Critique(s)/Commentaire(s) de ELIE ELIE

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  • FACES (1968)
    Une longue errance nocturne, une galérie de personnages tous aussi attachants que repoussants selon leurs volte-face -, des dialogues impitoyables l'univers de Cassavetes, superbe, tendre, poignant. Les séquences entre Richard (John Marley) et Jeannie (Gena Rowlands) sont parmi les plus beaux tête-à-tête de l'histoire du cinéma. D'ailleurs, de bout en bout, la lumière (signée Al Ruban, chef-op') est splendide, et lorsqu'elle touche Gena Rowlands, elle est tout simplement miraculeuse. A noter aussi la terrible séquence de la tentative de suicide de Maria, l'épouse de Richard, et le film date de 1968 une tirade sur le Viet-Nam.
  • L'OEIL DU DIABLE (1960)
    Une comédie étonnante, aussi fine que directe, qui met en évidence un Bergman très différent de celui que l'on connaît habituellement, sévère et austère. L'OEIL DU DIABLE n'est cependant pas une comédie gratuite, dans le seul but d'une franche rigolade. Bergman y pose bien sur à nouveau les problèmes qui lui tiennent à coeur : Dieu, le couple, la pureté. Et, ma foi, la comédie s'avère un biais où il excelle. Dommage qu'il n'y aura eu recours qu'en de trop rares occasions.
  • DO THE RIGHT THING (1989)
    Un cinéma de combat, sans ambages. Et Spike Lee a tout à fait raison. Lorsque l'on sait que depuis des décennies (des Marx Brothers à Woody Allen), les Noirs sont les grands oubliés du cinéma américain, lorsque l'on sait que la condition des Noirs a subi un "set-back" durant l'ère Reagan qui équivaut à un retour à la situation des années 6O (les coupes budgétaires sur l'enseignement, etc.. touchent d'abord les plus défavorisés, donc les Noirs), lorsque l'on sait que les Noirs continuent à jouer les dindons de la farce du mythe USA, on se dit qu'il faut que les choses soit dites plus brutalement, que quelqu'un frappe du poing sur la table. "Boycott Michael Jackson".
  • LES PASSAGERS DE LA NUIT (1947)
    Un petit joyau comme on n'en fait plus. Bogey n'apparaît qu'au bout d'une heure de film (!!!). Durant toute cette première partie, la caméra adopte le point de vue du fugitif (Bogart), ce qui nous vaut d'audacieuses acrobaties visuelles. Le film (scénario) est une oeuvre typique d'après-guerre, avec son anti-héros complètement désorienté qui doit affronter une mégère (Agnès Moorehead) tellement insupportable qu'on a envie de la trucider dès qu'elle "ramène sa poire". La surprise du film : tout le monde aide le fugitif contre la police et les autorités ! Si ce n'est pas un appel à la sédition...
  • LA FEMME DE L'AVIATEUR (1980)
    Si le film est un des meilleurs réalisés par Rohmer, il le doit beaucoup à sa brillante partie centrale, notamment la longue séquence aux Buttes-Chaumont. Ah, quel beau morceau d'anthologie ! Anne-Laure Meury, charmant lutin, délicieusement espiègle, tranche avec les autres personnages, d'une mièvrerie rohmerienne, et apporte une bouffée d'air frais au film comme au cinéma français dans son ensemble. Quant à cette course poursuite dans le parc, qui rappelle à la fois Hitchcock et Rivette (Céline et Julie), on voudrait la revoir encore et encore. Lucie Lavalette, 15, av. de Verdun (et non 10) alias.
  • PAULINA S'EN VA (1969)
    Le film de quelqu'un qui a trop lu (et mal assimilé) de littérature russe, désordonné, étriqué, et qui au fur et à mesure qu'il se déroule se perd complètement dans une trame narrative déjà d'emblée inexistante et se limitant à un romanesque désespéré. Heureusement qu'il y a Bulle Ogier, qui seule nous permet de "tenir le coup" et de ne pas partir en cours de parcours... comme Paulina.
