Critique(s)/Commentaire(s) de MILAN

Page 1 sur 3 (124 critiques au total)

  • LE HUITIÈME JOUR (1995)
    Personnellement je ne perçois pas de voyeurisme dans ce film et je m'interroge sur les esprits engendrant un tel qualificatif. je trouve souvent plus voyeur des scènes d'amour par exemple, car il est clair que l'intimité d'une personne et d'un couple ne concernent que le ou les protagonistes. Les moments intenses ne sont pas du domaine du spectacle. Maintenant, donner la parole à un handicape mental, le voir rire à gorge déployée, faire le clown, imiter les animaux, faire des caprices et nous présenter son imaginaire peuplé du multicolore Luis Mariano et de sa grisonnante et tendre maman ne me semblent aucunement du domaine du voyeurisme (si on l'entend péjorativement...). Que l'histoire soit ou non réaliste, je ne le pense pas et la question n'est pas là ..... Ce que je trouve excellent dans la conceptualisation de ce film est d'avoir intentionnellement opté pour un représentant de ces individus qui sont plus généralement et automatiquement (réaction de réflexe tout à fait normale) rejetés à cause de leur différence. Une fois de plus la différence visible permet d'inférioriser l'autre, d'en faire un objet de mépris. Cette visualisation caricaturale entre les gens dits normaux et les autres n'est pour moi qu'un moyen détourné et génial pour montrer UNE DIFFERENCE TOUT AUSSI CARICATURALE ENTRE LES POSSIBILITES DE CHACUN POUR L'ACCES AU BONHEUR. Je m'explique. Le meilleur représentant de notre magnifique société, cet adorable Harry qui vit dans son monde, sa réussite sociale, sa superbe maison avec piscine et sa belle voiture s'est coupé de l'essentiel. Il ne construit plus le monde avec ses rêves, ce et ceux qu'il aime, il n'étreint jamais les troncs d'arbres en devenant arbre lui-même, il ne regarde plus voler une coccinelle et derrière tout cela, le regard perdu, il ne sait pas pourquoi sa propre femme souffre, ne sait plus qui elle est car derrière la perception des choses simples, il y a l'écoute de soi et de l'autre. S'écouter c'est aussi faire certains choix de vie et cesser de continuer avec un acharnement masochiste à se faire mal en poursuivant chaque matin l'éternelle et névrotique habitude. Que cette rupture, que cette prise de conscience soit heureuse, car il faut vivre et autant se rendre heureux... Pas de dépression, de remords... la vie est instants. Autant se conformer aux lois et au rythme de la nature parce qu'elle gagnera de toute façon : quoi qu'on fasse on meurt, alors autant vivre le mieux. Le suicide de Georges accentue peut-être ce sentiment chez Harry : ca n'est pas dramatique car il lui a fait le plus merveilleux cadeau qu'il soit avant de mourir : il lui a refilé le mode d'emploi du bonheur. C'est pourtant pas sorcier, on naît avec puis on prend des années à désapprendre, à être heureux. Puis les plus sages et les copains des mongols prennent de nouveau des années pour réapprendre à être heureux. C'est vraiment très triste de constater cette évolution inversée entre l'intelligence dans notre civilisation et l'ignorance de la chaleur humaine, du regard sur l'autre et sur soi. Comme s'il était ridicule ou humiliant de prendre son temps pour vivre, de rêver et d'annuler un rendez-vous pour l'anniversaire de la petite. Ai-je été convaincante ?
  • UN AIR DE FAMILLE (1996)
    Réponse à Stéphane Czopek
    N'importe quoi ! Je ne laisserai pas se dire de tels propos insensés, injustifiés et tout simplement faux de ce film génial. Mauvais remake du théâtre dit mon précédent critique ? C'est tout aussi bien que sur les planches et on peut voir ce grand couple Bacri/Jaoui sans bouger de sa province. Mais plus que l'excellente interprétation des acteurs-comédiens, l'histoire sonne incroyablement juste. Scènes du quotidien dans son horreur de banalité, d'égocentrisme, de sentiments entre chien et loup ..... J'adore cette désillusion lucide et pourtant sans haine du personnage joué par Agnès Jaoui par rapport à son frère et sa mère... une pure merveille à voir absolument .....
    Stéphane Czopek
    Tout dépend de ce que l'on va voir. Si l'on se déplace pour voir les tous nouveaux numéros d'acteurs d'un Bacri éternellement misanthrope, d'une Jaoui imperturbablement nonchalante etc..., on est à peu près sûr d'obtenir satisfaction. Si par contre, on espère trouver dans "Un air de famille" un bout de vie moins "efficace" que dans la plupart des films de ce genre, c'est raté. Et pour que le théâtre qui échoue à devenir du vrai cinéma , vous hérisse, préparez-vous pour un vrai mauvais moment. A vous de voir... j'ai choisi. 9 sur 20 comme dirait l'autre...
  • WESTERN (1997)
    Après toutes les conneries que j'ai lues et entendues dire sur ce film, je ne peux qu'exprimer ma profonde déception envers Manuel Poirier et sa dernière création.... J'avais adoré "A la campagne". Vraiment adoré. J'en parlais à tout le monde et attendais avec impatience de voir ce que M. Poirier nous ferait ensuite, ne doutant pas que ce ne pourrait être que génial. L'horreur en voyant un film qui réunissait tous les défauts du pire navet : lieux-communs, jeu d'acteurs catastrophique...et surtout des longueurs complètement delirantes : la scène d'une idiote à table qui veut absolument baiser avec le personnage espagnol de l'histoire, tout le monde est complètement beurré, l'idiote rit comme... une idiote en répétant "allez, allez"; ils sont quatre à table à n'avoir absolument rien à se dire et ils baragouinent des monosyllabes en riant bêtement et la scène dure au moins... dix minutes. Sans blague, je regardais le public, en en croyant à peine mes yeux, ayant presque honte d'avoir tant encensé un réalisateur qui se permettait de faire des plans séquences de dix minutes totalement creux... quand tant d'autres l'ont fait avant lui en y mettant du sens ou de la beauté. Scène de mariage : rebelote. Vous savez ces fameuses fêtes de famille où on s'emmerde tous à mourir en faisant semblant de s'amuser en attendant la fin, Et bien si, il nous l'a fait : la scène du mec complètement cuit qui fait sa crise existentielle, histoire d'en faire bien profiter tout le monde. On compatit, pauvre type, vraiment. OK pour M. Poirier j'irai encore voir ses films mais je ne comprends pas pourquoi mon opinion semble à ce point isolé en ce qui concerne "Western" ... Comment peut-on seulement défendre ce film ? C'est tellement mal joué en plus; les répliques sonnent toutes faux et enlevent d'office toute crédibilité à l'histoire. Ce fut vraiment de la torture que de supporter ça jusqu'à la lie, n'aimant pas les jugements trop hatifs... De toute façon, on n'aime rarement toute l'oeuvre d'un réalisateur après avoir flashé sur un film .....
