A mon sens, l'Italien des Roses illustre le drame presque banal et chaque fois particulier du désespoir de vivre... Il erre dans la vie, se laissant mener par elle et trouve dans la chanson le pauvre moyen d'exprimer le dégoût "pluridimentionnel" qu'elle lui inspire. Cependant face à la médiocrité unidimentionnelle et totale du public, il craque ; explosion enfantée de l'implosion psychologique, de la déchirure interne... La démission de la vie n'est pas un événement ponctuel comme on le croit dès lors, comme on le suppute toujours... Non, Raymond n'est pas suicidaire par déception amoureuse, mais il suit la voix de la mort qui est en lui, il propose l'unique réponse à la problématique existentielle de l'inutilité du tout. Le suicide n'a pas de cause spécifique, il se trouve à la base même de l'individu. Face au spectacle de la mort en direct, la foule s'amasse, mais la folie n'est pas visiblement où on la croit. Face au crescendo du désordre "en bas", on comprend soudain que la raison n'est pas du coté du nombre... Parmi ces joyeux braillards, car il faut bien que noce se fête, quand d'autres meurent, un individu étrange erre et regarde tout autre, de haut en bas... Son attitude signifie que le vrai spectacle est bel et bien en bas. Le clown, c'est le public lui-même. Entre ceux qui vont sauter et ceux qui ont DEJA sauté, les condamnés sont ces derniers, vivant dans l'inconscient suicide de leur incessante et immuable bêtise... Clin d'oeil en forme de conclusion sur un jeune et beau couple partant en vacances et qui rencontre inopinément la mort... tandis que l'Italien aux Roses décide de se donner un nouveau répit... Certains vivent avec l'idée incessante de la mort collée aux talons et ne la rencontrent pas et d'autres l'ignorent pour tomber sur elle au tournant d'une rue .....