  • L'AMOUR EST UNE GRANDE AVENTURE (1988)
    Une suite à "TEN", tout bêtement, John Ritter remplaçant avantageusement, mais dans le même registre (chansons au piano comprises) l'insupportable Dudley Moore. Blake Edwards a tellement peu d'idées nouvelles qu'il continue à faire courir son héros derrière tout ce qui ressemble peu ou prou à une femelle alors que les States sont en pleine terreur sida. Ce donjuanisme est moins une provocation qu'un immobilisme scénaristique. Il y a d'ailleurs tellement peu d'effort, dans ce film, qu'on peu même remarquer, à un moment, une tâche sombre sur le mur où Ritter s'apprête à se cogner la tête avant qu'il ne l'ait fait, tâche subsistant de prises précédentes...
  • GIPSY (1957)
    L'éclat ostentatoire de Mélina Mercouri a quelque chose d'obscène. Le film est plus de ses producteurs que de son réalisateur, qui n'a pu placer que quelques mouvements de caméra bien sentis. On s'étonne seulement que le film n'ai pas plutôt été confié a Jules Dassin (i. e. le Jules à Melina) qui d'ailleurs traînait continuellement autour des plateaux de tournage du film et prodiguait ses "conseils" à la star. Un film qui, le temps faisant, a fini dans les oubliettes du cinéma. Qu'il y reste.
  • UNE ETUDIANTE D'AUJOURD'HUI (1966)
    Un document fané, sans intérêt particulier si ce n'est les images du passé. Le discours, sauf quelques éclairs, ne laisse transpercer aucune originalité particulière permettant de sauver ce film d'un oubli légitime. On réprime un baîllement et on passe à chose plus intéressante : une étudiante d'aujourd'hui...
  • TOUS LES MATINS DU MONDE (1991)
    Si le cinéma est une rencontre, il est ici retrouvailles avec une France enfouie dans les profondeurs de l'oubli : celle d'un XVIeme siècle baroque, tout en lumières et en ténèbres. Ce siècle si étrange est filmé de façon sobre et rigoureuse par un cinéaste aux antipodes de tout spectaculaire. La réalisation l'est pourtant : spectaculaire. Cette oeuvre majeure, ponctuée par une musique inoubliable et une interprétation magistrale, est une redécouverte d'une Atlantide de notre culture.
  • LA ROSE TATOUÉE (1955)
    On peut se demander si Tennessee Williams a vraiment apprécié cette adaptation. Si la première partie est magnifique, conforme à l'esprit du dramaturge, la seconde (à partir de l'entrée en scène de Burt Lancaster) tourne à la comédie, ce qui est loin du dessein de Tennessee Williams. Burt Lancaster si l'on excepte la mauvaise définition (clownesque) de son rôle est cependant excellent. Quant à Anna Magnani, elle est carrement grandiose, faut-il le rajouter : à son habitude. Magnifique également le travail sur le décor et la photo. LA ROSE TATOUEE, oeuvre "italienne" de Tennesse Williams, reste un film à ne pas manquer.
  • MONNAIE DE SINGE (1931)
    Une cascade de gags tous aussi irrésistibles, sans aucun temps mort. Avec les Marx Brothers, l'art de la course-poursuite est assurément porté à des sommets de maestria. Dommage seulement, pour les non-anglophones, que les jeux de mots (délirants) ne soient pas toujours perceptibles (j'ose à peine mentionner la misère du sous-titrage).
  • LE PELERIN (1922)
    Le film se termine sur une séquence d'anthologie, celle où Charlot marche le long de la frontière américano-mexicaine, un pied aux Etats-Unis et l'autre au Mexique. "Estupendo ! ", comme dit mon voisin mexicain.