  • AINSI SOIENT-ELLES (1994)
    Avant d'entrer dans la salle, le spectateur frémit d'impatience à la seule pensée de voir ce petit chef- d'oeuvre du cinéma francais. Le sujet est bien entendu des plus originaux : "l'amour et le sexe" (à se demander où certains vont chercher leur inspiration ! ). Les circonstances de la fécondation nous sont complaisamment rapportées par les metteurs en scène : tous deux avaient travaillé dans le cinéma et venaient de faire un bébé, alors ils décidèrent d'en faire un autre, un film (et non, tous les couples n'ont pas des projets aussi originaux, que non !). Quant aux conditions de la cogitation de ce petit être, elles nous émeuvent au plus haut point : Madame faisait répéter les acteurs en faisant de temps à autre la gueule pour montrer la force de son caractère et Monsieur faisait le chef sur le plateau. Le choix des actrices eut lieu après avoir fait danser nombre de jeunes femmes afin de vérifier leur "grâce" et après avoir contrôlé la réalité de leur libération sexuelle par des moyens que nous ignorons ... Bref, ainsi présenté, vous pouvez vous attendre à ce que le film soit à la hauteur des attentes. Il s'engage en effet sur un mur de piscine dont on admire le carrelage uniformement blanc durant un long moment, tandis que les voix de trois jeunes femmes nous tiennent des propos qu'on s'attendrait plutôt à entendre dans un lycée. L'instant est pourtant rythmé et plein de promesses. Face au carrelage, nos attentes demeurent vierges et nous pouvons encore nous faire de faibles illusions sur la qualité du film. Bien vite nous comprenons que l'histoire baigne en fait dans un pur machisme qu'on ne s'attend plus à voir s'étaler sur nos écrans en 1995. D'abord, Marie déclare sa flamme à un écolo, avant d'aller se faire sauter par un "bon coup", puis par d'autres inconnus, mais la morale est sauve, car elle demande à celui qui entre sans s'être présenté s'il s'est bien couvert. De sont coté, Alice fait consciencieusement la carpette devant un père méprisant et phallocrate, puis devant un peintre tout aussi répugnant chez lequel elle travaille en tant qu'assistante, après lui avoir avoué qu'elle n'aimait pas son style et avoir eu mortellement honte de penser et d'exprimer une opinion ... Enfin, le bouquet c'est Jeanne. Elle renoue avec un mari infidèle qui colle un air triste sur sa face pour mieux la reconquérir. Redevenue épouse soumise et dévouée, elle lui sourit tendrement quand il lui dit qu'elle doit accepter les réalités du droit de cuissage vu que son second salaire est indispensable. Cette "chose" qu'on aurait pris au premier coup d'oeil pour une femme, se sent dès lors indispensable et lui sourit tendrement. Nous partageons son émotion. Je ne vous raconte pas la suite parce que là, j'ai craqué. Ce genre de "film" fleure les défections infâmes de notre société qui n'a vraiment pas besoin de çà. L'aspect finalement inacceptable et répugnant de l'histoire vient du fait que ces scènes ne sont pas montrées en tant que caricatures d'une certaine face de notre société, qu'on aimerait voir disparaître afin de les dénoncer, mais sont bel et bien appuyées d'une façon complaisante et satisfaite. En fait, un film qui s'intègre parfaitement dans un certain retour du couple abêti et infantilisé dans la lignée des téléfilms idiots qui peuplent nos écrans TV à certaines heures d'écoute -à la "Hélène et les garçons" et de nos actrices sexe-symbole-fétiche à la Vanessa Paradis-.. L'ironie est qu'une telle vulgarité s'est pris d'un titre nous rappelant un petit chef-d'oeuvre de la littérature féministe, de la grande époque, écrit par Benoîte Groult, que par contre, je vous conseille très chaleureusement de lire afin de vous redonner foi en la vie, en l'autre, en l'amour ... Ainsi soit-il ...
  • VISIBLEMENT JE VOUS AIME (1995)
    Ce film est véritablement admirable. Déjà, le précédent film documentaire fiction de Jean-Marie CARRE, "Galère de femmes", qui parlait de la difficile réinsertion d'anciennes incarcérées est utilisé pour la force de son discours comme outil pédagogique à l'ENAP, l'Ecole Nationale d'Adminitration Pénitentiaire. J'espère vraiment que ce film servira dans un même but et plus large aussi pour atteindre la population des gens dits normaux qui se sont, eux, laisses aliéner par les préjugés sociaux, pour qu'enfin les asiles psychiatriques disparaissent et que les supposés fous soient intégrés dans la société car ce qu'ils ont à nous apporter et ce que nous apporte ce film, est un nouveau regard porte sur l'Autre et sur sa différence. Parce qu'enfin, ce que ces personnes nous apprennent (autistes, psychopathes et délinquants) c'est que la communication ne se limite pas et loin de là, à un discours articulé. La vie c'est aussi le regard de l'autre qui croit en soi, la tendresse, la présence, la foi en l'autre par delà ses défauts et ses faiblesses. Apprendre le langage de l'autre pour le toucher et l'aider... C'est juste ce que nous attendons d'autrui comme une évidence; n'est-il pas temps d'apprendre à vivre cette nouvelle approche ? L'empathie et la compassion ne sont elles pas les éléments définissant visiblement l'amour ?
  • LA DERNIÈRE MARCHE (1995)
    J'ai trouvé ce film excellent, car j'y retrouve mes idées, alors çà me plaît forcément... D'abord la question de la peine de mort qui est ici traitée, ne se conjugue pas sur un mode binaire. On ne peut tout simplement pas déclamer une grande vérité du genre : ils ont ce qu'ils méritent, ils faudrait leur faire subir ce qu'ils ont fait à la victime... J'avoue que si j'étais témoin d'un acte de barbarie, il y a de fortes chances que sous le coup de l'émotion, de la colère et du dégoût, je sois tentée de faire justice moi-même avec les moyens du bord; ce genre de réaction me paraît tout à fait humain ..... Cependant, la logique de la préparation, puis de l'exécution à froid d'une ou de plusieurs personnes, sur une chaise électrique, par un peloton d'exécution ou dans une chambre à gaz ma paraît complètement inhumain. Il s'agit là de la réalisation froidement programmée qu'à parfois un public devant un meurtre. De plus, quelle satisfaction peut-il y avoir à voir un être souffrir et agoniser. Seul le dégoût peut résulter d'un tel spectacle... ou l'indifférence, ce qui est bien pire et renforce l'idée d'un acte non humain. Ceci dit je ne blâme pas ceux qui sont pour la peine de mort. Il y a des souffrances difficiles à intégrer et qui ne laissent jamais intacte.
  • CHACUN CHERCHE SON CHAT (1995)
    OK. C'est un petit film bien sympa, la Madame Andrée est finalement bien attachante à garder tous les chats du quartier en période estivale... et la Chloe, douce humaine et si timide... Mais franchement l'idée de l'amour qui y passe est d'un réalisme qui me glace jusqu'a l'os... si les mecs sympas sont uniquement baratineurs, homosexuels ou idiots, bonjour ... Autant se faire illico lesbienne ou bonne soeur, parce que c'est à vous foutre le bourdon... D'ailleurs c'est fait, plus rien à dire que se taper la tete contre les murs... Y a-t-il un homme humain et sentimental dans la salle ?
  • LES ENFANTS NOUS REGARDENT (1943)
    Grands Dieux ! Quel film atrocement horrible-bouleversant -déchirant- à vous donner des frissons à l'intérieur !!! La dernière scène est à peine supportable et l'interprétation des acteurs, surtout de l'enfant dont il est question, est vraiment admirable !! Un sacré morceau de bravoure pour De Sica, du grand art...
