"Stranger than paradise" est un film superbe, en noir et blanc, sur la solitude citadine d'une jeunesse sans espoir, sans rêve. Elle vit au jour le jour, de magouilles, de jeu, de télévision. Dans ce quotidien gris, les autres importent peu, la communication n'existe pas, d'ailleurs à quoi servirait-elle ? Les mots, eux-mêmes, ont subi un décapant lifting. Il faut ainsi apprendre quand on débarque de sa Hongrie natale et que l'on veut passer l'aspirateur, que l'on va "étrangler l'alligator"... Cependant, derrière l'indifférence qui s'affirme, une tendresse insidieuse pointe le bout de son nez entre Willie et Eva. Mais elle refuse d'affirmer son langage et balbutie maladroitement : on part ensemble pour des vacances inattendues, inespérées. Mais le charmant Willie qui renie tout de la Hongrie, langue et famille n'hésite pas à abandonner Eva... qui en profite pour s'enrichir.. sans l'avoir voulu.. Au-delà de l'anecdote qui se laisse voir, une recherche de l'autre et du moyen de communiquer avec lui, d'une jeunesse qui a perdu le langage de la tendresse, avec celui des mots, et se deshumanise sans même en prendre conscience ....