  • LA MÉNAGERIE DE VERRE (1987)
    Une très belle composition, par un quatuor d'acteurs magnifiques. La ressemblance avec "La mort d'un commis voyageur" (de Schloendorff et Miller) est frappante. Non pas POUR John Malkovich, mais parce qu'il interprète dans les deux cas (avec autant de brio, de tension, d'implication) le même type de personnage, avec le même type de rapports avec son père ("Commis") ou sa mère ("Ménagerie"). D'ailleurs Dustin Hoffman comme ici Joanne Woodward sont tous deux obligés d'avoir recours au même type de "sur-jeu", pour porter à leur extrême les déchirements des rêves brisés. Autres ressemblances le fiancé -rêve de la soeur (fulgurante Karen Allen, d'ailleurs un très intelligent choix de casting, non seulement pour son talent, mais pour sa ressemblance physique marquée avec Marisa Pavan, la Rosa de "La rose tatouée", qui est avec "La ménagerie" l'une des pièces les plus autobiographiques de Tennessee Williams) donc ce fiance- rêve de la soeur joue le même rôle que le frère de Malkovich dans le "Commis", celui du personnage réaliste qui, du monde extérieur, pénètre dans le huis-clos étouffant de la famille. Dans les deux films, aussi, les mêmes mouvements de caméra, le même grain "passé" de la pellicule.
  • BILLE EN TÊTE (1989)
    Adaptation sans surprise d'un bouquin sans génie, le film de Cotti nous vaut une prestation teenie de Thomas Langman (néanmoins prometteur) et un passage mélancolique d'une actrice de grand talent qu'on avait vue sous de meilleurs auspices : Kristin Scott Thomas. Une question au réalisateur (et, incidemment au producteur, Tarak Ben Ammar): est-ce un hasard ou une provocation que le curé (que l'on n'aperçoit que dans une brève séquence) soit interprété par un acteur musulman (tunisien, semble-t-il) ?
  • LE COMBAT DANS L'ILE (1961)
    Le combat ne prend que cinq ou six minutes, les dernières du film. Ce n'est finalement ni l'affrontement entre Clément (Trintignant, émouvant de jeunesse) et sa victime (le député de Paris, Maurice Garrel), ni celui entre Clément et son gourou, Serge. C'est l'ultime face-à-face entre Clément et Paul, son camarade de classe et "frère de sang" de jadis. C'est un combat d'enfants grandis trop vite (Clément), touchant dans son déroulement comme dans sa puérilité et sa gravité dérisoire. Une séquence retient mon attention, qui résume en deux mouvements ce qui deviendra plus tard le "road-movie" et son rôle initiatique : Paul et Anne (Romy Schneider) partent en voiture; on apprend en route que leur destination est la Suisse, puis, alors qu'inexplicablement s'installe entre eux le silence et une tension certaine, on apprend (jamais explicitement) qu'ils y vont pour que Anne se fasse avorter; Paul y est opposé. Finalement, ils se querellent et, cherchant refuge dans un restoroute, Anne donne raison à Paul, et tous les deux repartent. Remarquable. J'aime beaucoup cette pudeur caractéristique de la démarche de Cavalier, de son ambiguïté et de ses ellipses (telle celle-ci : on ne sait pas pourquoi Paul, qui semble beaucoup tenir à la pièce écrite par sa défunte épouse, Dominique, n'assiste jamais aux répétitions ni à la générale du spectacle, après avoir offert le rôle à Anne qu'il aime). Dès ce premier film, Cavalier s'avère un cinéaste à suivre de très près.
  • LE CHOIX DE SOPHIE (1982)
    D'abord et avant toute chose, le jeu magnifique de Meryl Streep inoubliable. Et l'accent polonais... quelle grande actrice ! Et dire que certains trouvent son jeu trop "froid" ! Quant à son travail sur l'accent (tout comme dans "Out of Africa" l'accent scandinave ou dans "Un cri dans la nuit", l'australien), nos actrices bien françaises feraient bien de s'en inspirer. Les nuances d'accent restent l'apanage des comédiens anglo-américains, les Français ne jouant que sur leur registre personnel. Pour revenir au film, quel formidable mélo, qui vous emporte comme un raz-de-marée. Pakula n'a plus jamais rien fait d'aussi bien depuis.
  • LA MARSEILLAISE (1938)
    Chef d'oeuvre, mon oeil ! Voici bien l'un des pires ratages de Renoir. Un film didactique-à-enfoncer-le-clou, bavard et fanfaron, à la première partie extraordinairement statique. Renoir ne résoud les problèmes que lui pose la longueur de son histoire qu'au prix d'ellipses pas toujours heureuses. On ne peut que se demander ce qu'aurait tiré John Ford de pareille épopée.