  • LA LEÇON DE PIANO (1992)
    Ce film est à mon sens un bon film quand il en appelle aux sens et à l'imagination du téléspectateur, il touche ainsi à son émotion et lui laisse une palette élargie d'interprétations personnelles de l'histoire qu'il retrace. Dans "Une leçon de piano", le spectateur demeure dans l'ignorance du passé des personnages : Pourquoi Ada a-t-elle subitement perdu la parole ? Pourquoi est-elle mariée à un homme qu'elle n'a jamais vu ? Qui est le père de sa fille ? Un grand artiste parti tenter sa chance en Europe ? Qui sont vraiment Georges Baines et Stewart ?... On comprend qu'à l'époque coincée dite Victorienne, le consentement d'une jeune mariée était inutile et que le prétendant était choisi selon sa situation sociale. Visiblement, Ada a volontairement ou après un traumatisme inconnu substitué la parole à la musique dans laquelle elle a trouvé dans sa première enfance un moyen d'expression beaucoup plus riche et adapté à son caractère pulsionnel et passionné. Cette substitution provoque une relation symbiotique fascinante entre l'instrument et la jeune femme. Sa relation avec les autres, passant par la musique, en est profondément modifiée : Ada a perçu instinctivement et inconsciemment un monde sensitif que Baines va percevoir et canalisera vers une relation amoureuse passionnelle. Dès lors, Ada trouve un moyen d'expression correspondant à sa fougue qui fait d'elle une femme achevée. Ce bouleversement va provoquer à terme la rupture du lien quasi organique entre Ada et son piano, symbiose qui connait son expression la plus intense par le parallélisme de la touche qu'Ada ampute à l'instrument afin d'y inscrire son amour et son propre doigt que Stewart coupe dans une crise de jalousie passionnelle. Soulignons enfin la relation extraordinaire d'Ada avec sa fille, Flora. Harmonie brisée par la relation entre Ada et Baines que l'enfant avait pourtant découverte et tenue secrète. A partir du moment où Ada décide de ne plus faire confiance à sa fille, celle-ci choisit l'homme qu'Ada repousse : Stewart. Elle l'accepte comme père et trahit finalement sa mère pour lui. Une trahison en vaut bien une autre, mais cette dernière s'achève dans le drame. Heureusement, tout se termine pour le mieux. Ada renonce au silence et à son piano qui a failli l'entraîner dans son trépas. Bref, un film exceptionnel, magnifique, sublime, que dis-je... bien plus encore.
  • LAST SEDUCTION (1993)
    Alors là, vous me décevez au-delà de toute proportions, cher Cinéfiches. Ce film est sans conteste mauvais, indéfendable. Faut-il que la fascination pour les femmes "vénéneuses" vous ait amputé de toute capacité de jugement. N'auriez-vous pas un petit problème (gros) avec les femmes, pour noter 15 un film très moyen à partir de ce seul argument ??? Mes arguments me semblent plus solides: l'histoire n'est pas crédible et sans rythme, le fil est très gros. Je ne crois pas qu'on puisse faire un bon film en parodiant les mauvais rôles d'un certains types de mecs.
  • BOHÉMIEN (1937)
    "Le vagabond" est un véritable petit chef-d'oeuvre. Nouvelle adaptation du thème du "ver de terre amoureux d'une étoile", il n'épargne pas les cotés les plus noirs de son personnage principal, Fenrik, un ignorant cupide et brutal. Totalement amoral, il gratte de la guitare, il est ébloui par la tendre Josefa, mais n'entend rien au sentiment amoureux... A voir à la premiere occasion, en espérant une plus large diffusion, en France et dans le monde.....
  • LE GRAND BAPTÊME (1931)
    Un film absolument charmant : Harald est un jeune homme chétif et manquant d'une totale confiance en lui. Il rencontre Petra, une femme d'âge mûr qui lui propose de devenir "homme d'intérieur" afin de s'occuper de l'enfant qu'un séducteur a fait à sa colocataire, Alvide. L'image de l'homme au foyer, se promenant en ville avec un bébé dans les bras et préparant les repas est extraordinaire pour un film de 1931 et annonce le rôle initiateur qu'adopte dès cette époque la Norvège en la matière. De plus, les pasteurs d'Oslo se font une concurrence acharnée pour "sauver" les âmes de ces enfants nés "impurs". Pour cela, ils "prospectent" dans les quartiers qui ne sont pas les leurs, mais dépendant d'un pasteur rigoriste. La situation qui en résulte est des plus cocasses et étrangère à notre tradition nationale et très peu dépeinte dans le cinéma occidental. Bref, Harald parviendra à se faire aimer pour ses grandes qualités morales par la belle Alvide. Un film qui mériterait une large diffusion.....
  • DEUX VIVANTS ET UN MORT (1937)
    Le film s'ouvre sur le quotidien d'une petite famille idéalisée. Berger est un fonctionnaire consciencieux et un vrai copain de jeux pour son fils. Tout s'effondre le jour où, suite au cambriolage du bureau de poste où il travaille, il est soupçonné de lâcheté. La vie de cette famille modeste est assez bien retracée, ainsi que l'importance de l'ascension professionnelle et l'influence destructrice du "qu'en dira-t-on", mais le tout est quelque peu simpliste ... A l'opposé de l'honnête Berger se trouve Lydersen, un vieux garcon infatué de sa personne et ridicule qui devient le "chouchou" de la société bourgeoise car il a prétendu avoir su lutter contre le voleur. La vérité éclatera finalement après que la famille ait déménagé pour Oslo et Berger humiliera Lydersen..... Un film plaisant.
  • TORRES SNORTEVOLD (1940)
    Torres est un fils de pêcheur débordant de dynamisme intelligent et entreprenant... Il décide de faire fortune en ville et de se venger par la même occasion du Consul Roger qui a expulsé son père acculé de dettes. Il y parvient au-delà de toute espérance à force de débrouillardise et ne ménageant pas la flatterie. Pourtant, il demeure en dehors du monde bourgeois qui finit par s'humilier devant lui. Un film attachant et distrayant qu'il faudrait voir si seulement les films de l'exceptionnel Tancred Ibsen pouvait être distribués en France !
  • LES VOISINS TERRIBLES (1954)
    Le film nous entraîne au coeur d'une famille modeste typique de l'après-guerre. Cinq enfants, une mère aimante, chaque être unique. L'aînée quitte sa famille et aspire à son indépendance qu'elle pense trouver dans l'appartement de jeunes filles délurées..... Malgré des épisodes tragiques, l'action est menée sur le ton d'une charmante comédie. La légèreté de la narration ne doit cependant pas masquer la gravité du thème ..... Un film à voir.
  • LES NUITS FAUVES (1992)
    Reprendre la "plume" pour "Les nuits fauves". Je sais, parler d'un film en le baptisant "chef-d'oeuvre" est toujours contestable. Parce qu'il m'a VRAIMENT touché, mon avis n'est bien sûr qu'hautement subjectif. Essayons d'expliquer. Profond réalisme et désespoir total. Mais le film n'est pas une photographie d'une situation infernale ou la possessivité dementielle(où les femmes ne peuvent que se reconnaître) se heurte au cataclysme d'une vie de trente ans qui se meurt et n'ose plus croire, espérer, envisager demain à deux. Le dernier quart d'heure coupe la linéarite du film, et lui donne à mon sens un plus de réalisme. En effet, ileut été trop simple de faire un film sur l'horreur de mourir dans la force de l'âge, du sida alors qu'on pourrait commencer à vivre vraiment. Le dernier quart d'heure nous montre que la vie n'est pas un désespoir immobile. Il évolue, lui aussi, et la vie reprend ses droits. Laura pourrait réapprendre un amour calme. Devenir "adulte", "dépassionnée". Jean se décide à se penser : son refus d'accepter d'être atteint par le virus, sa fuite dans des liaisons dépersonnalisées... Finalement, il revient à ce que lui a dit la jeune Marocaine au début du film : profite de ta maladie pour te réformer (ou redémarrer ? ). Bref ce film est superbe, parce qu'il est une enième et très réussie recherche de définition de la complexité du relationnel. Cet imbroglio infernal entre amour, passion, tendresse, amitié, compréhension, fuite, solitude, possessivité, destruction autant qu'auto-destruction ..... Ce film est très riche et l'on pourrait en parler encore très longtemps. La cohabitation du vampire "Désespoir" et de la déesse "Espoir" y est très réussie. Mais peut-etre cette cohabitation est elle la condition sine qua non d'un très bon film ... Je soulignerai encore, après bien d'autres, la remarquable interprétation des acteurs principaux ...
