"Le sud" de Solanas, c'est avant tout un rare coup de coeur. "Le sud" est un regard éberlué au sortir d'une trop longue nuit. La fin de la dictature argentine et la fermeture des geôles pour ceux qui se permettaient de "penser". Ce film n'est pas celui de l'oubli, mais bien plutôt un hommage à ceux qui ne sont plus et qui surgissent au milieu d'une trop longue nuit. Nuit dont se compose le film. Les souvenirs renaissent au long d'une errance qui est une reconnaissance. Reconnaissance d'un pays et d'un proche qui vous ont trahi mais auxquels on pardonne au nom de la vie. C'était en 1988, film fabuleux qui m'a fait croire au Cinéma (pas le petit, le Grand) ..... Mais pour séduire, il faut charmer, et "Le Sud" y parvient admirablement. Ses images sont un parfum, une atmosphère qui efface les réalités de l'écran du jeu et du temps. C'est l'Argentine qui "nostalgie" devant vous : les rues voilées de brume où l'on déambule sans but, les musiciens, l'accordéon, et les derniers attablés d'un café qui s'ensommeille. Bref, film duquel on ne sort pas indifférent. Les acteurs sont attachants, la trame bien menée... A voir à la première occasion.