  • TRAFIC (1971)
    Un film merveilleusement rafraîchissant par rapport à la grisaille cinématographique quotidienne. "Star Wars"...Tati, un comique inégalable, fait de finesse d'observation et de tendresse, d'un sens du détail comme de l'ensemble, qui fait de ses films, sous la houlette nonchalante de Monsieur Hulot, de véritables compositions musicales, des symphonies du rire.
  • REEFER ET LE MODELE (1988)
    Film rugueux, poésie de la terre et des hommes, hymne à l'Irlande, cette oeuvre de Comerford emprunte beaucoup à un certain Fassbinder. Tout particulièrement celui de "Querelle" (cité de façon on ne peut plus directe dans la scène de l'affrontement des marins aux tessons de bouteilles, mais aussi pour son homosexualité, ses couleurs et ses choix d'angles).
  • MALEC CHEZ LES INDIENS (1921)
    Un slapstick triomphal dans la bonne veine Buster Keaton. Notre Visage Pâle réussit son entreprise sans jamais donner dans le racisme ordinaire ou dans la condescendance ce qui était loin d'être gagné d'avance, vus les réflexes habituels des producteurs américains.
  • LES MARX AU GRAND MAGASIN (1941)
    On regarde LE GRAND MAGASIN et nous saisit la nostalgie des premiers Marx. On en est loin du moins, s'éloigne-t-on inexorablement de l'insolence et de la fraîcheur (de la verdeur) des premiers. Ici, Marion Martin, de passage, se permet même de traiter la petite bande de "crétins" et d'"idiots" ("silly" mot qui a une connotation de ridicule) à juste titre. Le film ronronne doucement (et pour la première fois, je crois, les Marx ne sont plus le sujet principal du film mais seulement les animateurs d'accompagnement au même titre que les chansons) pour n'exploser enfin ! que dans l'apothéose finale de la course-poursuite.
  • JUMEAUX (1988)
    Un parallèle intéressant est à faire entre deux films sortis presque simultanément et traitant tous deux de retrouvailles de frères qui ignoraient leur existence respective : « Jumeaux » et « Rain man ». Dans les deux cas, ceci donne lieu à des scènes hautement folklo, du genre voyage (donc parcours initiatique, et découverte de l'autre par le biais de l'espace restreint du cockpit de la voiture et pour le réalisateur du road-movie) ou encore l'achat de costards neufs (avec l'incontournable panoramique ascendant). Et vive les stéréotypes !
  • ETAT DE CHOC (1988)
    Voir James Woods (WOOD sans S selon le générique de la VF !!) tabasser la merveilleuse Sean Young, quel gâchis ! C'est le scénariste qu'il faudrait enfermer... Lorsque l'argent devient seule valeur, et valeur artificielle autant que tapageuse, les choses ne tiennent souvent qu'à un fil, une ligne... une ligne de coke, en l'occurence. Et voilà nos faiseurs d'argent précipités dans le plus profond des abîmes. Le film doit beaucoup à James Woods (é-ton-nant ! ) et à Sean Young, terrifiants de véracité, dans de rôles à contre-emploi.
  • LES LIAISONS DANGEREUSES (1988)
    Dire que certains critiques se sont étonnés que Frears "s'attaque" à ce sujet (oeuvre littéraire, 18e siècle, costumes) ! Il suffit de voir "Sammy et Rosie s'envoie en l'air", son film précédent certes dans la veine sociale et politique pour être convaincu que "Les liaisons dangereuses" vont comme un gant à Stephen Frears, qui en possède l'âme et l'esprit. toute la perversité, le plaisir, la cruauté, la volupté des "liaisons" est déjà dans "Sammy et Rosie", ainsi que tout ce coté "rapports de force" dans les relations hommes-femmes.
  • BRULANT SECRET (1988)
    Comme les nouvelles de Zweig (a l'esprit duquel il est fidèle), BURNING SECRET est inquiétant et touchant à la fois. Inquiétant, il l'est pour l'ambiguïté de Klaus Maria Brandauer (superbe, comme à son habitude, portant secrètement une blessure bien plus profonde que celle qu'il montre au jeune garçon, car une blessure de l'âme). Touchant, le film l'est pour les rapports qui unissent la mère et l'enfant et qui freinent celle-là au moment de commettre "la faute", scellant le secret "brûlant" qui les lie désormais.