  • JULIA A DEUX AMANTS (1990)
    Ce film m'a très agréablement surprise, le jeu des acteurs et le scénario sont au top. On se croit plus au théâtre qu'au cinéma, vue l'absence de toute action : traditionnels tirs d'armes et dérapages automobiles. Pour ma part, je préfère de loin ce genre de film à petit budget, mais à l'intelligence du propos, aux grandes réalisations fracassantes, coûteuses et insipides. Ici les thèmes sont toujours classiques: impossibilité d'assumer l'amour dans la durée pour l'un, inconcevabilité du renoncement à la passion sentimentale dans le mariage pour l'autre, mais ces thèmes nous sont présentés d'agréable façon ... On regrette cependant que les deux "bavards" se rencontrent, et encore plus qu'ils se refugient immédiatement dans les draps... Quelle tristesse ! Autant cette amitié qui s'improvise entre le couple nous est sympathique, autant la suite donnée à leur conversation téléphonique est affligeante. Cependant, cette comédie est légère et charmante.. avec comme simple morale le nouveau départ sur de nouvelles bases des trois personnages principaux ...
  • DOCTEUR PETIOT (1990)
    Il est toujours troublant de voir des films basés sur des "cas" historiques marquants de notre histoire criminelle. D'autant plus que Michel Serrault interprète remarquablement son rôle avec une froideur et un détachement donnant la chair de poule. Quelques Juifs ayant eu affaire à lui vivent leurs derniers jours dans les mains de leur sauveur supposé qui va en fait les achever lui-même. Son non-sourire, sa physionomie lugubre, nous représente vraiment un homme psychologiquement malade dont les mobiles restent mystérieux, jalousement gardés dans les griffes de l'Histoire. ....
  • ADIEU AU FAUX PARADIS (1989)
    J'ai particulièrement aimé ce film réaliste et sincère. Cette jeune femme turque rendue sauvage par la peur, peur construite sur les maltraitances d'un époux imposé et qu'elle a finalement tué. Terrifiée d'avoir osé un sursaut de survie et d'amour- propre. Il me semble surtout important que ce film soit réalisé par un homme d'une part, turc d'autre part. On pourrait croire sinon à la condamnation par l'Occident d'une société imposant la soumission totale de la femme. En fait, l'Allemagne n'est par représentée sous un jour glorieux en incarcérant une femme qui a tué, me semble-t-il en légitime défense. C'est plutôt les femmes qu'elle rencontre qui l'aident à évoluer. Incarcérée, elle fait connaissance avec des des femmes qui l'aident et la comprennent authentiquement, sans être bloquées par les préjugés, la bêtise ou la peur. C'est aussi me semble-t-il un film sur l'incarcération au sens figuré : un mariage qui n'est que souffrance, un frère qui décide de sa vie à sa place, une compatriote emprisonnée qui ne peut faire un pas hors de sa cellule à cause de la tyrannie d'une marâtre plus âgée incarcérée avec elle. Sadisme ordinaire des proches. A voir absolument.
  • PALOMBELLA ROSSA (1989)
    Peut-être n'aurait-on pas du me conter avec enthousiasme la trame de Palombella Rosa, mais ce film m'a consternée. Il est clair qu'un cinéphile amateur ne jugera pas une oeuvre de la même façon que ceux qui ne le sont pas. Je constate seulement que d'amateurs cinéphiles il semble y en avoir beaucoup : tandis que ma voisine s'endormait au milieu du film, d'autres avait la présence d'esprit de quitter la salle. Peut-être craignaient-ils de ne pas se réveiller après la fin du film. A l'actif de ce film, je noterai son actualité. Après avoir eu sa période militante, le cinéma entame celle du scepticisme. Or nous savons que, comme l'Histoire, l'écriture cinématographique est le constant reflet dénonciateur de la société dans laquelle il s'inscrit. De plus, le ridicule qui touche nombreux éléments de notre système social est le bienvenu : les militants politiques et leur puérilisme, le discours politique insipide, et -ô joie- la claque heureusement envoyée à la représentante du monde de la presse. Au passif du film, je dirai qu'à force d'avoir voulu donner des coups de pied dans tout l'édifice social qui nous entoure, Nanni Moretti en a destructuré tout le film. C'est cette incohérence qui a ainsi déconcerté. C'est dommage.
  • LE SUD (1988)
    "Le sud" de Solanas, c'est avant tout un rare coup de coeur. "Le sud" est un regard éberlué au sortir d'une trop longue nuit. La fin de la dictature argentine et la fermeture des geôles pour ceux qui se permettaient de "penser". Ce film n'est pas celui de l'oubli, mais bien plutôt un hommage à ceux qui ne sont plus et qui surgissent au milieu d'une trop longue nuit. Nuit dont se compose le film. Les souvenirs renaissent au long d'une errance qui est une reconnaissance. Reconnaissance d'un pays et d'un proche qui vous ont trahi mais auxquels on pardonne au nom de la vie. C'était en 1988, film fabuleux qui m'a fait croire au Cinéma (pas le petit, le Grand) ..... Mais pour séduire, il faut charmer, et "Le Sud" y parvient admirablement. Ses images sont un parfum, une atmosphère qui efface les réalités de l'écran du jeu et du temps. C'est l'Argentine qui "nostalgie" devant vous : les rues voilées de brume où l'on déambule sans but, les musiciens, l'accordéon, et les derniers attablés d'un café qui s'ensommeille. Bref, film duquel on ne sort pas indifférent. Les acteurs sont attachants, la trame bien menée... A voir à la première occasion.
  • TOTAL RECALL (1990)
    Bien que ne ménageant pas les corps meurtris, tués, et déchiquetés, avec bien sûr abondance de sang et de viscères, cette fiction "peut" être vue... L'imbroglio de la mémoire introuvable est remarquablement montré, il semble que Doug Quaid se souvienne finalement comment sauver la vie sur Mars mais est-il alors vraiment lui ? A-t-il retrouvé "la mémoire totale" ? Les trucages sont assez remarquables, tant sur l'organisation de la vie sur la planète rouge que par rapport à l'étrange morphologie des mutants, à la fois médium, résistants et traîtres....
  • TAXI BLUES (1989)
    Taxi Blues met en scène deux conceptions de la vie qui n'ont ni âges ni nationalités. L'admirable jeu des acteurs, la force de certaines scènes donnent toute puissance à ce film, comme on en voit trop rarement. Musicien génial et paumé face au taximan.. ce sont deux mentalités qui s'affrontent : art, sensibilité, amorphie face "au combat quotidien pour la vie" pour l'un ; argent, domination, bêtise, pour l'autre... Les choses se retournent admirablement aux dépens de la Force Virile..au profit de ce qui n'appartient plus à la Bêtise, par trop banalisée dans notre quotidien.
