sur notre chic planète !