  • SPORTIF PAR AMOUR (1927)
    Un Buster Keaton, ma foi, très plaisant. On a rarement montré de façon aussi sympathique la salubrité de cet adage : l'amour donne des ailes. Le pastiche des divers sports est particulièrement réussi; je suggère que l'on remontre régulièremment ce film, à chaque Olympiade.
  • UNE NUIT À L'OPERA (1935)
    Deux séquences se détachent nettement : celle de la cabine surpeuplée et l'interprétation chahutée du Trouvère. A part cela, les Marx (sans Zeppo, pour la première fois, je crois) sont toujours aussi "impossibles", même si ce film n'est pas leur meilleur. Mais il semblerait que cette NUIT A L'OPERA soit leur premier film avec la MGM, où le légendaire Irving Thalberg imposa aux Marx un nouveau rythme certainement moins heureux que celui qu'ils avaient adopté avec la Paramount, pour leurs films precédents (et où, d'ailleurs Zeppo était encore de la partie, même s'il est de notoriété cinéphilique qu'il était le moins détonnant des quatre).
  • L'HOMME BLESSÉ (1983)
    Malsain et nauséabond, ce film n'est qu'un ramassis de trucs pour pédés, où l'action se passe le plus souvent dans des chiottes de gare. Assurément, un film à oublier, voire à proscrire. PS : A noter, cependant, la première apparition au cinema (si je ne m'abuse) de Jean-Hugues Anglade. Il aurait pu faire un meilleur choix !
  • COMMENT L'ESPRIT VIENT AUX FEMMES (1950)
    Avant tout une épatante prestation de Judy Holliday, dans une composition éperdue. Du délire ! La comédie, qui repose entièrement sur elle, en devient une franche réussite qui autrement aurait risqué - et toc, cher - de verser dans un genre Capra que nous ne connaissons que trop bien. Je lis à l'instant que l'actrice a été gratifiée de l'Oscar. Voila une statuette amplement méritée - ce qui n'est pas toujours le cas -(campaigning oblige...).
  • LA FLUTE ENCHANTEE (1974)
    Un émerveillement à l'image de celui qui illumine le visage de la jeune spectatrice, tout au long de la représentation. Oui, représentation, car seul parmi les cinéastes qui ont filmé des opéras, Bergman (aux antipodes les plus totales de Zeffirelli) a maintenu l'oeuvre dans son lieu de représentation intérieur, clos, scénique. La représentation elle-même se caractérise par de constantes touches d'humour (distanciation ? noter : les pancartes, lors des phrases un peu grandiloquentes sur l'amour, le bonheur, etc. ). Quant à l'interprétation vocale, Pamina se distingue tout particulièrement, alors que sombre la reine de la nuit.Seules déceptions (de taille, cependant) le montage rythmique qu'adopte Bergman lors de l'ouverture, avec les gros plans sur les spectateurs une idée beaucoup trop conventionnelle. Par ailleurs, ces spectateurs de tous âgés et de toutes races ressemblent "horriblement" à un melting-pot "Nations-Unies". Sobrement, un public "purement" scandinave n'aurait rien eu de choquant, ni de scandaleux.
  • LE VENT DES AURES (1967)
    Un film sobre, austère, déchirant. Si rossellinienne ! Le parcours de la mère, désespérée, à la recherche de son fils qui prend toute la seconde moitié du film est un moment d'anthologie du cinéma mondial. Cette femme humiliée qui mendie une réponse, un poulet égorgé à la main qu'elle voudrait offrir a ces hommes qui détiennent la réponse (et son fils), qui inlassablement tourne et tourne et tourne autour du camp où elle croit avoir aperçu son fils et où, folle de douleur enfin, elle va se jeter contre les barbelés électrifiés... Oeuvre simple, belle et puissante.