  • CRAZY FAMILY (1984)
    Des goûts et les couleurs... Certains ont adoré "Crazy family", et d'autres l'adoreront encore. Pour ma part j'en fus presque atterrée.. pour peu je quittais la salle, avant la fin. Forgé d'un humour que je qualifierai de "primaire" -c'est-à-dire qu'il vaut mieux ne pas chercher la finesse à la bêtise, mais qui doit pouvoir dérider les moins de huit ans, "Crazy Family" se distingue par un scénario original par son absurdité. Cependant, j'aime à penser qu'il puisse être entendu au second degré. Dès lors, il prend quelque intérêt. La famille, comme chacun le sait, est le premier embryon de la société, son premier exemple. Lorsque l'objet d'une longue attente est enfin obtenu, ici une maison, quelle ciment reste-t-il d'une lutte commune, de privations et de rêves partagés.. Dès lors "le mal de la modernité" prend possession de chacun, comme un esprit Malin. On ne vit que pour soi, ses ambitions et son bien-être. La seule, la vraie solution qui demeure : détruire ce qui fut tant désiré pour retrouver la chaleur des proches dans l'inconfort matériel. Dans cette famille difficile de dire qui est le plus fou. Sanctifier nos acquis matériels est trop ancré dans nos moeurs pour accepter sans broncher ce manifeste révolutionnaire de la destruction pour la véritable reconstruction. Difficile aussi de dire où s'arrête le combat criminel et où commence le jeu. Où s'arrête l'amour ? Est-ce encore aimer que tuer pour "guérir" ses proches d'un mal qui n'est que celui de nos civilisations ? Ou peut-être ferions-nous mieux de détruire ces murs qui nous réunissent plus qu'ils nous unissent, et nous disperser pour réapprendre à vivre...
  • LE MARI DE LA COIFFEUSE (1990)
    Film complètement dénudé. Chapeau à son réalisateur, Patrice Leconte, d'avoir eu le culot de monter une oeuvre qui n'ambitionne rien de plus que la représentation du "bonheur parfait", idéalisé et vécu. La profondeur surgit de ce vide apparent dès les prémices, Antoine relate son histoire au passé.. Dès lors il est clair que cet amour a rejoint ce qui fut. Pourtant dans ce conte sans faille, rien n'apparaît des thèmes qui détruisent communément le bonheur : l'habitude, la jalousie, l'infidélité, les heurts caractériels. Rien de cela ici. Le quotidien dans un salon de coiffure pour un couple heureux. Ce refus même des solutions faciles dans la reconstitution d'un bonheur sans nuages, contient un aspect terrifiant... et effectivement, il ne reste finalement plus que l'amour pour se détruire lui-même. Profondeur à percevoir au-delà de la légèreté de sa forme...
  • SAILOR ET LULA (1990)
    Sailor et Lula entrent parfaitement dans le trace des personnages et scénarii "David Lynch". C'est-à-dire que les premiers n'entrent pas dans le cadre du conformisme habituel, ils sont à leur façon "hors normes". Les seconds choquent par les extrémismes mis cote à cote : violence explosante (la premiere scène de l'assassinat) et un romantisme des plus roses, façon bluette ...... Bref un film moderne et original, fait d'une certaine panique de la vie (Lula), et d'une provocation égocentrique et explosive.
  • PRICK UP (1987)
    Avec Prick up your ears, Stephen Frears secoue très brutalement et à grands coups de pieds, s'acharnant sans façon sur l'édifice bien huilé de la morale traditionnelle britannique. Il ne s'agit que cynisme envers les valeurs traditionnelles de la bonne société : respect des parents et envers les morts.. envers les autres. Mais Prick up est aussi autre chose. Paradoxalement, il traite avec humour et légèreté ...le désespoir. Quelque forme qu'est pris l'Amour, il apporte toujours avec lui la déchirure. Mais l'Amour est ici de nature ambivalente entre John et Kenneth. Bien sûr, comme souvent, l'un apporte ce que l'autre consomme. Mais celui qui donne est bien souvent dans la situation la plus désespérée. Tandis que Kenneth s'occupe de l'éducation sexuelle et culturelle de John, celui-ci innove dans le premier domaine avant de bénéficier des premiers succès littéraires. Ainsi pleinement épanoui, il donne son congés à Kenneth, passe avec les années de la nervosité à la névrose. Chacun s'était fait l'un par l'autre. Kenneth a non seulement perdu ses ambitions littéraires, irrémédiablement frustrées par Joe, mais aussi son rôle d'éducateur et de soutien... la rupture est trop brutale, la séparation inacceptable...
  • JOHNNY S'EN VA EN GUERRE (1972)
    Mais si Johnny n'a pas la chance de voir Paris, il n'a pas non plus celle de se faire proprement trouer la peau. Il ne reste de lui après explosion d'une bombe qu'un morceau de chair sans membres. Le visage lui aussi est amputé de ses fonctions fondamentales, ces fonctions qui permettent le contact avec les autres, la communication. Johnny se retrouve seul dans sa détresse. Il n'y a plus de repos, ni de soulagement pour un calvaire qui s'éternise bientôt : un an, plus ? Dans sa tête, dernier organe vivant, celui où sont cachés tous les souvenirs, où grandissent souffrances et détresse, revit sans cesse le passé. Et tout se teinte de symbolisme cruel, atroce et inacceptable : les mots de celle qui l'aimait lui suppliant de fuir, ceux de son père affirmant que tout homme devrait donner jusqu'à son fils unique pour la Démocratie. Puis tout perd sens, les fantasmes se mêlent aux souvenirs : on l'a oublié, ceux qui sont heureux disent regretter les autres que la loi de la Démocratie a emportés, même Jésus, dernier recours selon sa mère, se trouve désemparé devant sa détresse. Rien ne semble donc plus pouvoir soulager cette souffrance sans nom qu'endure un esprit emprisonné dans un corps que des médecins-bouchers ont décidé de maintenir en vie, tout en légitimant par l'affirmation que toute activité cérébrale a cessé .... Ce film, extrêmement fort peut être vu à différents niveaux : la détresse de la l'impossible communication, le véritable amour de l'euthanasie, la torture qu'imposent ceux qui devraient soulager la souffrance en refusant la mort à un corps qui n'a plus rien d'humain. Qui n'a vu ce film n'est pas habilité à parler de la détresse humaine et de l'euthanasie.
  • MIRACLE EN ALABAMA (1962)
    J'avais lu ce roman bouleversant il y a très, très longtemps, mais l'interprétation filmée fut comme une seconde lecture en un temps record... tout aussi bouleversante .... Il est facile de faire de l'émotionnel dans les oeuvres traitant d'handicapés. Mais, cette fois l'émotion et la fascination dépassent toute espérance...A l'obstination capricieuse de la petite Helen se heurte l'obstination dure et impitoyable de son éducatrice Annie. Celle-ci sortant d'un centre pour handicapés sait, bien mieux que les parents eux-mêmes le tort que l'on peut faire à un enfant en le laissant tout faire, par tendresse, par pitié, par lâcheté. Il paraît presque bénin de vouloir avec une telle obstination apprendre à épeler les mots à une enfant. Mais Helen est sourde, aveugle ... et très intelligente. En donnant un nom aux choses, c'est le monde que lui révèle Annie. Désormais, en sachant le nom de tout, Helen pourra communiquer, aimer, ... et finalement l'exprimer à son éducatrice. Fascinant, stupéfiant, à voir absolument.
  • LE HASARD (1982)
    A quoi tient la vie que l'on mène actuellement, que l'on mènera demain, ou qui s'achèvera inopportunément ? Un train que l'on rate, une rencontre comme une autre, un congé d'études, un déces inattendu... un rien survient et le sens d'une vie se trouve bouleversé... Ce film, long, est remarquablement achevé, si dense qu'il nécessite d'être vu une seconde fois...
