Ce film date de 1995, les mentalités évoluent, on serait presque obligé de se prononcer pour ou contre la peine de mort en 2008 avec l'aggravation des délits ajoutée au renforcement de leur exposition médiatique. Tim Robbins décrit les deux aspects du meurtre crapuleux. On y baigne sans ambiguïté, on peut même dire "sans pitié", comme si on était juré au procès : au lieu de prendre parti contre la barbarie d'une exécution organisée (la peine de mort sévissant majoritairement aux Etats-Unis), une part d'ombre invite à la clémence et puis s'évapore : attention, folie latente chez tout être humain (idem la religieuse si l'on en juge par le témoignage maternel). C'est par la bouche du condamné que le cinéaste évoque la suppression du châtiment ultime (cet "oeil pour oeil" au profit de "perpète"). Mais jamais question de soins !... Susan Sarandon et Sean Penn incarnent le couple platonique au bord du goufre, en ange et démon réconciliés : elle reflète aussi, par son visage lumineux, quasi virginal, tous les états d'âme par lesquels passe le spectateur face au dérapage... Un seul reproche peut-être : le parallèle faute/punition des dernières images, qui en remet une couche, à la limite de la complaisance...En complément, il existe sur la peine de mort en Amérique du Nord, un long-métrage noir et blanc de 1958, beaucoup moins "téléphoné", qui marque pourtant le spectateur au fer rouge :
"I want to live" ("Je veux vivre") de Robert Wise.