  • CALENDRIER MEURTRIER (1988)
    Ca commence de façon fort prometteuse : ce casting généreux, il y a de quoi vous mettre l'eau à la bouche. Helas, à part Kevin Kline qui s'en tire énergiquement, tout ce beau monde (Keitel compris) est sacrifié à un scénario de tous les clichés, de tous les lieux communs qui comme pour finir en beauté s'achève dans le comique le plus grotesque, le plus beat. On n'en revient pas. En fait de polar, nous avons affaire à une "comédie manquée". Quant au dialoguiste, il est dommage qu'il n'ait pas été inclus dans le calendrier dont il est question ici...
  • DUEL AU SOLEIL (1946)
    "Souvent femme varie..."... et a-t-on vu plus girouette que Jennifer Jones dans DUEL AU SOLEIL ? Entre Cotten l'éternel loser et Peck méchantissime (étonnant, lui qu'on connaissait si angélique ! ), la différence est pourtant de taille. Mais une misogynie cruelle était de mise, à cette époque au cinéma hollywoodien, et les GIs de retour à la civilisation (et donc aux femmes) après la guerre de 45 auront apprécié. Flamboyant de bout en bout (couleurs, accompagnement musical, découpage, définition, personnages, mais surtout pour son aspect biblique et son flirt avec le péplum), le film termine en apothéose. Les huit dernières minutes sont d'anthologie : Jennifer Jones et Gregory Peck, dans un ultime rendez-vous, se tirent dessus mutuellement, puis, tous deux sérieusement touchés, se réconcilient alors que la belle a rampé (!) à travers les gravats et la rocaille du désert texan pour rejoindre son "bad lover", qui expirera finalement dans ses bras. Grandiose !
  • SERENADE À TROIS (1933)
    Une comédie délicieuse et gentiment amorale. Et vous voyez l'adorable Miriam Hopkins (une certaine ressemblance avec Brigitte Fossey) exhorter ses deux prétendants : "No sex ! "... Le sexe, lui, est constamment présent, et les "non-dits" de l'adultère sont charmants (Gilda préparant le petit déjeuner pour deux, son mari absent, et Tom sortant de la chambre conjugale en tenue de soirée). Au-delà de ses réussites (notamment les dialogues et, of course, le jeu des acteurs) et de ses "faiblesses" (c'est quand même optimiste...), le film est superbement matriarcal il porte donc la quintessence de la psychologie américaine.
  • LA FEMME SECRETE (1986)
    L'histoire n'était pas inintéressante. Pour la traiter, Grall avait le choix entre le punch ou le blues. Il a malheureusement opté pour le second. Et pour se donner les moyens, il a retenu un casting conforme à cet esprit, donc tout ce qu'il y a de moins original : mais quand donc verrons-nous Bonnaffé dans un rôle autre que celui du pleurnichard de service ? D'ailleurs le jeu des acteurs n'a rien d'exaltant, ni d'ailleurs le rythme général du film. Et celui-ci s'en ressent...
  • LES RANCHERS DU WYOMING (1962)
    Western tout ce qu'il y a de plus banal, à l'intrigue éculée et avec des répliques mille fois entendues. C'est peut-être pour cela que les acteurs ont l'air de s'ennuyer, tout comme le réalisateur. Il est vrai que cet enième appel aux bons sentiments (justice, solidarité, etc...) n'apporte de l'eau à aucun moulin. Pour Hollywood, pour ses acteurs comme pour les programmes télé, un film bouche-trou pour public candide. Pour Tay Garnett, un enième navet de fin de carrière.
  • LES CONTES DE CANTERBURY (1971)
    Une fresque paillarde où l'ennui le dispute au mauvais goût (du moins, pour ne pas apparaître comme un moraliste puritain, à une provocation aussi bête que facile). Pour un inconditionnel de Pasolini première période, LES CONTES DE CANTERBURY viennent mettre sérieusement en doute les facultés mentales (et non pas morales) du cinéaste-poète, sur la fin de son parcours.
  • DOUX OISEAU DE JEUNESSE (1962)
    Grand mélodrame baroque (sirkien), avec Paul Newman dans une composition étonnante. Le rire cascadant de Géraldine Page en Alexandra del Lago, la méchanceté et le sourire carnassier du père-maire (Ed Begley), la blondeur et la nudité" (suggérée, suggérée...) de la douce Heavenly (Shirley Knight), la tonitruante "protégée" Lucy (Madeleine Sherwood) le tout en gros plans, angles larges et dans des couleurs où domine l'ocre doré des drames du Sud. Ah, quelle ambiance !