  • LA FILLE AUX ALLUMETTES (1990)
    "La fille aux allumettes" ressemble à la reconstitution fidèle du tableau banal du drame de la solitude et du non amour. Atmosphère très années 1950, bal du samedi soir avec orchestre, et "littérature" de la même veine, trempée à l'eau de rose. Aki Kaurismaki suggère plus qu'il ne déflore, et son film lent et triste se gonfle doucement du drame humain qui parvient des lors à s'exprimer... Dans un entourage qui déshumanise, les rêves sont le dernier recours. Mais s'ils sont déposés un jour entre des mains indignes, de la brisure provoquée, il ne reste qu'un automate qui détruit pour paiement d'avoir été détruit. Une fois encore, se pose devant nous le dilemme du coupable qui n'est lui-même que victime. Que les choses humaines seraient simples et monotones si elles correspondaient à la bonne logique cartésienne !
  • GHOST (1990)
    Se pourrait-il que, impréparée à une mort imminente, l'âme se retrouve, après un brutal assassinat, coincée entre ciel et terre ?... C'est ce qui arrive en tous cas, à celle de Sam qui devient un spectateur impuissant de la vie dans un corps délétère. Cependant, dans le monde de la vie, son épouse est menacée par son meilleur ami, en fait un prétentieux avide et sans scrupules. Par conséquent, il faut agir. Sam va pour cela saisir tous les subterfuges envisageables, jusqu'au concours d'une médium noire dont l'interprétation allège et égaye tout le film. Distrayant.
  • HIDDEN AGENDA (1990)
    Comment entrer l'actualité et le politique dans le cinéma quand le quotidien nous gave de leurs images, toujours les mêmes... "Hidden Agenda" nous les montre troublantes car étrangères à toute banalité. En plus de l'émotion qui y est bien présente, le film nous révèle la grande complexité de ces situations de guerre où des unités échappent inévitablement à tout contrôle, ce qui permet des excès des deux cotés, et implique un "dialogue" ininterrompu de la violence. Le résultat est la survie de la population grâce à l'indifférence. Enfin, s'y pose l'éternel dilemme à débattre, à savoir si la lutte pour les droits civiques et la démocratie ne sont-elles qu'un vaste leurre ou de nobles causes pour lesquelles tout un chacun devrait croire jusqu'à y laisser sa vie .....
  • L'ITALIEN DES ROSES (1971)
    A mon sens, l'Italien des Roses illustre le drame presque banal et chaque fois particulier du désespoir de vivre... Il erre dans la vie, se laissant mener par elle et trouve dans la chanson le pauvre moyen d'exprimer le dégoût "pluridimentionnel" qu'elle lui inspire. Cependant face à la médiocrité unidimentionnelle et totale du public, il craque ; explosion enfantée de l'implosion psychologique, de la déchirure interne... La démission de la vie n'est pas un événement ponctuel comme on le croit dès lors, comme on le suppute toujours... Non, Raymond n'est pas suicidaire par déception amoureuse, mais il suit la voix de la mort qui est en lui, il propose l'unique réponse à la problématique existentielle de l'inutilité du tout. Le suicide n'a pas de cause spécifique, il se trouve à la base même de l'individu. Face au spectacle de la mort en direct, la foule s'amasse, mais la folie n'est pas visiblement où on la croit. Face au crescendo du désordre "en bas", on comprend soudain que la raison n'est pas du coté du nombre... Parmi ces joyeux braillards, car il faut bien que noce se fête, quand d'autres meurent, un individu étrange erre et regarde tout autre, de haut en bas... Son attitude signifie que le vrai spectacle est bel et bien en bas. Le clown, c'est le public lui-même. Entre ceux qui vont sauter et ceux qui ont DEJA sauté, les condamnés sont ces derniers, vivant dans l'inconscient suicide de leur incessante et immuable bêtise... Clin d'oeil en forme de conclusion sur un jeune et beau couple partant en vacances et qui rencontre inopinément la mort... tandis que l'Italien aux Roses décide de se donner un nouveau répit... Certains vivent avec l'idée incessante de la mort collée aux talons et ne la rencontrent pas et d'autres l'ignorent pour tomber sur elle au tournant d'une rue .....
  • WALL STREET (1987)
    Dans ses années où la finance impose avec force sa loi dictatoriale, où l'argent n'est plus qu'une abstraction chiffrée, le nouveau Dieu pour lequel l'imploration des fidèles empruntent les canaux de communications les plus sophistiqués, un film en l'honneur des jeunes adeptes, dit " Golden Boys ", s'imposait. "Wall Street" met face à face deux mondes, l'un considéré comme anachronique : la bonne vieille industrie, l'autre qui en joue à son gré, selon les espérances de rentabilité et les aléas de la Bourse : le problème prend quelque intérêt par le choix de leur deux représentants : le jeune arriviste de la finance, décidé à se faire un nom, son père qui risque de se trouver au chômage, après la vente de son entreprise... derrière l'entité financière, un homme, symbole de la main d'oeuvre avec laquelle joue une jeunesse sans scrupule, modelant selon d'égoïstes intérêts, la structure économique d'un état. "Wall Street", après avoir montré la putridité du milieu, opte pour la bonne morale qui finit toujours par punir les méchants... ce qui ne suffit pas à la salvation.. De plus, l'utilisation de la technicité argotique rend le scénario complètement abstrait aux non initiés !
  • STRANGER THAN PARADISE (1984)
    "Stranger than paradise" est un film superbe, en noir et blanc, sur la solitude citadine d'une jeunesse sans espoir, sans rêve. Elle vit au jour le jour, de magouilles, de jeu, de télévision. Dans ce quotidien gris, les autres importent peu, la communication n'existe pas, d'ailleurs à quoi servirait-elle ? Les mots, eux-mêmes, ont subi un décapant lifting. Il faut ainsi apprendre quand on débarque de sa Hongrie natale et que l'on veut passer l'aspirateur, que l'on va "étrangler l'alligator"... Cependant, derrière l'indifférence qui s'affirme, une tendresse insidieuse pointe le bout de son nez entre Willie et Eva. Mais elle refuse d'affirmer son langage et balbutie maladroitement : on part ensemble pour des vacances inattendues, inespérées. Mais le charmant Willie qui renie tout de la Hongrie, langue et famille n'hésite pas à abandonner Eva... qui en profite pour s'enrichir.. sans l'avoir voulu.. Au-delà de l'anecdote qui se laisse voir, une recherche de l'autre et du moyen de communiquer avec lui, d'une jeunesse qui a perdu le langage de la tendresse, avec celui des mots, et se deshumanise sans même en prendre conscience ....
  • BABY BOOM (1987)
    Expression d'une éphémère mode du bébé tombé du ciel sur nos grands écrans, lancée en 1985 par Coline Serreau avec "Trois hommes et un couffin"... A chaque fois, quelques conditions de base : les bébés font irruption chez les représentants d'une classe qui exclut leur "éventuelle probabilité" d'existence... puis l'attachement nait, inattendu, et bouleverse l'ordre préétabli... J. C. Wiatt est l'un des nombreux éléments de la jeunesse arriviste américaine, qui ne vit que pour la productivité et le renom de la boîte qui les emploie. Complètement désemparée devant un bébé..(elle le considère vraiment comme une "chose" inabordable, et jamais approchée... ), elle ne peut cependant se résoudre à l'abandonner. Ce geste est celui d'un livre que l'on ferme, car il lui faut dès lors changer radicalement son mode de vie ... Elle perd emploi et petit ami .... et décide de s'exiler chez notre mère à tous, la nature.. Cette histoire doit avoir une résonnance toute autre chez les Américains du Nord, où le choix d'un enfant pour une femme l'expose aux plus totales incertitudes, financières et professionnelles... aucune protection légale ni subvention n'étant assurée par l'Etat... Cependant, Charles Shyer conclut sa comédie avec idéalisme. Pour lui on peut concilier, bébé, business et indépendance (professionnelle ... non sentimentale). Un film qui n'exclut donc pas certains excès, notamment dans l'optimisme .... mais qui peut distraire...
