Avant d'entrer dans la salle, le spectateur frémit d'impatience à la seule pensée de voir ce petit chef- d'oeuvre du cinéma francais. Le sujet est bien entendu des plus originaux : "l'amour et le sexe" (à se demander où certains vont chercher leur inspiration ! ). Les circonstances de la fécondation nous sont complaisamment rapportées par les metteurs en scène : tous deux avaient travaillé dans le cinéma et venaient de faire un bébé, alors ils décidèrent d'en faire un autre, un film (et non, tous les couples n'ont pas des projets aussi originaux, que non !). Quant aux conditions de la cogitation de ce petit être, elles nous émeuvent au plus haut point : Madame faisait répéter les acteurs en faisant de temps à autre la gueule pour montrer la force de son caractère et Monsieur faisait le chef sur le plateau. Le choix des actrices eut lieu après avoir fait danser nombre de jeunes femmes afin de vérifier leur "grâce" et après avoir contrôlé la réalité de leur libération sexuelle par des moyens que nous ignorons ... Bref, ainsi présenté, vous pouvez vous attendre à ce que le film soit à la hauteur des attentes. Il s'engage en effet sur un mur de piscine dont on admire le carrelage uniformement blanc durant un long moment, tandis que les voix de trois jeunes femmes nous tiennent des propos qu'on s'attendrait plutôt à entendre dans un lycée. L'instant est pourtant rythmé et plein de promesses. Face au carrelage, nos attentes demeurent vierges et nous pouvons encore nous faire de faibles illusions sur la qualité du film. Bien vite nous comprenons que l'histoire baigne en fait dans un pur machisme qu'on ne s'attend plus à voir s'étaler sur nos écrans en 1995. D'abord, Marie déclare sa flamme à un écolo, avant d'aller se faire sauter par un "bon coup", puis par d'autres inconnus, mais la morale est sauve, car elle demande à celui qui entre sans s'être présenté s'il s'est bien couvert. De sont coté, Alice fait consciencieusement la carpette devant un père méprisant et phallocrate, puis devant un peintre tout aussi répugnant chez lequel elle travaille en tant qu'assistante, après lui avoir avoué qu'elle n'aimait pas son style et avoir eu mortellement honte de penser et d'exprimer une opinion ... Enfin, le bouquet c'est Jeanne. Elle renoue avec un mari infidèle qui colle un air triste sur sa face pour mieux la reconquérir. Redevenue épouse soumise et dévouée, elle lui sourit tendrement quand il lui dit qu'elle doit accepter les réalités du droit de cuissage vu que son second salaire est indispensable. Cette "chose" qu'on aurait pris au premier coup d'oeil pour une femme, se sent dès lors indispensable et lui sourit tendrement. Nous partageons son émotion. Je ne vous raconte pas la suite parce que là, j'ai craqué. Ce genre de "film" fleure les défections infâmes de notre société qui n'a vraiment pas besoin de çà. L'aspect finalement inacceptable et répugnant de l'histoire vient du fait que ces scènes ne sont pas montrées en tant que caricatures d'une certaine face de notre société, qu'on aimerait voir disparaître afin de les dénoncer, mais sont bel et bien appuyées d'une façon complaisante et satisfaite. En fait, un film qui s'intègre parfaitement dans un certain retour du couple abêti et infantilisé dans la lignée des téléfilms idiots qui peuplent nos écrans TV à certaines heures d'écoute -à la "Hélène et les garçons" et de nos actrices sexe-symbole-fétiche à la Vanessa Paradis-.. L'ironie est qu'une telle vulgarité s'est pris d'un titre nous rappelant un petit chef-d'oeuvre de la littérature féministe, de la grande époque, écrit par Benoîte Groult, que par contre, je vous conseille très chaleureusement de lire afin de vous redonner foi en la vie, en l'autre, en l'amour ... Ainsi soit-il ...