  • BOOM (1968)
    Et "Boom" faisait l'Ange de la Mort (Richard Burton, en épigone de Mephistopheles)... La mort traverse ce film bizarre, et le traverse de part en part. Flora Goforth (Elizabeth Taylor, qui sait si bien être insupportable) a beau se vêtir de blanc pour conjurer la mort, c'est le blanc du linceul. Etonnant film-arabesque de Joseph Losey, aux zooms psychédéliques, à la mise en scène (volontairement) grotesque. Grotesque comme la fortune, comme la vie, comme la mort. Du Tennessee Williams adapté comme du Shakespeare, dans l'esprit des sixties. Une curiosité. A noter, l'apparition de Noël Coward, en "sorcier de Capri".
  • LE CUIRASSE POTEMKINE (1925)
    Une des oeuvres les plus intouchables de l'histoire du cinéma, le Potemkine d'Eisenstein, oeuvre admirable, contient cependant quelques erreurs de raccord, imputables tant à Eisenstein et à sa monteuse qu'au chef-opérateur Tisse. Ainsi, dans la fameuse séquence des escaliers, un contre-champ insistant jette l'ombre du personnage contre le HAUT des marches, alors que dans tous les autres plans (notamment latéraux) lançaient leurs ombres vers le BAS. Ou est donc le soleil par rapport à l'escalier ? Par ailleurs, lorsque la mère à l'enfant (pas celle à la voiturette), ayant descendu quelques marches alors que son petit a été abattu, lorsqu'elle s'aperçoit de la disparition du petit à ses cotés, elle remonte l'escalier à contre-courant et, loue le montage alterné revient sur elle, elle revient sur le petit par le HAUT et non, comme le voudrait la logique (et la construction eisensteinienne ne se veut-elle pas rationnelle, "intellectuelle" ? ), par le BAS. Ces remarques, tout en soulignant quelques "Schoenheitsfehler" comme dit si bien la langue allemande, ne sont pas pour retirer le moindre iota a mon admiration pour ce grand film.
  • LE DERNIER TANGO À PARIS (1972)
    Contrairement à ma précédente rencontre avec LE DERNIER TANGO, il y a deux ans en version allemande, je pense que le film de Bertolucci a très bien vieilli. L'interprétation aussi douloureuse que majestueuse de Brando, la sensualité de Maria Schneider (en chatte, papillon, vache, en mini-"jupe" ou sur les WC), les superbes mouvements de caméra, les apparitions de L'UNIQUE Léaud autant de moments forts qui font de ce film un magnifique passage de tunnel, tout comme il est aussi un chef-d'oeuvre d'éro-thanatos narcissique. Les évocations du suicide de l'épouse de Paul-Brando (notamment celle où il est sur son lit de mort) sont superbes.
  • LA BARONNE DE MINUIT (1939)
    Une excellente comédie, comme Hollywood savait en fabriquer dans le temps. Mais le temps passe et les scénaristes n'ont pas la même verve, et que reste-t-il du Hollywood d'antan ? Le charme de MIDNIGHT et les rouages de sa mécanique reposent entièrement sur les frêles épaules de l'adorable Claudette Colbert (vous avez remarqué son décolleté plongeant ? ) qui s'improvise ici "baronne Czerny" avec la complicité joyeuse de Don Ameche et de l'excellent John Barrymore. Superbes aussi Francis Lederer en amoureux éconduit, Mary Astor en maîtresse jalouse, et la charmante Hedda Hopper (lorsqu'elle raconte comment elle a expulsé par erreur une archiduchesse latine...) Au-delà de la comédie, n'oublions pas qu'il s'agit d'une intrusion, narquoise et pétillante, de deux "prolétaires" dans une high society coincée et dépassée. Et la confrontation ne tourne pas à l'avantage de la high society...