  • VACANCES (1938)
    En un sens, ce film demeure d'actualité. Deux mentalités sur la façon de mener sa vie s'affrontent... Deux personnes pensaient s'aimer mais leurs projets matrimoniaux s'effondrent... et c'est tant mieux avant que le quiproquo n'ait eu des conséquences irrémédiables.... L'ex-futur non marié opte finalement pour le bon temps pris au présent, grâce à la retraite prise pourquoi pas à trente ans, pour profiter de la vie le temps qu'il sera possible plutôt qu'une vie tracée par d'autres, dans la finance et une famille trop riche, enlisée dans l'abondance.. Divertissant, à voir absolument...
  • LA BELLE NOISEUSE (1991)
    "La Belle Noiseuse" nous démontre une fois encore que temps commercial et banalisé de deux heures pour un film est une stupidité. Tout comme un bon roman, un film qui double la durée habituelle peut refuser les longueurs au profit d'un enrichissement et d'une complexité qui donnent toute valeur à l'oeuvre ... De plus, "La Belle Noiseuse" n'aurait plus de sens sans la recherche du chef-d'oeuvre, d'un absolu transmis par l'art qui est le vrai but de la quête du peintre. Le film perdrait tout sans les esquisses, les résistances et les ambiguïtés des rapports humains... Enfin, pour en revenir une dernière fois à cette question de durée, il est regrettable que tout ce qui semble de prime abord gratuit -mais prend tout son sens par son expression même- est souvent purement et simplement sacrifié au profit de tout ce qui est directement indispensable à l'intrigue. Cette question est fondamentale dans le fossé qui sépare une oeuvre littéraire de son adaptation à l'écran ...
  • LE SANG DU CONDOR (1969)
    Réalisé à une époque où le tiers mondisme commençait à être de mode, "Le sang du condor" est un film remarquable de part sa réalisation excluant tout misérabilisme et manichéisme schématique et sa force dénonciatrice. Ce film démonte la logique destructrice d'un monde qui se dit "évolué" mais qui n'utilise que des moyens technologiquement plus modernes en vue de la disparition d'une civilisation et de ses représentants jugés "inférieurs". En fait la destruction physique n'est que la continuité logique de l'asservissement moral qui l'a précédée : il est particulièrement symptomatique que les Indiens entre-eux, s'insultent en se traitant d'Indiens... (cf. la scène de l'altercation entre joueurs de foot). Le mépris avec lequel se considère le peuple amérindien est la condition première pour qu'une "civilisation" qui se regarde comme supérieure, parce technologiquement développée, s'impose à lui. Le problème est que le gain matériel s'est effectué au détriment de l'évolution mentale de ces individus qui méprisent la vie humaine, le droit à la différence et -chose bien plus choquante - de la représentation de deux cultures qui coexistent sans pouvoir se comprendre. L'exemple de l'Indienne qui refuse de vendre tous ses oeufs en une fois, parce qu'elle ne pourrait plus passer la matinee au marché, peut nous paraître illogique à travers notre regard d'occidentaux, baigné de la logique productiviste. En fait, de cette anecdote, transpire une conception diamétralement opposée de la vie et des relations humaines, donnant toute suprématie à l'individu et au respect de l'ordre social ancestral. Un film qui mérite d'être vu et apprécié.
  • PRETTY WOMAN (1990)
    Julia Roberts est absolument à croquer dans ce rôle qui semble taillé à sa mesure. Le hasard provoque la rencontre de deux antipodes... La chaleur, la simplicité et la folie de cette jeune prostituée séduisent tous les hommes qui l'approchent de l'ami qui tente d'en abuser au maître d'hôtel qui lui apprend comment se tenir à table... Une délicieuse histoire où le monde artificiel de l'habit qui fait le moine, d'une société chic et artificielle, se heurte à la franchise d'une jeune femme qui fut toujours aspirée vers la médiocrité avant d'en sortir définitivement comme dans tout conte de fée qui se respecte...
  • TATIE DANIELLE (1990)
    Quelle banalité que de redire que Tatie Daniele se place bien dans la ligne précédemment tracée d'un réalisme cru et totalitaire ou certains ne voient que caricature et grotesque ... Etienne Chatiliez prend rigoureusement le contre-pied de la trame traditionnelle : personne âgée sénile, bonne et entourée de personnes avides, hypocrites et intéressées ... Lorsque Tatie trouve son maître, elle n'en change pas pour autant sa nature .. situation qui eut été bien trop simpliste... Bref un film comme une fable, c'est-à-dire avec sa morale : avoir affaire au grand âge ne dispense jamais de bon sens et de discernement, surtout quand la personne a toutes ses facultés ...
  • SOUVENIRS D'AFRIQUE (1985)
    "Out of Africa". Une vaste fresque aux parfums de l'Afrique, histoire d'aventures et de passion dans le luxuriant Kenya de l'ère colonisatrice. La fascinante et magnétique Meryl Streep dans le rôle de Karen, s'occupe d'une exploitation agricole, qu'elle espère rendre florissante par l'exploitation du café ... A la fois hors de la stricte morale victorienne (mais il est vrai que Karen est danoise...) et moulée de son savoir-vivre, la vie de cette exilée nordique qui se sent enfin naître dans cette terre africaine, sera une nouvelle preuve des illusions humaines que les pertes et les échecs mettront à bas.. La première fut de vouloir changer la population villageoise, la mouler à son tour selon sa propre conception du monde. Puis de décider des règles de la nature en voulant modifier le cours immémorial. Mais c'est un peu l'Afrique qui reprend la parole par l'impossibilité d'adapter à soi-même les gens et le milieu. Karen finit par le comprendre, renonçant finalement aux gants blancs et à l'irrigation artificielle des plantations de café, inondées aux premiers orages estivaux. Sa dernière illusion fut la possession de ce qu'on aime, fantasme bien "occidental" s'il en est. Mais Karen perdra tout, "sa" terre, et l'homme qu'elle aimait. Puis volontairement, elle perd ce qui lui reste, son honneur, pour que les gens de la ferme ne soient pas vendus, dispersés. De son passage, il ne reste que le souvenir. Sillon fragile que le temps effacera, mais sillon tracé profondément car le souvenir est grand. Karen a tout perdu, mais à défaut d'avoir possédé, elle a vécu... Un film superbe.
  • THE WALL (1982)
    " The Wall " tente de représenter par le choc des images, la force des mots, une révolte individuelle et isolée. La plume trempe dans une encre sanglante, s'exprime en un langage imagé, un style acide et tranchant ( cf. les fréquentes coupures, lames de rasoir et haches...) Le mur est porteur d'une double symbolique. Premièrement, il représente la société construite d'individus rigoureusement identiques les uns aux autres et encimentés ; "imbriques" étroitement...d'une façon étouffante, mais pour se révolter faut-il encore pouvoir respirer. Dans ce mur, chacun n'est que brique, soit un vulgaire matériau sans identité, forgé par les institutions sociales : famille et éducation au nom de ce même ordre social... Les images sont, on ne peut plus symboliques : les enfants, placés immobiles sur un tapis roulant finissent... en chair à saucisses .... mais ils peuvent également finir en chair à canon, s'ils ont la chance d'aller combattre pour la Patrie. Ce mur ainsi construit, ne laisse place qu'à l'immobilisme, reste indifférent à la détresse individuelle, l'éducation a trop bien enseigné l'obéissance et la soumission .... Deuxièmement, ce mur symbolise ce que chacun se construit pour survivre en lui-même. Mais ce mur se fragilise après un amour déçu... désormais exposé aux autres, celui qui est détruit, le revolté d'hier devient un nouveau persécuteur. Après avoir été brisé, il se ligue à l'activité persécutrice de la sociét dont la représentation extrême et imagée est l'ordre militaire, totalitaire. Après avoir changé de peau, on a acquis enfin l'"expérience", celle de la révolte inutile et de la contribution à l'"oeuvre sociale". Des images, dessins et musiques qui valent le détour, même si la force de la révolte a des relents d'adolescence mal vécue, et de lutte "post-soixante-huitarde".
  • TANTE JULIA ET LE SCRIBOUILLARD (1990)
    Pourtant non adepte de la comédie américaine, je n'ai pu qu'apprécier ce réel moment de détente que nous offre "Tante Julia et le scribouillard". La parodie de la société américaine sanglotant à l'écoute de son feuilleton à la Dallas radiodiffusé quotidiennement est particulièrement cinglante. Le personnage de Peter Falk est des plus hilarants, notamment dans l'extrémiste où l'entraîne sa soif "de se frotter à la réalité"... jusqu'à persécuter avec tenacité peuples d'Alaska, d'Arménie... pour que de l'affrontement jaillisse la création.
  • PUMP UP THE VOLUME (1990)
    Si le message de "Pump up .." est tout à fait semblable à celui du "Cercle des poètes disparus", il a, à mon avis, beaucoup plus de force. Le film commence d'une manière facile, simple et réaliste. C'est réel et compréhensible. Ce qui me touche c'est la facon par laquelle un type qui s'éclate chaque soir sur son micro est directement frappé par le désespoir, éprouve communément dans la jeunesse, mais cette fois conduisant au suicide. Il semble que ce speaker léger sur fréquence libre reçoit soudain une douche froide, lui qui subit la vie comme tant d'autres, s'entend dire qu'elle ne vaut la peine d'être vécue. Et comme place devant un mur, il trouve les mots qui font croire à nouveau à la vie. Les tricheries de la directrice de la fac, l'idylle avec la poète-punk sont à mon sens tout à fait secondaires, ce sursaut de la vie à tout prix est, à mon sens, tout ce qui peut nous être apporté aujourd'hui quand la vie nous ampute de l'espoir. Et parce que c'est un jeune qui le découvre et parce qu'il y croit dur comme fer, ce film est bien plus crédible que "les poètes disparus" où le professeur insufflant l'individualisme, se révelait assez distant et indifférent des drames de ses élèves .....
  • MAMMA ROMA (1962)
    Deuxième long métrage de Pier Paolo Pasolini, " Mamma Roma " est une oeuvre assez pessimiste quant à l'élévation au-dessus de la nasse quand on sort déjà du ruisseau... Mamma Roma est une ancienne prostituée dont le passé demeure ambigu, et qui revient chercher son fils lors de ses seize ans pour qu'il réalise les ambitions qu'elle a forgées en son nom. Mais de la campagne d'où il sort, à la capitale italienne, l'accent seul est autre. La bande de copains délurés et apprentis voleurs demeure la même ..... Comme l'affirme la cléricature, il semble que "tant qu'on ne repart pas à zéro, on ne fait rien avec rien ...". Et en l'occurence, il faut accepter pour Mamma Roma, qu'elle n'est rien ... Mais femme de tête, elle décide de monter "un coup" pour faire embaucher son fils comme serveur dans un restaurant ... Cependant, comme les études, le travail est une charge bien fastidieuse, surtout quand on connaît la facilité du gain sans l'effort ... Un film très beau, mais qui s'achève un peu rapidement par une conclusion entre moralisme et désespérance.
  • QUELLE HEURE EST-IL ? (1989)
    Nouvelle variation sur l'incommunicabilité entre générations. Une simple rencontre, mais significative. Face à son fils, Marcello est un personnage frustre et maladroit. Il continue de jouer la force et ne peut se résoudre à lâcher ses certitudes matérialistes, ses ambitions multiples, construites au nom de son fils... il se refuse au discours simple d'un homme avec ses failles, il nie à son fils la possibilité d'être autre.. d'avoir simplement une sensibilité différente, d'être un adulte indépendant, et non le miroir de ses utopies... C'est en fait le gouffre qui sépare traditionnellement père et fils, qu'Ettore Scola nous met ici en scène. Marcello vit sa vie, mais tente de manière brusque et précipitée de tisser un lien que seul le temps et une intime compréhension peut engendrer.. Son fils, Michele, a trouvé son équilibre hors du miroir qui lui réfletait l'image de son père comme seul modèle. Il a les goûts simples, et une grande tendresse envers son père. Paradoxalement, c'est lui qui semble détenir la sagesse.. la compréhension pour l'instabilité et les caprices paternels. Finalement, lorsque deux adultes se sont affirmés, hors du schéma traditionnel père-fils... mais cette fois quand il est claire que le second n'est en aucun cas la continuation du premier, mais bien une entité propre... tout peut se bloquer...alors il est toujours temps de se demander "quelle heure est-il" lorsqu'il demeure entre les deux une vielle montre et la dernière volonté de se rejoindre au-delà des résistances. Un film tendre et beau.
  • LA FIÈVRE DU SAMEDI SOIR (1977)
    On a rarement été aussi loin dans l'insipidité ("sans agrément, sans esprit selon le "Petit Larousse") et la médiocrité. Ce film a moins qu'un autre, résisté au temps. Tourné à une époque où il était de bon ton de représenter la platitude d'un quotidien banal d'individus sortis du ruisseau, le but a déteint sur le tout : non seulement le thème, mais le scénario, les acteurs... sont d'une fadeur désespérée, au moins autant que desespérante... A la fin du film, on n'a qu'un regret : d'être resté jusqu'au bout dans l'espoir insensé qu'un élément fortuit viendrait relever la sauce... qui avait, en fait, tourné dès les premiers instants. Un seul aspect force l'admiration : la puissance de persuasion du marketing US qui a permis l'exportation d'un film qui n'aurait même pas pu être projeté en salles dans son pays d'origine... Bref, un film à voir sous aucun prétexte sauf pour se reposer deux heures ou s'abriter des intempéries dans une salle de cinéma...
  • CINÉMA PARADISO (1988)
    Souvenirs nostalgiques d'un cinéaste qui revit les années qui virent croître sa passion pour le cinéma. La cause en est le décès de son initiateur, Alfredo, alias Philippe Noiret, tendre et paternel. Ces années du cinéma artisanal furent celles d'une autre époque, d'un autre public, populaire, enthousiaste, émerveillé et expressif devant la magie du grand écran. Ce cinéma du rêve était aussi celui du bricolage et du danger... pour les films (inflammables) au moins autant que pour le projectionniste... Alfredo en perdit la vue, ce qui fut, paradoxalement la chance du jeune Otto, seul initié aux mystères cinématographiques. Otto adulte est le prétexte de la mémoire nécessaire pour représenter un cinema qui n'est plus... les flash-back sont un long regret du merveilleux des premiers temps... En " s'institutionnalisant " le cinéma a perdu sa mystique... Un film beau et tendre...