  • PLEIN SOLEIL (1959)
    Maurice Ronet (pas transcendant) est assez vite éliminé pour nous laisser seuls à seuls avec un éclatant Delon en assassin (double) fugitif et une superbe Marie Laforêt en poupée qui dit "oui". Film haletant, film de soleil au zénith, PLEIN SOLEIL démontre la parfaite maîtrise de René Clément. Et quelle fin superbe, d'anthologie, lorsque le cadavre émerge accroché à l'ancre du navire, entrant plein cadre au ralenti, la main putréfiée du cadavre semblant désigner, accusatrice, l'assassin cueilli alors qu'il s'apprêtait à célébrer son triomphe.
  • PRENDS L'OSEILLE ET TIRE-TOI (1969)
    Une comédie pure, fort réjouissante, de la première période (plus débridée) du cinéaste. Les parodies de styles sont savoureuses, que ce soit pour le documentaire d'actualités (les interviewes "sérieuses" dont le film est parsemé, notamment celle des parents de Virgil, déguisés en Groucho Marx), le film social (séquences de l'apprentissage avec les loubards du quartier), le policier, le western (le camp de forçats et l'évasion) avec une musique de circonstance de Marvin Hamlish. Quant au procédé narratif de la biographie, Woody Allen le reprendra, sous une autre variante, pour "Zelig".
  • UN TRAMWAY NOMME DÉSIR (1951)
    Le parangon en matière d'adaptation d'une oeuvre théâtrale. Tout Tennessee Williams s'y retrouve, son étouffement, sa sauvagerie, ses tourments, la nostalgie du passé, le poids de l'inconscient, la folie. Elia Kazan met tout son lyrisme au service du texte, servi par des acteurs formidables, totalement impliqués dans l'univers oppressant de Tennessee Williams. Superbe Marlon Brando en macho polac ténébreux, fabuleuse et inoubliable Vivien Leigh en rêveuse en perdition ne vivant plus que dans les vestiges de ses illusions, touchante Kim Hunter en épouse indignée et en soeur dévouée, solide Karl Malden en cavalier servant timide et désorienté.
  • CANICULE (1983)
    Le dernier bon Boisset. Et l'on peut dire qu'il est dû autant à son propre talent (mobilité de caméra, fluidité de montage, respect avec lequel est filmé le grand Marvin, direction des acteurs) qu'à la bonne tenue du scénario. L'interprétation jubilatoire des acteurs (avec une mention spéciale à Bernadette Lafont), les dialogues grandioses de férocité (Audiard, of course ! ), l'esprit Hitchcock et Tiomkin (pour la musique) sont autant d'excellents arguments pour ce film, qui finit en apothéose, avec le face-à-face Marvin-Bennent (génial, ce petit !). Depuis, hélas, Boisset n'a plus rien fait de bon.
  • LES JOUEURS D'ECHECS (1977)
    Un film qui tiendra une place de choix parmi les oeuvres anti-colonialistes, et qui brille par ses touches d'humour (qui viennent nuancer sa gravité de fond notamment en ce qui concerne les (non-)rapports des deux joueurs avec la réalité, leur relation à leurs épouses délaissées, mais aussi l'évolution de leurs propres rapports), par son absence de manichéisme (à noter la présence du lieutenant britannique féru de culture et de poésie hindi) ainsi que par son esthétique (les plans de l'échiquier, du roi aux danseuses, de l'invasion britannique notamment). Dommage, surtout vers la fin, que Ray soit autant amateur de zooms.
  • LE MÉPRIS (1963)
    "Le cinéma, disait Bazin, substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs. "Le mépris" est l'histoire de ce monde" ainsi, en un exergue magistral, Godard clôt-il le générique d'ouverture du film, qui est... parlé et non pas surimprimé comme c'est le cas traditionnellement. Ainsi, dès le départ, "Le mépris" est un film pas comme les autres. Et il s'avèrera au fil de "l'histoire" (ou foisonnent les plans-séquences) que le film n'est plus du monde des hommes mais flirte avec les dieux.
  • LE GARÇON AUX CHEVEUX VERTS (1948)
    Le premier film de Losey a bien mal vieilli. Qu'est-ce que ca sent les années cinquante ! Des tonnes de sentimentalisme et pas une once d'humour.